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De toutes les nouvelles de cette édition du Silence de la mer, c'est le Songe qui m'a le plus touché. Quelle puissance dans l'évocation de l'horreur humaine durant la Seconde Guerre mondiale. le passage par l'onirique permet d'amplifier la sensation, c'est quasi intenable. Il me semble avoir lu quelque part que la publication, toujours clandestine, de cette nouvelle avait été retardée de plusieurs années de crainte de toucher la population.

Mais revenons au Silence de la mer. le propos est de résister dans le silence, ce que Vercors fit lui-même dans une situation identique. Toutefois ce Silence n'est pas vide, loin de là, en dessous toutes sortes de courants, parfois opposés, charrient les sentiments. Cela s'exprime d'autant plus fortement corseté dans le silence. La plume est parfaite, Vercors écrit superbement avec ce qu'il faut d'humour pour supporter tout le reste.

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Le silence de la mer
Ce titre est à lui seul un coup de génie littéraire. Il suffit en cinq mots à résumer l'essence de cette courte nouvelle. Considérée depuis la surface, la tête hors de l'eau, qui devinerait que la mer est aussi pleine de sons, de vie, d'émotions ? Parce que c'est la guerre, les hôtes français d'un officier de la Wehrmacht, oncle et nièce, résistent en se taisant. Alors l'officier parle ou joue du piano puisqu'il est musicien.

La marche à l'étoile et autres nouvelles.
Dans l'édition du livre de poche, d'autres courts récits, tous situés pendant la seconde guerre mondiale et en France, nous appellent à ne pas nous aveugler, de bonne ou mauvaise foi, devant la sauvagerie, au risque d'y laisser vite ou la vie ou l'âme.
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Pour convaincre, persuader, faut-il discuter, argumenter, dialoguer, démontrer ou au contraire rester coi, muet, stoïque ?
Dans sa posface, l'argumentation de Jean Bruller, alias Vercors, développe longuement le pour et le contre. Finalement , ses personnages auront choisi de se taire pour ne pas communiquer avec l'ennemi aussi sympathique et avenant soit-il. Mais finalement von Ebrennac sera déstabilisé, voir anéanti par son propre clan, son ami l'égal de son frère après une discussion houleuse et sans rémission.
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Ce recueil de nouvelles a été pour moi une totale découverte. Je ne connaissais absolument pas l'histoire de Vercors, c'est donc avec ce livre que j'ai appris que c'était tout simplement le pseudonyme de Jean Bruller résistant et cofondateur des Editions de Minuit en 1942 pour laquelle le silence de la mer fut la première parution. C'est donc un récit écrit en pleine guerre et qui parle de la guerre.
La nouvelle principale et éponyme du recueil raconte l'histoire d'un homme et sa nièce qui, durant l'occupation, sont contraint d'héberger chez eux un officier allemand. Et pour signifier leur désapprobation malgré la contrainte l'oncle et la nièce livreront en retour un silence permanent et glacial à l'officier, celui-ci ne leur en tiendra pas rigueur bien au contraire il ne les en admirera que davantage. C'est au travers des yeux de l'oncle que l'on va vivre cette étrange cohabitation et où l'on découvrira jour après jour les pensées de celui-ci mais aussi celles de l'officier. J'ai trouvé cette histoire très émouvante sans en avoir l'air. C'est une histoire de ressentiments, de non-dits, de rapport de force, mais ce qu'on décèle dessous est terriblement humain. Là où la guerre oppose des entités, ici à l'échelle d'individualité on sent combien les hommes et les âmes peuvent se rejoindre malgré l'horreur.
L'autre nouvelle du recueil qui m'a beaucoup touchée c'est La marche à l'étoile. Elle est absolument bouleversante. le narrateur nous raconte l'histoire de Thomas Muritz, un jeune homme originaire de l'Empire Austro-Hongrois, qui depuis son adolescence nourrit une espèce d'amour obsessionnel pour la France. Il l'admire et en rêve durant des années, puis un jour il décide enfin de parcourir la moitié de l'Europe à pied et atteindre son but : Paris. Nous sommes au début du siècle, et à partir de là Thomas bâtira le reste de sa vie dans le pays de ses rêves, qui deviendra son pays de coeur. Mais la seconde guerre arrive et Thomas, verra l'objet de son rêve se transformer en cauchemar. C'est sincèrement l'une des histoire les plus déchirante que j'ai lu... Déchirante dans la cruauté du destin. C'est à la fois une ode à la France, à sa beauté et sa culture, et en même la triste réalité d'un temps où la France pouvait broyer ses propres enfants. Tout simplement bouleversant.

Ces deux nouvelles, et plus largement ce recueil, ont été des superbes découvertes de la plume de Bruller : une plume que j'ai trouvé chaque fois très belle et fluide. Mais surtout d'une extrême justesse, dans le réalisme d'une guerre qui revêt tant de facettes différentes, qui n'a jamais été binaire, et dans laquelle on trouve toujours, grâce à l'auteur, une grande humanité.
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Livre sous forme de nouvelles qui se passe pendant la seconde guerre mondiale , j'ai beaucoup aimé la première, celle dont une maison française doit accueillir un soldat allemand sous l'occupation. Les occupants de la maison décident de rester muet devant lui et ne prononceront pas de mots envers lui.
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« Vercors » n'est autre que le nom de résistant et le pseudonyme de Jean Bruller, illustrateur. Il fonde en 1941, une maison d'édition clandestine avec Pierre de Lescure. Une petite maison d'édition qui deviendra grande : il s'agit rien moins que « Les Editions de Minuit »…
Les Editions de Minuit, qui publient en 1942, un premier texte de Jean Bruller/Vercors : « le silence de la mer ».

Nous sommes au bord de la mer en 1941, au début de l'occupation. Dans la maison d'un village comme il y en eut tant dans la France occupée vivent un vieil homme et sa nièce. La maison est réquisitionnée : un officier allemand, Werner von Ebrennac, occupera une chambre au grand dam des habitants du lieu.
Le vieil homme et sa nièce s'enferment alors dans un mutisme forcené, malgré les tentatives de l'officier ; un officier élégant tant dans la forme que dans le fond : il est cultivé, francophone et francophile…et plaide en faveur du retour de l'Allemagne à ses vraies valeurs ; celles de la culture...

Dans le « Chanteur du silence » , Julos Beaucarne évoque « le va-et-vient du silence dans le spectre duquel se cachent toutes les musiques »… il y a fort à penser qu'ici le silence du vieil homme et de sa nièce contient toutes les formes de réprobation et de résistance face à l'occupant. Au même titre que le blanc n'est autre qu'un mélange invisible de toutes les couleurs visibles, ce silence pourrait bien être, ici, le fruit du mélange inaudible de tous les cris de révolte …

Bref, un petit opuscule à lire et à relire quand on est convaincu que la culture partagée reste et restera le ciment de l'entente entre les peuples.
Quelques adjectifs ; un texte : court, très court, élégant, émouvant, poignant…
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Écrites à partir de 1941 et publiées clandestinement par les "Éditions de Minuit", ces histoires courtes et indépendantes présentent l'intérêt d'être authentiquement de cette époque, et c'est à peu près tout. L'auteur m'a ennuyé par son côté moraliste et ses descriptions des gestes des personnages. Même s'il y a quelques beaux passages sur la France, sa culture, sa littérature, ses valeurs, je rejoins Sartre qui considérait que "Le Silence de la mer" était un "ouvrage de circonstance", et qui doutait qu'il puisse "passionner un public futur" (lu dans la postface).
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Pour qu'un livre vous bouleverse, le nombre de pages importe peu. Pour ma part j'ai eu des émotions très fortes avec « Guerre et paix », ou » le Docteur Jivago », ou pour rester français avec « Les Misérables » ou « Germinal » (pour donner quatre exemples « classiques ») j'en ai eu également avec des livres qui n'étaient pas des pavés, comme « Terre des hommes » ou « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » ou plus près de nous « Un long dimanche de fiançailles » ou « Ensemble c'est tout » … Vous me direz, c'est affaire de sensibilité, nous ne réagissons pas de la même façon devant les mêmes choses, et puis c'est la force, l'intensité de ce qui est écrit qui compte. Et vous aurez sans doute raison.
Voici un exemple de texte court, très court (34 pages très exactement) qui vous cloue à votre fauteuil, vous prend aux tripes et vous oblige non seulement à vous poser des questions, mais encore à trouver en vous des réponses…
Werner von Ebrennac est un officier allemand que les circonstances de la guerre obligent à se loger chez un vieil homme, le narrateur, qui vit avec sa nièce, une jeune fille. Werner est jeune, beau, cultivé, musicien, il met un point d'honneur à garder une courtoisie absolue, il bannit toute attitude de conquérant ou d'occupant. Bien au contraire, il parle de son amour pour la France, en tant que pays, nation et surtout en tant que culture. Face à lui il ne trouve qu'un mur de silence. Pas d'hostilité, rien que du silence. C'est une forme de résistance, farouche, à la fois impitoyable et absurde. L'officier peut d'un geste y mettre fin. Mais il ne le fera pas, il a une hauteur d'âme, un besoin de fraternité qui lui interdit toute violence. Cette situation est pathétique, car c'est une impasse pour les trois personnages. Pour l'officier d'abord qui voit ses efforts de conciliation réduits à néant. Et aussi pour l'oncle et la nièce qui n'ont rien à gagner dans cette attitude : la « victoire » de le voir partir à la fin de la nouvelle a un goût amer.
Il y a silence et silence. Celui qui préside ici, plus que le silence neutre est peuplé de non-dits. On sent qu'il suffirait de peu d chose pour que la situation se débloque. En écoutant les monologues de Werner, on ne peut qu'être ému de cette constance à essayer de tenter un dialogue (indirect, car il ne s'adresse jamais personnellement à ses interlocuteurs) et cet entêtement à se taire de l'oncle et de la nièce (qui par effet de miroir renvoie à l'entêtement à parler d'Antigone, aussi absurde, aussi inutile) est également émouvant dans sa puérilité.
Car peut-on parler de résistance passive dans ce cas de figure ? le fait que la nouvelle ait été éditée en pleine Occupation par des combattants de l'ombre, pousse certes à accepter cette explication, mais en y regardant bien, nous avons ici une situation qui pour être hautement dramatique, est assez peu crédible : un officier allemand de cette culture et surtout animé de cette envie de partage, peut-il accepter le travail qu'il fait ? L'oncle et la nièce sont-ils conscients de jouer avec le feu ? Il suffirait qu'un autre allemand entre dans la pièce pour qu'ils soient obligés de briser le silence.
On peut peut-être voir les choses un peu différemment, comme un appel pacifiste (Vercors, avant la guerre et jusqu'à ses débuts dans la Résistance, était foncièrement pacifiste) qui malheureusement tombe à plat pour cause d'intransigeance ou pour le moins d'incommunicabilité.
Finalement ce qui nous émeut profondément, ce qui donne à cette nouvelle sa grande force émotionnelle, c'est que l'auteur déclenche en nous une grande pitié pour ces personnages, pour lesquels on aurait souhaité certainement un meilleur sort.
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Je poursuis le mois de la nouvelle avec ce recueil devenu un classique, mais que je n'avais jamais lu. L'auteur en est Jean Bruller, sous le pseudonyme de Vercors, qui écrivit son premier texte en 1942, en réaction à la présence des Allemands. Imprimé clandestinement, il a été la première publication des éditions de Minuit.
Le silence de la mer raconte l'installation d'un officier allemand dans une maison habitée par un oncle et sa nièce, et le silence qu'ils lui opposent.

Si les autres nouvelles ont toutes pour cadre la France occupée, l'une d'elles, La marche à l'étoile, plonge ses racines plus loin, en Bohême, où Thomas Muritz, né à la fin du XIXème siècle, tombe amoureux de la culture française, et finit par réussir au terme d'une longue marche, à rejoindre son pays rêvé.
C'est peut-être la nouvelle que j'ai préférée, mais toutes sont très percutantes et exaltent les sentiments patriotiques et l'esprit de résistance. On ne peut qu'y trouver des échos à la situation actuelle en Ukraine. Ce que l'auteur montre de la Résistance n'est pas uniquement l'aspect intellectuel et la puissance des écrits, mais ce thème revient plusieurs fois. L'ensemble se révèle passionnant, même s'il est assez pesant, et c'est difficile pour le moral d'enchaîner les textes les uns à la suite des autres. Ce petit livre est à conseiller à tous, et très certainement à des lecteurs plus jeunes pour qui cette période historique commence à être un peu abstraite.
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Ces deux textes témoignent de l'amour de la France par les étrangers.
Le premier, plus connu, écrit en phrases courtes, narrant des faits, rien que des faits et reprenant le monologue dithyrambique de l'officier allemand exaltant les vertus quasi charnelles de la France et de l'Allemagne, comme deux époux attendant le mariage, selon lui, inévitable.
Il admire l'humanisme de la France, ses écrivains tels Racine, Molière, Hugo, Voltaire, et s'est engagé sur le voeu de son père, un ancien de 1914-1918, qui, humilié, n'a souhaité voir son fils entrer en France qu'en uniforme. C'est une des explications aussi de cette Seconde Guerre Mondiale que l'humiliation de l'Allemagne au traité de Versailles. En première partie, l'officier pense un peu naïvement que les autorités d'occupation vont conclure ce mariage en additionnant les vertus des deux pays mais lorsqu'il apprend, lors d'un voyage à Paris, que leur but est de détruire le pays, il décide de partir combattre dans une bataille suicidaire.
À ce monologue s'oppose le silence des deux personnes chez qui il vit : le narrateur, homme de la campagne taciturne, lisant et fumant la pipe et sa nièce qui lève à peine les yeux de son ouvrage mais dont les gestes sûrs ou tremblants sont épiés par le narrateur comme autant de réactions au discours de l'officier. Vercors a essayé de traduire les sentiments par les actions qu'il donne à faire à ses personnages. Au "cause toujours", succède l'émotion, à peine perceptible puis la dernière fissure prononcée cette fois, cet "adieu" du bout des lèvres.
Rien de manichéen dans cet échange franco-allemand de l'occupation, chacun garde sa part d'ombre et chacun laisse filtrer son humanité.
Le deuxième texte, ""la marche à l'étoile" est en fait l'histoire du père de Vercors, émigré Hongrois, qui avait pour but de rallier une France qu'il admirait pour ses auteurs (Hugo, Voltaire, Zola…) qui l'avaient subjugué. Son but est d'aller à Paris et plus précisément sur le Pont des Arts.
Il part à pied de Moravie, avec balluchon sur l'épaule et pécule en poche. Une rencontre fortuite sur ce fameux Pont des Arts l'amène à se lancer dans la vie et dans l'édition à bon marché de ses livres français préférés mais son amour de la France et sa foi en l'humanité ne seront pas récompensés pendant l'occupation où la dénonciation et le devoir du gendarme étaient malheureusement liés
malgré l'exécution d'ordres qui posaient des problèmes de conscience.
Amour contrarié de la France que ces deux textes. Je fus amené à lire le premier étant tombé un peu par hasard sur une rediffusion télévisée du film de Jean-Pierre Melville qui m'avait laissé une forte impression.
Je ne fus pas déçu.

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