Citations sur Le plongeon (81)
- Bon, les vieux, avant de rentrer, vous voulez faire quoi ?
- Je voudrais retomber en enfance, me cacher et crier que je suis là, quand tu passeras près de ma planque
- J'ai envie de faire un feu de camp et réchauffer mes mains en soufflant dessus
- Faire mes bagages, remplir le coffre et partir droit vers le Sud !
- apprendre à marcher, à skier, à nager, à écrire, à lire, être petite encore
- ne plus avoir mal en me réveillant.
Tu vois Martial, c'est tout ça qu'on voudrait.
La fragilité de l'amour et des baisers.
Peut - être tout revivre, entendre encore les voix aimées. On n'aura rien de tout ça et on le sait bien.
J'ai eu vingt ans ici, un mariage sous le tilleul, mes cheveux retenus en queue-de-cheval.
J'ai eu trente ans ici, et quatre fois le ventre gros. Trois bébés qui ont grandi, comme on court dans les hautes herbes. Et l'autre, celui qui n'a pas vécu, est enterré plus loin. Nous n'avons pas fleuri sa tombe
J'ai eu quarante ans ici, un monde à mener à la baguette, avec le sourire. Et puis des années de doutes, le rire de mon homme, sa calvitie et ses mains baladeuses.
J'ai eu cinquante ans ici, sans jamais craindre les lendemains.
J'ai eu soixante ans, la fête un jour d'orage, et soixante-dix ans, la marche plus lente, toujours main dans la main avec lui.
J'ai eu quatre-vingts ans ici, Henri avait disparu quelques mois avant et les enfants me disaient "tourne la page". Depuis, j'avance en manquant de tomber à chaque pas, puisque chaque pas m'éloigne encore de lui.
Je n'aurai plus rien ici, aucune fête, aucune chute, plus aucune nuit d'amour. Je n'ouvrirai plus les volets sur le matin frais. Je ne m'assiérai plus, un verre à la main pour contempler le soleil se coucher.
Je pars.
-Bon, les vieux, avant de rentrer, vous voulez faire quoi ?
- Euh...Je voudrais retomber en enfance, me cacher et crier que je suis là, quand tu passeras près de ma planque !
- Tu sais, c'est comme si tu m'avais rattrapée dans ma chute.
- Tu tombais ?
- Je ne fais que ça depuis que je suis arrivée ici. Je tombe.
J'aimerais que tu sois encore là, Henri, que tu te perdes, juste pour que je te retrouve. Je ne me fâcherai pas. Ta fugue serait pardonnée. J'enroulerais mes bras autour de tes épaules et je te dirais, "Viens".
Cinquante-huit ans avec toi, et puis ce vide après. On dirait que je sombre et que le chute est sans fin.
J'ai tout quitté.
Des fois, j'ai l'impression que je me suis quittée, moi-même. Tu comprends ?
J'ai un peu peur, petit Tom. Peur de la suite, peur des mots qui vont s'effacer, comme mes souvenirs. J'oublierai ton prénom, peut-être. Si j'oublie ton prénom, tue- moi.
J'ai eu vingt ans ici, un mariage sous le tilleul, mes cheveux retenus en queue-de-cheval.
J'ai eu trente ans ici, et quatre fois le ventre gros. Trois bébés qui ont grandi, comme on court dans les hautes herbes. Et l'autre, celui qui n'a pas vécu, est enterré plus loin. Nous n'avons pas fleuri sa tombe.
J'ai eu quarante ans ici, un monde à mener à la baguette, avec le sourire. Et puis des années douces, le rire de mon homme, sa calvitie et ses mains baladeuses.
J'ai eu cinquante ans ici, sans jamais craindre les lendemains.
J'ai eu soixante ans, la fête un jour d'orage, et soixante-dix ans, la marche plus lente, toujours main dans la main avec lui.
J'ai eu quatre-vingts ans ici, Henri avait disparu quelques mois avant et les enfants me disaient "tourne la page". Depuis, j'avance en manquant de tomber à chaque pas, puisque chaque pas m'éloigne encore de lui.
Je n'aurai plus rien ici, aucune fête, aucune chute, plus aucune nuit d'amour. Je n'ouvrirai plus les volets sur le matin frais. Je ne m'assiérai plus, un verre à la main pour contempler le soleil se coucher.
Je pars.