Zoo : Ou l'Assassin philanthrope

J'avais lu il y a longtemps« les animaux dénaturés » de Vercors et j'avais été très marquée par le prétexte invraisemblable et l'humour de ce roman qui finalement cherche à traiter d'un thème très sérieux, à la fois anthropologique, philosophique, scientifique: comment définir l'homme?quel est le propre de l'homme?
Vercors reprend ce thème sous la forme plus courte et dynamique de pièce de théâtre. Zoo ou l'assassin philanthrope.
Un journaliste usant d'un stratagème amoral met toute la société britannique, la cour de justice , des scientifiques ,un homme d'église et les jurés au pied du mur, pour statuer de la nature du bébé qu'il vient de tuer/ bébé humain ou non humain. Car il, était le fruit d'une insémination avec une femelle de l'espèce pithécanthrope surnommée tropi récemment découverte en Nouvelle-Guinée et qui présente des caractéristiques humaines et animales. Mais alors, ce bébé est-il un homme ou un singe ?Si le bebe est un humain le journaliste est un assassin tandis que si le bebe est un animal il sera relaxé.

Les Tropi pourraient représenter le fameux chainon manquant entre le singe et l'homme.

Bien que cette fiction soit drolatique il n'en demeure pas moins que le sujet est très délicat et peut mettre mal à l'aise. Vercors transpose cette fiction dans la société anglaise qui pourrait bien être celle du 19 eme siècle. On touche à du sacré et les hommes paraissent très agités autour de notions tabous, de pulsions racistes, et d'ethnocentrisme.
Au delà de cette controverse se trouvent des enjeux économiques puisque l'Australie exploite des Tropi dans ses usines textiles, main d'oeuvre qui ne leur coute rien . Si ce sont des humains alors ce sont aussi des esclaves ce que l'Angleterre rivale économique de l'Australie souhaite prouver et condamner.
Voilà toute la société sommée de se prononcer. dispute . controverse.

la controverse de Valliadolid apparait en filigrane quand il s'est agi de déterminer si les amérindiens étaient des hommes , avaient ils une âme et donc biensur quel était leur statut vis à vis de l'église.

Qu'est ce que l'humanité ? Qu'est ce qui nous différencie des autres animaux, nous, humains, persuadés de notre supériorité ?
Dans Zoo ou l'Assassin philanthrope, ce sont ces questions que pose Vercors, avec la volonté d'y répondre, nous donner une définition de l'Homme, tout en laissant le lecteur explorer lui même sa vision de l'humanité.

Douglas Templemore, journaliste, est confronté, avec de nombreux experts en zoologie, anthropologie ou encore paléontologie, à une nouvelle espèce d'hominidé. Mais les Tropis (contraction de Paranthropus erectus) sont-ils hommes ou singes ? C'est là tout le coeur du problème.
Et pour résoudre ce dernier, le journaliste décide d'inséminer des femelles et au terme de leur gestation, de tuer un enfant issu de ce croisement. La justice britannique est alors contrainte de statuer l'appartenance ou non de ces animaux au groupe des hommes. S'en suit le long procès durant lequel nombre de spécialistes se contredisent, déstabilisant les jurés à n'en plus finir. Deux camps s'affrontent : les partisans de leur humanité, et ceux de leur animalité. Aucun des deux camps semblent émerger et quand un élément déterminant est introduit, un deuxième vient immédiatement le contrebalancer.

Durant ce procès, des intérêts financiers et économiques se mêlent à la question philosophique et on perçoit nettement l'ironie percutante de l'auteur. Au commencement, on est persuadé de savoir ce qu'est et représente l'humanité, lorsque l'on finit le livre, on se rend compte de toute la difficulté de savoir ce qu'est réellement un homme et encore plus d'en donner une définition.

Un premier livre lu de Vercors, qui donne envie de découvrir son oeuvre dans son ensemble.

voici donc une pièce de théâtre qui a su me marquer. je l'avais lue dans le cadre d'un cours d'HLP l'année dernière en 1ère. c'est une oeuvre à laquelle je pense souvent.

en relisant à l'instant quelques extraits, je retrouve les mêmes sensations que j'avais pu éprouver en lisant cette pièce pour la première fois. je suis admirative de cette oeuvre, tant elle résonne de justesse et d'une argumentation riche et pertinente. puisque les scènes se tiennent dans un tribunal, chaque personnage y va de ses observations, de ses opinions. les arguments de chacun crées un débat absolument passionnant et qui nous fait questionner la place de l'Homme dans le monde. je n'ai cessé d'annoter mon livre tant les mots des personnages étaient marquants. d'ailleurs, cette lecture m'a rappelé mon immense coup de coeur signé Jean-Claude Carrière, "La Controverse de Valladolid". si vous avez aimé cette oeuvre, foncez découvrir "Zoo".

les trois dernières scènes subliment l'ensemble de l'oeuvre. j'ai ri, j'ai réfléchi... un sans faute. une lecture absolument merveilleuse !

les différentes didascalies laissent présager une très intéressante mise en scène que j'aimerais beaucoup voir interprétée sur les planches !

(issu de mon compte Instagram @l.iris.me)

Une pièce de théâtre sur la définition de l'Homme .
S'agissant d'une pièce de théâtre, l'oeuvre n'est pas très longue et la thématique est plus abordée que véritablement traitée, mais elle nous pousse à nous interroger sur ce qui nous différencie ( ou pas) des autres êtres vivants, sur la présumée supériorité de l'homme , sue ce qui nous définit... La réponse apportée est celle à laquelle aboutissent les protagonistes de la pièce, en fonction des éléments communiqués par chacun, mais elle n'est pas érigée en vérité absolue.
Malgré le thème, la pièce est plutôt drôle et facile à lire. Si j'en ai l'occasion, je lirai avec plaisir le roman qui est à l'origine de la pièce " Les animaux dénaturés"

Bon livre de philosophie. Réflexion de l'Homme comparé au singe. Je pense que cette version théâtrale représente mieux les interactions entre les individus notamment au tout début du texte. Cependant, il faut avoir compris, dès le début de l'intrigue, les rôles de chacun des personnages et leurs liens entre eux pour mieux être ancré dans la pièce.

Zoo ou l'Assassin philanthrope est la version théâtrale du roman de l'auteur "Les animaux dénaturés". Il s'agit d'un drame faisant intervenir anthropologues, paléontologues, zoologistes et médecins lors d'un procès dont la question primordiale est : "Qu'est-ce qu'un homme?". Cette pièce de théâtre, retraçant un procès est assez complexe, proche d'un conte philosophique alliant satire et réflexion morale. Cette lecture me donne envie de découvrir le roman de Vercors, auteur que j'avais déjà apprécié lors de ma lecture de son roman "Le silence de la mer".

Si le “Silence de la mer” était tout en délicatesse cette fable tragi- comique s'ouvre sur un infanticide assez dérangeant même s'il est traité sur un mode humoristique apparent. Qu'est-ce que l'homme? Quelle est la frontière entre l'homme et le singe , le plus ressemblant à l'homme?
Dès le départ j'ai pensé au théâtre de Brecht et à sa fameuse DISTANCIATION. Chez Brecht en effet il est interdit de s'identifier complètement aux personnages mais la pièce sert à faire une étude critique( marxiste) de la société. Ici aussi l'auteur s'interroge sur le thème de l'homme et sa réelle définition, les acteurs abordent des sujets existentiels avec dérision.
En même temps la structure de l'intrigue demeure très classique avec une thèse ( accusation , l'enfant est un homme) antithèse ( disculpation, l'enfant est un singe) synthèse ( disculpation même si l'enfant est un homme)

De Vercors, on ne connait guère que "Le silence de la mer". On sait beaucoup moins qu'il a été auteur de théâtre, notamment avec cette pièce qui interroge sur l'homme et la société. Pas toujours facile à aborder par son style, il est source de réflexions, de critiques envers nous même et le monde qui nous entoure. La lecture est fascinante pour le lecteur qui persévère et s'accroche.
Lien : https://www.babelio.com/livr..

Cet auteur m'a toujours fasciné, j'initiai ainsi ma lecture sous de bons auspices. Et voilà l'exemple même d'une lecture intelligente ET divertissante, de celle qui fait réfléchir sans douleurs encéphaliques.
Adios Doliprane je t'aimais bien,
Mais de toi je n'ai point besoin
Quand je lis l'histoire de l'Assassin.
Zoo m'a interpellé:
- Hep! vous là! Vous n'y aviez pas pensé ?
- Non, je suis un tropi qui s'ignore...

Un jeune journaliste, Douglas Templemore, convoque le médecin à la fin de la nuit pour lui annoncer qu'il a tué son fils... Or son fils n'est peut-être pas un humain, car la "mère" appartient à l'espèce Paranthropus erectus et a été logée... dans un zoo. Dans ce cas, est-il toujours un meurtrier ? Il faudrait qu'il soit condamné pour que les Paranthropi, en danger d'être exploités comme des animaux, et découverts en Australie, soient déclarés symétriquement humains ; il faudrait qu'ils ne le soient pas pour qu'il échappe à la peine capitale.

Cf. suite de la note de lecture sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..