Aucun espoir de révélation à l'ouverture de ce livre! le propos de l'auteur est clair. Il s'agit d'un roman qui ne saurait déstabiliser les arcanes d'une géopolitique aussi mystérieuse que nauséabonde.
De l'attentat de Karachi, pour nombre de français qui s'en souviennent, n'est resté que ce relent de corruption dans le financement de campagne d'Édouard Balladur en 1995. Frégates d'Arabie Saoudite ou sous-marins au Pakistan, même combat. Contrats juteux, technologies promises, intermédiaires douteux, commissions, rétro-commissions, mises en examen, et puis plus rien.
Cette fois ci pourtant, 14travailleurs ont péri dans un attentat le 8 mai 2002, dont 11 salariés de la DCN (Direction des Constructions Navales). 20 ans après, survivants et familles persistent à demander justice.
Olivier Truc, journaliste au Monde, prend le parti de s'intéresser au volet pakistanais de l'affaire en incriminant notamment les services secrets pakistanais (ISI) sans dédouaner les cadres de la DCN qui auraient "omis" d'honorer certaines clauses des contrats en matière de tranferts de technologie. Il imagine un jeune journaliste épris d'idéal parti sur les traces de Marc, victime survivante, et de Shaheen son ami officier de l'armée pakistanaise.
Cela nous vaut de belles envolées sur le métier de journaliste, la quête du vrai, les longues heures à remonter des fils ténus. Un peu de dissonance cognitive ne fait pas de mal au regard de médias inféodés à leurs milliardaires de patrons et aux subsides de l'État, se contentant de reprendre les dépêches de L'AFP, officine toute aussi douteuse que les fact-checkers qu'elle soudoie.
Vous l'aurez compris, Tintin à Karachi ne m'a pas séduite, même si je reconnais avoir pris plaisir aux descriptions de cette ville tentaculaire vénéneuse et mystérieuse. J'y ai aussi découvert la poésie Urdu, arme de résistance au choeur du chaos. Et de conclure avec Ahmed Faraz qui offre un résumé pertinent.
Vous êtes fous depuis toujours et les fous ont ce vice:
Mettre le feu à leur demeure pour illuminer la ville
Mon cher! Sans force que vous êtes
Qui vous a conseillé de mener ce combat?
Se faire mater en tentant de mettre en échec les rois?