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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Angélique Villeneuve que je découvre à travers ce court roman m'a totalement envoutée par la délicatesse de sa plume pour évoquer une histoire étrange et dérangeante.
Il s'agit avant tout d'une histoire d'amour, de l'amour que Maria éprouve pour Marcus, son petit-fils.
Tout commence comme une histoire heureuse de tendresse et de partage entre l'enfant et sa grand-mère. Ils aiment observer les oiseaux et leur parler.
Lorsque le petit garçon arrive vêtu d'une robe avec les ongles peints en rose, et affirme que désormais il s'appelle Pomme, Maria accepte sans poser de question.

Lorsque sa fille donne naissance à un nouveau bébé et refuse d'en dévoiler le sexe, la grand-mère ne comprend pas.
Elle est malheureuse face à cet enfant dont elle ignore le sexe et ne sait pas comment lui dire son amour.
Il y a un très beau passage lorsqu'elle se retrouve seule avec le nourrisson, elle se pose des questions, il serait si simple de regarder.

Il est difficile de ne pas avoir de tendresse pour Maria, obligée de faire le dos rond face à des parents pour le moins originaux.
Face à la pression sociale, aux réflexions des voisins, à l'intransigeance de son compagnon et de sa fille, elle continue son chemin d'amour vers ses petits-enfants.

L'écriture est magnifique, l'auteur ne prend pas partie, ne juge pas, elle expose les faits en laissant au lecteur le soin de se faire une opinion.

Une très belle lecture pour laquelle je remercie les Editions Grasset et le site NetGalley.

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Céline et son conjoint sont déterminés à affranchir leurs enfants des stéréotypes liés au genre. Pourquoi Marcus, leur fils aîné de 5 ans, ne porterait-ils pas de robes?
Pourquoi ne pas se libérer des contraintes réductrices imposées par les conventions, qui divisent l'humanité en deux catégories distinctes?

Le couple décide donc de ne divulguer à personne le sexe de leur deuxième enfant. Ainsi, ce bébé ne sera ni fille, ni garçon ; il sera les deux.

Maria, la mère de Céline, accepte patiemment les lubies de sa fille concernant l'éducation des enfants. Son profond amour pour Marcus, et ensuite pour «le bébé», est sa raison de vivre.

On perçoit pourtant bien le désarroi de cette grand-mère face à un parti-pris qu'elle ne partage ni ne comprend, qui la met mal à l'aise.
Très affectée d'être exclue du secret, c'est cependant avec tolérance qu'elle s'incline. L'étrangeté de la situation ne constitue pas un obstacle à son amour.
Toute sa vie en est néanmoins bouleversée : son conjoint désapprouve cette nouvelle extravagance et la quitte, elle perd son emploi, se heurte à la désapprobation du voisinage, et surtout, sa fille et son gendre, inflexibles, la tiennent à l'écart, éloignée des enfants qui sont le centre de son univers.

La voilà rejetée, isolée, abandonnée, elle qui est pourtant la seule à avoir fait preuve d'ouverture d'esprit.

Je regrette un peu qu'Angélique Villeneuve se contente ici de décrire. Elle se limite à montrer timidement que Maria a le coeur grand, que son compagnon est passablement borné, que sa patronne et ses voisins sont conditionnés, et que sa fille et son gendre, dans leur volonté de se libérer d'une sujétion, se montrent excessifs et butés.
J'aurais préféré qu'elle prenne un peu plus fait et cause pour son héroïne.

Car, même si la question soulevée par les parents est pertinente, leur position est pour le moins extrême. le sexe d'une personne fait partie intégrante de son identité, il ne résulte pas d'un diktat sociétal. C'est une différence qu'il convient de respecter et non pas de gommer. Naître fille ou garçon n'est pas le problème. le problème résulte en fait des inégalités et des interdits que la plupart des civilisations ont attachés au genre des individus.

Ce roman n'en reste pas moins éclairé par l'infinie tendresse de Maria et sa complicité avec Marcus, par le vol et le pépiement des oiseaux, par les jolies couleurs que la vie revêt parfois.
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J'ai été très touchée par le personnage de Maria, grand-mère complètement folle de son petit-fils Marcus, nouant avec lui des liens très forts : ensemble ils jouent, se font mille câlins, observent les oiseaux, collectionnent les plumes, respirent l'odeur des plantes et admirent les couleurs des arbres et du ciel… Tout est bonheur de vivre, explosion de joie, de tendresse, d'amour.
Pourtant, une ombre vient mettre un bémol à ce tableau idyllique : Marcus arrive parfois chez ses grands-parents les cheveux un peu longs, les ongles vernis, une robe roulée dans son petit sac à dos. Maria observe sans rien dire mais William, le grand-père (compagnon de Maria depuis qu'elle est veuve) supporte mal. Il ne comprend pas pourquoi, dorénavant, Marcus a le droit de s 'appeler Pomme s'il le désire ni pourquoi Céline et Thomas, les parents de Marcus-Pomme, à la naissance de leur deuxième enfant, refusent de révéler au monde le sexe du petit frère ou de la petite soeur. Un bébé est né, point barre. Il s'appelle Noun. Les grands-parents, Maria et William, n'en sauront pas davantage.
Pourquoi me direz-vous ? Parce que Céline et Thomas refusent d'enfermer leurs enfants dans un genre, dans une « éducation fille » ou une « éducation garçon ». Mais ça va plus loin : c'est l'enfant qui décidera plus tard de son sexe, s'il se sent plutôt fille ou plutôt garçon. Il ne sera pas contraint, la société ne lui imposera aucun schéma. Il sera libre.
« On est autorisé à dire le bébé, comme au premier soir, mais à aucun moment ne seront risqués ni accord ni pronom. le pronom ne se prononce pas, fanfaronne Thomas. Vers cinq, six ans ou plus tard encore, Noun choisira le plus adapté. Il ou elle. Celui qui lui plaira. Il sera même envisageable que Noun en change de temps en temps. Elle ou il. Marcus suivra le pas s'il le souhaite. On verra bien. L'aventure s'annonce passionnante, prévoit Céline… Un enfant, une enfant, le mot lui-même n'est pas genré, poursuit Thomas. Les gens ont tendance à l'oublier. Noun est libre et attendra le plus longtemps possible avant d'être genré(e). Genré. Maria n'arrive pas à se faire à cet adjectif.»
Pour William, le grand-père, toute cette histoire est difficile à avaler. Quant à Maria, ce qu'elle comprend tout de suite, c'est qu'elle ne gardera jamais le bébé. le garder reviendrait à connaître la vérité, avoir la possibilité de découvrir le sexe de l'enfant. Les parents refusent. Maria devra donc s'éloigner de ses petits-enfants. A peine pensable pour elle...
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur s'empare de ce sujet d'actualité : le genre. Sujet épineux à ne pas aborder lors d'un repas de famille transgénérationnel...
Le couple évoqué dans Maria est assez radical dans ses choix puisqu'il va jusqu'à refuser de révéler le sexe de l' enfant. le roman d'Angélique Villeneuve nous pousse à nous interroger, à nous poser des questions essentielles auxquelles il est bien difficile de répondre…
Dans tous les cas, son roman n'impose aucun point de vue mais plutôt apparaît comme une invitation à considérer l'autre quelles que soient nos convictions de départ et notre sensibilité, à tenter de comprendre sa façon de concevoir la vie, la liberté, le bonheur… On échappe ici à toute vision manichéenne qui serait très réductrice : il n'y a pas, dans cette histoire, ceux qui ont tort ou ceux qui ont raison ou alors, ceux qui ont tort sont les êtres qui se ferment comme des huîtres et se révèlent incapables de s'ouvrir à l'autre (risque encouru aussi bien par les enfants que par les parents.)
L'écriture poétique et sensuelle d'Angélique Villeneuve exprime magnifiquement la relation fascinante entre Maria et ses petits-enfants, relation qui a quelque chose d'animal. Elle les sent, les caresse, les cajole, les étreint, les couvre, les nourrit, se donne complètement à eux et cette complicité est vraiment très touchante et m'a beaucoup émue. Maria est une vraie grand-mère poule et l'on imagine aisément son désarroi lorsqu'elle se sent coupée, écartée de ses petits…
Un texte magnifique tout en délicatesse et en retenue, un superbe portrait d'une femme qui, malgré l'hostilité de son ami, la raideur de sa fille et de son gendre et les critiques de la société, poursuit coûte que coûte son chemin vers ceux qu'elle aime, quels que soient leur sexe, leur genre, leur nom et leur tenue vestimentaire, comprenant qu'au fond, tout cela est loin d'être l'essentiel...
Parce qu'au fond, ce qui compte, c'est bien l'amour, n'est-ce pas ?
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Seules les plumes légères peuvent se permettre les sujets les plus lourds. Faire jaillir la lumière par la magie d'une phrase, au détour des mots les plus sombres. Angélique Villeneuve possède cette grâce, c'est évident. La Maria qu'elle anime pour nous est un concentré d'amour, d'espoir et d'humanité, malgré les épreuves, malgré ceux qui l'entourent et font le monde gris là où Maria voit des couleurs.

Maria est une jeune grand-mère que rien ne comble plus que le temps passé avec Marcus, son petit-fils de trois ans. Malgré la relation compliquée avec sa fille Céline et son gendre qui entendent bien appliquer des principes novateurs en matière d'éducation et de famille. Classique me direz-vous ? L'opposition entre mère et fille sur l'éducation des enfants, on connaît... Eh bien, non, pas si classique. Céline et Thomas sont bien décidés à ne pas imposer de genre à leurs enfants et à les laisser choisir eux-mêmes. Si Marcus est bien un garçon aux yeux de tous, il n'est pas rare que ses parents le laissent s'habiller avec une robe et coiffer ses longs cheveux en tresse. Quant au nouveau bébé qui pointe son nez, ils décident de ne pas dévoiler son genre, tout simplement. C'est un bébé et il s'appelle Noun. Même Maria est tenue à l'écart, ne peut approcher le bébé qu'en présence de ses parents. Autour, c'est l'incompréhension. Famille, voisins se révèlent incapables de faire face à cette situation et l'hostilité devient palpable. Pour Maria, c'est le désarroi qui prime, le désespoir d'être éloignée de ses petit-enfants, le manque des moments privilégiés qu'elle partageait avec Marcus, l'hostilité et la méfiance des voisins qui rejaillit sur elle. Cette situation atypique agit comme un révélateur sur les comportements des personnes qui entourent Maria ; car l'amour semble-t-il n'est pas inconditionnel.

Avec beaucoup de finesse, Angélique Villeneuve interroge sur nos façons d'aimer, pointe cette manie que nous avons de vouloir formater les autres à notre image, nos difficultés à admettre les différences. C'est une question millénaire qu'elle parvient à brillamment renouveler par le prisme de cet angle de vue inédit et très intelligent. Que faut-il savoir de l'autre pour l'aimer ? Maria et Marcus aiment admirer ensemble les oiseaux, et peu importe que Marcus porte une robe ce jour-là. Seuls les regards que posent les autres sur lui dérangent, et ce sont ces regards que Maria voudrait lui éviter.

Avec Maria, Angélique Villeneuve nous offre une nouvelle fois un concentré d'émotions qui passe par les sens et convoque la nature comme une consolation. Déjà dans Nuit de septembre, l'importance des arbres que l'on retrouve ici enrichis des oiseaux qui ornent leurs branches. Et l'on a envie de suivre Maria, on a envie de plus de Maria sur terre, de plus de gens qui discernent les couleurs des gens, celles qui viennent de l'intérieur.

"Maria sait la couleur des gens, la couleur des sons et des odeurs. Les couleurs invisibles sont son secret et son privilège. William, par exemple, est d'un pourpre dense et terreux, Céline d'un gris très doux. Une brillance d'oignon rouge jaillit de Thomas, et de la mère de Maria l'orange d'une fleur de souci. Son père n'avait pas vraiment de couleur, ou alors elle ne s'en souvient plus, n'a pas eu le temps de la percevoir. Alain, lui, vibrait d'un brun de pain brûlé qui se muait parfois en long grésillement. Pour Maria, la frontière est mince qui sépare les odeurs et les sons. Et puis, bien sûr, il y a Marcus. Marcus est d'un vert splendide, celui d'une soupe de cresson saturée de crème, celui de la première peau d'une fève. Ce soir-là, le vert de Marcus est un baume qui, dans la cuisine, l'aide à reprendre pied."
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Maria est la grand-mère de Markus, petit garçon de 3 ans qu'elle couve de son amour et avec qui elle observe les oiseaux et collectionne les plumes. Elle a un lien étroit avec lui et est désarçonnée depuis quelque temps, quand elle le voit apparaître parfois en robe. Sa fille Céline, et Thomas son compagnon, n'y voient pas d'inconvénient, ne veulent pas que leur enfant soit prisonnier d'un genre et le laisse se rebaptiser Pomme.

Un deuxième enfant naît et les parents poussent leurs convictions un peu plus loin en refusant de dévoiler son sexe, lui donnant un prénom neutre, Noun. Maria ne comprend pas, son compagnon William encore moins. Bouillant de colère, il finira par partir laissant Maria seule avec son désarroi, face au diktat de sa fille.

Elle a beaucoup à perdre Maria dans cette histoire, mais elle un coeur "gros comme ça" et c'est lui qui va la guider. C'est par ses yeux et sa voix que nous suivons l'histoire. Les questions posées par l'attitude des parents sont d'importance et l'auteure ne les tranche pas. Maria suit son propre chemin, heurtée, ballottée par la pression sociale, par l'intransigeance de sa fille. Elle est maladroite, perdue, fait des faux-pas, mais un amour comme le sien ne peut pas renoncer.

Je n'étais pas particulièrement attirée par le sujet de départ, mais j'ai vite été happée par Maria et j'ai lu le roman presque d'une traite. de livre en livre, l'auteure confirme une voix particulière, sensible, pudique, qui va au coeur de l'humain et touche immanquablement. La nature n'est jamais loin, ici les oiseaux et l'art de s'émerveiller d'un ciel traversé de nuages.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Maria a tissé un lien poétique, empli d'amour avec son premier petit-fils, Marcus, trois ans. Si elle retient ses remarques sur le fait que l'enfant arbore au gré de ses envies cheveux longs, maquillage et robes, elle sera sous le choc quand, à la naissance de leur deuxième enfant, sa fille et son gendre refuseront de révéler le sexe de celui ou celle à qui il sont attribué un prénom non genré.
Cette attitude radicale à laquelle les jeunes gens refusent obstinément de déroger entraînera bien des changements dans la vie affective tout autant que professionnelle de Maria.
On ne peut qu'être bousculé par ce roman où l'on retrouve avec un plaisir sans faille l'écriture sensible et poétique d'Angélique Villeneuve. Qu'on ait l'âge de Maria ou celui de sa fille, que l'on soit homme ou femme, ce roman vient remettre en question tout ce qu'on tenait pour acquis. Il m'a fallu le temps de laisser infuser ce roman que je n'oublierai pas de sitôt.
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Je l'ai lu d'une traite ce court roman qui de manière très pudique et sans jamais prendre parti affronte le problème du « genre » et de l'amour inconditionnel de certains grands-parents pour ces petits-enfants qu'ils considèrent un peu comme les leurs mais sur lesquels ils n'ont pas autorité.
Angélique Villeneuve place son récit du coté de la grand-mère. Une grand-mère bien maladroite dans son désarroi. L'amour très fort qui l'unit à son petit fils y est subtilement décrit. Face à sa fille et son compagnon qui ont décidé d'élever leurs enfants à leur manière, sans les entraves liées au genre de l'enfant, que peux-t-elle faire, elle la rêveuse qui associe les gens à des couleurs et se passionne pour les oiseaux ?
J'aurai aimé seulement que l'auteure (oups! c'est genrée!) aille un peu plus loin tant dans son histoire que dans son analyse.

Lien : https://ffloladilettante.wor..
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C'est une oeuvre poétique et tendre que nous offre Angélique Villeneuve dans son dernier roman. Une écriture délicate pour des personnages sensibles aux sentiments forts et limpides.
Rien chez Maria n'est facile, ni sa vie, ni son ressenti, ni son désir d'amour toujours croissant. Un récit sur la perte et l'absence, porté avec sensibilité par la magnifique plume de l'auteure. Une oeuvre composée de lumière et de silences, de couleurs et de nuances pour un récit d'une grande pudeur. L'un des thèmes choisi par l'auteure (l'audacieux sujet du genre chez les jeunes enfants), est intelligemment abordé, à travers la sensibilité de Maria et son regard de narratrice.
Une oeuvre digne, douce et poétique qui nous transporte, aux côtés de son personnage principal, sur les pentes délicates de l'enfance et les liens parfois ténus mais essentiels qui nous relient, d'une génération à l'autre.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
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Maria est une grand-mère heureuse. Avec Marcus, ce sont des moments de partage rien qu'entre eux : les oiseaux, les plumes, les histoires. Maria a son travail de shampouineuse, certes, mais elle a surtout Marcus.
Sa fille Céline et son gendre s'apprêtent à accueillir leur deuxième enfant ; ni fille, ni garçon, il sera le bébé ! Pas de genre ; il choisira plus tard.
Céline et Thomas sont pour le moins des originaux ; des hors norme ; pas vraiment dangereux pour la santé de leur enfant (mais qui sait sur leur développement psychique, et la construction de leur identité sexuelle… y a-t-on pensé à cela ?) Marcus est un garçon, mais ne l'élèvent pas vraiment comme un garçon. Cette fois ils ont donc décidé, et fermement décidé de donner une éducation différente à leur « bébé ».

Pauvre Maria qui se sent de plus en plus éloignée de sa fille et de ses petits- enfants, subissant les intransigeances de sa fille et la lassitude d'un compagnon qui ne comprend rien à tout cela. Pauvre Maria qui est d'une autre génération, qui ne fonctionne pas du tout comme sa fille et ne comprend pas ses idées loufoques, et ses méthodes éducatives originales…

Certes Maria n'est pas la mère, et par conséquent, ce n'est pas elle qui décide. Mais au nom de quoi Céline se permet de remettre en question le genre ?

Comment laisser libre cours à ses idées, permettre d'exprimer ses sensibilités quand elles sortent du cadre normatif ou sociétal tout en maintenant malgré tout un certain ordre social qui nous cadre et nous formate, qu'on le veuille ou non ? Comment permettre à chaque membre d'une famille de trouver sa place quand on ne vit pas de la même manière ?

Angélique Villeneuve pose plus de questions qu'il ne donne de réponse. Avec infiniment de sensibilité et de poésie, elle brosse des portraits touchants ; et même si je ne partage pas forcément les idées des uns ou des autres, tous m'ont à leur façon inspiré empathie, compréhensions, et affection.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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J'ai fait la connaissance de Maria, 58 ans, un coeur simple, sensible à la couleur des êtres qui l'entourent, Maria qui parle avec son petit-fils, Marcus, la langue secrète des enfants, et je ne l'ai pas quittée, il fallait que je continue à tourner les pages de ce court roman aspirant-inspirant, pour elle, pour Maria, je craignais tant qu'elle ne s'en sorte pas…
Sa fille Céline et son mari, Thomas, veulent changer le monde et commencent à leur échelle, avec leurs enfants. Marcus, à trois ans, a le droit de s'offrir un nouveau prénom, Pomme. Il porte nattes, robe et collants quand cela lui chante et orne ses ongles de vernis. C'est trop pour William, le compagnon de Maria depuis dix-neuf ans. Et parce que Maria, elle, se plie à la volonté de sa fille, il la quitte.
Maria encaisse, elle est forte pour encaisser, mais elle vacille et commence à perdre pied, « tout a commencé à se désarticuler dans sa vie ».
Arrive dans la foulée la naissance du deuxième enfant. Ce coup-ci, les parents refusent de dire à quiconque quel est son sexe. C'est un bébé, qui s'appelle Noun, point final. Il ou elle ? Il choisira plus tard.
« Les mois passent et le couple s'obstine. Avril, mai, juin, juillet, août. Contre toute attente, toute logique et toute charité, ils ne cèdent pas. C'est encore et toujours non.
Un non affolant, un non de pierre dure. »

Je ne me suis pas identifiée à Maria, elle a un tempérament trop différent du mien, mais j'ai été en empathie avec elle tout au long du récit, souffrant de la distance qui s'était installée et continuait à se creuser entre elle et Céline (« Maria a la sensation d'avancer, mas marche loin derrière sa fille. »). Il est question, ici, de convictions profondes, d'éthique de vie et je comprenais la position de Céline. Mais voir contrariée la relation que Maria entretenait avec ses petits-enfants, ce besoin vital de peau à peau, était une réelle douleur.

Je n'avais jamais rien lu d'Angélique Villeneuve, une auteur dont j'ai pourtant entendu dire beaucoup de bien sur les blogs, et c'est le thème de ce dernier roman qui m'a incitée à franchir le pas. J'ai découvert une écriture à la fois charnelle et à fleur de sentiments, en prise directe sur la poésie autour de nous, une façon d'aborder les choses de manière non pas frontale mais incidente pour nous emmener sans parti pris hors des sentiers battus, à la recherche de nouvelles marques.

Je n'oublierai pas Maria de sitôt, ni Céline en quête d'un monde meilleur pour ses enfants.

Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
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