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3,83

sur 265 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une épidémie respiratoire mortelle s'est abattue sur le monde.
A la faveur d'une nuit, la ville de Moscou, mise en quarantaine, a été bouclée sans autre forme de procès.
Mais la vague aux mille têtes progresse sans cesse ...
Faites vos bagages et débrouillez-vous !
Que dieu vous garde !
Si la narratrice de ce roman, Anna, a l'impression d'être plongée dans un film de série Z, un film d'horreur de deuxième catégorie ; la lectrice, le lecteur, eux, savent qu'il n'en est rien.
Yana Vagner, avec son premier roman "Vongozero", nous livre un récit apocalyptique réaliste, tendu et déroulé avec une impression de temps réel.
Quelques voitures, une poignée de fuyards vont tenter d'échapper à la maladie, au froid et à la folie des hommes.
Se planquer et attendre le vaccin ou fuir ?
Chaque heure, chaque minute comptent ...
Chaque village, chaque carrefour ou passage ferroviaire distillent l'angoisse de la rencontre ...
La fuite est éperdue, au cours de laquelle il faut apprendre à la hâte les lois impitoyables d'un nouveau monde !
Yana Vagner, d'entrée, avec ce premier livre, s'impose comme une des reines du genre.
"Vogonzero" est un livre dense où la narratrice raconte les faits, mais aussi partage la moindre de ses émotions.
Les personnages sont entiers, crédibles, attachants et malmenés.
Le style est efficace et épuré.
Et pourtant, rien ne manque dans les descriptions.
Les paysage apparaissent en plein.
L'ambiance est palpable.
Au détour de certaines pages, on rajouterait même bien une petite laine ...
Ce livre m'a donné envie de me refaire la série qu'il a inspirée, alors que c'est cette même série qui m'avait donné furieusement l'envie de lire le livre !
A Vongozero, en Carélie, dans le nord-ouest de la Russie, se trouve une petite maison au milieu d'un lac sur une île.
ça va être une drôle de petite promenade ...
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Un virus inconnu décime la planète et les villes sont en train de mourir...
Conscient de l'urgence à s'éloigner des agglomérations en état d'insurrection et de mort par contamination, un petit groupe de moscovites entame un périple routier vers le nord, cherchant à se réfugier dans les terres isolées en bord de la mer Blanche.

"C'est le début d' un monde nouveau aux lois impitoyables"...

Depuis mes lointaines lectures de Malevil de Robert Merle et du Fléau de Stephen King, j'ai rarement été aussi accrochée par un roman en scénario catastrophe. le road trip post apocalypse de ces Robinson ordinaires est suffisant crédible pour permettre la projection du lecteur. Pas de surcharge dans la narration, pas d'excès dans les événements, la réalité factuelle se suffit à elle même dans la dramaturgie: quitter un quotidien confortable pour une cabane de chasse, faire des bagages pour la survie dans un pays isolé et glacial de taïga et de lacs, prévoir des armes à feu quand on n'a jamais tiré une cartouche, s'adapter à l'inconfort, au manque d'hygiène, à l'ennui de la vacuité, trouver à se chauffer, à se nourrir, et affronter la violence d'une société sans repères.
Des situations surréalistes et la peur de mourir, omniprésente...

En utilisant la voix d'une des femmes de l'expédition, Yana Vagner construit son livre comme un carnet de voyage, dans une succession de paragraphes sans chapitres distincts, accentuant cette sensation de stress et d'étouffement due aux dangers et à l'urgence.
Par cette voix off introspective, l'auteur met ainsi l'accent sur la psychologie des individus, la tension due à la promiscuité, la perte des valeurs sociales que l'instinct de survie impose.

Le groupe devient le clan, les "autres" sont forcément hostiles et l'entraide disparait au bénéfice exclusif du groupe, quand il arrive lui même à se maintenir constitué.
Car les animosités internes surgissent fatalement, exacerbant les rancoeurs et l'agressivité latente dues aux égos et aux relations passées.
Humanité et survie sont elles compatibles? Grande question...

Onze jours de voyage en enfer blanc vers le mythique lac Vongozero...

Premier roman impressionnant, à la traduction remarquable.
Une suite est déjà prévue. Je ne la raterai pas.
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Une pandémie dévaste le monde (tiens, tiens !) et une poignée de russes décident de se réfugier en Carélie, dans une cabane située sur une l'île d'un lac, nombreux dans cette région.
Autant que l'épopée routière qui nous tient en haleine d'un bout à l'autre du roman, c'est la psychologie des personnages qui est mise en avant.
En effet, ces personnes, d'âges et de caractères différents, ont du mal à s'entendre. Les disputes sont relativement fréquentes, les non-dits aussi. Ils se révèlent, dans leur panique, incapables de juger correctement ceux qu'ils rencontrent sur leur trajet, souvent animés de bonnes intentions.
Cette situation dramatique fait ressortir les failles et les qualités de chacun.e.
Pour corser le tout, deux des femmes qui doivent voyager ensemble sont l'ex et la nouvelle épouse de l'un des hommes. Cette dernière, la narratrice, n'est pas très sympathique, parfois même exaspérante à mes yeux.
En dépit de cela j'ai beaucoup apprécié ce livre.
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Yana Vagner signe avec Vongozero son premier roman, quel roman ! Une pandémie virale se propage à grands pas . Moscou se retrouve noyée sous les malades, bientôt obligée de se couper du monde , d'essayer de s'isoler s'il n'est pas déjà trop tard ! A quelques kilomètres du centre ville vivent Anna, Sergueï et Micha . Bien sur , ils ne peuvent pas entrer dans Moscou , malheureusement la maman d'Anna a succombé au terrible fléau , mais il faudra l'arrivée de Boris , le père de Sergueï , pour qu'ils sortent de leur apathie . Boris arrive à les convaincre de partir , d'aller chercher refuge dans un endroit isolé à l'abri de la contamination . C'est alors le début d'un long , d'un très long voyage sur les routes enneigées qui conduisent à la frontière de la Finlande vers Vongozero, son lac et sa maison isolée . Y arriveront ils ? dans quel état ? Quel sort leur réserve ce périple glacé et glacial ? Et puis comment tout ce petit monde qui s'est agrégé autour d'eux va t'il réussir à "vivre" ensemble . Parce que de 4 au départ ils se retrouvent à 11 dont 2 enfants et un adolescent . Yana Vanger réussit la prouesse de nous tenir en haleine jusqu'au bout , de nous faire vivre à travers le regard d'Anna les épreuves quotidiennes, les querelles larvées entre les membres du groupe où chacun finit par laisser tomber le masque "civilisé" et se montre sous son vrai jour . Un huis-clos dans 4 voitures qui roulent vers la survie .... Magistral , j'espère que les autres romans de Yana Vagner seront à la hauteur de celui-ci car elle a mis la barre très haut !
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C'est dans les vieilles casseroles qu'on fait les meilleures soupes et ce sont les bons auteurs qui arrivent à transcender un scénario tellement éculé qu'on aurait peur de le lire…

Un virus mortel, les autorités qui minimisent l'affaire, tout qui s'emballe, les gens qui meurent, les survivants qui décident de quitter leurs maisons afin d'aller ailleurs… rien à dire, le postulat de départ puait le réchauffé dès le départ.

Oui mais Yana Vagner, tel son homonyme compositeur, va nous réécrire la partition et nous en jouer une neuve tout en utilisant des vieilles notes.

Du virus qui décime la Russie et le reste du monde, vous ne saurez rien. À vous de l'imaginer… Il est là, mais on ne saura pas grand-chose sur lui, hormis qu'il est mortel et que les grandes villes sont les plus touchées.

Ce qui change, dans ce récit, c'est que l'auteur reste sobre et ne nous fait pas vivre des scènes de pillages ou de violences incontrôlées à tire-larigot. Exit aussi longues descriptions – râles y compris – de l'agonie de la société. Ouf.

Non, chez elle, ce qui l'intéresse, c'est le groupe de fugitifs constitué au départ de 9 personnes. le récit est centré sur eux et sur le voyage vers le lac Vongozero, à la frontière avec la Finlande. C'est Anna qui en sera la narratrice et vous fera partager ses doutes, ses craintes et son hostilité envers certains membres du groupe.

Hé oui, entre ces personnes là, ce n'est pas vraiment l'amour fou. Les voisins, Anna ne les aime pas. Quant à l'ex-épouse de son mari et le fils qu'ils ont eu, on ne peut pas dire que l'entente règne entre elles.

Va falloir se serrer les coudes, pourtant, parce qu'ailleurs, les structures sociales foutent le camp, l'autorité politique n'existe plus, l'armée par en coui***, on commence à se méfier de son voisin et de tout le monde, l'individualisme et l'égoïsme sont rois et la solidarité est aussi inhabituelle qu'un string brésilien sur la tête du père Nowel.

Ce roman ne se lit pas, il se dévore en quelques bouchées, malgré son épaisseur. Les temps morts sont inexistants, sans pour autant virer à Indiana Jones et dans les voitures qui remontent la Russie sous la neige et le froid, les huis-clos sont parfois étouffants tant l'adrénaline et les angoisses vous prennent aux tripes.

L'être humain, quand il en est à sa survie, peut être capable de tout, du meilleur comme du pire et ceci nous sera démontré durant le parcours de nos voyageurs car il ne sera pas de tout repos.

Pas besoin d'effets spéciaux ou de retournements à gogo, l'auteur maîtrise son sujet et sais user de sa plume pour qu'on ne lâche pas son livre.

Pas besoin de monstres dévoreurs d'enfants dans les pages pour vous mettre le trouillomètre à zéro quand on sait qu'un moteur doit boire de fuel ou de l'essence pour avancer et que si on s'arrête, on est mort. Mais dans un pays exsangue de gens, il en est de même pour le carburant…

Toute la subtilité du roman tient dans son scénario qui, malgré son postulat de départ, s'écarte des classiques habituels mais tout tient aussi dans la construction des personnages et dans leurs manières de se comporter entre eux et lorsqu'ils croiseront d'autres êtres humains.

Peut-on encore se considérer comme des gens bien lorsqu'on reçoit quelqu'un avec une carabine braquée sur lui ? Est-on une personne normale lorsqu'on ne veut pas partager notre nourriture avec de ceux qui crèvent la dalle ? Peut-on encore se regarder dans une glace, quand, après avoir été sauvé par un homme, on envisage de lui siphonner sa réserve de fuel ?

Et vous, comment vous seriez-vous comporté la place de tout ces survivants ?? la question m'a hanté, elle me hante encore et je ne suis pas très fière de moi…

Un roman magistral qui s'éloigne des sentiers battus pour nous entraîner dans un voyage angoissant, le suspense accroché à vos pare-chocs et la tension sous votre parka doublée de mouton…

Un roman qui ne vous laissera pas de glace et qui mettra vos peurs primales sous le feu des projecteurs.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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La trame peut sembler éculée, et sans doute d'ailleurs l'est-elle bien. Une épidémie, l'état d'urgence, et quelques survivants qui décident de fuir devant l'avancer et de la maladie et des groupes de pillards et assassins que la chute de l'État a jeté sur les routes. de la campagne moscovite au lac Vongozero, à la frontière avec la Finlande, se sont des centaines de kilomètres qu'Anna va devoir parcourir avec sa famille : son fils, son beau-père, son mari… mais aussi l'ex-femme et le fils de l'époux et même les voisins qu'elle méprise pourtant.

À partir de ce postulat mille fois lu, mille fois vu, Yana Vagner se lance dans un roman qui sort pourtant du lot. Cela tient sans doute à ce qu'elle évacue relativement vite les généralement inévitables considérations sur le rôle des autorités ainsi que les habituelles scènes de violence incontrôlée. Cela pour mieux se replier sur le groupe et, plus encore sur la narratrice, Anna, dont les atermoiements, le caractère effacé, laissent peu à peu place à une expression plus abrupte des sentiments sous la pression du groupe et de ces éléments extérieurs souvent invisibles mais dont on craint qu'ils ne fassent leur apparition au pire moment.

Ainsi s'installe la tension. Si les traversées de zones habitées ou les recherches désespérantes et désespérées de carburant en sont la source, c'est bien le fonctionnement du groupe lui-même qui la fait monter. Les antagonismes acceptables et étouffés dans la vie d'avant l'épidémie enflent ici librement et ce que nous donne à voir Yana Vagner, c'est la lutte de ses personnages et en particulier d'Anna, pour continuer à contrôler leurs sentiments afin de ne pas basculer dans un individualisme forcené qui entrainera nécessairement la bestialité et, en fin de compte, l'impossibilité de s'en tirer. L'on voit ainsi évoluer un groupe qui se supporte de moins en moins mais dans lequel les individus qui le composent n'ont d'autre choix que de rester grouper pour espérer peut-être survivre.

C'est de cet équilibre précaire des relations que provient avant tout l'atmosphère pesante de Vongozero. Une tension que vient renforcer la peinture extrêmement bien exécutée de l'environnement. le gris omniprésent qui fait que le jour se fond dans la nuit, le froid, les villages dont on espère qu'ils soient abandonnés, les rares rencontres qui sont autant de coups de dés puisque l'on peut aussi bien croiser un sauveur providentiel qu'un tueur.
Au fur et à mesure qu'Anna et ses compagnons de routes avancent vers le nord, le vernis de sociabilité que l'ancien monde avait su créer s'effrite et cet échantillon d'humanité recule chaque jour de plusieurs siècles pour revenir à cet époque où l'autre était avant tout un concurrent à la survie, où l'inconnu représentait plus un danger potentiel qu'une hypothétique chance de vivre plus longtemps faute de vivre mieux.

C'est du savant dosage de ces éléments que provient la réussite de ce roman dont on ne peut, une fois encore, que féliciter les jeunes éditions Mirobole d'être allées le dénicher.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Si vous cherchez une histoire avec beaucoup d'action, je vous conseille de passer votre chemin. Cependant, l'auteure nous tient quand même bien accroché. Comme vous pouvez vous en douter après avoir lu le résumé, l'ambiance est pesante, oppressante. Des personnes que rien n'aurait réuni en temps normal, se retrouvent à devoir vivre ensemble, dans une intimité forcée, à devoir dépendre les uns des autres et à fuir devant une terreur mondiale. L'écriture est très réussie et et bien en valeur toute l'angoisse de ce voyage. J'ai souvent eu la sensation de passer toutes ces heures avec Anna dans la voiture.
C'est d'ailleurs Anna qui nous raconte ce périple. Je ne l'ai pas trouvé tellement sympathique, on dirait qu'elle n'aime pas grand monde. Et malgré ça, l'auteur a réussi à la rendre attachante. On fini par détester les autres en même temps qu'elle.
J'ai vu qu'il y avait une suite, je me laisserai certainement tenter.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Moscou, au début de l'hiver. Une épidémie confine la population chez elle, comme dans toutes les autres grandes villes du monde. Anna attend patiemment dans sa belle maison de banlieue que la tempête passe, en buvant du thé au coin du feu entre son fils et son mari. Jusqu'à ce que le père de celui-ci arrive un beau soir sans prévenir, en leur faisant comprendre que les pillards ne vont pas tarder à débarquer, et qu'il faut donc rapidement fuir loin, très loin...
"Vongozero" a été écrit en 2011, on ne peut donc pas accuser son auteure Yana Vagner de s'être inspirée de ce que nous avons connu avec la covid. Heureusement d'ailleurs, car son récit de fuite à travers les forêts enneigées de Russie fait froid dans le dos, explorant tous les méandres de l'âme humaine. le sentiment d'urgence est réhaussé par le découpage du récit, fait de courts paragraphes de quelques pages s'enchainant implacablement sans nous donner le temps de respirer, tout comme pour les personnages d'ailleurs. Je n'ai pas accroché avec celui d'Anna, grosse égoïste qui ne pense qu'à son Sergeï de mari, non mais vraiment ! Par contre ce que j'ai particulièrement apprécié c'est la peinture de la vie quotidienne, le contexte actuel faisant qu'on a tendance à diaboliser tout ce qui se rattache à la Russie.
Une belle découverte en tout cas, je recommande !
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Roman post apocalyptique hyper réaliste dans lequel on suit Anna, ainsi que son compagnon, son fils, des membres de leur famille, des voisins et des connaissances.
Face à une épidémie mortelle qui fait disparaitre de la carte villes et villages les uns après les autres, Anna aurait plutôt préféré se terrer dans sa belle maison. Mais la voilà embarquée à l'initiative de son beau-père dans une course effrénée vers le nord dans une tentative pour rejoindre une contrée lointaine et inhabitée.
Cette petite troupe hétéroclite de personnes qui ne s'apprécient pas forcément traverse épreuves et embûches, mais bénéficie également de quelques coups de chance.
Je suis curieuse de voir ce que nous réserve la suite dans le Lac ...
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Un groupe de huit personnes, femmes, hommes et enfants placés dans une situation de crise qui met leur vie en jeu. Dans le même temps, hors du groupe, les structures sociales se délitent, il n'y a plus d'autorité politique, chacun se méfie de son voisin, l'individualisme devient la règle ordinaire et les solidarités élémentaires deviennent des exceptions.

Même s'il y a au début de l'histoire des liens familiaux, d'amour ou d'amitié qui peuvent lier ceux qui vont vivre cette aventure hors du commun, le désir qu'a chacun de survivre ainsi que la force collective que leur donne le groupe vont devenir un élément essentiel de leur relation, plus forts que les antagonismes parfois épidermiques vécus par chacun.

Quel évènement extérieur Yana Vagner a-t-elle imaginé pour créer cette situation ?

Un simple virus, formidablement contagieux et contre lequel les autorités sont impuissantes, qui suffit à dissoudre les États et notre civilisation hautement technologiques. Un thème déjà lu, déjà vu, et même rebattu, puisqu'on ne compte plus les auteurs et les cinéastes qui l'ont traité, Stephen King étant avec son roman le Fléau le plus célèbre d'entre eux. Mais un thème que l'auteur, une russe dont c'est le premier roman, parvient à traiter de façon originale.

Au tout début de l'histoire, l'épidémie s'est déjà déclenchée, mais chacun vit sa vie sans trop s'en préoccuper, persuadé que les autorités parviendront, en prenant les mesures qui s'imposent, à la contrôler. Anna, la narratrice, vit dans la banlieue de Moscou son fils Micha et son compagnon Sergueï. Une famille ordinaire de la classe moyenne russe, à laquelle va s'agglomérer bientôt Boris, le père de Sergueï, un couple de voisins et leur fille, ainsi que l'ex-femme de Sergueï et son fils Antochka.

Quand Moscou est fermée, que plus personne ne peut plus y entrer ou en sortir, ce groupe va prendre la décision de partir à Vongozero, sur une île d'un lac situé en Carélie tout près de la frontière finlandaise. Un lieu que Sergueï connait pour ya avoir chassé avec son père quelques années plus tôt, qui est si isolé que les risques de contagion y seront faibles. Anna nous raconte donc le périple du groupe, depuis Moscou jusqu'à Vongozero. Elle apparait comme plutôt renfermée, très centrée sur Sergueï et son fils et dans une moindre mesure sur Boris, juge les autres membres du groupe avec méfiance ou hostilité.

Cette narratrice unique nous dispense de ce qui serait ici accessoire : de longues descriptions de l'agonie de la société. le groupe, au fur et à mesure de son avancée, en fait lui-même l'expérience, que ce soit pour la recherche d'essence pour leurs véhicules, qui devient de plus en plus compliquée, les villages traversés qui se ferment aux étrangers, ou qui pour certains ne sont plus que des cimetières, des groupes armés à la recherche de véhicules ou de nourriture...

Plus ils avancent vers leur objectif, plus les problèmes deviennent sérieux et plus les tensions et les craintes sont palpables. Les membres du groupe se considèrent comme des gens bien, civilisés, normaux. Pourront-ils le rester quand les dangers vont se préciser ? Et ceux qu'ils croisent, qui leur semblent parfois menaçants, ne se considèrent-ils pas eux aussi comme des gens bien ? Leur rencontre avec un médecin, qui va se rajouter au groupe, ajoute une autre dimension à ce questionnement en évitant tout manichéisme. le médecin est resté ce qu'il était avant l'épidémie : un être serviable, généreux, pensant aux autres avant de penser à lui. Dans ces situations extrêmes, ses qualités semblent déplacées, dangereuses, et son comportement parait parfois être proche de la folie.

Au fil des chapitres, Yana Vagner réussit à susciter une sensation d'emboîtement, une sorte de jeu à trois : Anna est au centre, puis le groupe qui la protège, et enfin tout autour un extérieur mystérieux et multiple, à la fois menaçant mais aussi, peut-être, salvateur. Quand les obstacles s'accumulent, quand les choses se compliquent, les perceptions d'Anna se modifient en même temps qu'elle change elle aussi. En approchant de Vongozero, qui finit par apparaitre au lecteur comme un lieu mythique, les choses se compliquent et la tension narrative augmente d'autant plus que le lecteur ne sait, pas plus que les personnages, ce qu'ils vont découvrir à Vongozero... si toutefois ils y parviennent !

Yana Vagner a réussi là un magistral premier roman. Une écriture puissante, des personnages ordinaires placés dans des situations qui bousculent tous leurs codes habituels, une belle subtilité dans la description des situations, un suspense qui ne faiblit pas... Vongozero est un livre que l'on n'oublie pas une fois refermé, et qui appelle une suite !

Lien : http://www.un-polar.com/2014..
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