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3,89

sur 4959 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Boris Vian prend un pseudonyme et se livre dans un roman policier noir (sans aucune once de racisme !) sur la condition des Noirs face au racisme des Blancs.

Le titre est évocateur et clair, on intègre rapidement qu'il s'agit d'une histoire de vengeance. Mais cela va plus loin ! Il s'agit du refus d'accepter d'être marginalisé et de la nécessité viscérale de se délivrer d'une douleur trop violente en faisant mal à son tour.
C'est un cri de rage et de désespoir pour défendre ses origines, sa couleur de peau.

C'est une lecture dérangeante. La crudité des propos est là pour mieux accentuer ce qu'elle veut dénoncer.
Acide, grinçante, parfois l'écriture est quasi automatique, sans fioritures ni demi-mesure, dans un style brutal qui transmet une sorte d'énergie bestiale.
Cet instinct animal tapi à l'intérieur de chaque être est prêt à tout pour calmer la colère, la tristesse, la frustration.

La rage qui pousse à la vengeance.

L'étude de la psychologie des personnages est très fine, et sans les absoudre, l'auteur essaye de comprendre les comportements abjects qui les placent autant comme victime que comme bourreau.

Tragique et enragé Boris Vian veut qu'on regarde de front la noirceur d'un monde sans concession et condamne le racisme sous toutes ses formes, dans une période historique marquée par l'antisémitisme et l'apartheid.


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1946 , première parution en date sous le pseudonyme de Vernon Sullivan .
1949 , interdiction prononcée pour atteinte aux bonnes moeurs assortie d'une condamnation de principe .
Si ce genre de mésaventure prête à loler comme un ouf' de nos jours , il nous faut , cependant , nous replonger dans le contexte d'époque , spécifiquement dans ce bon vieux Sud , terre d'accueil toujours aussi emblématique pour le frère de couleur en mal d'amitié sincère et durable qui se voyait immanquablement , dès son arrivée , chaleureusement offrir une petite cagoule blanche en pointe du plus bel effet quand ce n'était pas la corde de l'amitié voire le petit braséro de la St Jean , signe d'une camaraderie indéfectible en devenir !

Lee Anderson , 26 balais , vient s'échouer à Buckton pour y tenir une petite librairie .
Ses hobbies ? le triple B : écouter ou jouer du blues , boire et baiser .
Son histoire , sa quête , son inaccessible espoir , il va l'inscrire dans le stupre et le sang , un seul leitmotiv comme moteur de vie : la vengeance obsessionnelle !

J'irai cracher sur vos tombes est effectivement d'une rare violence . Brutalité des mots , furie libidineuse des corps et des âmes . Ici , point de héros susceptible de susciter la moindre empathie car tout n'est que débauche , luxure et dépravation . Ah , elle est belle la jeunesse , tiens !
On aime ou on déteste . J'ai plutôt accroché !
Une écriture , certes , scabreuse , faisant parfois dans la facilité et la démonstration à outrance mais largement compensée par un récit ultra prenant à la tension palpable allant crescendo .
Vian impose un scénario malsain que l'on pressent très rapidement tout en parvenant à scotcher un lecteur n'attendant plus qu'un dénouement hors norme .Une écriture entêtante , véritable petite musique funèbre pour un final magistral !

J'irai cracher sur vos tombes : m'en fous , je compte faire don de mon corps à la science histoire de partir sur une dernière blagounette...
Au crachat , je préférerai...
http://www.youtube.com/watch?v=hEuVWnKMMSM
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Buckton, sud des Etats-Unis, nous sommes en pleine ségrégation raciale. Dans cette petite ville débarque un jour Lee Anderson, une lettre de recommandation et un dollar en poche. Ayant tout laissé derrière lui, il devient gérant d'une petite librairie et s'apprête à changer de vie.
Il s'ennuie un peu et décide d'aller voir dans le bar d'en face. Là, il fait la connaissance de quelques adolescentes, les Bobby-soxers, et leurs amis. Finalement, ils passent le plus clair de leur temps ensemble, près de la rivière à se baigner, boire et faire l'amour.
Mais derrière cette belle apparence se cache un homme, avide de vengeance, pour les punir de ce qu'ils ont fait au "gosse"...

Encore une lecture qui ne peut nous laisser de marbre...
A la fois dérangeant, troublant, parfois écoeurant, intrigant, violent, cru... les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce roman de Boris Vian.
L'auteur raconte, dans les moindres détails, les scènes de sexe en passant par la violence et la haine qui habite son anti-héros. Porté par ce mystérieux personnage, le roman sait nous dévoiler progressivement l'intimité de cet homme blessé et animé d'une soif de vengeance. Vengeance qui ira crescendo au fil des pages et qui se terminera par un final assez époustouflant.
L'écriture est acérée et âpre, avec des dialogues incisifs et percutants et des scènes à l'aune d'un titre provocateur.

Un bon roman dé-Vian ...
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Une écriture poignante et d'une agressivité maniaque ou presque sauvage. de ce genre violent découle aussi une vérité bouleversante. Surtout s'il faut situer le livre à son époque, il a mérité d'être censuré.
Dans le contexte historique auquel est vouée l'histoire notamment pendant la ségrégation raciale, on peut dire que voir un noir être maltraité, fouetté ou tuer une autre chose mais voir un noir développer sa rage de vengeance et de parvenir à l'appliquer, c'en est aussi autre chose. Alors que les germes de la violence se transmettent dans la société comme les gènes de l'hérédité des parents aux enfants. Une haine n'enfante que de la haine. Et que Lee Andersen en est le bon fruit.
Voulant venger son frère tué sauvagement, Lee Andersen s'infiltre dans la communauté blanche, déguisé en un blanc, afin de tendre ses pièges et de pouvoir mettre à exécution tous ses plans...
Aussi qu'il est emporté par la folie des choses, tout est entaché de violence dans cette histoire. L'amour à la violence, la sexualité à la violence....
Le plaisir ici ne ressemble en rien à un ressentir plutôt obéit à l'apaisement d'une obsession
J'ai aimé ce livre très osé et je dis chapeau à Boris Vian d'avoir oser.
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En arrivant à Buckton, Lee Anderson s'engage dans un nouveau boulot de libraire. Très rapidement, il se lie avec la population des alentours, des jeunes peu farouches et désoeuvrés, socialement libérés. Lee Anderson est métis, et l'Amérique ségrégationniste a marqué sa vie : son frère est mort, lynché pour son amour envers une Blanche.

Alors, quand il rencontre les soeurs Jean et Lou Asquith, deux Blanches riches, l'une blonde, l'autre 15 ans, sa haine émerge. Avec ces deux jeunes filles, Lee Anderson souhaite venger son frère. Il ne va pas hésiter à jouer avec elles, abuser de leur naïveté juvénile et les soumettre jusqu'à son désir de justice…

Boris Vian publie J'irai cracher sur vos tombes en 1946, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. le livre est un scandale total, accusé de corrompre la jeunesse, il fait l'objet d'une attaque judiciaire pour « outrage aux bonnes moeurs ». J'irai cracher sur vos tombes est un livre d'une cruauté sans détour, où le sexe et la violence se côtoient dans une Amérique raciste. Lee Anderson est mû par un désir de vengeance personnelle, contre toute une société blanche, coupable du lynchage de son frère. Dès lors, il ne laissera aucun répit à ses bourreaux.

L'Amérique des années 1950 est cruelle. Lee Anderson est enragé, son portrait est celui de nombreuses minorités opprimées, dont la seule issue est la violence. Car que faire quand le Système est contre soi ?
Lien : https://lethesaurex.wordpres..
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Une fois que j'ai eu terminé J'irai cracher sur vos tombes, j'ai eu un sentiment très étrange : est-ce que j'ai aimé ce roman de Boris Vian ? En fait, je n'en savais rien. Une semaine plus tard, je ne sais toujours pas. Ce n'est pas qu'il est mauvais, mal écrit ou que l'histoire est inintéressante, au contraire. Non, c'est autre chose.

Le personnage principal, Lee Anderson, un métis à la peau blanche, veut venger la mort de son frère, qu'il appelle « le Gosse ». On ne sait pas très bien ce qui est arrivé au « Gosse » mais on sait qu'il est mort à la suite d'une sorte de punition : il était tombé amoureux d'une Blanche. Un affront pour la famille de la fille qui a dû le lyncher ou quelque chose de ce genre. Lee Anderson ne s'étend pas sur la question, il est très pudique sur ce qui est arrivé à son frère, d'ailleurs on ne connaît même pas son nom. Tout ce qu'on sait, c'est que Lee veut venger son frère. Pour ce faire, il utilise le sexe comme une arme. Et là, la pudeur n'existe plus. le narrateur et personnage principal raconte tout ce qu'il fait aux petites bourgeoises blanches – qu'il attire comme un aimant – avec d'innombrables détails. Pour un roman écrit dans les années 1940, j'ai trouvé tout ça très audacieux ! D'ailleurs, il a bel et bien été censuré…

J'irai cracher sur vos tombes est un livre très sombre, où l'espoir n'existe pas. Rien que le titre suggère le scandale, la violence, la rancoeur, le désespoir. Je l'ai trouvé troublant, choquant par moment (mention spéciale à la scène qui se déroule dans un bordel tenu par une femme noire nommée Anna). Je pense aussi comprendre pourquoi je ne sais toujours pas si j'ai aimé ce roman ou pas : je n'ai éprouvé aucun attachement pour les personnages, quels qu'ils soient. le format court de ce livre y est peut-être pour quelque chose mais honnêtement, aucun d'eux n'inspire de la sympathie, ils sont tous plus ou moins imbuvables, Lee Anderson compris.

Malgré tout, je suis contente d'avoir découvert ce classique et cette histoire de vengeance. Son titre m'attirait depuis un moment et j'avais beaucoup aimé L'écume des jours. Même s'il faut bien avouer que ces deux romans n'ont pas grand-chose en commun si ce n'est leur auteur…
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Un auteur français, un titre qui annonce un réquisitoire et un cimetière, mais c'est plutôt un roman du sud des États-Unis où fleurissent le racisme et la violence.

Le livre commence avec un jeune homme qui prend un travail de libraire dans une petite ville, mais on ne parlera pas beaucoup de livres, mais plutôt de ses nombreuses conquêtes féminines. On croit au début à un Don Juan américain, un amateur de chair fraîche pas très intéressant (et qui ne fait plus scandale de nos jours)…

Mais peu à peu on se rend compte que pour lui, le sexe n'est pas juste une question de plaisir, mais aussi un instrument de vengeance contre la bonne société. Et tout ça ne peut que mal finir…

Un roman surprenant, très court, davantage un coup de poing qu'un coup de coeur.
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Boris Vian nous laisse évoluer dans un flou déroutant. On ne sait pas très bien qui est ce Lee, d'où il vient ni ce qu'il veut. Peu à peu, on apprend à le connaître et on comprend ses intentions.
Se déroulant dans le sud des Etats-Unis, ce court roman recrée une ambiance chaude d'été où les moeurs sont libérées, les jeunes boivent et se baignent. le danger guette mais la proie est apathique, endormie par la chaleur. Lee fomente doucement sa vengeance, à l'image d'un Monte-Cristo qui veut qu'elle soit parfaite. Violence des mots, violence des gestes, rien n'est fait pour ménager le lecteur. Il a d'ailleurs été interdit à sa sortie aux Etats-Unis en 1946.
J'irai cracher sur vos tombes fait état du racisme qui a gangréné les Etats-Unis pendant des siècles. L'auteur malmène son lectorat et dérange. Ne sont-ce pas certains de ces romans dérangeants qui permettent à la littérature d'avancer ?

Plus de chroniques littéraires sur :
Lien : http://raisonlectureetsentim..
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Un roman noir, très noir. La violence, le sexe, l'alcool, le racisme et le tout en même temps... viol, pédophilie, il ne manque que l'inceste pour que le tableau soit complet.

Écrit en quelques semaines, en 1946, ce roman est impressionnant, dérangeant, marquant. Verdon Sullivan, pseudonyme de Boris Vian, tape fort.

Interdit de publication aux US jusqu'en 1973, il reste une référence.

Un roman dérangeant. le racisme, vu à travers le scope de la sexualité, tout un programme. Surtout en sachant que Boris Vian n'a jamais mis les pieds aux US. Et si la France n'était pas exempte de racisme en 1946, pour les noirs américains c'était une terre de liberté.

En cherchant à en savoir plus, j'ai lu cette these d'une américaine Julie Kathleen Schweitzer: IRRESPONSIBLY ENGAGÉ: BORIS VIAN AND USES OF
AMERICAN CULTURE IN FRANCE, 1940-1959

Les américains écrivant peu sur les étrangers, c'est une forme de consécration et de reconnaissance de voir une telle these.
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Je vais peut-être en surprendre quelques-uns, mais tout ce que je connaissais de J'irai cracher sur vos tombes, c'est son titre et son auteur, enfin... ses auteurs.
Vernon Sullivan alias Boris Vian. (Pseudonyme  sous lequel est paru la première version du roman en 1946).
Roman noir qui fit scandale à l'époque (refus de maisons d'édition, censure...) et valut quelques poursuites judiciaires à l'encontre de l'auteur, un peu dépassé par le phénomène.
Je ne savais absolument rien du sujet de ce livre et l'attaquais donc, motivé et curieux.
Comme à mon habitude, je vais tâcher d'en dévoiler le minimum.
Sullivan/Vian situe son histoire dans le sud des États-Unis, une Amérique raciste où l'on lynche encore les gens de couleur.
D'ailleurs Lee, le métisse qui vient s'installer à Buckton, fuit un passé douloureux. Il voudrait oublier, mais plus encore, il voudrait se venger.
C'est là qu'on l'a envoyé, ça tombe bien, de toute façon, il n'a plus d'essence.
La librairie cherche un nouveau gérant. C'est parfait.
Lee a 26 ans. Ses cibles, elles, sont beaucoup plus jeunes...
C'est là que le romancier va choquer.
Le récit de la débauche, l'alcool à l'excès, la musique, la danse, les corps qui se frôlent, les corps nus, le sexe... pas toujours consenti...
Son héros, à l'extraordinaire pouvoir de séduction, immoral et répugnant, tisse sa toile.
Machiavélique.
Si ce roman a fait se lever les foules pudibondes en son temps, je crois bien qu'aujourd'hui même, il soulèverait l'indignation.
C'est violent, c'est cru, ça met mal à l'aise parfois.
C'est j'irai cracher sur vos tombes et c'est signé Vernon Sullivan/Vernon Sullivan.

Dans la foulée du roman, je me suis fait la BD.
Soyons fou...
Jomorvan, Ortiz,  Yen et Macutay ont su restituer, parfaitement, le roman original. Tout y est.
La noirceur, la violence. Rien n'est édulcoré.
Ceux qui voudrait découvrir "J'irai cracher sur vos tombes" peuvent le faire sans complexe avec cet album.


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