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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Pourtant c'est un roman !
Ai-je envie de crier.
Récit où je slame et m'exclame… »

C'est grâce à l'incipit du roman que j'ai pu découvrir une des premières clés nécessaire à l'entrée dans le monde poétique de Maryna Uzun. Avec son slam qui lui est particulier, elle sait utiliser les mots de tous les jours avec une grande liberté, comme les mots anciens de la littérature française qu'elle sait manier aussi avec une main de maître … Pour comprendre son livre-poème, il faut accepter de se laisser emporter par le flot impétueux de sa prose sans lui résister. C'est une écriture-baïnes où il ne faut pas chercher à lutter contre le courant mais se laisser porter par lui.

Mais ces phrases libres résonnent aussi comme une mélodie. Pas besoin de les entendre, il suffit de les écouter au lieu de les lire. Alors comme pour le chant des oiseaux où en vous concentrant sur les sons vous pouvez comprendre leur langage; de même chez Maryna Uzun, en vous arrêtant sur la sonorité des mots, vous pénétrez au coeur de sa poésie musicale. C'est dans le titre du roman que vous trouverez cette deuxième clé : « Si vous aimez les poètes (oiseaux), ne les nourrissez pas ! ». Une clé nécessaire à une exigence d'écoute qui est obligatoire à la compréhension de cette partition autant musicale que littéraire.

Après les flots et la musique des mots, c'est de la couleur qu'émerge notre troisième clé. Ces lettres se transforment en véritables tags plus proches de la peinture que de l'écriture. Ils sont une palette aux couleurs infinies où la plume de l'auteur se transforme en pinceau. On assiste à une explosion de nuances où les roses sont bleues, la terre devient bleue comme une orange, une coccinelle est jaune tango et la chaîne des ponts de Paris se pare d'un magnifique violet. Maryna Uzun nous dévoile son don pour le street art en repeignant les lieux publics, nos rues et nos murs en rouge, en jaune, en rose et en bleu. Tout son univers est pénétré de lumière…

La dernière des clés nous ouvre la porte d'un monde qui est continuellement en mouvement. de Simha, son amoureux adepte de la course à pied qu'elle a rencontré lors d'une de ses promenades au parc ; à son fils Nemorino et aux rebondissements incessants de son ballon de basket, tout est prétexte à bouger, courir... « Je danse avec ma plume, avec mon coeur battant, pour mon serin rêvé, pour mon amour, j'oscille, confinée au château, dans mon jardin taillé, dans ma cour intérieure, au bord de mon étang ». Oui, Maryna Uzun danse avec sa plume et nous emmène dans un tourbillon effréné de marches et de démarches, de sports, de dribbles, de sauts, de vols, de liberté.

Les quatre clés trouvées ne sont donc pas des clés ordinaires, elles sont là pour vous ouvrir les portes de son multivers. Celui-ci est souvent déroutant voire déconcertant. Il est difficile de le parcourir sans ces laissez-passer. En véritable magicienne des mots, elle risque de vous perdre dans son dédale d'écrits inventés, inventants ou inventifs. Vous pourrez également ne pas comprendre sa musicalité par manque d'attention, être trop éblouis par ses couleurs et surtout être emportés dans le flot de ses locutions comme par sa danse endiablée. Oui c'est cela Maryna Uzun une composition de mots, de musique, de couleurs et de mouvements, le tout lié magistralement voire magiquement.

Merci Maryna pour ton surprenant roman !!! Un seul regret à te signaler le baiser que la narratrice n'osa pas prendre et au coeur de Simha qui doit l'attendre. Et quand on sait que la sim'ha signifie le sentiment de joie qui s'éveille en l'homme quand il a réussi à combler un manque, on est peut-être un peu loin du compte…

« Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus.
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir.
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir. »
Les Passantes de Georges Brassens (1972) d'après un poème d'Antoine Pol.
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C'est une balade (et ballade) allègre sous un ciel mélancolique et changeant qu'accroche la tour Eiffel. C'est un parc aux poètes, on peut même les y lire ; la nature est luxuriante ; au sein d'un lac transparent, peut-être une Ophélie parle-t-elle d'une "brûlure lointaine".

C'est l'histoire d'un amour et de ses limites "mon mari édredon qui bande pour moi et me croit bécasse".

C'est une veine foisonnante, fulgurante et poétique, la lirait-on une centaine de fois qu'on y rencontrerait toujours des mots inconnus, des vocables oubliés, d'autres enchantements encore, ceux de l'héroïne qui vient "fêter ses étonnements".

Parfois, un prince au nom oriental apparaît furtivement et caresse l'imaginaire fantasmé de la femme. Les mots qu'elle lui a écrits resteront lettre morte. "Les miroirs endormis ne lui renvoient plus rien".
"Rien ne dure, oh cette lugubre loi - Rien sauf la règle elle-même". Mais des gestes inauguraux furent-ils vraiment posés ?
Son fils, complice et confident, s'emploiera à la consoler de ce "fiancé tombé du camion".

Reste l'irrépressible joie de vivre de la reine du domaine, le réconfort des arbres, des cygneaux près du lac, un envol de pluviers dorés, d'exquises images dans le livre et ces poètes que nous ne nourrirons pas.
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Ce petit livre m'a dans un premier temps complètement déstabilisée. Probablement trop terre à terre, je ne percevais pas où Maryna Uzun voulait m'emmener, cherchant quelque chose mais sans trop savoir quoi. J'ai parfois réussi à comprendre des jeux de mots, l'utilisation de mots anciens, certaines références, Nemorino, des pièces musicales, ce que lui inspire une promenade dans un jardin. Jusqu'au moment où j'ai enfin compris qu'il faut se laisser bercer par les mots, leurs sons, accepter de suivre Maryna Uzun dans ses ballades parisiennes sous ses différents costumes, celui de femme, épouse, mère et surtout poète. Les images se bousculent dans ce carrousel de mots. Merci Maryna de nous offrir cet elixir et nous embarquer pour un superbe voyage.

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