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sur 125 notes
L'homme sans talent est un recueil de nouvelles pour adultes publié au milieu des années 80. le dernier de son auteur à ce jour. Yoshiharu Tsuge est le maître du « watakushi manga », littéralement « la bande dessinée du moi ». Comme pour le roman du moi japonais, il s'agit « d'un court récit porté par le personnage principal évoluant dans son quotidien en proie à un malaise profond. » Ce malaise est exprimé avec parcimonie par le récitatif, grâce à quelques dialogues mais surtout à travers l'histoire dessinée qui reflète le vécu et surtout l'intimité du personnage : souvenirs, rêves, fantasmes et autres pensées toujours sombres et le plus souvent inavouables.*
Dans l'Homme sans talent, le personnage principal ressemble à un double de l'auteur dans les années 50-60 . Un mangaka mélancolique qui ne veut plus dessiner. Il a des yeux tristes à la Buster Keaton, une moustache à la Charlot et n'a pas de bouche. Il se sent totalement inadapté au monde contemporain effréné, matérialiste et refuse tout compromis. En ce sens il est sans talent car inutile pour la société japonaise de l'après guerre. Il se lance dans des activités commerciales totalement absurdes et vouées à l'échec : il vend des pierres-paysages qu'il pêche dans la rivière du coin ou bien encore des appareils-photos d'occasion hors d'usage. Il enfonce de plus en plus sa famille dans la précarité. Les basses-contingences matérielles ne l'intéressent pas. Il fuit sa femme qui voudrait le ramener à ses responsabilités et qui l'humilie devant son gosse. le visage de sa femme est d'ailleurs caché une bonne partie du recueil. Il se complaît dans l'errance et la rencontre d'autres marginaux. Il désirerait se retirer du monde comme le faisaient encore les poètes-mendiants au début du XXème siècle. Se fondre dans la nature, faire corps avec les pierres-paysages, s'envoler avec les oiseaux, comme cet étrange oiseleur à apparence de corbeau. S'effacer totalement dans la brume comme le fit Seigetsu, le poète. Mais son petit garçon le ramène malicieusement à la réalité au moment où il se laisserait totalement partir. L'humour est d'ailleurs heureusement présent dans ce recueil très sombre : répétitions de dessins, arrivées triviales inattendues de personnages ou d'événements qui désamorcent les pulsions érotiques ou suicidaires et puis surtout autodérision à froid omniprésente jusque dans la dernière planche, ouverte à toutes les interprétations.
J'ai adoré ce manga et je poursuivrai ma découverte de l'oeuvre de Yoshiharu Tsuge le plus tôt possible.

*voir l'article de Béatrice Maréchal « La Bande dessinée du moi, un genre singulier »(persee.fr)
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Il y a un peu plus d'un an je lisais « la vis », recueil d'histoires courtes de Yoshiharu Tsuge. Tout en reconnaissant le talent de l'auteur je n'avais pas été véritablement séduite par son univers. Certaines histoires m'avaient plu, d'autres m'avaient laissée de marbre. Je disais alors ne pas vouloir poursuivre la découverte de l'auteur. Finalement, la curiosité l'a emporté. Ayant vu régulièrement cité « l'homme sans talent » comme un manga majeur, j'ai eu envie de le lire. Encore une fois Tsuge me laisse sur une drôle d'impression.

Difficile de dire si j'ai aimé ou pas ce manga. « L'homme sans talent » est indéniablement l'oeuvre d'un auteur qui ne cherche jamais la facilité. Que ce soit narrativement ou visuellement, c'est une oeuvre très personnelle. J'ai vraiment trouvé le dessin très réussi. le trait est très réaliste et en même temps pas dénué d'un certain onirisme. C'est très délicat, très poétique tout en étant âpre.
Apreté qui est à l'image de l'histoire racontée. Qu'est-ce que c'est déprimant ! D'un bout à l'autre du livre, je n'ai pas senti une seule once d'espoir, c'est d'une insondable tristesse. Et c'est ce ton complètement désespéré qui m'a empêchée d'apprécier ce manga. J'ai mis pas mal de temps à en venir à bout car j'avais beaucoup de mal à trouver la motivation de le continuer. Pourtant, je ne ressentais aucun ennui et je percevais les indéniables qualités de l'ouvrage mais je n'étais pas pressée de replonger dans ces abysses de tristesse.

Peut-être que ce n'était pas le bon moment pour que je lise « l'homme sans talent », peut-être que si je l'avais lu à une autre période j'aurais su pleinement l'apprécier à sa juste valeur… ça je ne le saurai jamais. Si je n'ai pas aimé ma lecture, je suis tout de même admirative du talent de l'auteur. C'est une bonne chose que des oeuvres telles que celles-ci, arides et difficiles, soient éditées. Je ne peux pas prétendre avoir passé un bon moment avec « l'homme sans talent » mais je conseille tout de même la lecture de ce manga, en étant prévenu de son côté déprimant.
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Ca y est c'est reparti. Me voila sombrant de nouveau dans un manga comme je les aime. Il est venu par le hasard des rayons de ma Médiathèque ; il m'a attiré, je l'ai peut être attiré aussi...
Toujours est-il que je ne connaissais pas Yoshiaru Tsuge....
Et je comprends petit à petit ce que j'aime tant dans ces manga ; ce qui les différencient des BD : c'est l'âme de l'Homme, sa psychologie qui les hantent et leur donnent leurs profondeur.
Tout est dans le non-dit. Il ne se passe presque rien. Et pourtant....beaucoup de choses.
On y parle de douceur, de simplicité, de vie intérieure, d'amour, de blessures de l'âme.
Les hommes n'y sont pas des machos. Très loin de là ...
Les femmes, elles, assez matrones, acariâtres, avilissantes voire castratrices.
Mais on peut les comprendre car il y est question d'hommes talentueux qui, un jour, renoncent à leur don.
Pourquoi ?
Tel est le thème de ce manga intriguant qui se pose là comme un contrepoint aux injonctions contemporaines visant à tout sacrifier à sa réussite sociale.
Un manga qui laisse à réfléchir mais qu'aucun « bon » père de famille ne devrait laisser traîner dans les mains de ses enfants.
De toute façon il ne leur est manifestement pas destiné.
Une lecture tristounette mais apaisante.
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L'homme sans talent est un manga largement autobiographique de Yoshiharu Tsuge. Cet auteur est une personnalité à part qui a eu une grande influence dans le monde de la BD nippone. Elevé dans la pauvreté, il devient d'abord assistant du grand Shigeru Mizuki, puis se lance avec ses propres oeuvres. Mais bien vite il se refuse à adopter un rythme de travail qui permettrait de satisfaire son éditeur. Ce comportement dilettante n'arrange pas ses affaires financières, et il se lance dans le commerce d'appareils photos, qui ne marche qu'un temps. Il passe par des épisodes de dépression, tout en produisant des mangas qui rencontrent un certain succès. Sa femme le quitte, et lui-même se retire peu à peu et discrètement de ses activités. Il est aujourd'hui âgé de 86 ans, et une vague inédite d'édition et réédition de ses oeuvres en France a eu lieu depuis quelques années.

L'homme sans talent reprend ce motif d'un homme un peu dépressif et inconsistant, instable, il ne semble pas bien savoir quel sens donner à sa vie. Tout en ayant une opinion construite sur la façon de conduire une affaire professionnelle ou sur l'évolution de la société japonaise (avec un discours critique sur l'occidentalisation), il manque de sens pratique, est de nature oisive et a tendance à rejeter sa nullité sur le dos de son épouse. Ses diffcultés d'argent, son côté artiste fainéant, l'histoire du commerce d'appareils photos sont relatés ici comme étant du passé, son présent étant d'essayer de vendre des pierres d'ornement qu'il trouve dans la rivière proche. Mais il ne vend rien, quand il suffit à chacun de se baisser dans le lit de la rivière pour récolter ces pierres ! Son tout jeune fils Sansûke est heureusement toujours là pour aller chercher son papa alors que celui-ci pourrait parfois penser à mettre fin à ses jours, sans cesse rappelé par sa femme à sa véritable condition de bon à rien. Il croise des personnages un peu flous ou en échec comme lui, un oiseleur, un auteur de haïkus, qui ne font que l'enfermer dans ses pensées rêveuses, l'éloignant de plus en plus des réalités de la vie.

Cette oeuvre est un des fleurons du filon manga autobiographique et du gekiga, s'adressant plutôt à un public d'adultes (mais il n'y a ici pas une scène de sexe) .
L'auteur fait tenir à son héros des propos plutôt négatifs sur l'occidentalisation de la société, tout en prodiguant des conseils à autrui visant à tirer profit de cette nouvelle société de consommation pour réussir dans les affaires, alors qu'il est incapable de gérer les siennes !

Un manga au graphisme simple, à dévorer d'une traite, à la fois assez triste et plein d'humour (certaines situations sont cocasses), qui suscite une forme d'attendrissement, de compassion, mais aussi d'agacement envers ce héros assez doué pour se rendre malheureux tout seul.
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Je continue sur ma lancée de lecture des oeuvres de Yoshiharu Tsuge.
L'homme dans talent est un condensé de l'auteur à son meilleur. Il reprend du service comme mangaka après une retraite de 3 ans. Pendant cette période, Tsuge fait un séjour en psychiatrie, et devient revendeur d'appareils photos, on retrouve ce thème important dans ses dessins.
« Le roman du moi » atteint son apogée avec L'homme sans talent qui est un avatar de Tsuge sous le nom de Sukeko Sukegawa. Il décrit ses relations familiales, sa femme apparaît souvent de dos, très acariâtre, son fils est omniprésent et semble l'empêcher de se perdre, il est le fil qui le rattache à sa vie.
Sa vie est moche, son personnage est un incapable qui veut trouver une occupation rentable qui ne sera pas le dessin. Mais comment gagner sa vie et celle des siens en vendant des roches ou des appareils photos remis en état de fonctionnement tout en faisant la sieste et en rêvassant?
« Le seul moyen que j'ai trouvé pour continuer de me cacher fut alors d'arrêter de dessiner. »
Les dix histoires de se recueil sont comme du bonbon, pleine d'enseignements et de lyrisme japonais. Tsuge termine avec La Fugue dans laquelle il rend hommage à Seigetsu, maître du haïku de la fin de l'ère Meiji et évoque quelques perles de ce poète.
On dit que celui-ci vénérait Bashô. Quel merveilleux hasard alors que je viens d'acquérir le livre de Dany Laferrière sur Bashô. Tout est dans tout!!!
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Elle : "Kamusô", ca veut dire moine du néant ? *

Lui : le néant n'existe pas dans le bouddhisme

Elle et lui sont pourtant proches du néant. Leur enfant, Sansuké, tousse, mais ils ne l'entendent pas. Il pleure, mais ils ne le voient pas.

C'est l'histoire d'une famille japonaise dans la misère. Mais la misère n'explique pas tout.
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C'est l'histoire d'un homme dont tous les projets échouent faute d'ambition ou à cause de concours de circonstances. Dessinateur de bandes dessinées, il ne croit pas à l'avenir de cet art. Il entreprend alors de faire commerce de vieux appareils photos qu'il répare, puis d'antiquités, et enfin de pierres...
Je suis ressortie de cette lecture un peu déprimée par tout le poids de l'échec qui émane de cette hsitoire. Les relations familiales décrites dans le livre (et notamment avec sa femme) sont dures, sans tendresse, marquées par la misère.
On suit le héros rêveur qui ne trouve pas sa place dans la société et est considéré par ses voisins et ses proches comme un bon à rien. On aimerait qu'un de ses projets au moins aboutisse...
J'ai lu avec intérêt les explications autour de l'art des pierres au Japon qui s'était développé autour de "cailloux" aux formes évocatrices, souvent représentant des paysages de montagne avec cascade... le trait du dessin est très expressif comme toujours dans ce type de manga.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Chef d'oeuvre ? Peut être pas, mais pas loin !
"L'homme sans talent", titre mal trouvé, ou mal traduit ???
Ce n'est pas un homme sans talent, et de loin. Comme le remarque le libraire "C'est un peu comme cette façon que vous avez de dissimuler vos talents. Sauf que vous, tôt ou tard, vous rentrerez, Non?".
Et à la dernière page, c'est cette question qui reste en suspend.

A la première image : un homme allongé dans un abri de fortune, vu de face et à la dernière image : un homme allongé dans un abri de fortune, vu de dos ; entre, c'est le récit du cheminement de Sukezo et de sa famille, dans son sillage, depuis le moment où mangaka reconnu il renonce à démarcher comme un débutant, et choisi d'autres voies, au gré de ses rencontres.
C'est un artiste et pas un commercial, toujours attiré par la beauté, tant celles de pierrres étranges, que la magie d'un oiseleur.
Qu'est ce qu'il lui manque pour réussir dans ces différentes tentatives, expériences ? L'argent. Et il n'en trouvera pas, parce que l'argent ne l'intéresse pas. le jour où il recevra une rentrée fortuite, suite à la vente de quelques uns de ses dessins, il emmènera sa famille en vacance à la recherche de pierres.
C'est une exigence de vie, qui l'entraîne à agir contre ses propres intérêts, au sens financier du terme. Et pourtant, c'est l'avenir de sa famille qu'il veut construire.
Mais c'est aussi un refus, une incapacité à s'adapter, à se conformer aux nouvelles règles de vie du Japon : l'abandon des vieilles valeurs pour la course à la productivité.
Il fera un émule, le libraire, qui lui prétera ce livre l'autobiographie d'un érudit venu s'installer dans un endroit isolé et qui y finira sa vie dans un état de complet dénuement.
Le dessin est riche et âpre. Les personnages ont une réelle densité humaine. L'enfant est aimé, maladroit et toujours au visage triste de celui qui vit dans la précarité. Sa femme perd sa beauté dans cette constante lutte pour survivre, elle s'épuise à essayer de comprendre ce qui le motive.
Quant à la fin, un sacré pied-de nez !
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Qu'est-ce que je me suis ennuyé à la lecture de ce pavé qui retrace la vie d'un homme qui renonce à ses rêves. Il renonce tout d'abord au dessin pour multiplier les petits métiers (marchands de pierres, brocanteur d'antiquité, réparateur d'appareil photo...). Cette autobiographie est résolument introspective dans le genre homme désabusé de sa vie.

Le dessin est totalement épuré ce qui accentue le côté désespérance. C'est clair qu'on a droit à un manga différent de ce qu'on rencontre habituellement. Cependant, je n'y ai pas adhéré car très vite gagné par l'ennui. La fin est d'ailleurs insignifiante.

En résumé, c'est long avec un scénario qui tourne en rond et c'est ennuyeux.
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Cette oeuvre est considérée à raison comme l'aboutissement graphique et narratif de l'un des auteurs majeurs de la BD mondiale. Il y est question de quête de la beauté et de l'inutile. Ne rien faire a du sens veut nous révéler Yoshiharu Tsuge ? Oui en quelque sorte par petites touches métaphysiques. Plutôt rare au pays du soleil levant. L'espace d'un instant, on a envie de critiquer cette démarche, de bouder ces personnages peu actifs et en manque de motivations. En réalité, on finit par partager leurs pensées. le chemin de l'épanouissement est un pari risqué quand il a des conséquences sur le reste de sa famille, que l'incompréhension prend le dessus ou que les codes ne sont pas respectés. Il y a assurément tout à perdre à fuir le monde. A noter le trait simple mais impliqué de Yoshiharu Tsuge. Une merveille de naïveté pour un résultat doux-amer tourné vers l'introspection. Un manga à part.
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