AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,63

sur 20 notes
5
13 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
« Sur quoi oeuvres-tu, maman griffonneuse, dactylographieuse, maman engloutie ?
— J'écris sur les arbres, les hommes aussi, car je les confonds, voisinant parfois dans le même cadre…
— Tu aimes ton végétal comme un vrai humain ?
— J'aime plutôt l'homme comme une pinède ! »

Chers lecteurs et amis Babelio, après un bienheureux piétinement poétique de cinq ou six ans, je me suis relancée dans le roman !
Mon titre, vous rappelle-t-il les oisillons des parcs urbains ? C'est une prose rongée de vers comme le granit de lichen. C'est une prose bénie de vers comme une vie d'une passion. Galilée s'émerveilla : « Et pourtant elle tourne ! » Pourtant c'est un roman ! ai-je envie de crier. Récit où je slame et m'exclame… Vous trouverez cela barbant si vous ne prisez pas l'aspect dense, et même cursif, rabougri, de la poésie contractée. C'est une fiction qui nous ressemble, moi qui notais, lui qui dribblait, et nous shootions, nous nous pendions chacun à son panier de songes…
J'ai traversé le Rhin, écouté Novalis, je me suis cachée dans le myosotis romantique pour réunir l'onirisme et le monde réel, comme un trouvère en quête de l'amour absolu.
En un camaïeu volubile et hyperbolique, mon dégradé de vert, abreuvant mon âme avide, j'ai décliné à loisir mes tags de prédilection : rêve, pluie, ardeur, poème, liane, sylve, lac, lilas… Vous, feuilles, troncs et branches, mes membres, mes torses, mes peaux ! Bourrée comme un coing de rimes, je me suis muée en Ève !




La suite, ce n'est ni une critique ni un préambule mais un texte qui révèle le caractère du livre, plonge dans son ambiance et ses exaltations gardant le « je » initial de la narration. Commencer par un épilogue, n'est-ce pas une bonne approche ?
La vie, versatile, est impossible à cerner. Elle persévère alors que ce livre se fige. Il n'est qu'un oeil-de-boeuf parmi d'autres éclairant le creux de ma paume... Dès qu'une fin fragile point, une nouvelle intrigue se dessine déjà à l'horizon.

***
Je quitte très tôt mon appartement. La nuit règne encore sur ma promenade. Gisent sagement sur l'échiquier sombre d'un plan d'eau étroit les paons aquatiques. Je ne compte que sur les lampadaires, épouvantée par le désert des lieux. le givre m'enjôle couvrant chaque brin. Tout endolori, près de se casser, mon index semble un bâton de cannelle. Mon pompier agile qui n'est pas venu éteindre le feu de ma foudre en boule, que je voudrais épier sa tenue de course par ces temps gelés, l'entrevoir d'un oeil ! A-t-il un bonnet ? Est-il en collant, sous un coupe-vent, ou toujours sans rien ?
Loin de notre idylle, j'opère mes boucles de Paris-boudeur. C'est ainsi qu'un schéma de la Ville-Lumière se montre à ma vue : dans sa fraise clownesque, juche une tête ronde fendue par la Seine, sa bouche maussade presque édentée ! Bannies soient les cartes !
Ô détail divin ! Sous le pont d'Iéna, le torrent grommelle, remue son prénom, renouvelle encore mon flux de désir. Dans le brouillard bleu du fleuve évolue un petit navire que mon éros berce. Entre les piliers de la Flèche Eiffel, les Sainte Nina et Sainte Rita, les cordes moussues ancrent les péniches. Ces humbles pylônes m'attisent sans fin.
Ma Tour ne sort pas, et c'est le covid qui s'est invité, ennuyé sans elle ! Mais voici mon grog, aux agrumes-mots, une décoction de mes veillées longues, au vin de syllabes, au miel de virgules. Qu'en toutes circonstances, tu demeures ivre ! Quatre pétales de « v », pour ailer ton coeur, et sept pincées d'« i », pour un sourire ample, assaisonnées d' « e », très euphorisants, comme d'une essence naturelle exquise. Puis, à volonté, points d'exclamation !
Mon châle persan, pour ma délireuse ! Tu pionces ou tu brûles, tu racles la gorge murmurant une strophe, apte à distiller une mélodie de ta maladie. Ne sois enrhumée que d'une narine, ne sois obscurcie que du côté gauche ! Vivent nos remakes !
D'un coup j'aperçois le tronçon d'un fût flottant sur les ondes comme un short géant. Salut, mon Baumier, mon témoin muet ! Une mouette grise se pose à mes pieds…
Je tweete et retweete mes « selfies » pour lui, sur un air de Brel. Mais mes lieds cryptés, ma radio de Londres, n'éclaire que moi…
Ce matin hiémal, j'ai froid à la langue à bader la figue au bord de la Seine, à béer devant les arches brumeuses, à foncer depuis trois heures entières dans la vie fermée pour qu'elle s'éventre ! Yeux écarquillés ! Hier, j'ai soufflé ma flamme amoureuse comme une chandelle. Je vais devenir une Laponie ! Et, comme les vieux, tout asymétrique ! Mes encourageuses seront mes deux larmes, mes humeurs du nez !
J'entre aux Tuileries aux piétons épars, hantés de virus. Les paros houssés offrent leur silhouette ou plutôt leur spectre. Je me crois à Vienne où mes doigts de bois peinaient pour capter un lunch d'écureuils, les derniers seigneurs d'un château royal.
Sans raison, je suis montée sur la butte du pont desservant le Palais Bourbon. Là, ma perle rare, je l'ai dénichée ! C'était un trou vague de soleil timide, une lueur baroque, l'éclat tamisé d'un jaune de Naples crevant les nuages et le smog ambiant ! Sous les réverbères encore allumés, dans l'optique amène des ponceaux voûtés, mon Paris loukoum, poudré, impalpable, cité de poupée, s'est ouvert à moi !
Commenter  J’apprécie          14630


Lecteurs (41) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1231 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}