Si nous nous targuons de descendre du singe, nous oublions trop souvent que nous remontons aux plantes. À cette algue originelle qui un jour s’est transformée en animal, tel que nous le raconte les fossiles témoins de l’évolution sur terre.
Si l'homme est le rêve de la plante, alors, pour peu qu'on arrête de transformer ce rêve en cauchemar, la plante sera l'avenir de l'homme.
Sur le plan de la sensualité, de l'imagination et de la psychologie, je suis un produit du règne végétal.
L'instinct de survie chez l'homme, n'est plus souvent qu'une pulsion individuelle. Le monde végétal, lui, a développé l'instinct de survie de l'autre. Pour assurer la pérennité de chacun.
C'est la loi du moindre effort, toujours qui prévaut chez les végétaux. Pas d'action inutile, pas d'énergie dépensée pour rien.
Certes, quelques rares végétaux ont néanmoins développé la faculté de se déplacer tout seuls, tel Socratea exorrhiza, le palmier des Andes. Quand son environnement ne lui convient plus, quand des arbres voisins ou des constructions humaines lui cache le soleil, il déménage, en formant de nouvelles racines apparentes qui le "tirent" vers une exposition plus lumineuse, tandis qu'il laisse mourir à l'ombre ses anciennes racines.
Cela dit, l'intelligence chlorophyllienne au service de ma libido naissante me valait moins de lauriers que de râteaux.
Je suis né dans une serre. Ma mère étant horticultrice et mon père avocat, la cause des plantes fut mon premier fer de lance, ma première stratégie. C'est au milieu des hortensias, des azalées, des chrysanthèmes, des orchidées, dans les parfums lourds de terre humide et de leurs fleurs surchauffées où je conviais mes copines d'école que je connus à partir de neuf ans, les émotions, les tâtonnements et les chagrins précoces qui m'ont servi d'engrais. Sur le plan de la sensualité, de l'imagination et de la psychologie, je suis un produit du règne végétal.
L'homme ne peut pas vivre sans les plantes. Les plantes, si - elles l'ont prouvé durant des millions d'années avant qu'il n'apparaisse sur Terre.
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N'en déplaise aux matérialistes qui répugnent encore à considérer la plante comme un être vivant, sensible et connecté, tous les moyens de communication qu'elle emploie sont désormais des réalités scientifiques.
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