Chef d'oeuvre ? Peut être pas, mais pas loin !
"
L'homme sans talent", titre mal trouvé, ou mal traduit ???
Ce n'est pas un homme sans talent, et de loin. Comme le remarque le libraire "C'est un peu comme cette façon que vous avez de dissimuler vos talents. Sauf que vous, tôt ou tard, vous rentrerez, Non?".
Et à la dernière page, c'est cette question qui reste en suspend.
A la première image : un homme allongé dans un abri de fortune, vu de face et à la dernière image : un homme allongé dans un abri de fortune, vu de dos ; entre, c'est le récit du cheminement de Sukezo et de sa famille, dans son sillage, depuis le moment où mangaka reconnu il renonce à démarcher comme un débutant, et choisi d'autres voies, au gré de ses rencontres.
C'est un artiste et pas un commercial, toujours attiré par la beauté, tant celles de pierrres étranges, que la magie d'un oiseleur.
Qu'est ce qu'il lui manque pour réussir dans ces différentes tentatives, expériences ? L'argent. Et il n'en trouvera pas, parce que l'argent ne l'intéresse pas. le jour où il recevra une rentrée fortuite, suite à la vente de quelques uns de ses dessins, il emmènera sa famille en vacance à la recherche de pierres.
C'est une exigence de vie, qui l'entraîne à agir contre ses propres intérêts, au sens financier du terme. Et pourtant, c'est l'avenir de sa famille qu'il veut construire.
Mais c'est aussi un refus, une incapacité à s'adapter, à se conformer aux nouvelles règles de vie du Japon : l'abandon des vieilles valeurs pour la course à la productivité.
Il fera un émule, le libraire, qui lui prétera ce livre l'autobiographie d'un érudit venu s'installer dans un endroit isolé et qui y finira sa vie dans un état de complet dénuement.
Le dessin est riche et âpre. Les personnages ont une réelle densité humaine. L'enfant est aimé, maladroit et toujours au visage triste de celui qui vit dans la précarité. Sa femme perd sa beauté dans cette constante lutte pour survivre, elle s'épuise à essayer de comprendre ce qui le motive.
Quant à la fin, un sacré pied-de nez !