En juillet 1940,
Churchill et l'Amirauté décidèrent de capturer ou de neutraliser la flotte française dont ils craignaient qu'elle puisse passer dans les mains ennemies.
Le 3 et le 6 juillet 1940, 1300 marins français périrent dans leurs navires à
Mers-El-Kebir (près d'Oran) sous les coups des cuirassés britanniques puis des avions torpilleurs. Cette agression brisa l'alliance cordiale et poussa une partie de l'opinion et de la marine vers la collaboration.
Pierre Varillon fut le premier historien, en 1950, à publier une étude sérieuse sur ce drame. Il analyse longuement le contexte résultant des clauses de l'armistice, notamment son article 8 traitant du sort de notre flotte, et publie les ordres que l'Amiral Darlan transmit en mai et juin à ses subordonnés. Il décrit les échanges entre les équipes de
Churchill d'une part et celles des chefs de gouvernement français successifs (Reynaud puis Pétain) et ce que ceci communiquèrent (partiellement) à leurs équipes civiles et militaires d'autre part.
Il rappelle les clauses de l'armistice et les conséquences qui en découlèrent sur les ports où nos navires furent désarmés fin juin. Il dissèque les positions des responsables de la Navy et le rôle de
Churchill qui imposa pour des raisons plus politiques que militaires l'Opération Catapult qui mena au drame.
Cette première partie étayée par des copies de documents officiels et de nombreuses rencontres avec les amiraux et les commandants français fait encore référence aujourd'hui.
La seconde moitié de l'ouvrage résume la tragédie du 3 juillet et plus sommairement celle du 6. Ces pages émouvantes ont gravé dans le marbre les quelques minutes qui furent fatales à la flotte amarrée. L'auteur avait navigué avec nombre d'acteurs français de cette bataille et ces chapitres sont une plaidoirie qui masque certaines erreurs ou insuffisances révélées, parfois des années plus tard, par les témoins.
Ceci dit, cet ouvrage reste incontournable par sa documentation, et rend un bel hommage aux 1300 victimes et aux 4000 survivants de cet épisode, aussi dramatique que méconnu, de l'été 1940.