En Espagne, comme en Italie, comme dans la Grèce antique, l’art de l’architecture précéda les autres arts. Avant la fin du moyen âge, il avait élevé les cathédrales de Léon, de Saint-Jacques, de Tarragone, de Burgos, de Tolède, auxquelles il faut ajouter les mosquées arabes de Cordoue et de Séville, devenues églises chrétiennes après la conquête. La sculpture, qui naît partout presque en même temps que l’architecture, parce qu’elle lui fournit ses principaux ornements, se signalait dès le quatorzième siècle par d’intéressants essais, dus aux artistes nationaux, avant qu’un siècle plus tard Diégo de Siloé, Alonzo Berruguete, Gaspar Becerra et plusieurs autres allassent chercher en Italie et rapportassent dans leur pays les leçons d’un art qu’avait enseigné aux Italiens la statuaire antique. Mais la peinture vint plus tard, se forma plus lentement, et dès l’origine, sur l’exemple des étrangers.
Partout ailleurs, à Saint-Pétersbourg, à Munich, à Dresde, nous ne trouvons pour œuvres de Velâzquez que de simples portraits, et plutôt de ses copistes que de lui-même. L’Italie entière ne possède que le portrait d’innocent X, Panfili, qu’il fit à Rome en 1648, et qui reçut, comme les grandes œuvres de Raphaël et de Titien, les honneurs de la procession et du couronnement. Et quant à notre Louvre, il n’a de vraiment authentique et vraiment beau que le portrait à mi-corps de la jeune infante Marguerite, qui épousa l’empereur Léopold six ans après que sa sœur aînée, Marie-Thérèse, eut épousé Louis XIV. C’est bien peu lorsqu’on voit combien de jeunes artistes pressent continuellement leurs chevalets autour de cette tête d’enfant pour en prendre copie ; il serait temps qu’on leur fournît de nouveaux modèles de ce maître préféré.