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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Oh lis moi sans délai, je ne t'attendrai pas!" me fit un quatrain quand je le dépassais. Ce sont mes vers-lapins qui minent, sapent, creusent des souterrains..." nous prévient Maryna Uzun.
Un petit hommage à "Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas!"


Maryna ...
M comme:
Ma vie de couplets enragés et de légumes encombrants, et de précautions inutiles où j'ignorais les dinosaures..


A comme:
Aèdes courtois, ne m'appelez pas "ma petite fleur", j'ai peur qu'on me mette un jour dans un vase,


R comme: Réveille moi, feu vert ardent. Rappelle moi, fontaine fraîche. Je me rue à ta rencontre, la rue de nos révélations. Notre coeur-à-coeur est étrange...


Y comme:
"Y a pas le feu, madame!
J'ai envie de répondre: Comme menace, il y a pire. C'est la ménopause!"


N comme: Néanmoins où puis-je aller ailleurs? J'aurais beau être chez moi, affalée sur le divan, azimuter Casimir, l'écouter continuellement se plaindre...


A comme:
"A mes amours, ce soir, j'avoue: les utopies qui ne sont pas réalisées sont des cauchemars...Casimir prétend que j'entends tout de travers.


En espérant que ces quelques extraits vous donneront envie de lire ce livre. Mais, qu'est ce qu'un "Casimir":)
"Canapé ou Ampoule au pied?
Sérénade ou Intempérie?
Mamelles t'aimantant à l'oreiller ou Isthme éventé au point du jour?
Refixe ton choix: des becs drus ou patins moelleux?"


Elle ouvre la source des larmes
Et les fait doucement couler.
Ses "vers-lapins" ont les plus doux charmes
Et moi émerveillé, je m'y laisse couler .
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« Souris aux lys, sinon ils fanent ! Badine au ciel, sans quoi il s'étiole ! »

Ce ne fut pas une rencontre gagnée d'avance. Mais il a eu raison de moi. Ce livre. Cela fait un moment que je l'ai à mes côtés, à chaque fois que je l'ouvrais je ne savais pas par quel bout le prendre, preuve en est à quel point je suis formatée par un type de poésie, une poésie plus cadrée, celle des alexandrins d'un Baudelaire, celles des poésies sans rimes mais cependant structurée d'une Andrée Chédid par exemple ou d'une Anise Koltz, et surtout celles des tankas que j'aime lire et écrire. Les tankas de Akiko Yosano et son somptueux « Cheveux emmêlés » est mon oreiller d'herbes depuis une dizaine d'années, l'épure de ses tankas m'apaise. Alors comment accueillir cette poésie fleuve, libre, rebelle, imprévue qui me donnait le tournis dès que j'en approchais mes yeux fermement corsetés, guindés dans l'étau de leurs oeillères…

J'aime regarder
Les immensités sans borne
Le ciel et la terre –
Oublier les sens, les formes
Des lignes et des frontières

Pourtant, elle prévient dès le départ Maryna : « Notre bavardage exalte. Ou il ennuie. Cela dépend de qui nous a apprivoisés ». Il faut donc l'apprivoiser. Oui mais comment ? Quelques indices cependant « la macaronée, rare et non paginée, se consomme en quantités réduites. Ce n'est pas systématiquement du miel apaisant, de l'huile luisante. C'est souvent de l'ail ou de la moutarde, ou du hareng saur ». Très bien, j'aime l'idée. Une poésie qui a du caractère à consommer par petites doses donc. Je relève le défi.

Comme à chaque expérience de littérature, la lecture à voix haute m'a ensuite donné les clés d'approche. Et je fus littéralement émerveillée lorsque la porte s'est enfin ouverte. La poésie de Maryna Uzun est une poésie qui pétille, qui claque, qui explose, qui tourneboule, qui ose, qui crie par moment, qui apaise aussi. Une poésie primesautière. En l'espace d'une ou deux pages, elle nous entraine dans une multitude de sentiments, de beautés, d'émotions. Et me voilà impressionnée et tellement imprégnée par ma lecture que je me surprends à voir émerger des images provenant de son imagination à elle dans ma vie à moi…Ainsi, me baladant, à la vue de des premières feuilles, voilà que surgit un dragon crachant du vert tendre.

La poésie de Maryna, c'est une poésie qui se dépiaute, qui se lit et se relit, qui cache des images derrière d'autres images, dont la richesse se met peu à peu à flotter sur l'eau de nos yeux ébahis à chaque petit chapitre. Elle se picore la riche et roborative poésie de Maryna, elle nous nourrit, nous lecteurs chanceux, en en un rien de temps…
« Une femme aptère, la mouche sans ailes, pour qu'elle demeure près de son mari ? La poupée en argile, épouse ininflammable, qui résistera à l'amour subit ? Non, je ne suis pas conçue pour me mariner ni pour me complaire en fleur éplorée ! Je suis immariable : je vais m'envoler ! ».

La poésie de Maryna convoque tous les sens, c'est un festival d'odeurs, de sons, de couleurs qui explosent en mille et un confettis.

« Ma fantaisie imminente, que nous buvions à nos fragilités réunies ! Que nos subtilités s'entrelacent ! Je serai ta bonne mauvaise herbe ! Que nos matins fleurissent en jaune ! Nos mille coucous printaniers, nos appels de canari, inquièteront le bosquet ! A nos plumes citronnées ! ».

Pourtant, la poésie de Maryna raconte avec pudeur les douleurs d'un mari bousilleur de songes et jaloux de la créativité de la poétesse, la détresse de l'amour dans « sa brumaille et ses embrouilles », narre au contraire avec bonheur et délicatesse l'enfant avec qui elle se sent en totale connivence. Assurément, elle a gardé la fraîcheur de son âme d'enfant, cette âme qui voit la beauté des lieux, cette âme qui fait surgir des images insolites, cette âme qui fête sans cesse ses étonnements, cette âme qui invente des noms, cette âme un brin espiègle qui joue sans relâche, ne prenant pas la gravité de la vie ou les déceptions amoureuses au sérieux, qui les écrase à coup d'optimisme envers et contre tout, et cette fraicheur fait tellement de bien, elle nous éclabousse de sa pureté, de sa beauté. Elle est salvatrice.

« J'ai rêvé qu'on s'offrait une spacieuse maison, seulement pour nous deux, située sur une place rumoreuse et peuplée d'humbles réverbères, sous un ciel de crépuscule, bleu-orange-violet. Sur un mur pendouillait une photo de couple, pas de nous mais d'heureux inconnus aux regards flous, qui nous magnétisait des phrases de cinéma, immortelles, éthérées, trompeusement faciles…Je voulais, avec mon enthousiasme intact, nettoyer de fond en comble cette demeure. Cependant elle était déjà propre et ensoleillée. Je courais d'un niveau à l'autre pour rien. Sauf pour la découvrir et te la raconter ! Ce n'était ni en ville, ni à la campagne, ni dans une station balnéaire quelconque. Je crois qu'elle était sous le ciel d'Italie.
- Mouais…, marmonnait le mari sans lâcher sa souris. Mouais… , répétait-il encore, ce bousilleur de songes ! »

La poésie de Maryna est d'une beauté à couper le souffle, d'une élégance folle, d'une créativité sans limite dans laquelle la musique est toujours présente en filigrane. Des arbres qui s'allument, des clairs de lune debussystes, des saillies lisztiennes, des endroits rumoreux, du jus de ciré, des complots sylvestres, des aubades tartares, des yeux glaneurs, une dévoreuse d'aube, des carrosses de syllabes, des vers blancs assaisonnés de pluie…C'est une poésie connectée avec la nature qui sait sans relâche s'étonner et s'émerveiller. Elle nous donne des clés magnifiques pour regarder différemment, envers et contre tout, surtout envers et contre tout.

« le Chêne sort droit du moyen-âge. C'est une cathédrale ondulante d'un vert gothique aux maints moulages, aux plâtres fins sur la corniche. Un Cèdre, c'est toujours bohème, ses rameaux poussent en désordre. C'est un géant au dos voûté qui, débonnaire, ouvre les bras. C'est aussi un sorcier, en loques, baissant les branches face à la mode. Arbre vétuste, poivre et sel, il n'a jamais le vent en houppe, tandis que les Magnolias luisent comme des autels habités (…) Il fait bon tromper son mari avec les plantes séculaires ».

Espiègle Maryna, touchante Maryna, facétieuse Maryna, l'incroyable dentellière d'amour…Sa poésie est d'ailleurs très souvent sensuelle, voire érotique, l'air de rien, toujours par images interposées.

« Toi, mon prochain amour, je t'attends ! Que ton bout-rimé se pose sur le mien comme une libellule ! Sur la tige rouge de mon dos tortillant, qu'il s'endorme en souriant ! ».

« Mon mamelon dans ton oreille te joue la musique d'une baignade d'animaux, buffles et zèbres, dans un lagon. Je suis heureuse et amoureuse, et caressante et caressée. C'est mon soupirail de l'Invisible que je promène autour du lac… »

Voilà, je ne sais comment exprimer mon émotion mais réelle elle est. J'avais à mes côtés un trésor depuis de longs mois sans même le savoir. L'importance d'être constant ou celle d'être aléatoire, questionne-t-elle ? Elle a su me sortir de la constance de la poésie cadrée pour me plonger sans bouée dans les flots de sa poésie aléatoire qui regorge de merveilles, de force, de féminité, de sensualité. J'ai perdu pied avec délice dans ses délires lacustres, dans sa poésie pleine de circonvolutions et d'arabesques insolites, sur ces chemins sylvestres nostalgiques rongés par les vers sur lesquels je l'imagine vagabonder avec grâce.
Merci infiniment et chapeau bas chère Maryna pour tant de beauté, pour tant de créativité et pour cette leçon : « Je peux être heureuse grâce à mon chaos ». Je reviendrai picorer sans cesse dans cet écrit qui n'a pas fini de me nourrir.


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Toutes les nuits , notre primesautière s'accroche à la lune et voyage dans sa vie au gré de ses récits .

" Mon lit grince au rythme de la Marche Funèbre : je me lève la nuit pour tambouriner mes strophes . Je laisse mes doigts galoper sur le clavier sans que quelqu'un me gronde pour la lampe allumée . " P. 10

Ce qui séduit la jolie petite brune , c'est d'exister au rythme d'un tango de mots qu'elle a concoctés dans un éternel rubato .
Mais quand son amie sélénite se teint en lune rousse , elle éveille ses tourments et lui donne la frousse . Casimir , si terre-à-terre , va encore lui faire vivre l'enfer avec ses paroles féroces , infécondes et maudites .

" Quand votre " moitié " , votre trou béant , vous vomit de bon matin : " tu ne vaux rien ! ", il vous chagrine , quoiqu'il vous vaccine contre les blessures futures , contre les maux et les aphtes de la versification importune , contre tous les affres de la plume ! " P. 10

Voilà pourquoi , elle se tourne régulièrement vers la nature qui jamais ne l'abjure et lui révèle combien elle est fascinée par les jolis mots qu'elle a inventés pour la dessiner .

" J'ai pris en balade un quatrain pleureur , et nous avons aperçu un oiseau hors pair : canard mandarin , à l'état sauvage , échappé on ne devine de quelle cage . " P. 11

Ces philtres magiques qu'elle façonne comme une pro de la musique , elle les doit à tous ces maestros qui lui ont appris le sens du tempo .
Donizetti a enfanté " Nemorino " dans "l'Elixir d'Amour " et " Une furtive Larme " a émotionné la dame qui s'est accaparé du prénom et nommé ainsi son mômichon .
En grandissant , il devient son confident , et pas seulement .
Ensemble , ils marchent dans les allées du parc où tant d'amis , comme le Chêne , le Cèdre , le Saule , le Cerisier et le Pommier , frissonnent de joie à leur passage .
Que de challenges ils se disputent en dribblant , en se défiant au lancer de ballon .

Mais un poète subsiste grâce à ses luneries ; ses paroles folles proviennent des branle-bas qui secouent son coeur , à la vue d'une fleur , à l'aube d'un nouveau bonheur qui peut remettre toute sa vie en question .

Ainsi , elle rêve , incante , échafaude ; elle se nourrit de pieds , de vers , de strophes , en cadence ! Elle vit !

Et surtout , elle a rencontré un magnifique " houppier "qui doit lui rappeler un monde évaporé !

" Simha ...
Mes méprises de l'espoir : te tenir pour quelqu'un d'autre ou prendre quelqu'un pour toi ! "






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Fidèle sur Babelio, je suis toujours très attentive aux citations mises en ligne sur le site, elles me permettent ainsi d'approcher modestement l'identité d'un auteur. Aussi, le livre de Maryna entre les mains, je me suis demandée si le « Taureau » que j'étais serait à même d'appréhender le côté surréaliste de son écriture. Question vite résolue. Dès les premières pages, il m‘a été agréable de savourer son environnement serein et bucolique où je me sens à ma place.

« Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas » ! Ce titre m'a tout de suite fait penser à ces pancartes que l'on rencontre dans les parcs et jardins publics « Vous aimez les oiseaux sauvages, ne les nourrissez pas ». Maryna m'invitait-elle à la flânerie dans un parc comme le suggère la couverture de son livre ?

Maryna joue avec les mots. le charme de son écriture opère, je suis fascinée. Parfois je me trouve décontenancée, parfois je pénètre le sens profond de ses phrases. Une intimité se crée entre nous deux, nous sommes proches et subitement, un terme, une figure, nous sépare. Elle sait si bien jongler avec le sens des mots, avec ses pensées, elle sait si bien envoyer les mots contre un fronton imaginaire pour mieux les voir rebondir sous une autre forme. de sa méthode, une vibration se dégage, apaisante, mélancolique, qui berce, qui interroge. La musicalité parfois laisse place au sens, à la poésie puis de nouveau, la musicalité prend le dessus et on se laisse porter par les mots sans chercher à comprendre, simplement se perdre dans cette mélodie où il est question d'un amour contrarié, d'un élixir d'amour inefficace à moins qu'il ne soit que le fruit de l'imagination de Maryna, nourri par son admiration pour Simha. Puis elle revient me susurrer à l'oreille une confidence sur Casimir, son époux.

Quel joli vagabondage insolite dans ce si romanesque paysage intérieur. Je me suis laissée transporter dans une autre dimension. Maryna aboli les frontières entre les mondes. le rêve se fait poésie, pose un regard bienveillant sur dame nature, dévoile une bien jolie personne « mes ongles sont coupés trop courts pour qu'ils griffent » dit-elle en s'adressant à son « runner ». Il y a de très jolis passages qui font penser à des mouvements lyriques d'une grande douceur et parfois si languissants devant ses espoirs d'amour déçus. Je la ressens si vulnérable :

« Ma coupe verte était prodigieusement pleine. C'était un matin désert, un week-end de chassé-croisé des vacanciers bougillons. Comme si, dans la plupart des cas, chacun buvait des prunelles et emportait avec lui une poignée de l'eau vive.
Sur la barbe de cent nuits d'aiguilles ocre de pin, j'errais sans trop d'espoir. Les rafales soulevaient le sable.
Il est apparu subitement quand je l'attendais le moins. Il m'a demandé : « Ca va ? » aussitôt se détournant.

Je ne suis ni faible, ni forte, je suis vide. Lui, ni distant ni engageant : du vent. Un livre de poche effeuillé traîne à terre à l'endroit où on s'est coupés sans agir aucunement. Je suis pour lui sans importance hors de conteste. Il est pour moi encore plus beau mais sans âme. »


Que d'amertume et de poésie dans ces lignes. L'alliance des mots et de la musicalité qui émane de la prose de Maryna, me fait penser à une partition de musique pour un Opéra. C'est comme un sortilège ou un ballet et dans la tête, la chorégraphie ou la scénographie projette les images et le livre devient vivant.


Chère Maryna, c'est avec un réel plaisir que j'ai reçu votre livre et vous prie de me pardonner le temps que j'ai mis à rédiger ce billet, un souci de santé m'ayant tout particulièrement ôté ma capacité de concentration. Je tenais à vous réitérer mes excuses.

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J'apprécie depuis longtemps les citations de Maryna Uzun postées par des lecteurs de Babelio, il me tardait d'aller plus loin et de me pencher sur un de ses livres.

Et je découvre ce titre insolite et sublime !

de suite, pourrait se poser la question - mais est-ce vraiment important - ce livre est-il un roman ou un long poème ? Maryna Uzun nous donne immédiatement sa réponse :
“C'est un roman rongé de vers
Comme le granit de lichen.
C'est un roman béni de vers
Comme une vie d'une passion.

L'originalité et la beauté du titre donne le ton, tout au long de ma lecture, je retrouve des images ou des associations surprenantes.

Comment, après une vingtaine de pages, allais-je réagir devant ce texte étonnant, moi qui ait, comme Casimir, l'époux de la narratrice, le défaut d'avoir un esprit cartésien ?
Ce ne fut pas un obstacle, je me connais, j'ai besoin de la poésie pour oublier ce défaut. Je me suis laissé apprivoiser par le récit, sans le dévorer d'une traite, le texte se déguste, il m'a pris la main, j'ai cheminé lentement avec lui et, en retour, il m'a fasciné.
Je l'ai relu ensuite, et d'une traite, à voix haute pour me laisser porter par sa musicalité, il se révèle alors encore davantage.

C'est un livre qui se savoure, je le lis, je m'en imprègne, je le relis, je le laisse de côté pour y insérer du silence - ce silence si musical entre deux mouvements de sonate - je laisse mon esprit vagabonder, je jouis de l'empreinte qu'il a laissé en moi, il ne m'abandonne pas, ses images subsistent en moi.

Il m'a entraîné dans le square des poètes « déterrer des rimes éteintes sous le feuillage bas des bambous verdoyants », que de brillantes phrases m'y accompagnent ! Et la magie continue avec la découverte du fils adoré, au prénom tiré de l'elisir d'amore, Némorino - les références musicales ne manquent pas …, Casimir, l'hautain cartésien, l'époux possessif qui ne la comprend pas et dont elle s'éloigne « Où t'es-tu évaporé, Étalon adoré ? Il n'est plus que tes yeux pour m'aimanter vers toi ! ».
J'ai aimé l'apparition du joggeur inconnu, « Poli comme un galet marin, luisant comme un têtard géant, c'est un triton sorti du lac aux larges épaules humaines », et la quête éperdue de la narratrice pour le revoir, et l'idéalisation qu'elle en fait.

J'ai aimé ce livre, agrémenté de plus par de belles photos ou illustrations, j'ai aimé le style de Maryna Uzun, imagé, parsemé d'adjectifs vieillis, j'ai aimé parcourir ce trajet avec elle
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Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! Qu'il est bien intrigant ce titre que nous propose notre amie poétesse Maryna Uzun ! J'ai pensé forcément aux pancartes posées sur les paysages picorant les yeux, picorés d'oiseaux dans nos parcs urbains. J'ai imaginé Maryna Uzun écrivant ces vers en se promenant dans le Parc du Luxembourg, ou bien pourquoi pas le Parc Montsouris. Un petit sentiment de nostalgie me vient alors en pensant à Jacques Higelin que j'embrasse là où il est et pour qui le Parc Montsouris était le domaine où il aimait tant promener ses anomalies en pensant à son père...
Maryna Uzun aime aussi promener ses anomalies dans des pages dévorées par les vers...
En poétesse inspirée, elle m'a ouvert les grilles d'un parc aux songes désuets. J'y suis entré comme on entre dans une chapelle vide, comme on entre en amour pour la première fois, dans le vertige d'une amante, s'y perdre comme au bord d'un puits...
Eh bien moi je les aime les poètes et je les nourris... Je les nourris de mes désirs ardents, de mes soifs d'azur, de mes lointains rivages à portée de mains, de regards, de respirations...
Roman-poème ou poème-roman ? Telle n'est pas la question.
Maryna Uzun nous ouvre ici les portes de son coeur. C'est un oiseau blessé mais qui rit encore aux éclats, comme pour faire semblant. La poésie sait faire cela.
C'est l'histoire d'un amour éperdu, qui a du plomb dans l'aile.
Un vers à moitié vide ? Un vers à moitié plein ? Et me voilà renversé dans les mots de Maryna Uzun.
Mon vers est plein d'odeurs légères et je veux boire jusqu'à l'Eulalie.
Dans ces arabesques insolites, je m'invite à perdre pied, à perdre mon âme peut-être. C'est un paysage intérieur façonné d'ivresses.
Ce sont des vers aléatoires qui retiennent le désir comme des digues...
Des vers parfois solitaires pour cheminer dans les sentiers intérieurs.
Des vers correcteurs pour atténuer la douleur ténue du monde.
Comment noyer son chagrin dans la succession et l'entrechoquement des vers ?
Allez ! Venez ! C'est ma tournée.
J'ai aimé ce vagabondage des mots où l'intime prévaut toujours.
Heureux paysage où les frontières sont abolies. Où les pas sentent les herbes folles, les mauvaises herbes comme je les aime. Où les mots effleurent l'épiderme... Sur la partition des pages, les mots jouent des sonates impromptues.
Au pied des arbres, les vers s'insinuent grouillant de vie et d'azur.
Ce jogger que la poétesse croise et qui court en sens inverse, où court-il donc ? Est-ce qu'il se pose lui-même la question ? Où cours-je ?
Dans les parcs solitaires, des femmes des hommes courent, des oiseaux picorent, les pages des livres s'envolent sur le bord des bancs publics...
Ce sont des mots qui nous dévorent des yeux.
Ici un corps se souvient sans cesse...
Primesautière et facétieuse est l'écriture de Maryna Uzun.
Douloureuse aussi pour qui sait lire entre les lignes, écarter le store, approcher une main qui se souvient encore des gestes d'autrefois si bien apprivoisés.
Inviter la lune, la décrocher, y poser un baiser astral...
Exister dans l'entrelacement des phrases, dans la blessure torride qui tangue et s'ouvre.
Les philtres magiques n'ont plus cours. Quelqu'un a perdu la recette, elle est tombée au fond d'un puits à force de s'y pencher, alors il faut baisser le store, baisser les bras, arpenter d'autres corps...
Bucoliques, mélancoliques, érotiques sont les errances de Maryna Uzun.
Marier les mots dans l'atelier d'un alchimiste, c'est l'alliance improbable dans le creuset d'un livre qui devient vivant et nous emporte dans l'eau vive d'une amante fugitive, son corps emporte en moi des torrents de gourmandise.
Marcher dans les allées d'un parc, s'éprendre d'un chêne, d'un cèdre, ce saule qui penche vers nous, ce cerisier à portée de la main, ce pommier allègre.
Comment continuer d'étreindre un amour lorsque celui qu'on aime devient trop conformiste pour imaginer l'horizon, inviter l'impatience des oiseaux ?
Sous le feuillage callipyge des arbres, se cachent des endroits aux abîmes insoupçonnés, j'ai effeuillé le désir sous la page tant convoitée.
Les arbres s'éprennent entre eux dans le carrousel du parc. Il y a des odeurs de barbe à papa. C'est la quête mélancolique d'un amour qui fut, d'un amour qui fuit comme un robinet mal fermé. Les amours contrariées ont quelque chose de tenace, reviennent comme la rengaine d'un orgue de barbarie qui entame une valse et fait tourner le paysage. Peut-être ainsi peut-on effacer tout et s'offrir une chance de tout recommencer ?
Posée sur mes paupières fermées, la langue de Maryna Uzun m'embrase, s'immisce sur ma peau, m'éveille aux sens, chatoyante à l'oreille comme une promesse éprise et troublante, comme une désillusion qui s'en va...
Parfois elle invite un prince oriental, un joggeur du matin qui sent encore la lessive, un pluvier majestueux, un paon qui tourne autour du matin comme une brouette ensorcelée.
Elle réveille les miroirs endormis, nous invitent à les traverser. Elle est cette reine d'un royaume joyeux et triste à la fois.
J'ai ouvert cette cage fermée depuis trop longtemps et les mots se sont envolés comme des funambules.
Affamée, inventive, impudique, libre, telle est l'écriture de Maryna Uzun...
Les circonvolutions ont dressé leur chapiteau, la piste aux étoiles jette un peu de sable dans nos yeux ébahis.
Vous aimez les poètes, ne les enfermez pas, même dans des cages dorées !
Le soir vient, je m'en vais, je referme les grilles du parc.
Le livre peut s'envoler comme un oiseau apaisé.
Vous reprendrez bien encore un vers ?

Merci chère Maryna pour cette invitation magnifique, pour ces mots qui m'ont apprivoisé.
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Je classerais sans hésiter ce récit parmi les ouvrages romantiques qui me sont chers, inondé qu'il est de cette quête douloureuse d'un amour contrarié. Avec cette différence ou plutôt ce supplément poétique qui en fait une oeuvre unique ; un roman qui serait comme un tableau à l'abstraction narrative.

Et ce que je perçois au coeur de cette toile c'est un tourbillon de couleurs, d'odeurs, de parfums et de formes. Des lieux et des silhouettes floues.

Les couleurs irradient, les arbres se prennent pour des hommes, les hommes pour des arbres.

Et la musique tout le temps qui imprègne tout.

Je vois un manège multicolore et son orgue de barbarie qui tourne et tourne, nous enivre, nous empêche de prendre nos repères. Un manège dont je ne veux pas descendre.
Et je pense à « Lucy dans le ciel avec ses diamants », je pense à ses yeux kaléidoscopiques qui ne veulent pas voir la tristesse, sa tristesse.

Le cosmos de Maryna Uzun n'est riche que de quelques éléments : un lac, la Seine, le bois de Boulogne, les arbres, la musique, la tour Eiffel, son fils, la mer un peu.
Mais derrière la prose de l'auteure se cachent ses vers qui nous emmène autant dans un long poème presque épique que dans un roman.
Tout y chatoie. Pour elle tout est mots, rimes, quatrains, alexandrins.
Une interface splendide qui fait que son cosmos en devient presque infini.

J'ai l'impression que Maryna me décrit un univers différent dans lequel je me fonds.
Comme elle lui appartient, elle en parle le langage. Une langue qui sonne dans mes oreilles, une langue qui résonne dans mon coeur, une langue qui n'est pas la mienne, mais que je comprends si bien pourtant et que j'aime.

Parfois cependant je redescends car c'est un roman, il y a une trame : il y est question de son amour, de fidélité, d'un enfant, de désamour, de dénigrement, de tentations, de refuge dans ce monde qui n'appartient qu'à elle et qui la sauve, de promesse d'un nouvel amour, d'emballement, de souffrance, de résignation, de désespérance, d'idéalisation, de désillusion, de trahison

Vous voyez ; il s'agit bien d'une oeuvre romantique ; les ingrédients y sont et il y a ce supplément d'âme qui en fait un objet unique : un roman-poème-romantique.

Un voyage troublant qui m'aura marqué.
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« C'est un roman rongé de vers
Comme le granit de lichen.
C'est un roman béni de vers
Comme une vie d'une passion. »

*
Dans les songes de mes nuits,
une poétesse s'est penchée au-dessus de mon lit
et telle une petite fée,
elle a déversé sur moi tout un panier
rempli de désirs et de poésies.

En longues cascades sur les pages blanches de mon carnet,
des volutes de mots ont voltigé,
pétulantes, pétillantes,
chagrinées, désenchantées,
étendant leurs élytres
pour tapisser les sentiers de mes rêves.
Et mon esprit a déambulé.

Un mot enjoué, élancé, accordé,
et mes pensées chantaient, tourbillonnaient,
se joignant, pleines de gaieté,
aux strophes vagabondes, enchantées.

Un mot gracile ou fragile,
un papillon épris
qu'un amour désaile
avec appétit,
laissant mon corps dénudé, désarticulé, couturé, esseulé.

« Quand votre « moitié », votre trou béant, vous vomit de bon matin : « Tu ne vaux rien ! », il vous chagrine, quoiqu'il vous vaccine contre les blessures futures, contre les maux et les aphtes de la versification importune, contre toutes les affres de la plume ! »

Un mot effeuillé,
comme une nuée
d'oiseaux tombant du ciel
se fracassant à tire d'ailes
sur le sol verglacé.

« …je me sens dans la profondeur d'un puits, jetée avec mes pensées. »

Un mot guerrier, épineux,
qui ne cherche qu'à perdre ses aiguilles
pour adoucir les contours acérés de la vie,
pour l'embellir d'un sourire cotonneux.

*
La vie de Maryna Uzun s'écrit à l'encre.
Ses vers, faits de creux et de bosses,
d'ecchymoses et de caresses,
oscillent et vacillent,
à la surface de ses larmes et de ses rêves indociles.
Et sa plume devient son ancre.

« Un proverbe inconnu, d'un dessin animé, certifie qu'un homme sans femme est un pin sans chenille. Mon cher arbre outragé, nourrie de tes aiguilles, ta larve assotie, partie en procession, va bientôt s'enterrer puis se changer en paon ! »

Ses pensées rebelles, torturées,
ne peuvent s'encager.
Elle suffoque dans cet amour possessif, intransigeant et égoïste.
Elle se fane dans une histoire sans lendemain.
Elle s'étiole et s'éteint
dans cet horizon sans promesse.

« Une chauve-souris, je m'accroche à la voûte de ma grotte intérieure et j'hiberne. »

Affamée de liberté,
ses vers enclumés dessinent un nouveau sentier.

« Je vais inventer ce que je ne déchiffre pas, et mes idées noires s'éventeront, toutes ! »

*
Je me suis nourrie
de ses mots, de ses sanglots,
de ses rêves désentravés.
De ses poèmes cabossés, affamés, enragés,
j'en ai puisé une grande force,
Rapiéçant les morceaux épars de mon corps aptère,
Aquarellant la grisaille de mes soucis,
Libérant mes nuits de songes obscurcis.

« Je m'abandonne aux baisers des mots »

Mes nuits s'adoucissent.
Funambules, mes ombres se consument.
Mes angoisses s'oublient au détour d'un chemin,
disséminant dans l'air du matin
des effluves marines,
mon refuge.

« Ça va aller ! La vie est belle ! Tu seras tombée raide sur un caillou qui t'embrassera … sous les nues plombées, c'est un sourire que le chemin dessine en produisant une courbe … »

*
C'est avec bonheur que j'ai retrouvé la jolie plume de Maryna Uzun.
Sa poésie peu commune, inventive, intime,
ondule, virevolte, se dénude,
libre et légère, coquine et taquine, vulnérable et indomptable,
entrelaçant avec fantaisie et espièglerie, ses amours, ses fragilités, ses tourments, ses espoirs.

« de l'amour et de la rage, je ne cesserai jamais de souffrir…, de m'inspirer ! »

***
Merci Maryna pour ces heures douces-amères, emplies de lumière et d'ombre, la mélodie de la vie.
***
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Roman, poème fleuve, journal intime où l'auteure grime sa vie d'écrivaine, de mère, d'épouse, de femme: un bouillonnement d'images qui se bousculent, d'émotions qui se prennent les pieds dans leur évocation, de "tristesses primesautières", de citation assumées ou non de ces poètes d'antan qui, depuis leur silence éternel, lui soufflent leurs vers immémoriaux.
Le lecteur se sent pris dans un long jogging, quasi inépuisable, où, à chaque foulée, mots et émotions explosent en métaphores. Il y a les êtres, réels mais rien de plus qu'humains, il y a les fantasmes qui parfois s'épuisent puis la nature jamais décevante, jamais déçue, dépositaire de ce monde rêvé ou écrit.
Il y a donc enfin l'écriture rédemptrice à laquelle elle s'accroche à pleine mains.
À la fin de la lecture, n'oublions pas de revenir au titre : cet apparent jeu de mot "primesautier" bien innocent cache une vérité profonde, brûlante, propre à tout poète : se nourrir d'émotions, c'est se donner de la matière à écrire mais aussi un labeur certain, une douce mais implacable souffrance. Mettre à nu son vécu, c'est aussi risquer ce qu'il y a de plus fragile dans l'écriture: l'expression d'un "je" qui se survit à peine.
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Maryna UzunVous aimez les poètes, ne les nourrissez pas !

Si vous les aimez restez à leur écoute, laissez leurs ailes se déployer, envolez-vous avec eux, partagez leurs rêves, leurs folies des plus douces aux plus amères, riez et pleurez avec eux, n'essuyez pas vos larmes, eux ne le font pas non plus, autorisez-vous les cris de détresse et les cris de joie, vivez les chutes et les déchirures, grisez-vous des belles remontées quand le souffle s'arrête rempli du trop plein, prêt à exploser, acceptez les angoisses, les espoirs sans espoir, courez plus vite que vos jambes pour attraper au vol l'aigle, l'albatros ou le faucon, marcher au ralenti pour ne pas effrayer un lézard s'ensoleillant sur une pierre, ni une libellule qui joue coquettement avec les transparences de ses ailes, parlez aux pierres elles savent écouter, humez l'air de la terre il est bienfaisant, et rêvez, rêvez que, peut-être, tout se passera bien.

Je l'ai fait, croyez-moi, je n'avais plus envie d'abandonner cet envol et ses dangers que je craignais, et quand je suis arrivée à la dernière page et sa dernière ligne, je suis revenue au début et relu tout, de bout en bout, et « je resterai éprise de l'impossible dans ma clairière de l'invisibilité ! » p.9

Avant de commencer la lecture, on m'avait dit « butine mon abeille », coïncidence ! car j'étais sur un travaille « livre d'artiste » où, en répétitions de clepsydre, la feuille et l'alvéole créée par l'abeille revenaient en cycles grisants, sans fin sans commencement. Ah, les poètes, maudits ou bénis, « vous aquarellez avec vos larmes » p.10 le terne qu'on se crée nous-mêmes avec soin, et qu'on accuse après de nous avoir étouffés.
C'est un roman, une macaronée et comme toute macaronée elle est « rare et non paginée, se consomme en quantités réduites. Ce n'est pas systématiquement du miel apaisant, de l'huile luisante. C'est souvent de l'ail ou de la moutarde, ou du hareng saur. » p.12, ou de l'alcool fort. Mais nos yeux de lecteur « ont des pouvoirs de verres déformants qui bousculent l'ordre… La nuit, toutes les roses seront bleues ! » p.12  et la terre bleue comme une orange.
Et de page en page, d'une image à l'autre créée par l'appareil photo ou par des mots miraculés (guéris ou ressuscités grâce à l'imagination d'une poétesse émerveillée), le roman avance en racontant l'histoire incroyable mais vraie de ce qu'une sensibilité à fleur de peau a rencontré : les créateurs, musiciens, peintres ou poètes, la nature elle-même, une femme un homme et l'amour au milieu, l'amour quand il arrive non invité avec sa suite de rires de larmes de longues attentes.

Son roman aura éclairé le ciel, ébloui quelques humains, j'en fais partie, en conviens.

Que la poésie nous morde, nous chatouille, nous caresse, nous fouette au sang, nous enterre et nous élève, laissons la faire et prenons en soin.

Les mots dansent dans un carnaval fou, enluminé, souvent grotesque (j'entends les profondeurs d'une grotte), ils sont enchanteurs, malins, filous, s'associent en images surprises, font irruption comme « un tronc d'arbre en tutu » p.20, mots émotions ou clins d'oeil taquins en bons copains, je les aimes les relirai encore depuis le commencement, comme « Madame et Monsieur Peupliertitan [qui] se promènent sur la terrasse vide au petit matin. » p.22
Les images défient la mode et font un gracieux pied de nez aux phrases usées et fatiguées.
Les mots font la ronde et serrent la main à leurs confrères venus d'ailleurs d'outre océans langues cultures ou préjugés. Leurs vêtements sont cousus main pour émotions nouvelles, brodés avec soin, ou alors ils font un patchwork des plus rares et portent avec le plus grand naturel leur côté très précieux.
Un petit Nemorino est omniprésent, un certain Cazimir aussi, mais ce n'est qu'en lisant le roman qu'ils se dévoileront, ou pas.
Roman déconcertant, surprenant, mais non, plutôt surprises que surprenant (j'utilise bien le pluriel), tentez de suivre son fil et vous serez perdus, émerveillés en même temps.
Maryna Uzun est magicienne, tente, ose se lance dans l'océan des mots, elle est leur nymphe, leur muse. A sa rencontre les mots se libèrent du vieux « comme il faut » et se mettent à danser la ronde la plus folle, c'est grisant, comme une bonne drogue, j'en demande encore et encore.
Les mots sont guerriers et bons infirmiers, ils cassent, font des plaies, pansent aussi, ils sont toujours là.
Amoureuse, malheureuse, envolée sur les ailes de quelques cumulus poètes, Maryna, tu t'exprimes, tu fais sortir ton blues profond, tu te réjouis d'un moment de cueillette, lavande, fenouil, sauge, quelques grains de blé et tu te grises des bons moments fuyants qui passent et reviennent sans fin. Quand le « vin des métaphores se brouille » t'en bois encore, c'est ton « rêve hanteur » p.70. Mots filous, facétieux, chacun arrive avec son histoire, certains son appauvris tu en fais des arlequins, certains timides, tu leur donnes du courage et les habilles de fête, les mots arrivent et puis s'en vont en courant me laissant, lectrice non avertie, avec un tourbillon fou dans ma tête et la ronde ensorcelante, légère aussi, des lettres et des mots, images fées ou sorcières, ogres et petits poucets.
Je me prends dans le tourbillon des images surprenantes, je risque le grand vertige mais il me plaît, j'en boirais sans modération.
Chaque histoire une émotion et vice versa, elles viennent raconter la belle et poétique liberté des trouvailles et retrouvailles oubliées ou, peut-être, jamais tentées.
L'humour pointe son nez à chaque tournant, grand maître nageur, à expérience redoutable, il te/nous sauve de la noyade. « Cet homme n'est qu'un bouchon gris qui obstrue mon cerveau gourmand, c'est mon omelette volante non identifiée ! Il dort élégamment ses jours. »p.77.
Et la poésie arrive en urgence, ambulance sans retard pour te sauver d'une crise aiguë, d'un manque de souffle, que dis-je ? Manque de souffle ? Mais tu en as mis dans les 123 pages, il est court par moments, une tachycardie se fait sentir aussi, mais ton coeur de poète se remet aussitôt en marche, même forcée. « Je me cache bien dans le poème. Il est l'art de l'irrésolu avec une étreinte remise à plus tard » p.81  et quelques « virgules de larmes » p.82, toujours bien salées, empêchent l'implosion qui peut faire très mal.

« Clocharde olympique » p.87 accroche-toi à tes ballons de poésie, elle peut nous sauver, toi, moi, nous tous d'un désastre bien mérité. Créatrice sans répit, Nemorino et la poésie, laisse-moi m'accrocher à tes ballons magiques, on va s'envoler, le rêve a-t-il un âge, est-il désuet ?
Y a-t-il meilleur abreuvoir que la poésie ? Non ou peut-être si, à chacun comme il lui plaira. Pour moi, quelques vers, un pas de côté, une rime surprise bien achalandée, un saut sur un nuage pour dessiner ses clins d'oeil sont aussi « mes chimères bénéfiques, avec vous, j'ai tout et rien. Ma joie se profile sur le sable de notre précieux présent. Je me dépêche ! Mes mots s'oxydent ! Je les soumets sans faute à la vapeur sauveuse de la poésie. Mes vocables sont enfin vitalisées ! Ma vérité n'est pas dans les choses qui durent. Impressionniste, elle est dans l'éphémère. »
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