C'est le roman d'une maison, d'une grande demeure familiale dans le Minnesota, Les Pins. Une propriété à laquelle on accède par un ponton sur la rivière, une maison entourée de bungalows pour des vacanciers et d'un hangar où vit toute l'année Félix, le vieil Indien qui entretient le domaine, aux ordres d'Emma Washburn, la propriétaire. de l'autre côté de la rivière se trouve un camp où travaillent des prisonniers allemands.
C'est l'histoire d'un jeune homme, Frankie, le fils de la maison, qu'attendent particulièrement Emma, Félix et Billy en ce jour d'été 1942. Billy est indien lui aussi et travaille avec Félix. le père de Frankie, Jonathan, est bien présent aux Pins en ce mois d'août mais il se tient très en retrait de l'agitation de son épouse (ah la finesse de ce portrait de femme) et de la personnalité de son fils, qu'il juge pas à la hauteur de ses attentes. Frankie rentre de l'école militaire où il a fait ses classes avant de s'engager dans une formation de pilote, il espère en découdre u plus vite avec les Allemands en Europe et en plein ciel. Alors, quand, le jour de son retour, un prisonnier s'échappe du camp, le garçon est tout emballé à l'idée de participer à la chasse à l'homme…
C'est l'histoire de Prudence aussi, celle qui donne son titre original au roman, Indienne elle aussi, orpheline, exemple vivant de toutes les turpitudes auxquelles peuvent être soumises de jeunes Indiennes sans protection. Elle aussi attendra Billy, plus tard, bien après ce mois d'août 1942…
Le drame vécu ce jour-là et immédiatement occulté changera et liera à jamais la vie de tous ces personnages.
David Treuer compose un roman plein de secrets et de chagrins enfouis, un très beau roman sur la perte, le deuil, l'identité, un roman sur la guerre aussi (j'ai bien aimé toutes ces explications sur les bombardiers qui donnent enfin à Frankie l'occasion d'être – presque – lui-même), un roman bien mené jusqu'à la révélation complète de ce qui s'est passé ce 8 août 42, encadré par l'arrivée et le départ mystérieux d'un Juif au village, dix ans plus tard. Si on lit la biographie de
David Treuer, né d'un père juif autrichien et d'une mère ojibwé, peut-être faut-il y voir un signe, une inspiration… J'ai beaucoup apprécié le lyrisme de certains passages de fin de chapitres qui correspondent à merveille au titre français.
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