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EAN : 978B003WW5EKO
Amiot-Dumont (01/01/1950)
4.5/5   1 notes
Résumé :
"Ceci est un livre de bonne foi".

"Que l'ombre de Montaigne nous pardonne de lui emprunter cette phrase liminaire! Elle a sa place à la première page de ce livre qui relate un des épisodes les plus controversés de notre histoire récente et aussi un des plus douloureux. Au-delà des nécessités de la politique et d'une certaine propagande, les chefs responsables de la Marine française de 1940, les officiers, les marins qui périrent à Mers-El-Kébir et ceu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En juillet 1940, Churchill et l'Amirauté décidèrent de capturer ou de neutraliser la flotte française dont ils craignaient qu'elle puisse passer dans les mains ennemies.

Le 3 et le 6 juillet 1940, 1300 marins français périrent dans leurs navires à Mers-El-Kebir (près d'Oran) sous les coups des cuirassés britanniques puis des avions torpilleurs. Cette agression brisa l'alliance cordiale et poussa une partie de l'opinion et de la marine vers la collaboration.

Pierre Varillon fut le premier historien, en 1950, à publier une étude sérieuse sur ce drame. Il analyse longuement le contexte résultant des clauses de l'armistice, notamment son article 8 traitant du sort de notre flotte, et publie les ordres que l'Amiral Darlan transmit en mai et juin à ses subordonnés. Il décrit les échanges entre les équipes de Churchill d'une part et celles des chefs de gouvernement français successifs (Reynaud puis Pétain) et ce que ceci communiquèrent (partiellement) à leurs équipes civiles et militaires d'autre part.

Il rappelle les clauses de l'armistice et les conséquences qui en découlèrent sur les ports où nos navires furent désarmés fin juin. Il dissèque les positions des responsables de la Navy et le rôle de Churchill qui imposa pour des raisons plus politiques que militaires l'Opération Catapult qui mena au drame.

Cette première partie étayée par des copies de documents officiels et de nombreuses rencontres avec les amiraux et les commandants français fait encore référence aujourd'hui.

La seconde moitié de l'ouvrage résume la tragédie du 3 juillet et plus sommairement celle du 6. Ces pages émouvantes ont gravé dans le marbre les quelques minutes qui furent fatales à la flotte amarrée. L'auteur avait navigué avec nombre d'acteurs français de cette bataille et ces chapitres sont une plaidoirie qui masque certaines erreurs ou insuffisances révélées, parfois des années plus tard, par les témoins.

Ceci dit, cet ouvrage reste incontournable par sa documentation, et rend un bel hommage aux 1300 victimes et aux 4000 survivants de cet épisode, aussi dramatique que méconnu, de l'été 1940.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
A Londres même, dans l'entourage du général de Gaulle, la réaction fut identique. L'amiral Muselier raconte qu'à la nouvelle de l'opération, étant allé voir le général, il le trouva «effondré». «Nous abordâmes immédiatement, poursuit-il, le problème qui se posait pour nous et nous envisageâmes de demander au Gouvernement britannique de nous faire transporter dans une partie de l'Empire français non soumise en fait aux Allemands. De Gaulle songeait à Pondichéry ou à Saint-Pierre-et-Miquelon.» Au cours « d'une discussion assez vive », l'amiral déclara tout net aux Lords de la Mer : « si le sang français continuait à couler, ou si nos bâtiments étaient armés par la Marine britannique, sous pavillon de guerre anglais, ce serait la guerre, et il ne me resterait qu'à aller rejoindre mes camarades prisonniers dans les camps ».

Un de ses collaborateurs, renseigne de vaisseau Voisin, demanda à rejoindre ses camarades internés après la saisie de leurs bâtiments. Quant à son chef d'état-major, le capitaine de corvette de réserve, aujourd'hui amiral Thierry d'Argenlieu, il demanda quatre jours de permission pour aller méditer dans un couvent sur la conduite qu'il devait suivre. Il en revint quelques jours plus tard, déclarant à Muselier que lui ayant promis de servir sous ses ordres, un d'Argenlieu n'avait qu'une parole, mais qu'il estimait impossible de revêtir son uniforme sur le sol britannique et de remplir d'autre rôle que celui d'aumônier. Il devait peu après revenir sur sa décision. Néanmoins, pendant trois semaines, ce fut en austère costume de clergyman qu'il accompagna dans ses déplacements divers celui qu'il s'était donné pour chef.
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C'est aux contre-torpilleurs qu'il appartient de partir les premiers. Derrière eux doivent appareiller simultanément, par deux à la fois, le Strasbourg et le Dunkerque, puis la Bretagne et la Provence. Les chaînes d'amarrage ayant été filées, les bâtiments ne sont plus retenus que par des aussières que la mise en avant suffira pour rompre. Mais ils ne bougeront pas avant la première salve anglaise, de façon à n'en pas fournir le prétexte.

Elle arrive, hélas ! et dans un fracas de tonnerre à 16 h. 56. Quatre geysers de cent mètres de haut s'élèvent le long de la jetée. Aussitôt le signal d'appareillage général qui flotte aux drisses du Dunkerque est halé bas, devenant ainsi exécutoire.

Les contre-torpilleurs ont 900 mètres à parcourir avant d'atteindre les filets du barrage. En ligne de file, ils s'ébranlent, manœuvrant pour éviter les gerbes qui se dressent sur leur route. Car toute l'escadre anglaise tire maintenant à cadence accélérée. De minute en minute, vingt-quatre obus de 380 s'abattent dans l'étroit espace. De la distance où ils arrivent, moins de quinze mille mètres, il n'est pas de blindage capable de les arrêter.

Les cuirassés appareillent eux aussi.

La Bretagne a mis en avant à la vue des premières gerbes. Presque aussitôt après, un 380 l'atteint à tribord arrière, sous la cuirasse, à la hauteur des soutes à gargousses des tourelies IV et V. Les poudres s'enflamment et en fusant disloquent la coque. A travers les ponts béants une flamme gigantesque s'élève. Un autre obus arrive, qui explose dans les machines arrières. En quelques instants la moitié du bateau est en flammes.
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Lorsqu'à 16 h. 56, le 3 juillet 1940, la première salve anglaise s'abattit sur les vaisseaux français en rade de Mers-el-Kébir, il y avait cent vingt-cinq ans que la France et la Grande-Bretagne vivaient en paix, le dernier boulet tiré par les artilleurs de Wellington à Waterloo ayant, si l'on peut dire, mis le point final à une lutte qui durait depuis quatre siècles, poursuivie sur terre des Pays-Bas aux Indes, et sur toutes les mers.

Maîtresse des océans, reine incontestée du commerce mondial, disposant d'un Empire colonial d'une richesse fabuleuse et de bases lui permettant d'en assurer l'exploitation et la sécurité, l'Angleterre du début du XIX siècle ne craignait plus rien d'une France démantelée par la Révolution et saignée par l'Empire. Vingt-deux ans après Trafalgar, les vaisseaux de France et d'Angleterre se battaient ensemble contre le Turc à Navarin. La guerre de Crimée retrouvait leurs drapeaux unis à l'Alma et à Sébastopol, et l'on ne doit pas oublier que si Bismarck dut renoncer, en 1875, à achever une France qui se relevait trop rapidement à son gré, ce fut parce que le cabinet de Londres lui signifia qu'il ne le tolèrerait pas.
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Dans son livre Politics, Trials and Errors publié en janvier 1950, lord Hankey qui fut secrétaire du Comité de Défense Impériale de 1908 à 1938, secrétaire du Cabinet de guerre de 1916 à 1919 et en 1939-1940, puis membre du Gouvernement Churchill et l'un des hommes les mieux informés des secrets de la politique britannique, écrit :

Depuis la publication du second volume de M. Churchill : La Seconde Guerre Mondiale, des critiques aiguës se sont élevées en France au sujet du bombardement de la flotte française à Mers-el-Kébir (Oran) le 3 juillet 1940 par le dernier Amiral de la Flotte, sir James Somerville. (...)M. Pierre Varillon a même comparé ce deplorable épisode à l’action de Nelson à Copenhague. (...)

On est en droit de se demander si, dans le cas où nous aurions perdu la guerre (ce qui, à ce moment-là, était très possible) et qu'on eut créé une Cour nazie sur les principes de la Cour de Nuremberg, M. Churchill, le Conseil de l’Amirauté, les Commandants en chef de la marine — et même les ministres du Cabinet, de moindre importance comme moi-même qui ne surent rien de l'affaire avant de la lire dans la presse — n'eussent pas été inculpés du crime « de préparation d'une guerre d'agression », et condamnés à de lourdes peines.

...On doit se rappeler que nous ne combattions ni des Allemands, ni des Italiens contre lesquels nous étions en guerre, mais des Français qui avaient soutenu la guerre contre l’Allemagne à nos côtés... et auec qui nous n'étions pas en guerre...
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Entraîné à la poursuite du Strasbourg avec le Hood, Somerville peut charger ses cuirassés plus lents de parachever la besogne, surtout s'il redoute que d'autres unités n'ayant que des avaries légères puissent les réparer et s'échapper à la faveur de la nuit. Si les Anglais rouvrent le feu, ce sera le massacre intégral, la boucherie sans nom. L'amiral a-t-il le droit de faire si bon marché de la vie de tant d'hommes et de bâtiments réparables ?

Dans la plénitude de sa conscience, le Commandant en Chef français ne l'estime pas. Ce qui peut être sauvé doit l'être. Aussi bien, fait-il transmettre au Hood par T.S.F. le message suivant : « Vous demande de cesser le feu », message appuyé d'un pavillon carré hissé au grand mat, en référence au signal émis par le Foxhound à 13h30 : «Si vous acceptez mes propositions, hissez au grand mat un pavillon carré»... « En fait, a écrit l'amiral Gensoul dans son rapport, pour les bâtiments de Mers-el-Kébir, les propositions anglaises étaient momentanément satisfaites et je n'hésitais donc pas à user de ce signal pendant quelques minutes. »
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