Le Chevalier à l'épée est un récit en vers écrit entre la fin du XII° et le début du XIII°s par un auteur anonyme. A la frontière de la nouvelle et du roman, ce texte est sans doute l'un des plus anciens parmi les récits consacrés à Gauvain. Son auteur est dans le sillage de Chrétien de Troyes. Il a voulu poursuivre son oeuvre, la compléter et surtout combler une lacune. Gauvain, neveu du roi Arthur, bon chevalier, sera ici célébré à la mesure de ses talents et de son mérite.
Ainsi, le portrait qui en est donné au début du récit et la première partie de l'aventure, jusqu'à la conquête de la très belle fille du chevalier à l'épée, exaltent sans doute les qualités du héros: son mépris du danger et sa bravoure, son goût du plaisir, son élégance, ses manières, son langage.
Comme tous les grands héros arthuriens, Gauvain est celui qui ose passer outre, ignorant les menaces, transgressant les interdits, faisant voler en éclats les mauvaises coutumes.
Mais l'aventure dans laquelle il est engagé ici se révèle plus difficile qu'il ne le pensait et il l'admet lui-même lorsqu'il en fait le récit à la cour du roi Arthur. En passant avec succès l'épreuve de l'épée, Gauvain se qualifie comme le meilleur des chevaliers. Il oblige son hôte tyrannique, le chevalier à l'épée, à renoncer au jeu pervers de la jouissance offerte ou interdite. Il peut enfin épouser sa belle, l'enlevant ainsi aux fantasmes incestueux du père Cependant, la seconde partie de l'aventure n'est plus menée par le père mais par sa très digne fille (on peut se demander quelle est réellement la teneur de leur rapport). En s'offrant à Gauvain sur l'ordre de son père puis en le quittant brutalement pour le premier venu, elle fait comprendre au chevalier que sa prouesse ne peut pas ou ne peut plus la satisfaire. Prouesse chevaleresque et prouesse sexuelle sont en parallèle.
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