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“Michka a largué les amarres “, elle part en maison de retraite avec sa petite bouteille de whisky cachée sous ses pulls. L'attend une nouvelle vie rétrécie mais parfaitement réglée.
Elle a heureusement Marie, qui l'aime, la regarde, l'écoute. Mais la jeune femme est impuissante face à cette femme cultivée, intelligente, réduite par un âge qu'elle peine à accepter.
"Mais je t'ai apporté des livres en gros caractères, tu as essayé ?
-Lesquels ?
-Les livres que je t'ai apportés la dernière fois. Écrits en gros.
-En gros ? C'est pour les vieux ça… Je les ai prêtés au type."

Et puis arrive Jérôme , l'orthophoniste. Il vient aider Michka, car les mots "s'enfouillent... s'enfuitent", elle les perd la nuit, elle en réinvente le jour. Jérôme lutte pour les récupèrer , car "sans le langage, que reste-t-il ?"

Et il y a les gratitudes.....aux personnes qui nous ont vraiment aidés à vivre, à survivre, au prix de sacrifices.....

De Vigan trouve à nouveau un sujet lourd, délicat et émouvant, avec des touches autobiographiques, qu'elle traite avec subtilité et légèreté, agrémenté d'un zeste d'humour, juste ce qu'il faut. J'ai lu les derniers chapitres la gorge nouée, que vous dire de plus. J'aime ce qu'elle écrit.

Je terminerais sur une note personnelle que je partage avec De Vigan ( et sûrement avec beaucoup d'entre vous), puisque les citations ci-dessous sont du livre.
Je trouve injuste qu'on termine nos vies de la sorte, réduite, dépendante, une décrépitude qui fait mal, très mal à l'intéressé, mais tout autant à ses proches. le pire c'est la lucidité......et je sais malheureusement de quoi je parle.
"Comment est-ce possible ?
Est-ce vraiment ce qui nous attend tous sans exception ?
N'y a-t-il pas une déviation, un embranchement,un itinéraire bis qui permettrait d'échapper au désastre ? "
J'espère toujours, et je doute que nos enfants prendront autant soin de nous que nous en avons pris de nos grand-parents, et prenons encore actuellement de nos parents......

"Vieillir, c'est apprendre à perdre".
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D'abord, « merci » Delphine de Vigan d'avoir écrit ce livre.

Il y avait déjà LES LOYAUTES. Et cette première page gravée en moi.

Delphine de Vigan continue l'exploration de ces sentiments intimes et peu évoqués en littérature. Ici les gratitudes, celles qui nous construisent, celles qui restent intacte tout au long d'une vie. J'étais déjà déjà conquis par cette idée mais je ne m'attendais pas à ce déferlement d'émotions qui m'ont traversé à la lecture de cette pépite.

Michka est une vieille dame qui ne peut plus rester seule. Elle doit quitter sa vie et s'installer là où on va vivre lorsque la vieillesse frappe trop fort à la porte et entre dans nos vies par effraction. Avec pertes et fracas.

Auprès d'elle, il y a Marie, la petite voisine devenue femme, toujours présente, tellement précieuse. Et Jérôme, orthophoniste qui va tenter de l'aider à retrouver ses mots qui peu à peu se font la malle.

Je me suis fait cueillir. Je me suis senti trébucher. Je me suis fait toucher en plein coeur. Au beau milieu de ces choses que l'on ne dit pas. Ces choses qui en général ne se racontent pas. Sur la vieillesse. Sur le grand âge. Sur ce drôle de naufrage.

Les mots de Delphine de Vigan. Sincères et cruels comme l'existence. Cette écriture sans effets de manche, sans artifices. Précise, émotionnelle et universelle. Et tellement émouvante. Tellement forte.

Chacun d'entre nous porte en lui cette fameuse gratitude. Chacun d'entre nous ne s'est pas senti à la hauteur de ce qui lui a été offert. Chacun d'entre nous est éternellement reconnaissant à quelqu'un ou quelque chose.
Ce livre. Oh, ce livre. Ce livre est un immense coup de coeur. Un beau. Un vrai. Quel bonheur de lecture. Je vous parle souvent de livres que j'ai aimé. Celui-ci m'a bouleversé.

Car je porte, moi aussi dans mon coeur une Michka et cette gratitude infinie. Vous me pardonnerez Delphine de mêler quelques mots personnels à ce modeste billet.
Parceque parler d'un livre que l'on a aimé profondément peut mener à un peu parler de soi. Sans pudeur aucune.
Avec tellement de pudeur.

Car Michka, c'est peut être un peu aussi ma Janine. Là sur la photo. Je veux ici lui dédier ma liberté. Je lui dédie ma folie douce et mes éclats de vivre. Ce courage insensé de n'être que soi. Qu'elle soit écrit quelque part. Je lui dédie mes mots, ici et à venir. Qu'elle ne lira pas. Mais qu'elle inspirera.

Et surtout je dépose ici un peu de tout cet amour. Pour qu'il m'en reste encore un peu. Pour qu'il s'envole un peu plus haut. A la hauteur de ce qu'elle fut, de ce qu'elle reste. Pour moi et pour toujours.

Avec toutes mes gratitudes.

Merci mamie de la ferme.

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On devrait pouvoir dire merci à tous ces gens qui ont compté, traversé notre route, ceux qui passent pour nous faire contourner le talus épineux et nous offrent des roses comme un bouquet de sourires.

On devrait recevoir un sms qui nous avertirait, demain ton père, il va mourir. Pour pas te dire ah c'est dommage.

Michka c'est une vieille dame, non, pas une personne âgée, elle préfère faire partie des vieux Michka, c'est plus fier. Elle est tendre, intelligente, sensible, un peu maladroite parce qu'elle fait tomber les mots dans le trou. Elle n'en peut rien, elle souffre d'aphasie, les mots se perdent en chemin, ils se carambolent l'un contre l'autre, ils rigolent entre eux les coquins, tiens tu veux un merci et bien non, voilà merdi, tu veux un d'accord, nous on préfère d'abord, t'es en cloque non t'es en cloche, tu veux un fauteuil roulant, prends plutôt un fauteuil croulant mais si tu me parles d'un film qui s'appelle la merditude des choses, on t'offre la mercitude, tu le mérites bien Michka.

La petite vieille avec tous ces trous dans la mémoire, toutes ces choses qu'elle perd et qu'elle ne retrouve plus, elle finit par avoir la frousse d'être toute seule chez elle. C'est Marie, une aide à la personne qui va lui trouver une place dans une maison de retraite. Avec Jérôme l'orthophoniste, ils vont être au petit soin pour Michka. Ils vont apprendre surtout à écouter l'aïeule car même si ses mots trébuchent, elle a le coeur au bout des lèvres Michka.

On n'a plus le temps pour les regrets, les rancoeurs, les histoires qui finissent mal. Michka elle veut du bonheur.

Et puis va pour la merditude, va pour la mercitude, va pour les gratitudes. le temps passe trop vite, faut pas les oublier nos vieux, faut tendre ses bras, faut sourire, faut pas pleurer surtout, non gamin reviens, tu lis Delphine de Vigan et tu en as plein la figure de cette tendresse toute dégoulinante, de cet amour moelleux comme un coeur au soleil. Et ça fait un bien fou. Tu donnes, tu reçois, c'est pas plus compliqué. On essaie les gratitudes ?
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Le dit-on vraiment ? Entre les convenances et les automatismes, quelle est la valeur du mot merci ? Delphine de Vigan examine ici nos échanges entre obligeance et bienveillance pour mieux sonder notre besoin de reconnaissance et examiner nos consciences

Après Les loyautés en 2018, qui auscultait ce sentiment étrange et pluriel, ces « fidélités silencieuses » qui nous lient aux autres et à nous-mêmes, Delphine de Vigan inspecte de nouveau dans Les gratitudes, nos fragilités intimes à travers notre sociabilité.

Ma chronique :
Lien : https://www.fnac.com/Les-Gra..
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Les gratitudes - Delphine de Vigan - Éditions le Livre de Poche - Roman - lu d'une traite ce 21 novembre 2020.

Peut-on écrire une chronique qui ne parle que d'émotions ?

Parce que ce livre de Delphine de Vigan n'est qu'émotions.

J'ai été emportée, elles se sont déversées en moi en rafales, elles m'ont mise au bord des sanglots tout au long de ma lecture et je n'ai pas honte de l'avouer.

Et cependant, je l'ai lu d'une seule traite cet après-midi l'histoire de la vie de Michka, de son entrée en Ehpad, chez moi en Belgique on dit maison de repos et de soins.

Michka, jusqu'à ce jour d'automne était autonome, elle sentait bien que quelque chose clochait, elle s'est mise à tomber, à chercher parfois ses mots,,pas très souvent mais quand même. "Ben alors Michk', qu'est-ce qui se passe ? - Je ne sais pas. J'ai peur" - "A partir de ce jour, Michka n'a plus été capable de rester seule" pge 18-19.

Au fil des pages, j'ai vécu la descente en enfer de la perte de la mémoire des mots de Michka, entourée par Marie, jeune femme qu'elle a élevée comme sa fille, par Jérôme l'orthophoniste qui tente de retarder ce moment où tout bascule, Jérôme à qui Michka se confiait, lui racontant se dont elle se souvenait de sa petite enfance, laissée chez des inconnus cachée durant trois ans de guerre par sa maman qui fut déportée et qui ne revint jamais chercher sa fille. Ses deux parents sont morts en captivité.

Michka n'avait qu'une idée, retrouver Nicole et Henri, ce tout jeune couple dont elle ne se souvient que des prénoms et du nom du village : La Ferté-sous-Jouarre. Plus qu'un merci, elle voulait exprimer sa gratitude à ces personnes qui avaient risqué leur vie pour elle. Des annonces dans le Monde et Le Figaro postées par Marie n'ont rien donné.

Marie aussi voulait exprimer ses sentiments envers cette maman de remplacement qu'était Michka et qu'elle sentait s'en aller irrémédiablement.

Et Jérôme, qui a tant appris de Michka.

Les gratitudes est une histoire qui m'a chamboulée, qui m'a profondément touchée, qui m'a humblement remis à ma condition d'être humain imparfait et vulnérable.

Je me suis questionnée sur les gratitudes que j'ai eues ou que j'aurais dû avoir envers ceux qui sont partis et ceux qui sont encore présents. Passer outre sa pudeur et exprimer sa reconnaissance. Avant qu'il soit trop tard.

Un livre bouleversant, une leçon de vie, un livre qui touche au plus profond de l'humain.

Madame de Vigan, je vous dis merci d'avoir écrit ce splendide livre que je garderai en mémoire aussi longtemps qu'elle me sera fidèle.





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Une nouvelle fois, Delphine de Vigan explore les sentiments les plus nécessaires à notre humanité. Après Rien ne s'oppose à la nuit, D'après une histoire vraie et Les loyautés, j'ai aimé lire Les gratitudes, aimé être dérangé, bouleversé, ému, attendri par ces choses de la vie devant lesquelles nous passons trop souvent sans faire attention.

J'ai suivi Marie, responsable d'une crèche, célibataire trentenaire sans enfant… pour l'instant, qui ne laisse pas tomber celle qui l'a recueillie, rassurée, aidée lorsqu'elle était enfant et que sa propre mère était défaillante.
Cette personne qui commence à perdre les mots se nomme Michèle mais on l'appelle Michka depuis toujours. Elle était photographe puis correctrice dans un grand journal. Elle qui était si pointilleuse pour garder le mot juste, bafouille, dit un mot pour un autre, n'y arrive plus, ne peut plus rester seule chez elle. L'Ehpad (établissement hospitalier pour les personnes âgées dépendantes) est la seule solution.
L'autrice décrit aussi les cauchemars de Michka, cauchemars pas si loin de la réalité avec cette directrice cassante, obnubilée par la rentabilité de son établissement… Heureusement, celle que rencontre Michka est douce et avenante.
Arrive Jérôme, l'orthophoniste, qui vient pour des exercices et là, Delphine de Vigan fait preuve encore d'une grande maîtrise et connaissance des problèmes liés au vieillissement, toujours avec humour. le jeu entre Michka et Jérôme est plein d'enseignements et de surprises.
Michka a une obsession : retrouver le couple qui l'a recueillie pendant la guerre pour les remercier. Ces gens l'ont cachée, protégée, lui évitant les camps de la mort, chance que ses parents n'ont pas eue. Cette quête apporte une bouffée d'oxygène à la fin du livre.
Au moment où la vie décline, où nos forces, nos capacités mentales nous abandonnent, il faut être accompagné, ne pas se retrouver tout seul. Michka a eu une vie intense, des métiers qui l'ont accaparée totalement et la voilà dans l'ambiance de cette maison de retraite avec les mesquineries, les tracasseries, les idées que l'on se fait. C'est pourquoi les visites des gens de l'extérieur sont si importantes.

Dire merci avant qu'il ne soit trop tard, dire merci aux êtres qui nous sont chers, c'est tellement fondamental que nous oublions de le faire. Pensons à exprimer nos gratitudes à ceux qui nous ont élevés, se sont occupés de nous, sans attendre, sans laisser advenir la fin inéluctable.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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« Vieillir, c'est apprendre à perdre. »
Perdre des gens qu'on aime, forcément, c'est mathématique.
Mais aussi ses facultés physiques et mentales :
« Perdre ce qui vous a été donné, ce que vous avez gagné, ce que vous avez mérité, ce pour quoi vous vous êtes battu, ce que vous pensiez tenir à jamais.
Se réajuster.
Se réorganiser.
Faire sans.
Passer outre.
N'avoir plus rien à perdre. »

A 80 ans passés, Michka perd quelque chose.
Quoi ? Elle ne sait pas exactement. La mémoire, les mots. Et cet effacement la terrorise : « Et puis ça ne sert à rien tout ça, je sais très bien comment ça va finir. A la fin, il n'y aura plus rien, plus de mots, tu comprends, ou bien alors n'importe quoi, pour remplir le vide. »

Dans son Ehpad, trois personnes viennent lui rendre visite. On fait la connaissance de deux d'entre elles : Marie, une jeune femme qui lui doit beaucoup, et Jérôme, l'orthophoniste.

Ce roman pourrait être une pièce de théâtre tant les mots y sont importants, et le décor volontairement minimaliste.
J'ai commencé par trouver le propos trop léger.
C'est sous-estimer Delphine de Vigan. Elle démarre en douceur, sur le ton de l'anecdote autour de sujets rebattus (personnes âgées, fin de vie, enfance, famille), et fait monter la tension, éveille l'empathie, suscite l'émotion.
Ses personnages lui ressemblent, et cela me touche, comme Marie ici - les cheveux en bataille, les yeux cernés, femme douce au passé douloureux, fragile et en proie aux doutes mais déterminée.

Malgré le tragique de l'histoire, on arrive à sourire, notamment avec ces 'jeux' de mots. Lesquels méritent qu'on s'y arrête, parce qu'ils en disent long sur les souffrances et traumatismes de Michka :
« C'est à cause des mots, je t'ai dit. C'est la nuit que... ça se terre... ça se perd, quand je n'arrive pas à m'endormir, je sais bien que c'est à ce moment là qu'ils s'enfouillent, qu'ils s'enfuitent, j'en suis sûre, mais il y a rien à faire, des wagons entiers… ».
Des wagons...

Je ne suis sans doute pas la première et ne serai pas la dernière à conclure avec un MERCI à l'auteur pour sa sensibilité, et pour les échos que je trouve en la lisant.
Parce qu'on oublie parfois de le dire - c'est l'un des sujets de ce roman, d'où le titre.
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C'est bien court : une grosse nouvelle ou un petit roman. Attendrissant, un peu triste, plein de bons sentiments.

Mishka vieillit. Et chez elle, les mots s'échappent, sont remplacés par d'autres, qui démontrent la richesse du lexique chez cette ancienne correctrice de journal. Sauf que ce ne sont pas les bons mots qui prennent place dans les phrases qu'énonce la vieille dame. Et cette aphasie s'accompagne de crises d'angoisse qui compromettent son autonomie à domicile. Place donc à l'institution, où l'on est admise après ce qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un entretien d'embauche! Humour grinçant qui cache les failles de l'institution mais révélera la fragilité des capacités de notre héroïne.

Suivront les visites de Marie et celle de Jérôme l'orthophoniste, qui tente de ralentir l'évolution, sans illusion sur l'issue.

C'est donc très court, et par conséquent on reste un peu sur sa faim. Les personnages sont esquissés, leur histoire se résument à quelques paragraphes, alors qu'on aurait voulu en savoir plus sur ce qu'était Mishka avant que la maladie ne l'atteigne. On aurait aimé en savoir plus sur la relation de Jérôme avec son père, et sur ce qui se passe dans cette maison de retraite. Tout est abordé mais survolé.


C'est dommage car le ton est juste, l'écriture belle et adroite (belle prouesse que de faire sentir l'évolution vers l'aggravation du langage de Mishka). Et puis le thème principal, annoncé dans le titre est si important, savoir dire merci.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Touchée en plein coeur. j'aime Delphine de Vigan, l'auteure et la femme. Touchante et enveloppante, intelligente, hypersensible, humble, attentive bref l'amie que l'on aimerait avoir.
Dans ce roman : La vieillesse et sa fatalité, thème universel mais traité avec tellement de subtilité, d'élégance et de sensibilité qu'une aura particulière s'en dégage.

C'est l'histoire de l'attachante Michka, personne âgée qui perd progressivement ses mots (elle devient aphasique ), ses capacités mnésiques, son corps mais pas sa lucidité.
Sa solitude a un goût métallique et synthétique de téléalarme.

Placée dans une maison de retraite, elle est épaulée par sa jeune amie Marie et Jérôme son orthophoniste. Leur sollicitude sera un rempart à sa détresse.
Surgit régulièrement la directrice de l'établissement figure caricaturale de ce système parfois abusif dont le rendement et la performance sont le seul leitmotiv.
Michka vibre, enfin, elle voudrait encore vibrer sauf que ses envies, ses désirs ses espoirs sont désormais cadenassés et ont basculés dans une zone de non-droit. le temps, ce tueur légitime, a nettement amoindri ses possibilités, ses espérances. Sa pulsion de vie ne trouve plus suffisamment d'écho dans son corps, dans sa psyché, dans ses sens, essoufflés, s'exprimant à bas régime.

L'auteure met ses mains dans la glaise pour sculpter un portrait de la vieillesse et ses errances avec grâce et réalisme.
Le regret de ce que l'on fut, la peur de ce que l'on devient, la nuit devant soi.


Quel espoir quand tout se déglingue et que la seule vision de l'avenir est le mur inévitable du destin ? : La compassion.

Contre la fatalité du vieillissement on ne peut pas grand chose si ce n'est un regard, une écoute chaleureuse et des actes et gestes compatissants, de l'amour donc.

Delphine de Vigan nous transporte, non sans humour, dans son monde sensible avec pudeur et réserve, elle explore la perte d'autonomie, la perte de soi dans un récit émouvant ponctué de dialogues touchants et drôles.
Très beau.
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D'un coup, les mots se sont envolés, enfouis ou perdus... Autonome jusqu'à aujourd'hui, Michka vit seule chez elle. Elle lit, regarde la télé, reçoit quelques visites. Notamment celle de Marie, son ancienne petite voisine. Autonome jusqu'à ce jour d'automne où, assise sur son fauteuil, Michka ne peut plus bouger ni se lever. Elle appelle alors la téléassistance et Marie accourt pour l'aider. Il ne fait aucun doute que la vieille dame ne peut plus rester toute seule. Alors, les deux femmes se rendent dans un Ephad où la directrice les reçoit gentiment et les prévient dès qu'une place se libère. Ceci acté, la vie de Michka bascule. Des jours routiniers, les visites de Marie, les exercices avec l'orthophoniste, les petites balades dehors... Tout semble étriqué, rétréci. Et les mots, eux, se perdent de plus en plus...

Delphine de Vigan dépeint avec une grande sensibilité et empathie la vieillesse. L'on suit Michka qui devra tout quitter, sa maison, ses bibelots, sa routine si rassurante pour retrouver, du jour au lendemain, dans un Ephad. Elle devra, par-dessus tout, composer avec son nouveau moi, avec ses mots qu'elle perd. À son chevet, Marie, une jeune femme pleine de gratitude et de reconnaissance envers cette vieille dame, et Jérôme, l'orthophoniste qui voudrait tant l'aider à retenir ses mots et l'éloigner, autant que faire se peut, du gouffre. Ce roman, qu'on imagine un brin autobiographique, laisse la place aux silences, aux mains qui se frôlent, aux regards reconnaissants et aimants, aux gestes attentifs et à la vie qui s'effiloche. de ces liens d'affection et de gratitude, l'auteure tisse un récit sensible, touchant et lumineux.
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