Lord Cochrane : volume 4. La suite directe de
Lord Cochrane et le trésor de Selkirk. Autant on peut ne pas avoir lu
Cochrane vs Cthulhu ou
Lord Cochrane vs l'Ordre des catacombes, autant il faut avoir lu ce
lui-ci pour comprendre de quoi il retourne ici. Nous retrouvons Lord Cochrane en route pour ce qu'il pense être les fameuses Montagnes hallucinées. Mais il n'est pas le seul, puisque le cruel pirate Corrochano espère y trouver un trésor fantastique. Ce qu'ils vont découvrir en réalité dépasse l'entendement.
J'avais trouvé que le démarrage de
Lord Cochrane et le trésor de Selkirk était très lent. Trop lent, car
Gilberto Villarroel voulait mettre en place un cadre historique très riche. Ici, comme le travail est fait, on peut partir sur les chapeaux de roue. D'autant le précédent volume finissait sur un suspens réel. Avant d'obtenir la réponse à cette attente, il faut patienter quelques pages : l'auteur fait un résumé narré très complet du roman concernant le trésor de Selkirk. Moi qui me plains souvent de l'absence de résumé, bien pratique pour se remettre en mémoire les détails oubliés quand on lit les livres à parution, j'ai presque trouvé que ce
lui-ci était trop long. Suis-je râleur. En tout cas, j'ai retrouvé tout ce dont j'avais besoin pour reprendre la lecture des aventures de Lord Cochrane (et cela peut permettre à un lecteur de commencer tout de même cette lecture sans être totalement perdu).
Et donc de vivre par procuration des aventures époustouflantes et terrifiantes dans les entrailles de la Terre. Car Lord Cochrane a découvert l'existence d'un tunnel gigantesque sous le passage de Drake, entre l'Amérique du Sud et Deception Island. Mais avant tout, il
lui faut survivre au guet-apens tendu par Corrochano, le vilain par excellence. Ce
lui-là, on ne peut que le détester : il est guidé en permanence par une rancune tenace qui s'est transformée en haine. Cochrane
lui aurait dérobé son avenir glorieux et une richesse méritée. Il doit payer. Et Corrochano est prêt à tous les sacrifices pour parvenir à ce but. Même à perdre une partie de son humanité.
Car, comme l'indique la couverture (à l'instar des autres couvertures de la série), les tentacules vont se montrer. Ou, à défaut, des créatures de ce bestiaires répugnant propre aux oeuvres de
Lovecraft. On retrouve les monstres ailés qui ont fait tant de dégâts dans
Cochrane vs Cthulhu. On voit des traces de cette cité apparue au large des cotes françaises dans ce même ouvrage. Pas une suite directe, mais l'avoir lu permet de mieux profiter
Lord Cochrane et les montagnes hallucinées. D'autant que
Gilberto Villarroel enrichit son bestiaire et nous permet de découvrir bien des secrets sur ces êtres étranges et cruels venus des étoiles. Mais aussi sur notre passé et nos croyances.
La Bible est mise à contribution et l'auteur nous en propose une lecture qui ne plaira pas à tout le monde.
Cet opus des aventures du vaillant explorateur répondent aux exigences du lecteur cherchant aventures et frissons. du moment où le roman commence jusqu'au bout, les péripéties s'enchaînent sans discontinuer. Rien d'exceptionnel, rien d'innovant, mais un récit haletant, avec des surprises et un léger parfum ancien. Avec les manières très compassées de Cochrane quand il s'adresse à Maria Graham. Ou la retenue qu'ils exhibent l'un comme l'autre dans leur relation. Ou encore les exigences de la discipline, même entre Cochrane et Eonet alors qu'ils ont frôlé la mort ensemble de nombreuses fois. Cela ressemble à une sorte de
Jules Verne digeste passé à la sauce Appel de Cthulhu. Les personnages sont entiers, pleins de nobles sentiments ou de haine infâme. Ils ne savent faire de concession quelles que soient les circonstances semble-t-il. Quand ils osent franchir les lignes, on en est presque gêné, à force. Mais soulagé aussi.
En lisant
Lord Cochrane et les montagnes hallucinées, j'ai retrouvé l'aventurier que j'avais apprécié dans les précédents romans de
Gilberto Villarroel. La même gourmandise pour les péripéties au long cours. La même puissance d'évocation d'une époque révolue, en partie imaginaire, pleine d'inventions (ici, The Rocket, locomotive en avance sur son temps) et d'images historiques. le même amour pour ses personnages pleins de sève et de force, de vigueur et d'énergie. Un cocktail que j'avais apprécié et m'a, une fois encore, conquis.