Une forêt. La nuit tombe.
LE CADET : Tu crois que les parents nous retrouveront ?
LA BENJAMINE : Pour cela, il faudrait qu’ils nous cherchent.
LE CADET : Des parents cherchent forcément leurs enfants perdus. Surtout quand la nuit tombe.
LA BENJAMINE : Rappelle-moi ton âge, toi.
LE CADET : Tu le sais, mon âge.
LA BENJAMINE : Pas encore l’âge de raison, on dirait. Tu as pris du retard. Bientôt adulte, mais la tête encore pleines de rêves d’enfant. Tu rêves éveillé.
LE CADET : La nuit ne tombe pas, peut-être ?
LA BENJAMINE : Tu rêves que tes parents se soucient de ta personne, pauvre imbécile ! Tu rêves quand tu crois que te savoir dehors, sans défense, dans cette forêt infestée de loups, les empêchera de dormir. Tu rêves avec un grand R. C’est mignon, mais pas très réaliste.
L’AÎNÉ : Vous pouvez vous taire deux minutes ? J’aimerais bien dormir. Vous devriez en faire autant. Demain, une longue marche vous attend.
LA BENJAMINE : Ne me dis pas que tu crois encore aux contes de fées, toi aussi ?
L’AÎNÉ : Ah, ça ne risque pas ! Aucune fée dans les parages, je vous le confirme. Mais justement, je sais qu’on ne peut compter sur personne. J’ai mis au point un plan imparable. Mais je ne dirai rien de plus ce soir. Bonne nuit.
LE CADET : Si les loups ne nous mangent pas.
L’AÎNÉ : Si les loups ne nous mangent pas, oui.
LE CADET : Il y a vraiment des loups ?
LA BENJAMINE : C’est ce qu’on dit.
L’AÎNÉ : Et on dit beaucoup de bêtises par ici.
LE CADET : Des loups mangeurs d’hommes ?