Vous commencez à me connaître (ou sinon vous le découvrirez très vite !), j'aime bien quand il y a polémique et je suis souvent tentée de lire les livres que vous descendez en flèche, juste pour me faire ma propre opinion... Et aussi parce que l'exercice intellectuel de chroniquer un bouquin qu'on n'a pas du tout aimé me parait extrêmement intéressant. Je ne me permets pas en effet de juste dire "ce roman est nul", même si je le pense, mais m'efforce d'étayer mon jugement. Et c'est d'autant plus difficile d'y arriver quand le livre vous a été offert par l'auteur himself, comme c'est le cas ici...
Voilà donc un roman - car l'auteur insiste bien sur le fait que cet écrit n'est en rien autobiographique - qui est, ou se veut être un hommage à Béa, l'héroïne. Si l'auteur nous permet de voyager à travers l'Europe et notamment en Italie et nous offre quelques pages sympathiques de descriptions des paysages et villes traversées par le couple, mon intérêt s'est malheureusement trouvé vite limité par cette histoire qui à mon goût tourne en rond et surtout par le style et les insertions "érotiques".
J'ai déjà lu à plusieurs reprises des ouvrages érotiques, j'ai même lu des ouvrages carrément cochons, mais là, nous sommes dans une sorte de mix entre les deux assez dérangeante. L'érotisme, pour moi, c'est affrioler, attirer, titiller, dire et montrer juste ce qu'il faut sans toutefois tout dévoiler. L'érotisme, c'est donner envie de, exiter. Il doit être emprunt de pudeur, de beauté, de douceur. En un mot, l'érotisme n'a rien à voir avec le sexe cru et le langage érotique ne doit pas être un langage descriptif direct. On tombe alors, selon moi, dans la pornographie. Qui ne me choque pas en tant que telle, si je suis avertie d'avance que c'est ce que je vais rencontrer...
Ici, c'est assez clair dès le départ. En effet, la passion qui naît, alors qu'ils n'auraient jamais dû se rencontrer ni s'aimer, entre les deux amants semble être pour grande part dûe à leur attirance sexuelle : "Pourquoi ce dîner italien, pourquoi cet abandon amoureux, cette fureur inassouvie, cette fusion de nos êtres ? - J'en ai pris mon parti ! Que ça dure le temps que ça dure ! Mais sache que je n'ai jamais autant joui qu'avec toi."
Bien sûr, amour et couple sont indissociables du sexe et se complètent, mais je ne vois pas l'intérêt de décrire des scènes d'amour crûment alors qu'il y a tant et tant de belles façons d'exprimer l'amour. Peut-être suis-je restée trop romantique... mais certains passages font plus penser à un cours de biologie avancé qu'à un livre censé être érotique... Et puis je viens de lire le dernier
Deghelt, qui écrit si merveilleusement l'amour que toute comparaison est impossible...
L'auteur passe étrangement d'un passage très cru à un lyrisme qui souvent m'a fait éclater de rire ; sonnez trompettes et clairons ! le style est si pompier qu'il en devient totalement indigeste, mais tellement indigeste qu'il en devient drôle... Les métaphores s'accumulent, des images pour le moins déconcertantes sont utilisées : "les seins pomme" qu'on retrouve tout au long du roman ou bien "l'as de coeur renversé de ses fesses dodues", le "vestibule de Béa si proche de son alcôve", mais aussi "la queue" du narrateur que Béa mendie comme une vraie chaudasse dès qu'il arrive dans les parages. Bref, Béa couine quand elle jouit, elle aime la queue de son amant qu'elle réclame à grands cris "Oh que j'aime ta queue ! J'aime ta queue"...
Franchement, ça vous fait des titillous dans le creux du ventre, à vous, ce genre de récit ? Personnellement, je préfère de loin me délecter avec un bon
San Antonio ou un SAS, dont le vocabulaire sera bien plus crû, mais qui auront le mérite d'avoir une vraie intrigue menée tambour battant et avec humour par un auteur talentueux...
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