Ces deux textes témoignent de l'amour de la France par les étrangers.
Le premier, plus connu, écrit en phrases courtes, narrant des faits, rien que des faits et reprenant le monologue dithyrambique de l'officier allemand exaltant les vertus quasi charnelles de la France et de l'Allemagne, comme deux époux attendant le mariage, selon lui, inévitable.
Il admire l'humanisme de la France, ses écrivains tels Racine,
Molière, Hugo,
Voltaire, et s'est engagé sur le voeu de son père, un ancien de 1914-1918, qui, humilié, n'a souhaité voir son fils entrer en France qu'en uniforme. C'est une des explications aussi de cette Seconde Guerre Mondiale que l'humiliation de l'Allemagne au traité de Versailles. En première partie, l'officier pense un peu naïvement que les autorités d'occupation vont conclure ce mariage en additionnant les vertus des deux pays mais lorsqu'il apprend, lors d'un voyage à
Paris, que leur but est de détruire le pays, il décide de partir combattre dans une bataille suicidaire.
À ce monologue s'oppose le silence des deux personnes chez qui il vit : le narrateur, homme de la campagne taciturne, lisant et fumant la pipe et sa nièce qui lève à peine les yeux de son ouvrage mais dont les gestes sûrs ou tremblants sont épiés par le narrateur comme autant de réactions au discours de l'officier. Vercors a essayé de traduire les sentiments par les actions qu'il donne à faire à ses personnages. Au "cause toujours", succède l'émotion, à peine perceptible puis la dernière fissure prononcée cette fois, cet "adieu" du bout des lèvres.
Rien de manichéen dans cet échange franco-allemand de l'occupation, chacun garde sa part d'ombre et chacun laisse filtrer son humanité.
Le deuxième texte, ""
la marche à l'étoile" est en fait l'histoire du père de Vercors, émigré Hongrois, qui avait pour but de rallier une France qu'il admirait pour ses auteurs (Hugo,
Voltaire,
Zola…) qui l'avaient subjugué. Son but est d'aller à
Paris et plus précisément sur le Pont des Arts.
Il part à pied de Moravie, avec balluchon sur l'épaule et pécule en poche. Une rencontre fortuite sur ce fameux Pont des Arts l'amène à se lancer dans la vie et dans l'édition à bon marché de ses livres français préférés mais son amour de la France et sa foi en l'humanité ne seront pas récompensés pendant l'occupation où la dénonciation et le devoir du gendarme étaient malheureusement liés
malgré l'exécution d'ordres qui posaient des problèmes de conscience.
Amour contrarié de la France que ces deux textes. Je fus amené à lire le premier étant tombé un peu par hasard sur une rediffusion télévisée du film de Jean-Pierre Melville qui m'avait laissé une forte impression.
Je ne fus pas déçu.