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Critique de fanfanouche24


Librairie Caractères / Issy - Choisi le 26 février 2022

Un grand bonheur de lecture... avec le plaisir d'apprendre, encore et encore, par des chemins buissonniers, imprévus et joyeux !....

« J'aime Diderot.Qui n'aimerait pas Diderot ?
Mais Falconet ?
L'entreprise est plus difficile.
Il est temps que j'en vienne aux aveux.
J'ai dit qu'il était un Ours.
Eh bien voilà ,j'aime les ours.Je crois que je les ai toujours aimés. (p.33) »

Très heureuse d'être « tombée » sur le dernier ouvrage de Frédéric Vitoux, qui nous plonge dans le Siècle des Lumières, avec un célèbre sculpteur au caractère sauvage, Falconet, un « ours fort mal léché »…et son contraire, le très sociable, bavard et philosophe, Denis Diderot.

Ces deux-là, aux tempéraments opposés, seront toutefois, un temps durant, les meilleurs amis du monde… C'est que que Frédéric Vitoux nous offre dans ce récit : la naissance et l'évolution de cette Amitié peu ordinaire ; les parcours intellectuels et artistiques des deux hommes, aux personnalités antinomiques, leurs désaccords, leur admiration et affection l'un pour l'autre et puis finalement, la brouille !…

Ce qui peut-être déroutant dans cette narration… c'est qu'alors que nous voguons en plein 18e siècle… Frédéric Vitoux enchaîne sur le présent, ou son passé personnel : évocation d'amis, d'écrivains, de rencontres, des anecdotes liés à ses livres…Il y mêle ses affections, ses admirations, dont celle, indéfectible, pour Bernard Frank, que l'on retrouve dans d'autres de ses ouvrages dont « le Bar des Mariniers » ; sans omettre sa passion totale, exclusive pour "son" Ile Saint-Louis, lieu magique de toute sa vie, à nul autre , comparable….qui parcourt quasiment tous ses livres !


L'impression parfois de sauter du coq à l'âne… ou d'être, comme dans les écrits de Diderot, immergé dans une conversation à bâtons rompus, entre amis….
L'auteur, comme « son » Diderot, a un goût immodéré pour les chemins de traverse…et une curiosité toujours en mouvement…

Cela fait parfois sourire… toutefois, ce procédé narratif a le mérite de rendre l'ensemble très vivant, et très prodigue en informations…comme une des phrases de la quatrième de couverture l'exprime justement : « Quand l'érudition se fait jubilation. »...

Pour ma part, j'ai appris, avec stupéfaction et plaisir que Frédéric Vitoux, par le plus grand des hasards, s'est vivement intéressé à un personnage qui fut très célèbre au XIXe : Henri Latouche.

Personnalité littéraire, de premier plan, polémiste virulent, un autre « ours mal léché », dont Frédéric Vitoux rêvait de consacrer, un jour, un ouvrage… Henri Latouche me parle beaucoup, car je l'ai souvent croisé, recroisé pendant mes années de bibliographe et catalographe en Librairie ancienne….

Je vais donc transcrire un long extrait sur son caractère et son parcours, car, Vitoux a bien raison de le sortir de cet oubli injuste où il a sombré , depuis!!!

« En attendant, c'était lui, Latouche, qui avait retrouvé et rassemblé les poèmes d'André Chénier pour leur assurer une première édition, posthume bien sûr, en 1819. C'était lui qui avait suggéré à Vigny le sujet de –Chatterton.- C'était lui qui avait encouragé son ami Balzac à écrire –Les Chouans-, son premier vrai succès public. C'était lui, bien entendu, qui avait encouragé sa compatriote George Sand à venir à Paris, où il avait veillé à ses débuts journalistiques et littéraires. Ajoutons qu'il partagea un peu plus tard la vie de la poétesses Marceline Desbordes-Valmore… […]
Ce sauvage était partout. Influent sans doute mais vulnérable. Irascible, intransigeant, et donc entouré d'adversaires, il faisait peur. Chacun louait sa causticité, son intelligence fulgurante. Mais il ne pouvait compter sur personne pour le défendre. Il n'était pas un homme de clan. Il haïssait les coteries- et les coteries lui rendaient bien »….

Si j'ai alourdi quelque peu cette chronique [et je m'en excuse, par avance !] avec ce portrait de Henri Latouche, c'est pour montrer aux autres lecteurs combien Frédéric Vitoux nous embarque bien au-delà du 18e et de nos deux artistes, Falconet et Diderot….Il nous emporte dans une longue promenade artistique, littéraire et amicale à travers le temps! J'ai dévoré toutes ces pérégrinations culturelles ,éclectiques, multiples, colorées de Frédéric Vitoux, en une nuit !!!

Une lecture joyeuse , des plus enrichissantes pour tous les "accrocs" de Littérature, de Beaux-Arts, d'Histoire... Il y en a, en fait, pour presque tous les goûts !!
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