Après les neiges glaciales dans les premiers de soleil de l'année du "Dernier Lapon" et les affres des plongeurs de l'arctique du "Détroit du Loup",
Olivier Truc nous emmène plus au sud dans la Suède forestière. le récit commence sous une pluie battante tellement bien décrite qu'on n'a vraiment pas envie d'être dessous. Un groupe d'éleveurs sami découvre des ossements dans un parc de rennes. L'identification de ces ossements va donner lieu à une enquête inhabituelle de Nina et Klemet qui les poussera à fouiller dans un passé pseudo scientifique peu glorieux de la Suède, mêlant épuration ethnique et sociale, spoliation de terres, et autres théories raciales.
Je suppose que tout ce que décrit l'auteur est très documenté et véridique. Par moment cela fait froid dans le dos et donne au gouvernement suédois dans le siècle passé une image peu reluisante.
Les personnages sont taillés à la serpe, chacun avec sa particularité. L'antiquaire détestable, les "pointes d'acier" à la fois mystérieuses et sympathiques, les scientifiques pas toujours très nets, un éleveur passionné mais presque résigné et Klemet et Nina, de plus en plus distants. Klemet avec ses démons liés à son passé sami, Nina se battant avec le retour de son père dont elle ne sait que faire.
Ce roman est très différent des deux précédents. Il n'y a pas de morts, pas d'enquête policière au sens propre. Les enjeux sont plus profonds et concernent les coutumes d'un peuple face aux exigences d'une corporation qui les méprise.
Les explications historiques sont très intéressantes, même si elles freinent un peu - tout en l'enrichissant, l'avancée de l'enquête.
Une fin claquante, comme une musique qui s'arrête brutalement sur un dernier accord un peu dissonant.