« Nous qui fûmes exécutés sur des sentiers obscurs »
J'ai suivi
Olivier Truc en Laponie et là, il m'emmène dans la chaleur,l'humidité et la pollution de Karachi.
Rappelez-vous le drame de l'attentat de Karachi où des techniciens français ont trouvé la mort dans un car détruit par une bombe, cela se passait en 2002. Et les raisons évoquées, en France, pour cet acte odieux ; les fameuses rétrocommissions. Oui, souvenez-vous, Balladur, Léotard et leur condamnations à minima « Quelle mascarade ! Quand tu penses que tout le monde ressort libre... Quelle claque pour pour ceux qui sont morts, pour les blessés, pour les familles ! »
Vingt ans après, Cherbourg veut commémorer la mort des techniciens en présence des survivants et de la famille des disparus. Jef Kerral, journaliste, localier est l'ami de Marc, survivant de l'attentat. Son désir, remettre en relation deux amis de l'époque qui travaillaient sur la plateforme, Marc et Shaneen, Pakistanais.
Il n'a qu'un nom, celui de Sara, militaire, lieutenante, elle-même fille du médecin de la plateforme à l'époque de l'attentat. Sara est une rebelle qui fait très attention à tout ce qu'elle fait et dit.
Ce n'est pas tant l'énigme de la recherche de la vérité sur l'attentat que l'atmosphère de la vie à Karachi qui m'a séduite .
Olivier Truc raconte les rickshaws, le bruit de la population, des voitures, le vieux bazar, labyrinthe où le journaliste se perdrait sans l'aide précieuse de Sara. Je sens les regards fureteurs, inquisiteurs des passants ou de ceux qui suivent le français. le soupçon règne en maître dans la capitale. L‘armée est partout, surtout l'ISI, services secrets pakistanais. L'atmosphère est de plomb. Les attentats ne sont pas rares, comme celui qui a lieu dans une école de filles alors que Sara passe devant en voiture. Il y a tant de morts dus à la lutte entre tribus pour asseoir un pouvoir. Pakistan « pays des purs » entre de plus en plus dans un islam dur ou la pureté n'est un critère que pour les jeunes filles, pas pour les politiciens
Sa recherche de Shaheen l'emmène à rencontrer la débrouille, les magouilles, la pureté , la beauté. Toujours faire attention à ce qu'il fait, à ce qu'il dit, où il se trouve, c'est devenu le quotidien du journaliste.
J'ai aimé que
Olivier Truc égaie son roman de poèmes en ourdi qu'apprécie beaucoup Sara.
« Ces quelques-uns qui ouvrent la bouche,
Ne sont-ils que des mécréants.
Fais arracher leurs langues :
Fais-les étranger !
Voici ce que je lui ai dit
Ceux qui maniaient la langue,n
Leurs gueules ont bien été fermées.
Iml y a la poais dans la société.
Quelle différence ! »
« Si tant est que je sois condamnée,
A vivre dans une jungle,
Et si c'est certain que dans toute jungle,
Les loups me guettent,
Alors pourquoi ne pas choisir ma jungle. »
J'ai beaucoup moins goûté leur romance téléphonée à des kilomètres tant elle est convenue.
J'ai découvert la lutte entre tribus pour le pouvoir qui fait totale abstraction des milliers de morts, la misère, la saleté, la pollution d'un pays dont les chefs et sous-fifres sont plus occupés à leur carrière qu'aux intérêts du pays.
J'ai pris plaisir à cette lecture nonobstant l'inégalité du roman.
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