Hermance Triay, jeune photographe née en 1977, signe avec
Ceux d'Ouessant son premier livre.
Dans ce beau recueil, elle propose un point de vue inédit sur l'île d'Ouessant : celui des îliens, loin des habituels ouvrages sur l'île qui proposent des photos de paysage, certes splendides, mais qui ne donnent pas forcément une idée du mode de vie insulaire. Autre singularité, les photos sont en noir et blanc et ont été réalisées à l'ancienne, avec un appareil exigeant soufflet, plaque sensible et voile noir. Et comme dans le temps, il ne s'agit pas d'un instant saisi sur la vif mais d'une pose réfléchie, voire solennelle, chacun entouré des objets symboliques de sa profession ou de sa passion.
p. 20 « Quelques-uns des accessoires de la chambre sont spectaculaires, à savoir le voile noir, le déclencheur, la plaque sensible. le rituel rassure le photographe et donne le change : sans ce rituel, certains se seraient moqués d'être photographiés. »
Chaque photo est accompagnée du prénom du Ouessantin en question, de sa profession et de la date de la prise de vue, jeunes et moins jeunes, des insulaires présents depuis huit générations ou récemment installés. Chacune donne à voir un univers, un intérieur privé ou un site remarquable de l'île (un calvaire ou le célèbre phare du Créac'h par exemple, le phare le plus puissant d'Europe). « Quand j'ai commencé à photographier les îliens, je voulais explorer une identité insulaire dont je m'étais forgé une certaine représentation. Je voulais Ouessant avec ses particularismes locaux. Il me fallait des visages marqués par l'âge et les éléments, des tenues vestimentaires typiques, des objets qui rappellent la mer. » J'avoue avoir une petite préférence pour Espéria dans sa magnifique bibliothèque, Jean-Yves, pris en contre-plongée à côté du Créac'h et Paul, ancien encadreur.
Ce très beau livre m'a séduite par son concept, un album de « famille » à l'ancienne,, son parfum authentique et sa poésie.