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Michel Van Loo (Adaptateur)Sophie Heilporn (Illustrateur)
EAN : 9782203170087
Casterman (30/06/2008)
4/5   1 notes
Résumé :
En 1554, on publie simultanément à Burgos, Alcalá et Anvers, une courte biographie anonyme La vida de Lazarillo de Tormes : œuvre surprenante qui retrace non les amours d'un berger ou les exploits d'un chevalier, mais la vie d'un va-nu-pieds. Après un triomphe initial, l'ouvrage va figurer sur la liste des livres interdits. Peine perdue, le succès ne s'est pas démenti, jusqu'à nos jours. Lazare, le héros, est un personnage très nouveau, un gueux, un picaro ! Il tour... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Antona Perez n'a pas de chance, elle est toujours séduite par des voleurs, le premier père du Lazarillo de Tormès est condamné pour avoir prélevé son écot sur les sacs de farine qu'il était censé surveiller, enrôlé de force au service du roi, il mourra en croisade à la bataille de Djerba ; le second, un palefrenier Maure du nom de Zaïde, après lui avoir donné un fils est également condamné pour avoir dérobé «une bonne moitié de l'orge qu'il recevait pour les bêtes».
Lazarillo quitte sa mère, déchue suite à la condamnation de son amant, chassée de la maison du majordome, et devenue servante d'une auberge.
Il est confié à un aveugle de passage qui l'engage comme guide pour son voyage de Salamanque à Tolède.
Avec l'infirme il est à bonne école, une école de la vie empreinte de méfiance, de rouerie et de roublardise.
L'aveugle lui apprend :
«Nombreux doivent être par le monde ceux qui fuient les autres parce que ils ne se voient pas eux mêmes ! »
«....un garçon d'aveugle doit en savoir plus long que le démon ! »
Et lui, malgré son jeune âge de répondre :
«j'étais heureux de me crever un oeil pour en crever deux à qui n'en avait aucun»
Mais Lazarillo est impatient, avide, affamé de vie, et l'ydille entre lui et son maître est de courte durée.
Leur séparation est l'objet d'une pantalonnade digne des plus grands moments du comique funésien (on comprend mieux, en lisant Lazaillo de Tormes, la source d'inspiration de notre acteur national, issu d'une famille ruinée de la noblesse castillane, Louis de Funès est le troisième enfant de Carlos Luis de Funes de Galarza (1871 - Malaga, 19 mai 19344) et Leonor Soto Reguera (Ortigueira, 21 janvier 1878 - Montmorency, 25 octobre 1957), arrivés d'Espagne en 1904 après que son père eut enlevé sa mère.)
Pour en finir avec son aveugle de maître, Lazarillo le conduit devant ce qu'il lui présente comme le gué qui permettra de passer le fleuve sans danger et l'incite à le franchir d'un bond (je ne vous en dit pas plus et vous laisse le soin de découvrir comment et où l'aveugle va se réceptionner).
Fort de cet exploit, devenu plus sûr de lui, Lazarillo va collectionner les maîtres et les facéties, n'hésitant pas à partir dès qu'il voit que son nouveau maître ne lui convient pas. Il rencontre un curé à Maqueda, un écuyer à Tolède, et il comprend très vite que tous n'ont qu'une idée en tête, utiliser ses services sans le payer ni même lui donner le gîte et le couvert, en affirmant que c'est le rôle du serviteur envers le maître et non celui du maître envers le serviteur.
à cette rude école, il apprend à mentir, à tromper, à voler, à rire même quand il souffre, à se contenter d'un oignon qu'il doit faire durer quatre jours...
Une autre scène épique est à souligner, celle où Lazarillo dort avec le double de la clé du coffre de son maître dans la bouche. Cette clé qu'il possède indument lui permet d'extorquer le pain qui est caché dans la malle, et d'accuser, avec l'aide de voisins complaisants, des souris dans un premier temps, puis des serpents qui se faufileraient par les interstices des planches disjointes de la vieille huche.
«La clef se plaça dans ma bouche de telle façon que l'air et l'haleine qu'en même temps j'exhalais, sortaient par le tuyau de la clef, qui était creuse et qui, pour comble de malchance, se mit à siffler si fort, que mon maître, éveillé en sursaut, l'entendit et crut que c'était le sifflement de la couleuvre, et à coup sûr, cela devait y ressembler»
Je vous laisse deviner ce qui s'ensuivit.
Ce roman picaresque est une leçon de vie, que le héros résume ainsi «la faim aiguise l'esprit».
Après avoir subi plusieurs maîtres, Lazarillo décide de se mettre à son compte, et après nous avoir décrit sa fonction nouvelle comme une charge primordiale et indispensable au fonctionnement de la cité, nous avoue qu'il est devenu crieur public, et annonce le prix des vins dans les rues.
C'est la morale de Lazarillo de Tormes, la réalité n'est jamais que ce que l'on pense qu'elle est, il suffit de s'en convaincre soi, avant d'en vouloir convaincre les autres.





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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
COMMENT LAZARE SERVIT UN BULLISTE, ET DES CHOSES QU’IL VIT ÉTANT AVEC LUI

Mon sort me fit rencontrer le cinquième, un bulliste, le plus hardi, effronté et rusé répartiteur de bulles que ne vis onques ni compte voir ni pense que nul n’a vu, car il avait et cherchait à cette fin des moyens et manières, et de forts subtils expédients.
En entrant dans les villages où il devait présenter la bulle, premièrement il offrait aux prêtres ou curés quelques menues choses, qui n’avaient non plus grande valeur ni substance, une laitue murcienne, si c’était la saison, une couple de limons ou d’oranges, une alberge, quelques pêches, ou à chacun une poire bergamote. De cette manière il tâchait de se les rendre propices, afin qu’ils lui témoignassent leur reconnaissance en favorisant son négoce et en exhortant leurs ouailles à prendre la bulle. Il s’informait de l’instruction des prêtres, et, s’il apprenait qu’ils sussent le latin, il n’en soufflait un traître mot pour ne point broncher, mais usait d’un gentil et bien troussé castillan et d’un langage fort libre ; si, au contraire, on lui rapportait que lesdits prêtres étaient de ces révérends qui sont plutôt ordonnés pour leur argent que pour leurs lettres ou leur piété, il jouait devant eux au saint Thomas, et deux heures durant parlait latin, ou du moins quelque chose qui y ressemblait, encore que ce n’en fût pas.
Quand de gré on ne lui prenait pas les bulles, il cherchait à les faire prendre de force, molestant le peuple et parfois usant de cauteleux artifices. Et comme il serait trop long de conter tous ceux que je lui vis employer, je n’en dirai qu’un fort subtil et plaisant, qui montrera assez son adresse.
En un lieu de la Sagra de Tolède, où il avait prêché deux ou trois jours, faisant ses diligences accoutumées, les gens ne lui avaient pas pris la bulle, ni, à ce qu’il me parut, n’avaient envie de la lui prendre. Il s’en donnait au diable, et, ayant pensé ce qu’il devait faire, résolut de convoquer le peuple pour le lendemain au matin expédier la bulle.
La veille au soir, après souper, l’alguazil et lui s’étant mis à jouer la collation, eurent dispute à propos du jeu et de mauvaises paroles, lui appelant l’alguazil larron, et l’alguazil l’appelant faussaire. Sur quoi M. le Commissaire mon maître prit une pique qui était au-dessus de la porte du lieu où ils jouaient, et l’alguazil mit la main à l’épée qu’il portait à sa ceinture. Au bruit et aux cris que tous nous fîmes, les hôtes et les voisins accoururent et s’interposèrent ; mais les deux joueurs, fort en colère, tâchaient de se dégager de ceux qui les séparaient et voulaient s’entre-tuer.
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