Emilie de Turckheim a eu la générosité la plus spontanée et la plus intime, celle d'accueillir chez elle, au sein de sa famille, un migrant afghan. C'est sans doute le plus beau des dons, donner de soi, de son temps, de son foyer, de son intime.
De situations cocasses du fait de la barrière de la langue à la prise de conscience qu'un homme identique à soi, avec le même nombre d'os, les mêmes besoins de respirer, manger, dormir, a eu une vie si différente et a souffert de tant d'épreuves, ce récit est un bonbon, tendre, sucrée, acidulée. L'auteur a très bien écrit ce qu'elle a vécu, sous la forme d'un journal, forme qui a rendu la lecture extrêmement légère et touchante.
Les phrases lumineuses d'Emilie de Turckheim sont une fenêtre sur le monde. Elle a l'habileté de cerner tout à fait le sentiment, de faire naître les interrogations candidement : oui, l'hôte est autant celui qui reçoit que celui qui assaille, comme un même corps, une même étreinte; oui, nous ne connaîtrons jamais la peur, la tristesse, la fatigue du voyage sans fin, la misère de n'être jamais chez soi nulle part, la misère d'avoir pour monde son propre corps.