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Citations sur Un poisson sur la lune (93)

Se trouver là dans le pick-up est insoutenable. Il se sent prisonnier d’un carcan de plomb, plaqué contre le fond. Il n’a rien à dire à son frère. Il a juste envie de baiser. Si ce n’est pas Jeannette ce soir, il trouvera quelqu’un d’autre. Elle doit être en train de baiser avec son nouveau mec, Rich. Un loser de Konocti sans argent qui s’appelle Rich, ridicule, mais il possède ce que Jim convoite. Un sac à merde qui n’a jamais travaillé dur dans la vie, mais qui s’est trouvé au bon endroit, au bon moment. Aucune justice en ce monde, aucune récompense pour ceux qui agissent bien, et encore moins pour ceux qui se montrent plus intelligents. Les pensées ne sont qu’une malédiction. Il voudrait le cerveau de son frère, qui ne pense à rien quand il boit sa canette de bière, qui se sent étrangement heureux sans raison, qui ne s’interroge jamais, pas la moindre réflexion sur sa propre existence.
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La fatalité. Difficile de savoir si elle existe vraiment, mais on la sent parfois au moment même où elle intervient. Quand trop de poids s'est amassé.
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Tu sais, ça ressemble un peu à ça, dit Jim. La dépression, les creux. C'est un peu comme quand notre bateau était retenu, et à mesure que tout s'élève autour de toi, la pression ne fait qu'augmenter. C'est un peu comme ça. La description n'est pas parfaite mais c'est quelque chose que tu as déjà connu. Tu t'en souviens ?
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Je suis censé parler. Tout le monde veut que je parle, et puis d'un coup, on ne veut plus que je parle. J'explique à mon frère que je voudrais qu'il m'emmène dans une ville de l'Ouest sauvage où je pourrais porter mon flingue et baiser avec des putains. J'ai envie de me sentir libre. Je n'ai jamais rien fait de ce genre. Et qu'est-ce que ça peut foutre, maintenant, si je chope une maladie qui me ferait tomber la bite ?
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(...) et pourquoi ont-ils joué à ça pendant tant d'années ? N'ont-ils vraiment pas trouvé mieux pour passer le temps ? Les gens seraient-ils en réalité tous au bord du suicide, toute leur vie, obligés de survivre à chaque journée en jouant aux cartes et en regardant la télé et en mangeant, tant de routines prévues pour éviter ces instants de face-à-face avec un soi-même qui n'existe pas ?
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« Il devrait se montrer moins attaché au revolver, y penser moins. » (p. 10)
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Ils pêchaient le flétan à la palangre dans un détroit entre les îles aléoutiennes, en bordure de la mer de Béring, et la ligne s’était accrochée au fond. Mais les vagues montaient à dix mètres, violentes, et la ligne les rivait au fond marin, quelque chose d’incroyable. Dès qu’une vague s’élevait sous eux, ils étaient comme aspirés en elle, une pression incommensurable.
— Tu sais, ça ressemble un peu à ça, dit Jim. La dépression, les creux. C’est un peu comme quand notre bateau était retenu, et à mesure que tout s’élève autour de toi, la pression ne fait qu’augmenter. C’est un peu comme ça. La description n’est pas parfaite, mais c’est quelque chose que tu as déjà connu. Tu t’en souviens ?
— Je m’en souviens. Mais un sentiment à l’intérieur de soi, ce n’est pas comme ça.
— Oh, c’est bien pire. Bien plus fort. Une vague de dix mètres, à côté, ce n’est rien. Quelques dizaines de tonnes d’aluminium maintenues par une vague, c’est léger, en comparaison.
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Comme ça avait dû être incroyable d’appuyer sur la détente et de lui tirer dans le dos, et de tout changer. Et de refuser les conséquences, refuser de rester pour ce qui allait se produire ensuite, porter le pistolet à sa tempe. Si vite. Elle avait vécu en meurtrière l’espace de deux minutes, mais comme personne n’était au courant, elle n’avait pas vécu en meurtrière. Nous ne devenons quelque chose qu’à l’instant seulement où quelqu’un d’autre est au courant, et pas seulement une personne – il faut que ce soit un groupe. C’est alors que nous devenons ce quelque chose. Son acte n’était pas différent d’un rêve, avant que le groupe ne soit au courant.
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C’est juste que le monde s’étire à l’infini, mais vide, comme la toundra en Alaska. Ça continue, loin et encore plus loin, et c’est comme ça à l’intérieur, une friche infranchissable, rien que du vent. De la pression tout autour mais rien au milieu. Alors ce qu’il me faut, c’est soit une façon de supprimer la pression, afin que je puisse errer sans fin dans le néant, ou alors il me faut quelque chose dans la toundra, un endroit où m’abriter et me cacher, où entrer pour m’y construire une vie. L’un des deux. Mais errer dans un néant sous pression, ce n’est pas un truc que je peux supporter. Je ne peux pas continuer comme ça, année après année.
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Tout avait changé, à présent. L’Amérique était effectivement différente. Pas de drogue dans le coin, à l’époque. Pas de fusils, à part pour la chasse. Presque pas de criminalité. Pas seulement de la nostalgie, mais le sentiment d’une perte irrémédiable. Un coin dangereux, désormais, des ploucs de la pire espèce qui soit, au lieu de la meilleure.
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