Tombant sur un exemplaire dans une brocante, je me suis dit pourquoi pas, ce serait l'occasion à moindre coût de découvrir cet auteur de renom.
Hé bien, je n'irai pas par quatre chemins : c'est vraiment, vraiment, très, très mal écrit. On me dira que c'est un genre littéraire spécial, que c'est du
Vian et qu'il faut savoir aimer, mais non. Objectivement, c'est une oeuvre immature rédigée par un amateur. Je comprends l'idée du style allusif, et celle de la profondeur de l'histoire se découvrant et prenant consistance par petites touches au détour de quelques phrases laissés par-ci par-là, mais même là, c'est terriblement mauvais. Il faut parfois revenir sur sa lecture pour savoir qui parle, s'il faut bien comprendre des propos au premier degré…
Il semblerait que ce livre a été écrit en seulement deux semaines, et cela se ressent : les phrases sont jetées les unes derrière les autres sans qu'une construction semble avoir été réellement pensée. Conséquence, le personnage principal se lance spontanément au beau milieu de l'histoire dans une vengeance totalement irrationnelle, celle de son frère injustement tué, alors que rien dans sa propre vie, ou dans ses sentiments ou sa relation avec ce « gosse » ne justifie réellement.
Bien sûr, il y a cette louable acte de dénonce du racisme ambiant aux États-Unis, et je n'ai rien à redire sur le style cru employé, mais quand-même… il s'agit ni-plus ni-moins d'une série de rapports sexuels qu'a un prédateur adulte sur diverses mineures de 14-15 ans qui y sont décrits et normalisés, où chaque jeune fille semble naturellement n'attendre qu'une chose, qu'un adulte vienne la prendre entre deux verres d'alcool… lorsqu'il ne s'agit simplement pas de viols immondes, pourquoi pas, sur des enfants de 10 ans. On me dira que c'est un texte d'une autre époque, qu'il faut le remettre dans le contexte (quelle blague), moi grâce à ce livre, je comprends mieux les propos et moeurs pervers et complaisants avec la pédophilie de quelques détraqués issus de cette époque (coucou
Polanski, Claude-François et Cohn-Bendit, notamment), et c'est sans doute le seul intérêt que j'ai trouvé à ce livre ; le second résidant dans sa qualité à se lire vite.
Promis, je suis pourtant allé jusqu'au bout avec le terrible espoir d'être surpris, et quelle désillusion, je suis bien incapable de comprendre comment on peut autant s'enthousiasmer à la lecture de ce livre, mais je pense que certains savent se contenter de peu, j'imagine que n'importe quel roman de gare leur ferait l'affaire (avec peut-être moins de scènes pornographiques, sinon Babelio a créé une petite sélection à votre attention : https://www.babelio.com/livres-/roman-pornographique/19922 ).
En fait, pour être honnête, il y a bien un passage qui m'a plu, terminant les repères bio-bibliographiques à la toute fin de l'édition que je possède :
« 25 juin 1959 : Mort de
Boris Vian pendant la projection du film tiré de J'irai cracher et qu'il désapprouvait. »
Note pour plus tard : Penser à cracher sur sa tombe en passant par Ville-d'Avray.