Heureusement que ça se lit en deux heures ! Voilà la première réflexion que je me fais après la dernière page de ce bouquin. Puis la deuxième : au Goncourt, vraiment ?
En bref : Laura, jeune mannequin de vingt ans se fait aider par un maire, futur ministre, pour trouver un logement, tout cela via l'entremise de son père, ancien boxeur désormais chauffeur dudit maire. Il s'en suivra une relation d'abus de pouvoir et de viols à répétition du maire envers Laura.
L'histoire est tristement d'actualité, c'est un sujet qui résonne avec les révélations actuelles dans le monde de la politique comme dans tous les autres (arts,
cinéma…). Elle contribue tant bien que mal à sensibiliser et ouvrir les yeux et les consciences autour de l'emprise, du viol, du consentement et des sombres méandres du pouvoir.
Engagé, politique, actuel, un vrai sujet qui a de quoi faire parler et réagir ! Malheureusement, pour moi, c'est raté.
C'est un récit tristement darmanien et stéréotypé. On ne se prend jamais d'affects ni de sentiments particuliers pour les personnages qui baignent dans une mare de clichés sans profondeur, et rien ne vient rehausser le goût de cette soupe tiédasse, la faute à un style lourdaud qui s'empêtre dans ses propres pas.
On ne ressent pas d'émotions pour la pauvre Laura, ce qu'elle vit est véritablement atroce, mais l'auteur n'arrive pas à nous faire passer de son côté de l'histoire. On ne partage pas son malheur, on ne rentre à aucun moment dans sa douleur et c'est bien dommage.
C'est donc livre au style alambiqué, dont on ne sait s'il est original ou simplement une mauvaise copie et qui ne prend jamais de hauteur. Une oeuvre qui ressemble plus au scénario d'une mauvaise série qu'au récit tumultueusement tragique du viol et de ses conséquences. Cela sur fond de petite ville balnéaire bourré de mafiosi à deux francs, eux-mêmes bourrés de pseudo-ressentiments vus et revus. Pas grand-chose ne va, c'est poussif, c'est lourd, c'est agaçant, même.
Une apothéose plus que prévisible où le père vient venger l'honneur de sa fille après avoir donné des coups de poings dans le vide dans la rue, risible.
Bon, je suis dur, mais ça n'engage que moi, faites-vous votre idée !