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Les Belles-Soeurs est une pièce de théâtre de Michel Tremblay écrite en joual ( langue française issue de la culture populaire québécoise urbaine de la région de Montréal) . Parler joual signifiait parler comme un cheval!
La pièce vient d'être jouée à Paris au mois de mars.
Germaine Lauzon vient de gagner un million de timbres à coller sur des livrets. Ce qui lui donnera le droit d'acheter un tas de choses dans un catalogue pour refaire entièrement sa maison. Elle invite donc ses soeurs et ses voisines à venir lui donner un coup de main . Quelle soirée!!!!
J'ai lu cette pièce bien souvent à voix haute. C'est savoureux . Je pense que c'est un bon remède contre les coups de blues!!!
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Dès les premières répliques, j'ai été gagnée par l'enthousiasme de Moan à qui je dois la découverte de cette pièce de Michel Tremblay.

Nous sommes transportés dans les années 1965, au coeur d'un quartier modeste d'une petite ville canadienne, où les femmes, mères de famille sans emploi, étouffées par la routine des taches ménagères ingrates, n'ont pour seul espace de rêve qu'un catalogue. Pas un catalogue de bijoux, de fanfreluches, non ! un catalogue d'objets du quotidien, une sorte de Complainte du Progrès à la Boris Vian.
Pour obtenir un poêle, un frigidaire, un set de cuisine «pis toute la patente», il leur faut donc patiemment collectionner des timbres. Or, Bingo ! l'une d'entre elles gagne un concours. Tout le catalogue d'un coup et un million de vignettes à coller. Pour se faire, elle invite ses soeurs, belles-soeurs et voisines à une «party». Mais tout va partir en vrille assez rapidement. Jalousie, médisance, hypocrisie vont poindre leur nez.

«MARIE-ANGE BROUILLETE . Moé, chus pas contre les timbres, c'est bien commode. Si Y'avait pas les timbres, j'attendrais encore après ma patente pour hacher la viande. Mais chus contre les concours, par exemple !
LISE DE COURVAL . Pourquoi, donc ? Ça rend une famille heureuse !
MARIE-ANGE BROUILLETTE . Peut-être, peut-être, mais ça fait chier les familles qui vivent alentours, par exemple !»

On prie, on récite des neuvaines mais on envie, on se place au-dessus des autres, on se met en colère. On assiste là, à une belle démonstration des sept péchés capitaux !
Les mères se plaignent de leurs filles qui ne pensent qu'à niaiser avec des nonos aux vues (entendez à s'amuser au cinéma avec des gars qui n'ont pas inventer la poudre -je ne garantis pas la traduction-).
Quant aux hommes, les grands absents de cette pièce, on en parle, on en parle ...

La pièce écrite en joual s'entend plus qu'elle ne se lit. Comme si l'auteur avait composé un livret d'opéra. Chaque femme aura droit à son Aria, des monologues où le coeur s'épanche sur les désillusions, la solitude, les drames, les regrets, les rêves déçus, pour venir ensuite se replacer dans le choeur des petites bassesses.
Si on laisse un peu de côté l'exotisme savoureux de la langue et l'humour très présent dans ce texte, on pourrait presque penser que cette pièce est une tragédie déguisée en comédie.
Encore merci à Moan pour ce grand plaisir de lecture.
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Difficile de rendre justice à une pièce de théâtre comme les Belles-soeurs en faisant seulement la lecture, car la mise en scène innovante d'André Brassard a très bien servi le texte et beaucoup contribué à son succès initial, tout comme le talent des grandes comédiennes qui ont incarné les personnages.
C'est une pièce qui marque un moment charnière du développement du théâtre québécois. En rupture d'abord avec la linéarité du théâtre habituel, elle intègre des monologues qui arrêtent l'action et même des choeurs comme dans les tragédies antiques.
Rupture aussi par l'usage du joual, la réhabilitation de la langue populaire qui jusque-là n'avait pas sa place dans le milieu élitiste du théâtre. La scène devient un reflet de société, qui autorise alors des gens ordinaires à s'exprimer et cette prise de parole à l'affirmation de l'identité québécoise. Il faut dire que la pièce a été jouée pour la première fois en 1968, dans le contexte de la révolution tranquille et à une époque d'effervescence internationale.
Rupture aussi par la présence exclusive des femmes, de quinze femmes en même temps! Des femmes à la limite de la caricature, qui racontent, avec un humour tragique, leurs misères, misère de la pauvreté, de l'esclavage d'une vie monotone et sans espoir.
Rupture encore par les thématiques : pas de grands sentiments ou d'émois mystiques, mais la jalousie et la honte, les déchirements et les chicanes mesquines. La pièce aborde aussi des sujets tabous à l'époque comme la sexualité et l'avortement.
Malgré le pathétique des thèmes, ce n'est pas une pièce triste, mais pleine d'humour, avec beaucoup de rythme. Il faut croire que la spécificité du contexte québécois n'empêche pas de toucher l'universel, car l'oeuvre a été traduite dans une vingtaine de langues et jouée un peu partout.
Un classique du théâtre à lire ou encore mieux, à voir sur scène…
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Créée le 28 août 1968 au théâtre du Rideau-Vert à Montréal, la pièce "Les belles-soeurs" s'intéresse à la confrontation entre quinze femmes réunies pour coller un million de timbres-primes.
Cette pièce en deux actes se déroule exclusivement dans la cuisine de la gagnante.
Bien vite, les rivalités vont surgir : la jalousie, les envies des unes et des autres, leurs rancoeurs, à tel point que cette réunion qui se voulait conviviale va tourner au pugilat, parfois aux règlements de compte mais surtout à une joyeuse cacophonie : "Ah ! faites-la taire un peu, on s'entend pus coller !".
A les entendre parler, elles ont leur opinion sur tout et tout le monde, notamment les hommes et le mariage : "Qu'une femme soye obligée d'endurer un cochon toute sa vie parce qu'a l'a eu le malheur d'y dire "oui" une fois, c'est pas assez intéressant, ça !", les médecins : "Les docteurs, les docteurs, j'te dis que j'les ai loin, à c't'heure ! Ca pense rien qu'à la piasse, les docteurs ! Ca égorge le pauvre monde, pis ça va passer l'hiver en Califournie !", l'avortement, les fille-mères et même les français ne sont pas épargnés.
Ce qui ressort de tout cela c'est au final une pléthore de sentiments, beaucoup d'envie car aucune de ces femmes n'a vraiment eu de chance dans sa vie ni même beaucoup d'argent : "J'ai-tu l'air de quequ'un qui a déjà gagné quequ'chose ?", envie qui s'accompagne de jalousie, mais aussi de sentiments exacerbés sans doute par la promiscuité dans la cuisine, je retiens notamment l'histoire de ces deux amies ou l'une met leur amitié dans la balance pour que celle qu'elle appelle son amie arrête de sortir le soir dans des clubs pour rencontrer d'autres personnes : "Y faut qu'tu m'promettes, sans ça, j'te parle pus jamais ! Choisis ! C'est l'club, ou c'est moé ! Si tu savais la peine que tu me fais ! Une amie d'toujours !", voilà une drôle de demande émanant de quelqu'un qui se dit son amie.
Les relations mère-fille sont également tendues, tout comme les relations familiales, ainsi Germaine Lauzon n'est pas très tendre avec sa fille Linda, mais elle ne l'est pas plus avec sa soeur Pierrette qui pourtant sera l'une de seules personnes à ne pas la voler et lui tourner le dos.
Cette pièce décortique de façon intelligente les relations humaines, particulièrement celles entre femmes, et propose à chacune des femmes leur moment de gloire sous la forme d'un monologue avec une lumière les éclairant.
Ce sont des passages que j'ai beaucoup appréciés ainsi que la diversité des personnages et de leurs caractères. J'avais déjà remarqué cela dans d'autres livres de Michel Tremblay, mais il peint toujours avec justesse les caractères humains et tisse des relations fortes entre ses personnages.
La lecture de cette pièce est extrêmement visuelle et la mise en scène y a une grande importance.
Mais il serait trop réducteur de dire que cette pièce est en quelque sorte un lavage de linge sale en famille, il y a aussi beaucoup d'humour, des passages très drôles, ainsi l'ode au bingo est un moment follement drôle, et des dialogues savoureux : "Moé j'aime ça l'bingo ! Moé ya rien au monde que j'aime plus que l'bingo !".
Du point de vue de la lecture, j'ai eu un peu de mal au début, ne serait-ce que parce que l'écrit retranscrit le parlé et des expressions dont nous français n'avons pas l'habitude, ainsi que des tournures de phrases particulières, il s'agit en fait du joual, forme populaire du français québécois.
Passé un petit temps d'adaptation la lecture devient agréable et j'ai fini par ne plus me rendre compte de cette grammaire parfois différente.

"Les belles-soeurs" est une pièce de théâtre de Michel Tremblay devenue culte, jouée et traduite dans plusieurs langues et qui dépeint avec justesse la réalité de la vie des femmes dans les années 60 à Montréal, constituant ainsi un éclairage drôle et savoureux sur cette époque.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Avant de commencer ce livre, il faut l'ouvrir à n'importe quelle page et regarder le texte, la première piste est que vous allez surement vous amusez en le lisant. Ensuite, commencez votre lecture, qui vous assure après la première page de tourner qui oui, vous allez même rire.
Les Belles-Soeurs, vous fait rire donc, aux larmes…
Si jamais on me demandait une pièce de théâtre contemporaine, sans une hésitation je dirai qu'il faut lire ce petit chef d'oeuvre.
Un grand merci à Liligalipette qui me la conseillé.
Un coup de coeur, à relire très vite… surtout en cas de baisse du moral.
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Les belles-soeurs sont un classique du théâtre québécois, dont le langage très familier (joual) a longtemps été reproché. En fait, le joual en question est essentiel dans cette pièce. Les belles-soeurs ne seraient pas les belles-soeurs sans leur façon de parler. Leur langage éclaire tout le pathétisme de leur pauvre vie dans les quartiers pauvres de l'est de Montréal des années 60. Mais malgré le côté dramatique d'un tel langage, on en rit. Car c'est drôle, surtout pour une personne comme moi qui n'a jamais connu cette façon de parler. Bref, les belles-soeurs, c'est ce que j'appelle une comédie dramatique. On oscille constamment entre le rire et la tristesse. On rit, même si en vérité il n'y a rien de drôle.
Germaine Lauzon a gagné un million de timbres-prime qui lui permettront de remeubler son appartement en neuf. Mais coller un million de timbres dans des carnets, c'est long. Elle invite donc ses amies de fille à venir l'aider. Mais celles-ci, jalouses, volent les timbres, sans que Germaine ne s'en aperçoive. Au fil de la pièce, on découvre les vies sans éclat des personnages. L'espoir des jeunes de vivre quelque chose de mieux, et le désespoir des plus âgés de ne jamais vivre autre chose que leur vie quotidienne: laver le linge des enfants et préparer le souper du mari.
Les femmes regroupées autour d'une table se délectent de ragôts, potinent contre les voisins et parlent de concours auxquels elles ont participé sans jamais rien gagner. Triste, mais pourtant drôle. En tout cas, on en sort reconnaissants de vivre à cette époque, où tout vient beaucoup plus facilement, et où les loisirs ne se limitent pas à aller «aux vues» de temps à autre.
Les belles-soeurs ont été traduites dans une vingtaine de langues. Les traducteurs ont dû avoir du pain sur la planche, laissez-moi vous dire ça ! Mais je suis convaincue qu'aucune traduction n'accotera jamais la version originale.

Lien : http://lecturesdisabelle.blo..
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14 femmes invitées par Germaine Lauzon, se retrouvent dans sa cuisine pour l'aider à coller 1 million de timbres-prime qu'elle a reçu en cadeau. La convoitise, l'envie vont transformer la soirée en tragédie. Nous sommes en 1965 à Montréal. Toutes ces femmes se connaissent et font partie du quartier. Commérages, ragots, lieux communs, illustrent l'ambiance « café du commerce » de la pièce.

Voilà une caricature salée de la vie ordinaire québécoise des années 60, en pleine « révolution tranquille ». Tous ses aspects sont balayés : la condition de la femme, la place de la religion, le travail, le célibat, l'avortement, le mariage, la sexualité, les enfants… Toutes ces femmes ont quelque chose à dire de leur condition, de celle de leur famille, de leur voisin…Tous les âges sont présents dans la cuisine et la vision des jeunes n'est guère plus reluisante que celle des anciennes.
On sait qu'on est en Amérique du nord, puisque la soirée est arrosée de Coca-Cola mais aussi qu'on est au Québec car les regards sont attentifs à la France qui reste l'éternel souvenir collectif d'une traversée déjà lointaine bien que ces femmes parlent de Canada et pas de Québec.

Ecrite et montée pour la première fois en 1968 à Montréal, cette pièce est contemporaine et traite de façon acérée de l'époque bouillonnante du milieu des années 60. On y voit poindre la société de consommation, le rêve matérialiste du confort accessoirisé et futile pour les gens simples des milieux ouvriers. Mais on y observe aussi les réflexes et référentiels sociaux et culturels très ancrés comme lorsque les femmes s'agenouillent devant le poste de radio, chapelet à la main, dès qu'elles entendent l'appel radiophonique de l'abbé ou bien, réconciliées par l'hymne national canadien Ô Canada !

La particularité de cette pièce en deux actes est qu'elle est écrite en joual (langue vernaculaire du Québec). C'est ce qui la met au rang de pierre de l'édifice du patrimoine francophone.

La lecture est ralentie par les contractions, expressions, transcriptions du joual mais aussi par son vocabulaire spécifique dont la compréhension n'est pas naturelle pour un lecteur français ou francophone non québécois. On se surprend parfois à lire à haute voix comme pour dompter la syntaxe et percevoir le sens des phrases, on s'entend rire tout haut, et sourire tout bas… Car elles sont comiques dans leurs malheurs ces Québécoises tricotées serrées !


« Les Belles-Soeurs » est une pièce classique du répertoire théâtral québécois, connue et reconnue sur les scènes internationales, puisqu'elle a été traduite dans 30 langues.
Cependant je n'arrive pas à imaginer comment on peut traduire cette pièce sans la dénaturer et n'en faire qu'une pièce sur une scène de la vie quotidienne.
Mais ceci n'est pas mon propos.

J'ai aimé cette pièce pour plusieurs raisons : c'est une façon de découvrir la culture québécoise à travers sa littérature mais aussi en imaginant ses moeurs.


Ma lecture n'a pas été trop gênée pour ce qui concerne la compréhension du vocabulaire ou de la syntaxe, ni même des expressions puisque vivant au Québec, tout cela fait partie de mon quotidien .
Par contre en me mettant à la place d'un lecteur francophone non-québécois, il semble que quelques phrases doivent rester nébuleuses voire mystérieuses.
Par ailleurs, mon rythme de lecture a été freiné par les contractions visant à transcrire la phonétique québécoise.
Je suis curieuse de connaître la façon dont un québécois a réussi à lire ce texte. Car parler n'est pas lire. Nulle doute qu'un québécois n'ait aucun problème de compréhension par contre la lecture ne doit pas être forcément très fluide.

Finalement, le texte n'est pas si caricatural que cela parce que si je me promène dans les rues de la ville de région où j'habite, et que je croise des dames de 60 ou 70 ans, j'entends Germaine Lauzon et ses belles-soeurs…C'est sans doute que la pièce est fidèle à la réalité et qu'elle n'a pas vieilli…

C'est un excellent moment de lecture qui dépayse complètement. C'est une découverte culturelle et linguistique à faire absolument si l'on est un aventurier littéraire !

(des liens et extraits sonores sur le blog)
Lien : http://ecrireenplus.canalblo..
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Critique sociale amusante et extrêmement agréable à lire et à jouer.
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Germaine, femme au foyer à Montréal, gagne un million de timbres-primes à coller dans un catalogue promotionnel, genre La Redoute ou les 3 Suisses.
100 points pour une assiette, 1000 pour un coussin, etc.
Objectif : tout coller afin de tout recevoir gratuitement. Puis remeubler, redécorer, avec de la belle vaisselle et des verres en verre.
Elle appelle en renfort les soeurs, les belles-soeurs, les copines et les voisines. À quatorze, elles débarquent. Et elles collent, chantent, se racontent, s'affrontent. C'est l'occasion d'échanger…
Cependant, l'atmosphère dégénère rapidement : Germaine suscite la jalousie des autres femmes ne se gênant pas pour lui voler des timbres.
Les amitiés sont bouleversées…
La particularité de cette pièce est qu'elle est écrite en québécois, on se surprend à prendre l'accent en le lisant à voix basse !
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Assez déroutant comme français. Je vous conseille de le lire à voix haute afin de mieux visualiser la pièce de théâtre et vous aurez plus de plaisir à le lire.
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