Ils pourraient dormir ensemble dans le même lit jusqu’à la fin de leur existence. Ils ne feraient plus l’amour furtivement dans les coins sombres, il n’y aurait plus de chambres d’hôtel minables, plus de clandestinité. Elle n’avait jamais été aussi heureuse. Les années d’angoisse étaient terminées, s’étant achevées avec la guerre. Il était rentré sain et sauf, exauçant ses prières.
Tous les soirs, elle se préparait à se coucher en espérant trouver le repos dans un sommeil paisible. Mais au lieu de cela, elle rêvait en noir et blanc. Comme dans un film noir des années quarante – tout en ombres obliques et flaques de lumière aveuglante.
...les gens aisés ne disaient jamais les choses en ace. Elle les imaginait plus alambiqués, moins directs dans leur façon de se faire entendre. De toute évidence, elle se trompait.
Evoquer ces souvenirs était comme arracher les points de suture d’une blessure qui n’était pas encore cicatrisée.
Il devait être terrible de perdre le contrôle de son corps et de devoir dépendre des autres pour les moindres gestes de la vie quotidienne.