AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 1006 notes
5
27 avis
4
30 avis
3
15 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Vercors » n'est autre que le nom de résistant et le pseudonyme de Jean Bruller, illustrateur. Il fonde en 1941, une maison d'édition clandestine avec Pierre de Lescure. Une petite maison d'édition qui deviendra grande : il s'agit rien moins que « Les Editions de Minuit »…
Les Editions de Minuit, qui publient en 1942, un premier texte de Jean Bruller/Vercors : « le silence de la mer ».

Nous sommes au bord de la mer en 1941, au début de l'occupation. Dans la maison d'un village comme il y en eut tant dans la France occupée vivent un vieil homme et sa nièce. La maison est réquisitionnée : un officier allemand, Werner von Ebrennac, occupera une chambre au grand dam des habitants du lieu.
Le vieil homme et sa nièce s'enferment alors dans un mutisme forcené, malgré les tentatives de l'officier ; un officier élégant tant dans la forme que dans le fond : il est cultivé, francophone et francophile…et plaide en faveur du retour de l'Allemagne à ses vraies valeurs ; celles de la culture...

Dans le « Chanteur du silence » , Julos Beaucarne évoque « le va-et-vient du silence dans le spectre duquel se cachent toutes les musiques »… il y a fort à penser qu'ici le silence du vieil homme et de sa nièce contient toutes les formes de réprobation et de résistance face à l'occupant. Au même titre que le blanc n'est autre qu'un mélange invisible de toutes les couleurs visibles, ce silence pourrait bien être, ici, le fruit du mélange inaudible de tous les cris de révolte …

Bref, un petit opuscule à lire et à relire quand on est convaincu que la culture partagée reste et restera le ciment de l'entente entre les peuples.
Quelques adjectifs ; un texte : court, très court, élégant, émouvant, poignant…
Commenter  J’apprécie          332
Écrit en pleine guerre en 1941, par Vercors, nom de résistance et de plume de Jean Bruller, le Silence de la Mer est un huis clos entre 3 personnages, un homme et sa nièce habitant une ferme réquisitionnée et un jeune officier allemand, Werner von Ebrennac, qui vit dans l'une des pièces de la maison.
Ce dernier est bien loin du cliché de l'envahisseur, il est humain, tolérant, lettré et cultivé. Un homme avec lequel on aurait plaisir à parler, un homme qu'on aimerait avoir comme proche, un homme sensible tolérant, pas du tout le nazi dominateur, un homme peu différent de la jeune femme et de son oncle, peu différent de chacun de nous

Oui, mais il est allemand….et occupant.
Alors l'homme et sa nièce ne peuvent qu'opposer un silence impassible (presque) en résistance à sa présence. Un silence qui amènera l'officier à les quitter.
Une petite histoire sur l'amitié, au sein de la grande l'Histoire.
Dans le même ouvrage : d'autres nouvelles « La marche à l'étoile » ou « L'imprimerie de Verdun » moins connues mais aussi agréables et toutes écrites pendant la guerre ou quelques mois après
Lien : http://mesbelleslectures.com..
Commenter  J’apprécie          180
Nouvelles écrites clandestinement au début de la guerre, au moment où les mots pouvaient encore signifier quelque chose. On est transporté par la justesse des sentiments de ces nouvelles. le silence de la mer étant la plus connue (adaptée sans grand succès au cinéma) car une des plus puissante, où le silence est signe de désobéissance et où un seul mot ("adieu") prend l'ampleur d'une émotion énorme: l'amour. Mais les autres nouvelles aussi sont terribles notamment celle du bon homme qui a confiance en la police française, celle du français qui n'aime pas les juifs, mais ne comprend pas qu'on s'en prenne à son collègue. Un recueil qui pointe déjà les désillusions apportées par Pétain, un régime vicié qui a collaboré étroitement avec l'ennemi. Mais aussi un hommage à ceux qui ont résisté et ont disparu.
Commenter  J’apprécie          160
Un excellent recueil de nouvelles à mettre entre tous les mains. La plupart d'entre elles sont bouleversantes, attention aux âmes sensibles, et toutes elles sont magnifiquement écrites. La plus extraordinaire reste celle qui donne son nom au recueil mais les autres méritent tout autant d'être découvertes.
Ces nouvelles ayant été écrites apparemment entre 1941 et 1945, est-il besoin d'expliquer quel sujet elles abordent? Un enfant qui assiste à la déportation de ses parents, trop jeune pour comprendre, un ancien de Verdun qui croit à Pétain bien trop longtemps et s'en trouve brisé, un officier allemand envoyé habiter dans une maison française, dans cette France qu'il aime mais occupe....
C'est oppressant, marquant et à lire.
Commenter  J’apprécie          150
La nouvelle la plus poignante du recueil... Sans doute parce que tous les sentiments humains s'y mêlent dans un huis clos à 3 : amour, estime, amitié (ou presque), capitulation, déception, haine aussi sans doute au début. Que tout semble à sens unique, jusqu'à la fin, où tout se révèle en un mot : "Adieu".
Toutes écrites en temps de guerre, ces nouvelles dévoilent des âmes de résistants, même là où on ne les attend pas. Mais aussi de la peur, de la culpabilité. Tout ce par quoi les contemporains de cette époque ont pu passer.
Un recueil d'une grande force, qui mérite sa place aux côtés de L'armée des ombres de Kessel.
Commenter  J’apprécie          130
Existe-t-il un texte plus beau que celui-ci ? Des plus grands, bien sûr, des plus importants peut-être même. Des plus puissants, sans doute. Mais plus beau ?
Existe-t-il des lecteurs qui peuvent ne pas apprécier ce court et bouleversant texte de Vercors sur l'impossible amour entre un homme de coeur et une femme de tête, ennemis déclarés par la guerre, coeurs emprisonnés dans l'époque, sentiments censurés par la folie des intérêts inhumains ?
Si le beau tient à la forme de l'oeuvre plus encore qu'à son contenu, connaît-t-on une langue plus accomplie ? Si le beau tient à l'équilibre des proportions, à leur harmonie, sait-on si jamais livre ne fut plus ciselé, plus mesuré, plus dompté ? Sait-on un texte dont chaque mot serait aussi précieux, aussi étincelant, donc chaque phrase serait plus belle, mieux tournée ? Et a-t-on idée d'une histoire qui conjuguerait avec plus de force les grandes idées que le silence de la mer propose : l'ambivalence des sentiments comme un échos à celle de la culture, la violence sourde de la lutte du bien et du mal, dans le monde comme au coeur de chacun ? Car ce silence de la mer (monde du silence s'il en est), c'est d'abord la discrétion nécessaire de l'armée de l'ombre, et jusqu'à la résistance par le taire, d'une femme qui ne laissera pas le soldat occupant pénétrer ni son âme, ni son coeur. C'est aussi l'histoire d'un homme en lutte avec lui-même : « Certes, sous le silence d'antan, – comme, sous la calme surface des eaux, la mêlée des bêtes sous la mer, je sentais bien grouiller la vie sous-marine des sentiments cachés, des désirs et des pensées qui se nient et qui luttent ». C'est encore le silence de la mort qui engloutit toute vérité : « Tout ce que j'ai dit ces six mois, tout ce que les murs de cette pièce ont entendu […] il faut l'oublier »… A moins que ce silence ne masque trop la lumière qui jamais n'est tout à fait éteinte, car « alors pour la première fois – pour la première fois – elle offrit à l'officier le regard de ses yeux pâles ». le silence de la mer n'est pas seulement une tragédie, c'est aussi l'espoir : de la vie sous les flots, même les plus sombres. La mer n'est-elle pas l'origine de toute vie ?
Commenter  J’apprécie          122
Ce recueil de nouvelles a été pour moi une totale découverte. Je ne connaissais absolument pas l'histoire de Vercors, c'est donc avec ce livre que j'ai appris que c'était tout simplement le pseudonyme de Jean Bruller résistant et cofondateur des Editions de Minuit en 1942 pour laquelle le silence de la mer fut la première parution. C'est donc un récit écrit en pleine guerre et qui parle de la guerre.
La nouvelle principale et éponyme du recueil raconte l'histoire d'un homme et sa nièce qui, durant l'occupation, sont contraint d'héberger chez eux un officier allemand. Et pour signifier leur désapprobation malgré la contrainte l'oncle et la nièce livreront en retour un silence permanent et glacial à l'officier, celui-ci ne leur en tiendra pas rigueur bien au contraire il ne les en admirera que davantage. C'est au travers des yeux de l'oncle que l'on va vivre cette étrange cohabitation et où l'on découvrira jour après jour les pensées de celui-ci mais aussi celles de l'officier. J'ai trouvé cette histoire très émouvante sans en avoir l'air. C'est une histoire de ressentiments, de non-dits, de rapport de force, mais ce qu'on décèle dessous est terriblement humain. Là où la guerre oppose des entités, ici à l'échelle d'individualité on sent combien les hommes et les âmes peuvent se rejoindre malgré l'horreur.
L'autre nouvelle du recueil qui m'a beaucoup touchée c'est La marche à l'étoile. Elle est absolument bouleversante. le narrateur nous raconte l'histoire de Thomas Muritz, un jeune homme originaire de l'Empire Austro-Hongrois, qui depuis son adolescence nourrit une espèce d'amour obsessionnel pour la France. Il l'admire et en rêve durant des années, puis un jour il décide enfin de parcourir la moitié de l'Europe à pied et atteindre son but : Paris. Nous sommes au début du siècle, et à partir de là Thomas bâtira le reste de sa vie dans le pays de ses rêves, qui deviendra son pays de coeur. Mais la seconde guerre arrive et Thomas, verra l'objet de son rêve se transformer en cauchemar. C'est sincèrement l'une des histoire les plus déchirante que j'ai lu... Déchirante dans la cruauté du destin. C'est à la fois une ode à la France, à sa beauté et sa culture, et en même la triste réalité d'un temps où la France pouvait broyer ses propres enfants. Tout simplement bouleversant.

Ces deux nouvelles, et plus largement ce recueil, ont été des superbes découvertes de la plume de Bruller : une plume que j'ai trouvé chaque fois très belle et fluide. Mais surtout d'une extrême justesse, dans le réalisme d'une guerre qui revêt tant de facettes différentes, qui n'a jamais été binaire, et dans laquelle on trouve toujours, grâce à l'auteur, une grande humanité.
Commenter  J’apprécie          70
Ces deux textes témoignent de l'amour de la France par les étrangers.
Le premier, plus connu, écrit en phrases courtes, narrant des faits, rien que des faits et reprenant le monologue dithyrambique de l'officier allemand exaltant les vertus quasi charnelles de la France et de l'Allemagne, comme deux époux attendant le mariage, selon lui, inévitable.
Il admire l'humanisme de la France, ses écrivains tels Racine, Molière, Hugo, Voltaire, et s'est engagé sur le voeu de son père, un ancien de 1914-1918, qui, humilié, n'a souhaité voir son fils entrer en France qu'en uniforme. C'est une des explications aussi de cette Seconde Guerre Mondiale que l'humiliation de l'Allemagne au traité de Versailles. En première partie, l'officier pense un peu naïvement que les autorités d'occupation vont conclure ce mariage en additionnant les vertus des deux pays mais lorsqu'il apprend, lors d'un voyage à Paris, que leur but est de détruire le pays, il décide de partir combattre dans une bataille suicidaire.
À ce monologue s'oppose le silence des deux personnes chez qui il vit : le narrateur, homme de la campagne taciturne, lisant et fumant la pipe et sa nièce qui lève à peine les yeux de son ouvrage mais dont les gestes sûrs ou tremblants sont épiés par le narrateur comme autant de réactions au discours de l'officier. Vercors a essayé de traduire les sentiments par les actions qu'il donne à faire à ses personnages. Au "cause toujours", succède l'émotion, à peine perceptible puis la dernière fissure prononcée cette fois, cet "adieu" du bout des lèvres.
Rien de manichéen dans cet échange franco-allemand de l'occupation, chacun garde sa part d'ombre et chacun laisse filtrer son humanité.
Le deuxième texte, ""la marche à l'étoile" est en fait l'histoire du père de Vercors, émigré Hongrois, qui avait pour but de rallier une France qu'il admirait pour ses auteurs (Hugo, Voltaire, Zola…) qui l'avaient subjugué. Son but est d'aller à Paris et plus précisément sur le Pont des Arts.
Il part à pied de Moravie, avec balluchon sur l'épaule et pécule en poche. Une rencontre fortuite sur ce fameux Pont des Arts l'amène à se lancer dans la vie et dans l'édition à bon marché de ses livres français préférés mais son amour de la France et sa foi en l'humanité ne seront pas récompensés pendant l'occupation où la dénonciation et le devoir du gendarme étaient malheureusement liés
malgré l'exécution d'ordres qui posaient des problèmes de conscience.
Amour contrarié de la France que ces deux textes. Je fus amené à lire le premier étant tombé un peu par hasard sur une rediffusion télévisée du film de Jean-Pierre Melville qui m'avait laissé une forte impression.
Je ne fus pas déçu.

Commenter  J’apprécie          72
J'ai commencé à m'intéresser à Vercors après avoir vu le téléfilm "Le Silence de la mer". Personnellement j'ai trouvé ce film assez bien fait, ce qui m'a donné l'envie de lire la nouvelle. Je n'ai pas été déçue. Les nouvelles sont très intéressantes et très bien écrites. C'est un véritable témoignage de la période d'occupation pendant la seconde guerre mondiale. Les émotions sont présentes, décrites avec justesse.
C'est un livre que je recommande !
Commenter  J’apprécie          70
Pour qu'un livre vous bouleverse, le nombre de pages importe peu. Pour ma part j'ai eu des émotions très fortes avec « Guerre et paix », ou » le Docteur Jivago », ou pour rester français avec « Les Misérables » ou « Germinal » (pour donner quatre exemples « classiques ») j'en ai eu également avec des livres qui n'étaient pas des pavés, comme « Terre des hommes » ou « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » ou plus près de nous « Un long dimanche de fiançailles » ou « Ensemble c'est tout » … Vous me direz, c'est affaire de sensibilité, nous ne réagissons pas de la même façon devant les mêmes choses, et puis c'est la force, l'intensité de ce qui est écrit qui compte. Et vous aurez sans doute raison.
Voici un exemple de texte court, très court (34 pages très exactement) qui vous cloue à votre fauteuil, vous prend aux tripes et vous oblige non seulement à vous poser des questions, mais encore à trouver en vous des réponses…
Werner von Ebrennac est un officier allemand que les circonstances de la guerre obligent à se loger chez un vieil homme, le narrateur, qui vit avec sa nièce, une jeune fille. Werner est jeune, beau, cultivé, musicien, il met un point d'honneur à garder une courtoisie absolue, il bannit toute attitude de conquérant ou d'occupant. Bien au contraire, il parle de son amour pour la France, en tant que pays, nation et surtout en tant que culture. Face à lui il ne trouve qu'un mur de silence. Pas d'hostilité, rien que du silence. C'est une forme de résistance, farouche, à la fois impitoyable et absurde. L'officier peut d'un geste y mettre fin. Mais il ne le fera pas, il a une hauteur d'âme, un besoin de fraternité qui lui interdit toute violence. Cette situation est pathétique, car c'est une impasse pour les trois personnages. Pour l'officier d'abord qui voit ses efforts de conciliation réduits à néant. Et aussi pour l'oncle et la nièce qui n'ont rien à gagner dans cette attitude : la « victoire » de le voir partir à la fin de la nouvelle a un goût amer.
Il y a silence et silence. Celui qui préside ici, plus que le silence neutre est peuplé de non-dits. On sent qu'il suffirait de peu d chose pour que la situation se débloque. En écoutant les monologues de Werner, on ne peut qu'être ému de cette constance à essayer de tenter un dialogue (indirect, car il ne s'adresse jamais personnellement à ses interlocuteurs) et cet entêtement à se taire de l'oncle et de la nièce (qui par effet de miroir renvoie à l'entêtement à parler d'Antigone, aussi absurde, aussi inutile) est également émouvant dans sa puérilité.
Car peut-on parler de résistance passive dans ce cas de figure ? le fait que la nouvelle ait été éditée en pleine Occupation par des combattants de l'ombre, pousse certes à accepter cette explication, mais en y regardant bien, nous avons ici une situation qui pour être hautement dramatique, est assez peu crédible : un officier allemand de cette culture et surtout animé de cette envie de partage, peut-il accepter le travail qu'il fait ? L'oncle et la nièce sont-ils conscients de jouer avec le feu ? Il suffirait qu'un autre allemand entre dans la pièce pour qu'ils soient obligés de briser le silence.
On peut peut-être voir les choses un peu différemment, comme un appel pacifiste (Vercors, avant la guerre et jusqu'à ses débuts dans la Résistance, était foncièrement pacifiste) qui malheureusement tombe à plat pour cause d'intransigeance ou pour le moins d'incommunicabilité.
Finalement ce qui nous émeut profondément, ce qui donne à cette nouvelle sa grande force émotionnelle, c'est que l'auteur déclenche en nous une grande pitié pour ces personnages, pour lesquels on aurait souhaité certainement un meilleur sort.
Commenter  J’apprécie          62




Lecteurs (3276) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3667 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}