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3,73

sur 688 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
magnifique portait d'une famille et de ses proches dans cette région terrible de l'Alaska, une réflexion terrible sur la vie de couple, sur les ambitions déçues des portait terribles et sans concession, le couple de quinquagénaire est terrible dans leur solitude, les rancunes, les silences et la haine
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Gary et Irene vivent en Alaska, sur les rives de Skilak Lake depuis déjà trente ans. Vieux couple ayant élevé ses deux enfants, Mark et Rhoda, c'est l'heure pour eux de faire une mise au point et de donner un semblant de relief à leur quotidien. Ni une ni deux, c'est Gary qui mène les projets du couple en insistant pour construire une cabane où ils termineront leurs jours. Bon gré mal gré, Irene suit même si tout la pousse à entériner le projet : elle tient à sa maison et son confort mais c'est aussi ses récentes migraines qui la contraignent à rester au calme et à se ménager. C'est pourtant tout le contraire qui se profile car la construction de la cabane occupe à plein temps le couple et notamment Gary qui voit là le départ d'une nouvelle vie faite d'aventure et de retour à la nature.

Parallèlement à leur projet, on suit Rhoda qui est étroitement liée à la vie de ses parents. Elle s'inquiète de de la rusticité de la cabane, des maux de tête inexpliqués de sa mère, de la rigidité de son père inébranlable quant au tour que prendront les événements (ce sera la cabane ou rien). Mais Rhoda est aussi une femme qui pense à l'avenir et qui croit le voir lumineux et sûr auprès de son compagnon, Jim, qui est dentiste et qui a tout d'un bon parti. Mais ne reproduit-elle pas le schéma paternel en se liant à quelqu'un de foncièrement différent? N'est-elle pas immature et aveugle? Elle est touchante de sincérité et de naïveté mais c'est aussi un être sans cesse pris à témoin à ses dépens. Lorsqu'elle n'est "utilisée" comme médiatrice, elle est campée à son rôle de femme au foyer, maitresse des fourneaux. Et le reste? Serait-on là pour elle si elle se retrouvait dans la difficulté? C'est impuissant qu'on voit le personnage de Rhoda se démener entre ses différents rôles : fille modèle et à l'écoute, compagne dévouée et idéaliste.

La nature dans ce roman est partie prenante en particulier dans ces moments où elle se déchaine lorsque la cabane prend forme. On entrevoit le paysage désolé, terrifiant et glacial qui est le cadre d'une histoire personnelle, celle d'un couple qui construit sur des bases instables le théâtre de leur vie. Et comme dans une mise en scène, tandis que la nature se fait plus "traitresse" et hostile, c'est la relation de Gary et d'Irene qui s'étiole, chacun rongeant son frein. Qu'en sera-t-il lorsque l'un et l'autre dévoileront leurs griefs et rancoeurs? Bien que la cabane progresse, que les provisions affluent, on sent approcher une terrible menace qui n'est pas seulement climatique.

Par ailleurs, ce que je retiens de Désolations, c'est le caractère très affirmé des personnages masculins, tous voués à fuir leurs responsabilités. Quand Gary comprend que l'état de santé d'Irene ne se prête pas au bricolage ou au camping, loin d'en tenir rigueur, il hausse le ton et menace implicitement de tout quitter pour mener son rêve tout seul. En désespoir de cause, Irene, serviable et poussée dans ses retranchements, doit se faire une raison et n'a pas à discuter. Gary a déjà un train d'avance vers l'extérieur, un modèle de vie moins rangé, plus conforme à ses ambitions. Égoïsme, quand tu nous tiens !
Quant à Jim, quelle brute épaisse ! On lui donnerait bien deux claques s'il n'était pas le porte-monnaie de l'histoire. Ok il approvisionne Rhoda et lui permet de garder le lien avec ses parents, néanmoins c'est aussi quelqu'un d'obtus, de peu porté sur le dialogue et très tourné vers lui-même. Si les femmes pouvaient se rebeller et porter leur voix au chapitre on se dit que l'histoire pourrait être différente.

Voilà un roman prenant et dont la force tient vraisemblablement dans le "choc" des générations. Et si le modèle familial était amené à se reproduire? Et si les parents étaient loin de donner l'exemple?!
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Comme dans le précédent roman de David Vann, l'histoire se passe dans les grands espaces de l'Alaska. Irène et Gary sont deux jeunes retraités, mariés depuis trente ans, ils ont deux enfants. Leur fille Rhoda est vétérinaire, elle vit avec Jim un dentiste qui a dix ans de plus qu'elle, ils sont sur le point de se marier. Mark est pêcheur, il habite avec Karen qui tient un Coffee Bus. Les deux enfants vivent sur le continent tandis que leurs parents se construisent une cabane sur un îlot, loin de toute civilisation. C'est un rêve de toujours pour Gary, de vivre en pleine nature avec le strict minimum. Au fur et à mesure de l'avancement du projet, Irène réalise qu'elle ne se fera pas à cette vie d'ermite, sans compter le froid et des migraines insupportables qui la rendent impotente. Comme dans Sukkwan Island on sent dès les premières pages qu'un drame familial se prépare. L'auteur décortique la vie des différents couples, révélant la naïveté de la jeunesse pour les uns et le désenchantement chez les autres. Dans ce roman tout ce qui ronge la vie de couple est mis au jour sans états d'âmes, les manques, les déceptions, le manque communication, le passé…Face à une nature froide et impitoyable, la solidité des couples est mise à rude épreuve, le couple peut être un éden mais aussi une prison. Un roman glaçant à tout point de vue qui analyse fort bien ce que peut-être la crainte de la solitude dans une vie de couple à long terme.
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Ca donne envie de relire Sukkwan Island, histoire de se remémorer certains passages, d'autant que maintenant, on a certaines clefs !

Là, ce n'est pas moi, mais Gary (futur beau-père de Jim, pour ceux qui ont lu le premier roman de David Vann) qui est passionné par la littérature viking, la langue, l'Islandais et aimerait pouvoir vivre dans un authentique village scandinave.

Une remarque : les dialogues s'intercalent avec le récit, sans guillemet ni trait d'union.

Qu'en dire ? Pas grand'chose. Surprise. Je ne savais à quoi m'attendre après Sukkwan Island, serait-ce mieux, moins bien, aussi bien ? Et bien... Pareil !

Un couple désenchanté, un futur couple désenchanté, la famille qui vit côte-à-côte, à côté les uns des autres. Un homme qui pense que sa femme fut un frein à ses rêves, une mauvaise évaluation des difficultés, une femme attristée d'être passée à côté de sa vie, des fuites au quotidien, des évitements, des abandons. Les personnages semblent être comme déplacés, posés-là dans un décor monté de toutes pièces. Des personnages qui se mentent. Entre eux et à eux-mêmes. Et qui restent pour meubler leur solitude.

Une lecture que j'ai regretté ne pas dévorer d'une seule traite (ne serait-ce que pour savoir quand la bulle éclaterait...).

L'écriture est aussi puissante, fébrile que dans Sukkwan Island. Je ne saurai que trop le conseiller ! J'étais impatiente de lire un autre roman de David Vann, j'ai été comblée !


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Voici un couple qui décide d'aller construire une cabane sur une île pour tenter de recoller les morceaux. Il fait froid, il pleut, Irene a de terribles maux de tête, et Gary est tellement convaincu de bien faire qu'il fonce dans son projet sans se préoccuper de sa femme ni de sa fille, Rhoda (qui vit elle aussi une histoire d'amour chaotique). Bref l'atmosphère est des plus sombres, rien ne se passe comme prévu, chacun semble mettre de la mauvaise volonté, si bien que la fin semble inévitable.
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Dès les premières pages de ce roman, je me suis laissée entraînée dans les tréfonds de l'Alaska. Une terre glaciale et hostile qui déteint visiblement sur ses habitants. C'est une atmosphère que j'aime beaucoup car elle nous transporte, elle nous permet de vivre aux côtés des personnages. Je n'ai pas encore lu le précédent roman de l'auteur (Sukkwan Island), mais cela ne devrait plus tarder.

Désolations décortique les sentiments humains. Les personnages sont le point central du roman. Chacun des membres de cette famille est passé à la loupe pour nous dévoiler ses faiblesses. Irene et Gary sont mari et femme depuis des dizaines d'années mais rien ne semble plus aller. D'ailleurs ont-ils vraiment été heureux un jour ? Ils ont deux enfants : Mark et Rhoda que l'on suit également à travers leur travail, leur vie de famille et leurs amis.

C'est le personnage de Rhoda qui m'a le plus touchée. Mais je dois avouer que la plupart des protagonistes m'ont semblé antipathiques et froids. Certains sont même détestables (Monique, Jim ou Mark) mais ce roman s'attarde à expliquer pour quelle raison ils agissent ou pensent ainsi. On pourrait parfois regretter ce trop plein de questionnements. On suit les états d'âme de chacun et les personnages semblent s'enliser dans leurs émotions. La lecture, quant à elle s'essoufle par moments, cette atmosphère qui me plaît tant m'a étouffée et a pris possession des personnages.

Parallèlement, on voit se dessiner une intrigue et une question revient sans cesse dans la tête du lecteur : "Mais comment tout cela va-t-il donc se terminer ?"

La fin du roman est tragique, il fallait s'en douter. Je n'ai pas été surprise plus que cela car je n'en attendais pas moins de ces personnages complètement désespérés.
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Laissez-vous emporter dans l‘univers sombre et hostile de cet écrivain hors du commun. Dans une ambiance froide, brutale et terrifiante, on assiste, impuissant, au naufrage de relations amoureuses dont on devine avec horreur l'issue tragique et inéluctable.

Le froid polaire semble avoir glacé les habitants d'Alaska. Enfermés dans leur morosité, prisonniers de leurs échecs, leurs pitoyables gesticulations sont autant de vaines tentatives pour forcer le destin, telles des abeilles engluées dans le miel. Prisonniers consentants de relations amoureuses désolantes, mari et femme finissent par se retourner l'un contre l'autre et se détruire mutuellement.

Désolations, c'est aussi une réflexion sur la notion de responsabilité face à son destin, sa vie, son bonheur. Jusqu'où puis-je entrainer l'autre dans mes errances? Qui accabler pour l'échec de ma vie? Torturer mon conjoint et mes enfants permet-il d'évacuer l'agressivité que nourrissent l'amertume et le désespoir? Mari, femme, enfants, personne n'échappe à la vindicte de ces personnages noyés dans leur mal-être.

Quant aux talents de l'écrivain, ils sont indéniables. Quel auteur peut encore se targuer de maîtriser suffisamment les codes narratifs et littéraires pour créer son propre style? Dans ce roman, les dialogues se fondent dans la narration, aucun des échanges n'est mis en exergue, comme pour mieux marquer la dissolution des personnages dans leur environnement et leur impossible maîtrise des évènements. Porté par l'intrigue, l'auteur est phagocyté par ses personnages, le dénouement lui échappe, et on sombre avec lui dans un tourbillon infernal.
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Ayant beaucoup aimé Sukkwan Island, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la plume et l'univers glacé et glaçant de David Vann. Je préfère ne pas m'étendre sur l'histoire afin de ne pas la trahir. Désolations s'attarde sur la psychologie des personnages et leurs rapports familiaux ou non. Très vite le climat devient pesant, les pensées, les mots et les actes blessants. Les personnages et le lecteur sont entraînés vers ce qui semble être inéluctable. David Vann nous montre les dégâts du quotidien sur un couple, la dangerosité des non-dits et de la résignation. le style est impeccable et l'écriture toujours aussi belle. le cadre glacial et magnifique de l'Alaska sert à merveille cette histoire dramatique et au bout du compte Caribou Island (île sur laquelle comptent s'installer deux des personnages et titre original du livre) se révélera hostile et accablante.

Désolations est un livre noir, pessimiste et désespéré. Une lecture qui laisse un goût amer et une furieuse envie de se retrouver en famille, mais pour profiter des uns et des autres.

Tout comme Sukkwan Island, j'ai beaucoup aimé, même si cette fois le drame est sous jacent et rend donc peut-être le livre moins percutant mais tout aussi prenant.
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Gary a toujours rêvé d'une cabane sur une île en Alaska.
Irène est persuadée qu'il ne l'a jamais aimée.
Leur fille Rhoda a toujours rêvé d'une belle maison, d'une bonne situation, d'un beau mariage à Hawaï.
Lentement, la tragédie prend le dessus, le désastre est imminent...

Un roman sur la famille, l'illusion de l'amour, les regrets de toute une vie. Les personnages semblent enfermés dans leur univers sans pouvoir évoluer.

C'est un roman prenant, dans lequel la nature et ses tempêtes est omniprésente.
Une écriture lucide et sans concession. le lecteur n'est pas épargné.
Si j'ai été plus marquée par le premier roman de David Vann, Sukkwan Island, j'ai aussi beaucoup apprécié la justesse de Désolations. Un regard juste et troublant sur le monde contemporain et la condition humaine.
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Gary et Irene vivent ensemble depuis trente ans et cela fait presque autant de temps qu'ils habitent en Alaska ; depuis que Gary a voulu faire une parenthèse dans la préparation de sa thèse et qu'il a voulu se colleter avec la Frontière et la Nature Sauvage. Irene, a suivi et elle s'aperçoit, alors que Gary a décidé de repousser encore un peu plus ses limites en bâtissant de ses propres mains une cabane pour passer l'hiver sur une île au milieu d'un lac glaciaire, qu'elle n'a jamais vraiment été heureuse et que Gary, peut-être, n'a jamais vraiment aimé que lui-même. Qu'elle est seule.
Rhoda, la fille d'Irene et Gary, assiste impuissante au sourd combat que se livrent ses parents alors qu'elle-même, qui rêve de mariage avec Jim, peine à comprendre ce qu'il veut et craint d'être délaissée.
Mark, le frère de Rhoda, semble quant à lui assumer son égoïsme et ne se pose pas tant de questions. Pas plus que Monica, qui est venue accompagnée Carl en Alaska, ce dernier ayant lui aussi décidé de se frotter à cette ultime Frontière qu'est l'Alaska.

Ainsi donc, David Vann nous emmène une fois de plus, après Sukkwan Island, en Alaska. À cela près que, après un huis-clos avec deux personnages, il nous propose un roman choral. Un roman choral, certes, mais tout aussi étouffant que le précédent. Une fois de plus, c'est l'égoïsme qui est au centre du propos de Vann. Un égoïsme ravageur, qui détruit les gens et les pousse parfois aux pires extrémités. Pas un seul des personnages de Désolations n'échappe vraiment à cette peinture acerbe de l'âme humaine, même s'il est vrai que les hommes sont bien moins épargnés par cet égoïsme qu'ils semblent avoir chevillé au corps et à l'âme. Parce que, plus que leurs femmes, ils ont quelque chose à prouver :

« On est allés un peu partout. En ferry vers Denaly et Fairbanks et on finit ici, sur la péninsule. Carl est en pleine quête personnelle pour devenir un homme. Pêcher un gros poisson devrait faire l'affaire pour lui, visiblement.
Rhoda éclata de rire. Pourquoi ne peuvent-ils pas se contenter d'être des hommes ? Pourquoi sont-ils obligés de le devenir ? »

David Vann met à mal, une fois encore, cette croyance américaine selon laquelle l'homme se doit d'aller taquiner la Frontière – et il est clair que l'Alaska est bel bien la dernière Frontière américaine – et affronter la Nature Sauvage. Car il est bel bien question chez Vann d'un combat avec la nature plus que d'une vie en harmonie avec elle. Il s'agit de la dompter pour prouver que l'on est un homme. On notera d'ailleurs que, au contraire de la presque virginale Sukkwan Island, la péninsule de Kenai de Désolations est une Frontière déjà bien amochée où fleurissent carcasses de voitures, dealers de crack et pêcheries industrielles.
Et en fin de compte, la nature à laquelle se heurtent les personnages de David Vann, ce n'est pas tant la nature sauvage que la nature humaine, bien plus impitoyable et à laquelle la nature sauvage, avec ses moustiques, ses ours, ses eaux glaciales et ses tempêtes, fait écho.

Désolations. Voilà un titre non seulement percutant, mais aussi totalement adapté à l'état d'esprit du roman. Porté par une belle écriture, aussi sensible que précise, il nous pousse à suivre les destins de ces personnages englués dans leurs vies mornes dont ils n'arrivent plus à se débattre. On sait d'entrée qu'il n'y aura pas de happy end, que l'on va souffrir avec eux, et pourtant, malgré le malaise qui s'installe, on continue. Sans doute parce que David Vann a du talent.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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