Deux mains, deux coeurs, un lien.
Alabama 1878, Kate vingt-deux ans épouse Arthur, un veuf qui a vingt ans de plus qu'elle et deux adolescents. Ils vivent dans la famille d'Arthur. 1880 née Helen, mais moins de deux ans plus tard, l'enfant en proie à de terribles fièvres survivra par miracle mais sortira de cette maladie, aveugle, sourde et muette. le livre ne raconte pas pour la énième fois la vie d'
Helen Keller, il nous parle de cette jeune maman, terrassée par cette épreuve mais aussi combattante, envers et contre tous.
Le titre fabuleux «
La belle lumière » a évoqué pour moi deux mains celle de l'adulte et de l'enfant unies mais qui peu à peu se détache dans un rai de lumière, le devoir accompli, celui de laisser partir l'enfant et ce lien indéfectible qui fait que mère et enfant restent liées à jamais.
« Les coups portés contre l'arbre ont cessé, et dans le silence, à mi-chemin, l'enfant finit par se figer puis vacille, écarte les jambes pour se stabiliser. le haut de son corps bascule. Son visage offert au ciel se plisse, sa gorge gronde et ses paumes se tendent vers les arbres. Par intermittence, de la main droite elle frotte sa joue. Kate connait ce geste. Elle l'attendait. C'est pour la mère qu'il est né dans la main de la fille. La joue frottée. C'est par ce geste que la petite est à elle et qu'elle est à Helen. »
Il faut beaucoup d'amour pour affronter le handicap, le regard des autres, les chuchotements qui disent de l'enfant qu'elle est folle et qu'il aurait été préférable qu'elle meure.
Combien dans son entourage disent qu'il faut mettre l'enfant à l'asile. Cacher la différence, enterrer vivants ceux qui sortent de la norme.
Kate malgré son jeune âge va chercher comment faire pour que sa fille communique et devienne autonome.
On doit reconnaître qu'Arthur la suivra dans ses démarches, il sera présent.
Car cette petite fille pleine d'énergie, est un animal sauvage, elle sent que le monde ne lui est pas accessible, alors elle est emplie d'une colère, qui fait penser aux orages violents.
La tempête est toujours à fleur de peau chez Helen.
L'écriture de l'auteur a une grâce unique, elle nous prend par le coeur ne nous lâche pas. Elle tisse des phrases sublimes, et l'incipit nous plonge dans le réel de cet enfant et de sa mère.
La souffrance de l'une est la souffrance de l'autre, chaque pas est un pas vers l'autre, le monde s'ouvre.
La lectrice que je suis à aimer lire avec tous les sens en éveil, chaque phrase nous fait éprouver ces mots qui coulent avec limpidité.
Il faut beaucoup de courage à une mère pour affronter les réalités mais encore plus pour lâcher la main de l'enfant et la laisser vivre sa vie.
C'est une véritable performance de se glisser dans la peau de son personnage mais un véritable tour de magie de faire que le lecteur s'y glisse aussi.
J'ai beaucoup pensé à toutes les familles qui se battent pour la reconnaissance de la différence et le droit à la vie, tout simplement.
Comme l'écrivait
Victor Hugo :
« Deux mains jointes font plus d'ouvrage, sur la terre, Que tout le roulement des machines de guerre. »
©Chantal Lafon
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