Cet ouvrage qui ne prétend pas être exhaustif (il puise dans le fonds d'échantillons essentiellement parisiens conservés au département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France) nous plonge avec délice dans l'univers coloré des papiers peints au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle, alors que celui-ci envahit nombre d'intérieurs. L'essor des manufactures de papiers peints, essentiellement concentrées dans la capitale, est lié au développement du confort dans l'habitat, notamment en matière de chauffage. Afin de se prémunir de la contrefaçon, les fabricants débordant de créativité déposent des échantillons de leur production à la Bibliothèque nationale (le 19 juillet 1793 a été promulguée une loi relative à la défense de la propriété intellectuelle). Christine Velut, auteur d'une thèse sur « la production, la commercialisation et les usages des papiers peints à Paris de 1750 à 1820 », a conçu le plan de ce livre comme un répertoire de motifs classés par style : motifs architecturaux, imitation des matériaux, motifs géométriques, univers textile, scènes de genre, modèle antique, arabesques, monde végétal, animaux et fruits. Servi par une maquette séduisante qui privilégie les illustrations en pleine page et un très beau papier, cette publication se pose comme un ouvrage de référence. On y suit les étapes de fabrication des papiers peints et l'on découvre l'habileté déployée par les fabricants et les marchands installés en boutiques pour s'attacher les faveurs d'une clientèle internationale aisée ou modeste, mais aussi l'importance des dessinateurs, ou encore les motifs convenant pour chaque pièce, les techniques utilisées par les « colleurs »...
Par Nathalie d'Alincourt, critique parue dans L'Objet d'Art 551, décembre 2018
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