Pour Ki Koi Kan : hum, miam, à table :
" Faux-filet grillé sauce bourguignonne
Pommes de terre nouvelles
Soufflé au chocolat
Malbec "
Récit tout en finesse, simplicité et élégance dans lequel
Isabel VINCENT raconte avec délicatesse et pudeur une tranche un peu salée de sa vie conjugale fort heureusement agrémentée d'une rencontre légère comme une mousse, acidulée comme un zeste d'orange, relevée par un poivre subtil : la rencontre savoureuse et nourricière avec Edward.
Edward est un vieux monsieur qui a connu l'amour, le vrai, la cuisine, la vraie, le bonheur, le seul et le vrai et il sait transmettre ses connaissances et ses expériences sans avoir l'air de donner des leçons.
Isabel, journaliste à New York va aller dîner régulièrement avec Edward à la demande de l'une de ses amies (pour soutenir Edward qui vient de perdre sa femme) et ces rencontres gastronomiques deviendront des respirations indispensables à sa vie, des intermèdes philosophiques essentiels et décisifs. A l'instar des "Délices de Tokyo" de
Durian Sukegawa, le hasard de la rencontre et la préparation des plats seront des éléments déterminants pour prendre conscience du sens de la vie.
Chaque chapitre démarre par une recette qui donne l'eau à la bouche, comme dans un restaurant haut de gamme mais délicieusement accessible, recette déclinée sous forme de poésie culinaire qui ainsi prépare le lecteur à ce qui va arriver, comme un papier cadeau scintillant qui enrobe une découverte, une idée, un enseignement. Chaque recette inclut une viande ou un poisson, un ou plusieurs accompagnements, un dessert, un vin et quelquefois un apéritif :
" Moruette à la Sauce tomate San
Marzano
Salade aux zestes d'orange
Galette aux pommes, glace vanille
Pinot Grigio"
Chaque chapitre se solde par un apprentissage comme la définition de ce "repos de l'âme" : "trouver un coin dans sa tête où l'on soit en paix avec sa vie et avec ses décisions"
Et bien sûr Edward demande toujours une contribution à Isabel car il a 93 ans tout de même et il vit en sage au rythme d'une existence faite de souvenirs heureux et de bonne chère, de savoir recevoir chez soi, de donner pour recevoir. Cette contribution c'est la confidence que fera Isabel à chaque passage chez Edward, confidence sur sa vie sentimentale qui part à vau-l'eau. Et comme Edward "reçoit", il donne en retour de l'apaisement, de la réflexion, de l'incitation à l'introspection.
Même l'endroit où vit d'Edward porte à la contemplation, Roosevelt Island, ex île des "criminels, indigents et aliénés" et chaque dîner mènera Isabel à prendre conscience que "le paradis n'est pas un lieu mais les personnes qui peuplent notre vie"
Dommage que le récit semble comme inachevé, abrupt, coupé et que que les recettes ne soient pas toutes décrites précisément car vraiment on reste très légèrement sur notre faim !