AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Armand Strubel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253060796
1152 pages
Le Livre de Poche (24/06/1992)
3.73/5   115 notes
Résumé :
Le Roman de la Rose est un récit codé de l'initiation amoureuse.
A I'âge où "Amour prélève son péage sur les jeunes gens", le poète rêve qu'il entre dans le verger de Plaisir et s'éprend d'un bouton de rose. Malgré tous les obstacles, il parviendra à le cueillir et à le déflorer avant de s'éveiller. Le songe allégorique est ici un moyen d'investigation des mouvements obscurs de l'âme et de l'éveil des sens. Laissé en suspens par Guiflaume de Lorris, le poème ... >Voir plus
Que lire après Le roman de la roseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 115 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis
Ce "roman" ( en octosyllabes) a la particularité d'avoir été composé par deux auteurs:

- La première partie, inachevée malgré ses 4068 vers, due à Guillaume de Lorris, date des années 1240: c'est un poème allégorique, bien dans le goût médiéval, à la gloire de l'amour courtois. L'auteur nous relate un rêve qu'il a fait au cours duquel il est parvenu au verger d'Amour; il y rencontre, entre autres personnages, Beauté, Courtoisie et Jeunesse qui veulent bien l'aider dans sa quête de la Rose, mais aussi Danger et Jalousie qui essaient de l'en détourner.

- La seconde partie (18.000 vers!) voit le jour, vers 1280, sous la plume de Jean de Meung (ou Meun): cette "suite" est écrite, en fait, dans un esprit très différent, pour ne pas dire opposé, à celui de Guillaume de Lorris. Ici, plus d'éthique amoureuse quintessenciée mais un tableau réaliste et satirique où Raison et Nature annoncent, à bien des égards, la philosophie de la Renaissance - notamment l'humanisme rabelaisien.

Oeuvre hybride donc: d'un côté, une poésie aristocratique fondée sur l'idéalisation, voire la quasi divinisation de la femme (dont la Rose symbolise la beauté physique et morale), de l'autre, un récit "bourgeois", "naturaliste", sans illusion sur les êtres et leurs passions...

Tel qu'il est, ce livre connut un succès immense, non seulement en France, mais dans toute l'Europe, et servit de nourriture intellectuelle aux plus grands esprits du continent jusqu'au XVIIIe siècle! (La Fontaine, par exemple, en était féru!)
Véritable best-seller pendant cinq siècles, qui dit mieux?
Commenter  J’apprécie          364
Ce long poème datant du XIIIe siècle est composé de deux parties, écrites par deux auteurs différents, à 40 ans d'écart. Il est le témoin d'une époque mal comprise et se trouve à l'origine ou du moins a donné des bases à la vision de l'amour en occident.
Il s'agit donc du « fin'amor » qui sublime le désir. le désir n'est pas l'amour mais le provoque. Dans les deux cas, les allégories : « Jalousie », « Danger », « Bel accueil », etc. reprennent les notions qui leur sont attribuées et jouent les personnages dans le rite initiatique par lequel passe l'amoureux.
Dans la première partie, la magie, le songe et la confidence sont plus présents. Ils interprètent la vision morale de l'aristocratie courtoise et la sensibilité qui se heurte au thème du château-prison : l'impasse sur lequel elle achoppe.
La deuxième partie reprend à partir de là mais le ton change, il devient plus libre, on passe du lyrique à l'épique pour aboutir à la satire. Les allégories « Faux Semblant » et « Male Bouche » sont introduites par exemple et tirent la critique de l'époque vers plus de logique. Évolution des temps.
Fondée sur le mythe, l'allégorie sera remplacée par l'utopie (p 28). L'anthropocentrisme deviendra anthropomorphisme et l'égocentrisme, androcentrisme. Car c'est un point de vue essentiellement masculin, avec les clichés en vigueur, qui est proposé dans cette recherche de l'Amour.
La conclusion est claire : « Grâce à [la] ruse divine », « l'art d'aimer et l'art de vivre » se conjuguent en « un art de propager la vie » (P 23).
(voir plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/)
Commenter  J’apprécie          143
C'est une somme que ce roman médiéval rédigé en quasiment 22 000 octosyllabes, les 4000 premiers ayant été écrits par Guillaume de Lorris, le reste par Jean de Meun, enfin presque - la conclusion à l'histoire de Guillaume de Lorris restant en effet à ce jour anonyme.

Qui dit deux romanciers, dit ici deux parties bien distinctes, tant dans la forme que dans le fond, mettant en évidence deux visions médiévales du monde tout aussi distinctes. Avec Guillaume de Lorris, nous sommes dans l'amour courtois pur, l'auteur faisant le choix de nous conter l'expérience d'un jeune homme qui découvre l'amour, cet amour étant représenté par toute une série d'allégories (Amour, Raison, Bel Accueil, Jalousie...) qui évoluent dans un jardin contenant notamment des roses, le bouton de l'un d'elles étant celle qu'il aime. le jeune homme progresse ainsi dans le jardin d'Amour, rencontrant qui de droit à l'instant T pour pouvoir continuer sa progression, et à lui, comme à nous, sont rappelées toutes les règles de l'amour courtois. Avec Jean de Meun, le récit évolue vers un catalogue, parfois satirique, de considérations philosophiques, métaphysiques, religieuses, amoureuses, sexuelles... transposées dans un dialogue effectué entre le jeune homme et certaines des allégories précédentes, considérations parfois extrêmement subversives pour l'époque, qui déconstruisent une bonne partie de ce qui précédait, et qui donnent au roman des accents humanistes avant l'heure - surtout quant à la forme plus qu'au fond.

J'ai surtout apprécié la première partie, en ce qu'elle permet de donner corps, avec beaucoup de romanesque, à l'amour courtois ; la deuxième partie a, à mon sens, beaucoup moins bien vieilli.
Commenter  J’apprécie          132
Le Roman de la Rose est l'une des oeuvres les plus célèbres de la littérature française du Moyen Âge. Il a été écrit au XIIIe siècle, en deux temps, par deux auteurs successifs : Guillaume de Lorris et Jean de Meun. En le lisant, vous apprendrez que ce « roman » n'est pas un roman, mais un très long poème en vers ; qu'il a pour thème l'amour, et qu'il est peuplé de personnages ayant pour nom Beauté, Doux Regard, Raison, Haine, Jalousie ou encore Envie (c'est ce qu'on appelle des allégories). Vous verrez un jeune homme tomber amoureux d'une rose, que dès lors il s'efforcera de conquérir, non pas en suivant des cours de botanique (puisque la Rose est en fait une jeune fille), mais en s'initiant à l'art d'aimer…
Commenter  J’apprécie          150
Le roman de la rose arrive en un siècle, le 12ème siècle gothique, ou le christianisme devient austère, la peur de la mort s'infiltre et le péché de chair devient le péché originel.
Il est normal que des poètes régissent à cela en montrant, la joie et la beauté de la rencontre de la chair, quand elle est sublime. C'est surtout ce que je ressent dans ce long poème écrit par deux auteurs différents. Il y a du cantique des cantique dans ce chant mélodieux. Il y a de l'humaine condition.

Les artistes de tout temps, quand ils ne sont pas les valets du pouvoir indiquent délicatement le chemin d'or ! (Ça c'est du F. Herbert).

Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
Que réponde celui qui voudra répondre : je n'en sais pas plus sur le sujet. Laissons la question aux théologiens qui en débattent et qui ne cessent d'en discuter. Mais ceux qui n'écrivent pas avec les stylets grâce auxquels l'humanité se perpétuent, sur les belles tablettes précieuses -que Nature ne leur avait pas préparées pour qu'elles restent inemployées, mais qu'elle leur avait prêtées afin que tous y fussent écrivains, puisque nous en vivons tous et toutes; ceux qui reçoivent les deux marteaux et n'en forgent pas comme ils doivent, régulièrement, sur la bonne enclume; ceux qui, à cause de leur orgueil qui les égare, sont à ce point aveuglés par leur péché qu'ils méprisent le droit sillon du beau champ fécond et vont comme des malheureux labourer une terre stérile où leur semence va à sa perte, et qui jamais ne suivront le droit sillon mais ne cessent de mettre le charue à l'envers, confirmant leurs règles perverses en vivant dans l'exception et l'anormalité, lorsqu'ils veulent suivre l'exemple d'Orphée qui ne sait ni labourer ni écrire ni forger dans la forge correcte -qu'il soit pendu par la gorge : en inventant de telles règles, il s'est mal conduit envers Nature; ceux qui méprisent une telle maîtresse en lisant ses lettres à rebours et qui ne les veulent pas prendre par le bon bout pour en comprendre le sens véritable, mais en pervertissant l'écriture quand ils en arrivent à la lecture : que tous ces gens-là, en plus de l'excommunication qui les conduit tous à la damnation, puisque c'est à ces pratiques qu'ils veulent s'attacher, puissent perdre avant de mourir aussi bien l'aumônière que les testicules, qui leur donnent l'apparence de mâles ! Puissent-ils subir l'ablation des pendants auxquels est suspendue la bourse ! Et les marteaux qui sont fixés à l'intérieur, qu'on les leur arrache ! Qu'on leur enlève les stylets, puisqu'ils n'ont pas voulu s'en servir pour écrire sur les précieuses tablettes qui leur convenaient ! Et qu'avec les charrues et les socs, s'ils ne les utilisent pas pour labourer comme il faut, ils puissent avoir les os brisés sans qu'ils soient plus jamais réparés ! Que tous ceux qui voudront les imiter puissent vivre dans une profonde honte ! Que leur péché répugnant et horrible leur soit douloureux et pénible et qu'il les fasse partout fustiger de façon à ce que leur honte soit publique !
Commenter  J’apprécie          40
Je rêvais que c'était en mai -cela se passait il y a bien cinq ans ou plus- mon songe me plaçait au moi de mai, au temps des amours, plein de joie, au temps où toute chose se réjouit, car on ne voit buisson ou haie qui au mois de mai ne se veuille parer et se couvrir de feuilles nouvelles.Les bois, qui sont secs tant que dure l'hiver, retrouvent leur verdure.La terre elle-même est toute orgueilleuse, parce que la rosée la mouille, et elle oublie l'indigence qu'elle a connue tout l'hiver.C'est alors que la terre se fait faire si fière qu'elle veut avoir une nouvelle robe et elle s'en fait faire une si gracieuse que, de couleurs, il y en a des centaines: des herbes et des fleurs, blanches et bleues, et de bien d'autres couleurs variées, voilà la robe que je décris, et qui fait que la terre a plus haute opinion d'elle-même.
Commenter  J’apprécie          90
Seigneurs, sachez de manière sûre que si vous vous conduisez sagement et faites votre devoir, vous boirez à cette fontaine. Et pour que vous reteniez plus facilement tout mon enseignement -en effet, une leçon enseignée en peu de mots se retient plus aisément- je vais rapidement vous exposer tout ce que vous devez faire. Songez à honorer Nature, servez la en travaillant à ses fins, et si jamais vous avez un bien qui appartient à autrui, rendez-le, si vous le savez; et si vous ne pouvez restituer les biens dilapidés ou joués, ayez-en la ferme volonté quand vous retrouverez des biens de foison. Que tous s'écartent du meurtre; ayez les mains et la bouche propres, soyez loyaux, soyez miséricordieux: dans ces conditions vous irez au champ de délices en suivant à la trace l'agnelet qui a la vie éternelle, pour boire l'eau de la belle fontaine qui est si douce, claire et limpide que jamais plus vous ne souffrirez la mort, dès que vous aurez goûté de son eau; vous irez, au contraire, gaiement, en chantant pour l'éternité des motets, des choeurs et des chansonnettes, parmi l'herbe verte et les fleurettes, et en dansant sous l'olivette. Mais qu'irai-je encore vous jouer sous ma flûte? Il est bon que je la remette dans son étui, car le beau chant souvent ennuie. Je risquerais de vous retenir trop aujourd'hui, et je veux achever là mon sermon.
Commenter  J’apprécie          30
Malebouche, que Dieu le maudisse! (...) va et vient (...) quand cela lui convient; il doit faire le guet de nuit: le soir il monte aux créneaux et il accorde ses chalumeaux, ses trompettes et ses cors. Tantôt il entonne des lais et des airs et des mélodies nouvelles de son invention sur ses chalumeaux de Cornouailles, tantôt il dit, s'accompagnant de la flûte, que jamais il ne trouva de femme honnête: "Il n'y en a pas une seule qui ne se réjouisse quand elle entend évoquer la débauche; l'une est une putain, l'autre se farde, la troisième a des regards effrontés; celle-ci est vilaine, celle-là est sotte et l'autre parle trop." Malebouche qui n'épargne rien trouve en chacune quelque chose à reprendre.
Commenter  J’apprécie          60
Après avoir parcouru un bout de chemin, j'aperçus un verger vaste et étendu, entièrement clos (...) qui à l'extérieur était peint et sculpté de nombreuses et superbes représentations.J'examinai bien volontiers les images sculptées et peintes du mur, et je vous décrirai l'apparence comme elle me revient en mémoire.
Dans le mur je vis Haine, dont l'apparence était bien celle d'une instigatrice de colère, querelleuse et remplie d'une grande méchanceté.Avec cela, elle n'était pas bien arrangée et ressemblait plutôt à une femme hors de sens.Elle avait le visage renfrogné et ridé et un nez retroussé; elle était hideuse et regardait d'un air menaçant et, en plus, elle s'était entortillée hideusement dans une touaille.
A côté d'elle, à gauche, se trouvait une autre figure de taille identique.
Je lus son nom au-dessus de sa tête: elle s'appelait Félonie.Je vis ensuite à droite une figure, dont le nom était Vilenie, qui était à peu près de la même manière et de la même façon que les deux précédentes.Son apparence était celle d'une mauvaise créature, sans mesure, la médisance et l'injure à la bouche.Il avait bien réussi cette peinture et ce portrait, celui qui avait su faire une telle image, qui présentait tout à fait l'apparence de quelque chose de vilain.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Guillaume de Lorris (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume de Lorris
Entretien filmé avec Michel Zink, ancien professeur de Littérature médiévale au Collège de France, dans le cadre de l'exposition qu'organisa la Bibliothèque Nationale de France, en 2012 et 2013, sur 'Le Roman de la Rose' écrit par Guillaume de Lorris et poursuivi par Jean de Meung
autres livres classés : allégorieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (502) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11109 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..