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Marie VAREILLE. La dernière allumette.

Depuis une vingtaine d'années, Abigaëlle (Abi) réside à l'abbaye Sainte-Marie-de-la Saône, en Bourgogne. Deux fois par mois, son frère Gabriel lui rend visite, depuis Paris où il vit et exerce la profession de dessinateur, illustrateur, avec beaucoup de talent. Abi, a été décelée HPI, très tôt : en effet, elle possède un « cui », très élevé. Ses idées, ses pensées sont enchevêtrées les unes dans les autres et elle est suivie par des psychologues. Elle surveille, de là où elle est son frère. Ces deux enfants, devenus adultes ont une relation très forte, veillant l'un sur l'autre…

Lorsque Gabriel rencontre la pétillante Zoé, Abi nous dévoile la personnalité de ce frère adoré, protecteur. Des souvenirs lui reviennent en mémoire et elle tente de dérouler le fil de son existence. Combien de secrets, de non-dits jonchent son enfance ? Nous pénétrons dans l'intimité de sa famille : un père qu'elle adore et qui répond à son amour, une mère complètement effacée, soumise au bon vouloir et à l'autorité de son époux et la relation fusionnelle, complice, des deux enfants. Mais enfin, que se cache-t-il derrière cette entente entre cette petite fille et son frère Gabriel ? Pourquoi ce dernier la cloître-t-il dans le local de la chaufferie en lui confiant une boîte d'allumettes ?

L'alternance entre le présent, le passé, les rencontres avec les médecins et quelle est la signification de cet étrange tatouage de Gabriel : 3/4. Tous ces non-dits, créent un climat pesant. Que s'est-il donc passé dans cette famille, il y a déjà de nombreuses années et que perçoit donc Abi ? Quel est l'évènement déclencheur de l'extra lucidité d'Abi ? L'amour de Zoé et de Gabriel échappera-t-il à cette épée de Damoclès encore présente. Ce couple, peut-il espérer connaître enfin le bonheur ?

Ce récit est émouvant, prenant. Les violences conjugales et intra-familiales, l'emprise d'un homme pervers, machiavélique, la peur qui s'installe et plane sans cesse sur le foyer, inquiétant les enfants, victimes collatérales de cette emprise typiquement masculine et qui dérape malheureusement bien trop souvent. Un jour sur trois, une femme meurt en France sous les coups donnés par son époux, son compagnon ! C'est trop et cela devient insupportable. L'intrigue est bien construite. L'écriture fluide, le style alerte, concis, précis. Un sujet actuel et sensible qui ne nous laisse pas indifférent. Marie VAREILLE retient notre attention jusqu'à la dernière page. Merci pour cette jolie narration, empreinte de beaucoup de sensibilité : une belle histoire mettant en valeur les liens fraternels unissant, à la vie, à la mort nos deux héros. Amis lecteurs, bonne journée et n'hésitez pas à vous emparer de ce livre.
( 06/06/2024).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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C'est difficile pour moi de donner un avis à ce roman tellement je suis mitigée.
Avant de le lire pour la sélection du prix Audiolib, j'étais dubitative, réticente à l'écouter. Et finalement l'écoute a été très agréable. La voix féminine qui interprète Abigaëlle jeune puis adulte fait une belle interprétation du texte. Il a été agréable que la lecture se fasse à deux voix avec une voix masculine pour les chapitres menés par le psy et par Gabriel.
Le thème choisi par l'autrice est important, c'est un fait de société qui perdure au XXIe siècle malgré les avancées dans l'accompagnement des femmes victimes de violences conjugales. On ne parle pas assez de l'éducation des enfants, ils se construisent dans ce climat violent et en sont pour un grand nombre, prisonniers à l'âge adulte.

Mais qu'est-ce qui ne t'a pas plu me direz-vous ?
Le personnage d'Abigaëlle n'est pas fiable. Dès le début, elle hésite, elle dit avoir des trous de mémoire, les autres la pensent folle, ainsi le lecteur ne peut pas faire confiance à ce protagoniste, ce qui fait que nous sommes sur le qui-vive perpétuellement et sommes donc moins surpris lors de la chute.
Autre point qui me dérange, la fiction. Même si les personnages sont bien choisis, je suis dérangée que ce soit de la fiction, la situation est biaisée par les choix de narration. C'est une tragédie qui finit bien.

Ainsi je comprends que le roman plaise énormément mais pour moi ce n'est pas assez approfondi et une structure trop ficitonnelle pour l'importance du sujet traité.
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Paru le 05 mars dernier aux éditions Charleston, le nouveau roman de Marie Vareille « La Dernière Allumette » est bouleversant ! Une fois les premières pages entamées, impossible de reposer ce livre. Il vous happe, vous tenaille, vous émeut et plus rien autour ne pourra vous en distraire….

Depuis son couvent, Abigaëlle nous raconte l'histoire tragique de sa famille. Un père violent, une mère impuissante, et un grand frère Gabriel qui tente de les protéger des coups.

“Trois sur quatre : le nombre d'enfants ayant grandi dans un foyer violent qui deviennent à leur tour violents ou victimes de violence”

Bien qu'ayant empruntés des chemins bien différents, le lien qui unit Abigaëlle et Gabriel est indéfectible et inaltérable. Il domine tout le roman. A travers ces carnets d'écriture, Abigaëlle nous trace le combat de son grand frère pour surmonter sa colère et son mal-être, engendrés par un père violent. Mais comment ne pas reproduire ? Comment faire taire les démons qui sommeillent dans ses gènes ?

 » Dans la vie, de toute façon, il y a de l'ombre et de la lumière. La lumière, elle est pas distribuée pareil pour tout le monde. « 

Au fur et à mesure que l'on progresse dans la lecture, on sait que le drame sera inévitable. Mais la construction narrative est très originale et j'avoue que Marie Vareille a déjoué toutes mes certitudes.

Bouleversant et lumineux ! Bravo, c'est un réel coup de coeur !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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« La dernière allumette », celle que vous gardez au fond de vos poches pourrait vous sauver des forêts sombres qui peuplent la bibliothèque de vos souvenirs à l'image d'Abigaëlle, narratrice du roman, qui vit recluse à l'abbaye Sainte-Marie-de-la-Saône à Genevigny. Depuis vingt-sept ans, elle a fait voeu de silence, mais cela ne l'empêche pas de parler de ses jeunes années auprès de son frère Gabriel, et de ses parents. Entre un récit « au présent » et ses mémoires de jeunesse consignées dans de nombreux carnets, elle livre ses pensées de petite fille, et observe l'existence de son frère « de loin ». Parallèlement, les différents récits sont entrecoupés de secrets livrés dans le cabinet du Docteur Garnier, dans lequel une jeune femme s'épanche et avoue les difficultés de son quotidien.

« Gabriel n'est pas celui que vous croyez. », incipit de « La dernière allumette ». C'est ainsi que s'exprime Abigaëlle au temps présent, elle qui s'ennuie tant au sein des religieuses qui évoluent en ce lieu. Elle se souvient de ce jour tragique, un enterrement. Qui réside à l'intérieur de ce cercueil ? Quelle tragédie est venue frapper le petit village de Genevigny ? Abi ne s'en souvient pas, mais dans ses carnets qui débutent en 1990, elle a 7 ans. Sur conseil de son psy, le docteur Hassan, elle couche ses pensées sur le papier pour « aider à ranger son cerveau », et aussi parce que ces carnets représentent son intimité, « parce que personne a le droit de lire ». Ses mots d'enfants sont touchants. Elle parle de son QI, « Le cui, ça veut dire que je suis une petite fille très intelligente », de ses difficultés à l'école, de sa maison et du grand vitrail du premier étage qu'elle associe à « du lard moderne ». À travers ses diverses réflexions, elle évoque sa famille. Son frère Gabriel, 10 ans, qui « met des torgnoles », sa mère « Maman est une fée. Même Papa le dit : c'est la fée Néante. », aide-soignante qui n'exerce plus son métier, car faudrait pas « (…) qu'elle en profite pour faire sa pute avec les médecins de garde. », son père « Il est super intelligent, mon Papa. Lui, il travaille en tant que personne dans un bureau. », le docteur Hassan que son père surnomme « Un Charlatan de psy ».

Lentement, le lecteur adulte sent que dans la famille Lemonnier, il se passe des choses pas très nettes et qu'Abi ne peut qu'appréhender les événements comme une enfant. le docteur Hassan l'aide à mettre de l'ordre dans ses idées tout en cherchant à savoir réellement ce qui se passe derrière les portes closes de sa maison « Quand mon cerveau a pas envie de comprendre quelque chose, il le cache très profond dans ma tête et c'est comme si j'avais tout oublié. C'est la mnésie à cause des tresses trop matiques. » Parfois, la vérité est difficile à formuler, parfois on la dissimule volontairement pour ne pas affecter son entourage, parfois on protège les autres en pensant que c'est nécessaire pour l'équilibre de tous. Où est la vérité ? Où est le mensonge ? Comment faire la différence entre les deux ? « Le docteur Hassan dit : ce n'est pas si compliqué, la vérité, ce sont les faits.

La vérité, ce sont les faits.

La vérité, ce sont les faits.

La vérité, ce sont les fées.

Ma maman est une fée, elle dit que tout va bien. de pas s'inquiéter.

L'essentiel, c'est de s'aimer. Mais parfois elle dit aussi : ça va mal se terminer. »

Dans le présent de « La dernière allumette », il est beaucoup question de Gabriel, ce frère devenu illustrateur et créateur d'une série de livres pour enfants dont le dernier opus « Les tragiques Mésaventures d'Abi Colibri » va bientôt paraître. C'est d'ailleurs à l'occasion d'une dédicace que Gabriel va rencontrer Zoé Boisjoli, une jeune femme solaire. « Dans la nuit froide qui habitait mon frère, Zoé venait de craquer une allumette. » Zoé est tout l'inverse de Gabriel. Telle une magicienne, elle transforme tout ce qu'elle touche en lumière. « Pourtant, la fée qui s'est penchée sur son berceau lui a donné un talent rare et inestimable dont ses interlocuteurs ne prennent conscience qu'après quelques minutes de discussion et qui a pris Gabriel par surprise : Zoé, depuis toute petite, maîtrise à la perfection l'art de la joie. »Pour Gabriel, si ténébreux, si impénétrable, secret, pétri de crises d'angoisse et de névroses, l'éclatante Zoé est un cadeau tombé du ciel. Mais Abi s'inquiète… quelque chose au fond de son coeur ne la laisse pas tranquille, sa mémoire lui fait défaut, son grand frère lui donne des soucis, le danger rôde sans qu'elle sache réellement pourquoi. « Mon cerveau est la plus grande bibliothèque du monde. Des étagères, à l'infini, chacune aussi haute que la voûte céleste. Vouloir saisir un souvenir, c'est chercher un livre précis dans cette immensité. » Marie Vareille joue alors avec les temps et les espaces, brouille les pistes en insérant des passages dans un cabinet de médecin où la jeune femme qu'il reçoit en consultation livre des faits et des non-dits qu'il faut décrypter.

En refermant « La dernière allumette », j'ai été dans un état proche de la sidération. Comme si, une étrangère avait mis des mots sur un vécu beaucoup trop tenace que je m'efforce, depuis tant d'années à oublier. La construction imaginée par Marie Vareille contribue largement à cette sensation de secousse psychologique. La façon dont elle s'y prend pour distiller les secrets, approcher les personnages en plongeant le lecteur dans le passé et les mots d'une petite fille face au présent, d'un combattant qui bataille d'abord contre ses propres démons est assez exceptionnelle. Je pense par exemple aux « torgnoles », à ceux qui affirment qu'Abi est « père-turbée », qui ne prennent véritablement leurs sens à la toute fin. En opposant l'ombrageux Gabriel à la lumineuse Zoé, elle m'a mise à terre. En expliquant à quoi correspond le tatouage de Gabriel, elle m'a crevé le coeur. En m'autorisant à entrer dans le cabinet du docteur Garnier, elle a attisé ma rage, profonde, omniprésente, lancinante et pourtant vieille d'au moins quarante années…

« La bibliothèque des souvenirs » est un cadeau bien empoisonné. le pacte que l'on fait avec soi-même face à l'enfant qu'on a été et la femme ou l'homme que l'on deviendra est bien lourd à porter, il nécessite une vigilance de tous les instants. Méfions-nous tous de l'ADN et des schémas si faciles à reproduire. N'oublions pas que l'enfance est le socle de toute construction et que lorsqu'il est bancal, abîmé, brisé, absolument rien ne peut le réparer quand on se barricade derrière son passé.

Marie Vareille dit des choses extrêmement justes et fondées sur la violence familiale en décortiquant le fonctionnement de ce cercle vicieux sous plusieurs angles. Pour ceux qui y sont confrontés : « La violence et la peur, ça reprogramme le cerveau ; même quand c'est fini, ça laisse des séquelles terribles. » Ceux qui l'ont vécue savent l'impossibilité devenue fondamentale de se faire tout petit, inexistant, transparent : « Nous avons été ces enfants funambules. Toujours en équilibre, toujours terrifiés à l'idée de la chute. le pire, c'était l'attente, parce qu'au fond, nous savions que le calme ne durerait pas. » Une enfance passée sur le qui-vive en attendant que ça explose, que ça se calme, que ça recommence encore. L'enfant qui a vécu dans une famille où la violence fait loi développe un sixième sens que vous n'imaginez pas. Non seulement il sent quand le vent va tourner, mais il sait aussi reconnaître les signes chez ceux qu'il côtoie : les yeux terrifiés qui se cherchent, les respirations qui se contiennent, les corps qui se recroquevillent. L'état de veille permanent est fort bien développé dans « La dernière allumette », de même que le mode survie enclenché dès la première gifle. L'image trouvée par Marie Vareille du « funambule » est d'une acuité rare et d'une lucidité saisissante.

Une telle enfance laisse des bleus que l'on ne voit pas, des séquelles que l'on n'imagine pas, un sentiment d'insécurité permanent présent une vie durant. « Mais j'avais oublié qu'on ne peut se sentir en sécurité nulle part, quand on a passé son enfance à être terrifié par ceux qui auraient dû nous protéger. »

« Les gens comme moi, ils reviennent de l'enfance aussi détruits que s'ils revenaient de la guerre. On devrait être contents d'en être sortis vivants, et c'est vrai, il y a des moments où ça va, où on est presque heureux. Mais certains jours, les séquelles sont tellement lourdes à porter qu'on regrette de ne pas être mort au combat avec ceux qui n'en sont pas revenus. » Je pleure sur ces vies meurtries, ces enfances soufflées, ces vies d'adulte contusionnées, cette recherche permanente de sécurité qui ne sera jamais assez, ces nuits à se réveiller en sursaut pour se souvenir qu'il n'est plus là et ne peut plus nous atteindre, ces colères inexpliquées qui montent, mais ne doivent pas exploser face aux enfants, ces câlins qu'il est si difficile de donner, ces « je t'aime » que l'on dit trop parce qu'on n'en a pas eu soi-même. Je pleure pour tous ces enfants désemparés qui hésitent entre dire et se taire, pour ceux qui se construisent des ailes pour s'envoler, pour ceux qui voudraient craquer « La dernière allumette ».

Toi l'enfant funambule, je te serre fort contre mon coeur. Toi seul sais à quel point « La dernière allumette » de Marie Vareille est une lumière dans l'obscurité. Comprendre les mécanismes, écouter les voix, accepter de baisser la garde pour faire entrer la lumière, ce sont de premiers pas vers l'apaisement. La quête de toute une vie, un combat quotidien entre l'enfant qu'on a été et l'adulte que l'on devient, une vigilance accrue qui ne disparaît jamais complètement.

« La dernière allumette » n'est pas juste un roman, c'est un phare dans les ténèbres de l'enfance saccagée.

Le roman des funambules…

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Dans la vie de Gabriel il y a…
Sa petite soeur Abigaëlle. C'est une enfant surdouée mais complètement décalée dans le milieu dans lequel elle évolue, tant dans la famille qu'à l'école.
Et ses parents. Famille dysfonctionnelle dans laquelle la violence du père est chaque jour omniprésente. Violence qui s'exerce sur la mère, en paroles, en actes, en coups, en brimades, en humiliations.
Tout y passe, tout est bon pour montrer son pouvoir, pour asservir et victimiser l'autre.
Quand le ton monte, Gabriel enferme Abigaëlle dans le réduit sous la chaudière, non sans lui avoir auparavant donné une torgnole…

Mais depuis le jour du drame, depuis celui des obsèques en fait, Abigaëlle est recluse à l'abbaye, dans le silence et la solitude.

Les années passent. Gabriel devient un dessinateur connu et reconnu, et créé une oeuvre appréciée de tous, les aventures d'Abi et le colibri.

Puis un jour Gabriel rencontre Zoé. Zoé le soleil, l'institutrice qui admire son oeuvre. Qui aime ses belles histoires qu'elle raconte aux petits, elle qui ne pourra jamais avoir d'enfants.
Entre Gabriel et Zoé c'est la rencontre immédiate, l'amour, la vie en commun, et la surprise de pouvoir être enceinte alors que la science lui avait nié cette belle possibilité.
Une vie et un enfant plus tard, Zoé et Gabriel s'installent près de chez Aline, la soeur adorée de Zoé. Aline la parfaite, wonder-woman aux quatre enfants, au mari pédiatre, à la maison sublime et à la vie enviable. Mais une Aline qui s'est éloignée de sa soeur, imperceptiblement. Aline qui fuit, se tait, s'oublie.

Dans la vie de Gabriel, un grand mystère plonge Zoé dans l'incertitude et le doute, pourquoi ne lui parle-t-il jamais de cette soeur qu'il va pourtant voir chaque semaine, qu'il pleuve ou qu'il vente. Pourquoi autant de secrets sur son enfance, sa famille, pourquoi cette peur des arbres et des forêts. Pourquoi tant de silences et de non-dits.

Impossible d'en dire plus dans trop en dévoiler. Un roman qui vous happe de la première à la dernière page.

Un roman sur toutes les souffrances subies pendant l'enfance et la façon dont elles impactent des vies entières, sur les violences conjugales, les silences, la honte, la difficulté à s'en sortir si l'on n'est pas aidée.

Un roman qui parle de vie et de douleur, d'espoir et de tragédie. La lecture à deux voix permet de temporiser, de respirer, entre les moments où la violence est trop forte, dans les souvenirs Abigaëlle, dans ceux de Gabriel, dans ces mots dits ou devinés dans le cabinet du psychiatre qui écoute cette femme victime de violences conjugales, cette femme qui met tant de temps à le comprendre et l'accepter.

Chacun des lecteurs, Caroline Tillette autant que Renaud Bertin, est capable de faire entendre les différents personnages et de nous les rendre réels par des intonations, des hésitations, des silences ou un rythme adapté à chacun.

Une réussite. L'autrice réussi le tour de force de nous embarquer, de nous étonner, de nous surprendre jusqu'à la fin, de nous émouvoir et nous révolter contre ces situations hélas si fréquentes. J'ai aimé ce 3 sur 4, cette voisine qui a besoin de bouger un meuble à 4h du matin, cette jeune Abigaëlle surdouée protégée par son grand frère. Les personnages sont attachants, révoltants, émouvants, aucun ne m'a laissée indifférente. Je ne peux que vous conseiller cette lecture. Et cette version audio qui lui donne tant de force.

https://domiclire.wordpress.com/2024/04/01/la-derniere-allumette-marie-vareille/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Ce livre me hantera. Longtemps, très longtemps.
Malgré la couverture pastel, ce n'est pas un feel-good.
Non.
Mais c'est un des plus beaux livres que j'aie jamais lu.

Trois enfants sur quatre reproduisent les multiples traumatismes d'une enfance plus que tourmentée. Une enfance saccagée, massacrée et dévastée. C'est beaucoup. C'est énorme. Ce qui signifie qu'un seul enfant sur quatre s'en sort sans reproduire comme une photocopieuse déglinguée.

Il se trouve que je suis une de ces personnes qui ont cassé la chaîne, perdu la clé, et qui ont tenté de vivre normalement, avec une petite fille.
Qui est devenue grande.
Et qui va bien, merci.

Mais parlons du livre.
Il m'a touchée d'une façon incroyable (ce qui est logique).
Un grand frère, Gabriel et une petite soeur, Abigaëlle. le frère la protège des disputes familiales entre son père, pervers narcissique violent et sa mère, effrayée depuis toujours par les coups, les moqueries et les rabaissements.
Quand c'est l'enfer, il protège sa soeur avec un casque de musique sur les oreilles et l'enferme dans un placard.

C'est un livre qui traite des violences conjugales, de la violence collée au corps, et de la terreur. D'une emprise malsaine et dégoulinante de promesses non tenues.
On suit chapitre après chapitre le ressenti d'Abigaëlle la petite soeur, adulte, cloîtrée dans un couvent avec voeu de silence.
On suit également des médecins extraordinaires, qui aideront Gabriel et Zoé.
Parce que Gabriel, avec son enfance démoniaque, à tendance à avoir parfois des gestes de violence lui aussi, envers sa femme, Zoé, qui consulte un médecin elle aussi. Les échanges entre ces deux personnages font le lit de ce livre incroyable. Les paroles salvatrices du médecin devraient être publiées dans un petit carnet d'or, offert à toute femme battue....

L'écriture est formidable, de maturité, de justesse, de douceur.

Et puis, à un moment, tout s'éclaire et tout s'explique.
Pourquoi Abigaëlle ne peut pas parler, pourquoi elle a des trous de mémoire.
Elle a pourtant un "cui" de plus de 150. (J'ai beaucoup aimé le CUI...).

Quelle claque. Lu en deux jours. Incapable de le lâcher.

J'espère qu'il en sera pareil pour vous, amis lecteurs.
Je vous le souhaite.

Trois enfants sur quatre.
Un sur quatre......

Il me hantera encore et encore.



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Après une longue attente, je retrouve enfin la plume de Marie Vareille !

Et ce fut une lecture captivante, bien que gâchée par un auto-spoil d'un élément crucial de l'intrigue.

Mis à part ce désagrément, ce roman s'est révélé poignant, révoltant, frustrant, mais aussi drôle et beau, comme l'autrice sait si bien les écrire.
Les personnages sont bien développés, l'intrigue est bien ficelée et les rebondissements bien amenés.

L'autrice aborde avec justesse des sujets très importants. J'ai également aimé la structure du roman, les différents points de vue et temporalités apporte un gros plus à l'intrigue.

C'était une agréable surprise, un roman touchant qui m'a laissé avec l'envie d'en découvrir encore davantage à la fin.

J'attends déjà avec impatience le prochain roman de cette autrice !
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Marie Vareille revient avec un roman époustouflant qui ne fait que confirmer à nouveau son talent ! Avec La dernière allumette, elle signe un roman magistral qui bouscule la lectrice que je suis. Ma rencontre avec Abigaëlle qui vit recluse dans un couvent en Bourgogne a été riche en émotions. Dès le commencement, on ressent qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, une atmosphère étrange se met en place. La famille d'Abigaëlle ne semble pas toute rose, l'amour y est transcrit de façon terne, froide. Mais Gabriel, le frère d'Abigaëlle, est une énigme à lui seul. Pour nous maintenir en haleine de façon brillante, l'autrice nous plonge dans le passé à travers le cahier d'Abigaëlle lorsqu'elle était enfant. J'ai beaucoup aimé ces parties qui divulgue avec force les pensées qui la traversent et ce qu'elle a vécu. Les parties concernant Zoé Boisjoli, compagne de Gabriel, dessinent également la complexité du personnage et lève le voile petit à petit sur les violences subies. Ce roman est totalement différent des précédents de l'autrice, mais il révèle avec brillo les conséquences des violences pendant l'enfance.
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Abi sent bien que la rencontre de son frère avec Zoé, pétillante institutrice, peut changer la vie de ce dernier. Elle le sent, mais elle sent aussi que cela va faire revenir des souvenirs d'enfance… difficiles.
~
Je ne peux rien dire de plus sur ce roman très intriguant dès le début ! Les chapitres n'appartiennent pas tous à la même époque et prennent différentes formes, cela renforce le côté intriguant et créer une temporalité originale. (le symbole de l'allumette aussi est plutôt original !)

Personnellement, j'ai été très touchée, voire bousculée par chapitres avec les journaux de la Abi enfant, dont le ton naïf renforce la dureté de son vécu à elle et son frère. Ça m'a révolté.

Forcément, en s'attaquant à un sujet si sombre, Marie Vareille change ses habitudes. C'est très réussi, mais il m'a manqué l'habituelle luminosité dans une bonne partie du roman : Zoé sourit, sourit encore, mais son sourire n'est que façade. Je n'étais pas très bien, arrivée au milieu du roman, si bien que j'ai fait une petite pause pour lire autre chose. Mais j'aime aussi Marie Vareille pour les retournements de situation finaux, et au final ça n'a pas loupé, vous verrez ! (Oui, oui, dans ma tête, la note est donc montée, avant de redescendre, puis de remonter ^^)
~
Bref, à lire, comme tous les livres de Marie Vareille évidement, j'adore, bravo !!
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C'est quoi un livre qui bouleverse, qui "tourneboule" ? 😉
C'est un livre qui peut faire pleurer, c'est un livre qui fait se poser des questions sur soi, ou en général, c'est un livre qui fait se rappeler, revivre des moments de vie, c'est un livre qui accompagne pour longtemps. Entre autres.
Alors oui, La dernière allumette est un livre qui m'a bouleversée !

L'autrice, Marie Vareille dit que lorsqu'on lit, il faut qu'on vive l'histoire, pas seulement qu'on nous la raconte.
J'ai vibré, j'ai pleuré, j'ai eu peur, j'ai été en colère, j'ai eu mal, j'ai ressenti beaucoup de choses, elle m'a complètement embarquée, donc c'est réussi, j'ai vécu pleinement l'histoire !

Et pour une fois, avant de vous la raconter, je commence par la forme.

Le livre audio :

Les amis, il est temps de vous mettre au livre audio, si vous ne connaissez pas déjà !
Avec les deux narrateurs, j'ai passé un moment exquis d'écoute, pour le Prix du Jury Audiolib 2024.

Caroline Tillette a essentiellement incarné Abigaëlle, l'héroïne, aussi bien toute jeune, entre 7 et 12 ans, que racontant la vie actuelle de son frère Gabriel et de sa femme Zoé.
Au-delà de sa voix douce et claire, qui n'est pas sans me rappeler Mathilde de Petit BamBou (!), ça a dû être une gageure de jouer une petite fille, avec une diction particulière, à plusieurs reprises.

Renaud Bertin, la cinquantaine bien assise, a pris la place d'un psy et de sa patiente. Oui, les hommes peuvent incarner des femmes et vice versa, et le font avec brio. Une voix mature, rassurante, déliée et qu'on attend d'un psychiatre ! 😀

Je les remercie pour ce travail d'incarnation de tous les personnages du roman.

L'histoire :

"Nous vivions sous la menace permanente de la colère de Papa."

Il est rare que je bute sur un résumé, mais cela va me demander un gros effort cette fois-ci, pour ne pas trop en dire.😉

Pour poser les bases, Abigaëlle et Gabriel sont frère et soeur. Leurs parents ne s'entendent pas, le père est très violent à l'égard de leur mère et la frappe. Tout part de là.

Au début du roman on assiste à un enterrement, mais on ne sait pas qui est mort, et Abigaëlle qui va nous raconter l'histoire, nous prévient, elle a tendance à mentir, et elle ne se souvient pas de tout ...

Comme je vous le disais ci-dessus en vous parlant de la narratrice, nous suivrons Abigaëlle via son journal intime de petite fille, démarré en 1990, puis Abigaëlle de nos jours, 27 ans après l'enterrement, depuis un couvent en Bourgogne, où elle se trouve. Elle y fait voeu de silence, mais nous narre, juste pour nous, l'histoire de son frère Gabriel.

L'héroïne nous raconte sa vie de petite fille stressée en permanence par les disputes des parents, s'inquiète beaucoup pour son frère de 4 ans plus âgé qu'elle, qui tente de protéger leur mère et de s'interposer entre leurs parents, et bien évidemment de prendre soin de sa petite soeur.

Il se trouve que cette fillette est aujourd'hui ce qu'on appellerait une sur-efficiente, avec une pensée en arborescence, et 100 idées à la seconde ! Elle a du mal à se faire accepter à l'école, elle n'a pas d'amis, elle ne connaît donc que son cercle familial.
Et comme souvent dans les conflits familiaux violents, l'homme éloigne sa femme de la famille et des amis.
Tout le monde est très seul, dans ce roman.

On suit Gabriel à l'âge adulte, écrivain et dessinateur formidable, et amoureux de Zoé, une jeune femme qui est la joie de vivre incarnée !

Il a, tatoué sur son bras "3/4", pour se rappeler en permanence la terrible statistique : 3 enfants sur 4 qui ont vécu dans un foyer violent, deviennent soit bourreaux soit victimes !

Dans cette terrible statistique j'y vois aussi une violence sans fin qui d'une génération à l'autre ne s'éteindra jamais...

Et Abigaëlle de s'inquiéter de ce que son frère peut devenir en tant qu'adulte, et de ce que Zoé devrait savoir sur l'enfance de son amoureux...

C'est un roman qui parle essentiellement de la violence faite à l'égard des femmes, au sein des couples, et on comprendra toute la mécanique et la mise en oeuvre de cette violence, grâce au personnage d'un psy, le Dr Garnier, qui reçoit une patiente, et tente par tous les moyens de lui faire admettre qu'elle est une femme battue... et de lui faire quitter son mari, avant qu'il ne soit trop tard !

L'alternance de plusieurs narrations apporte un bon dynamisme au roman.

Les personnages :

Je suis fan absolue de la petite Abigaëlle, j'ai trouvé que l'autrice lui avait prêté vie de façon magnifique. Ce ne doit pas être facile de se mettre à la place d'une petite fille de 7 ou 10 ans.
C'est une môme adorable, sensible, qui a beaucoup de courage, aimante, un beau personnage. Elle aime brûler des allumettes juste pour la clarté que cela procure ! 🔥

J'apprécie son frère Gabriel avec toutes ses failles, qui refuse d'avoir des enfants, pour ne pas reproduire le schéma familial.
Étant l'aîné, il a subi d'une autre façon les agressions verbales et corporelles de son père à l'égard de sa mère, et a développé un stress post-traumatique.

J'aime énormément Zoé qui est la vie même, lumineuse, joyeuse, une très belle personne voyant toujours le bon côté des choses. Et qui tente de cerner et de comprendre sans cesse son mari.

On fera également connaissance au bout d'un moment avec Aline sa grande soeur, Jean-Baptiste son mari, et leurs quatre enfants. Une famille parfaite, un peu comme dans les catalogues ou les films...

A vous de jouer !

Voilà je ne pourrai pas tellement aller plus avant, sans vous en dire trop. C'est un roman très humain, qui vous emportera, et qui vous surprendra énormément ! Marie Vareilles a l'art de retourner les situations.

A la fin, vous pourrez écouter une interview de l'autrice, j'aime quand Audiolib propose cela, c'est toujours intéressant d'en savoir plus sur les coulisses d'un roman.
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