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Citations sur Assassinat à Prado del Rey (19)

Rien n'est plus triste qu'une chambre pour deux, quand on ne s'aime plus trop ... Ce sont deux beaux vers de déboire amoureux d'un des meilleurs poètes d'amour contemporains. Mais ils brûlent bien. Il faut reconnaître qu'ils brûlent bien. Si vous êtes un pyromane, vous avez dû remarquer que les livres en vers brûlent mieux que les livres en prose. Les espaces blancs facilitent la combustion.
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Que ce soit sous le franquisme ou en démocratie, il y avait toujours des types prêts à manger quelque chose ou n'importe quoi, au mépris de milliers d'années d'évolution culinaire, depuis l'instant capital où un primate avait laissé tomber un morceau de viande crue dans le feu. La première scission, entre les partisans de la viande saignante et ceux de la viande très cuite, remonte sans doute à cette époque-là.
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Le local s'appelait Mauvaises Entrailles et il était à la mode depuis quinze jours.
(...)
L'attraction de mauvaises Entrailles était une chanteuse anglaise de ballades: Elle avait cet air de santé blafard qu'ont souvent les jeunes anglaises, et deux nichons ronds qu'elle posait sur le couvercle du piano quand elle essayait de transmettre au pianiste les sentiments de ses chansons.
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Assassinat à Prado del Rey :

Carvalho pensa au fantôme de l’Opéra pendant tout son voyage à Madrid, imaginant un fantôme audiovisuel adapté à Prado del Rey, vaguement punk mais avec des pellicules, rock dur en musique de fond, avec un peu d’orgue de barbarie, un empilement d’omelette aux pommes de terre et hamburger ou des tripes à la madrilène arrosée de ketchup.

[…]

Il y a toujours quelqu’un pour assassiner ce qu’on a écrit. Écrire, c’est comme de fabriquer des assiettes pour le ball-trap ou de couver des pigeons pour le tir aux pigeons.

[…]

Elle souffla par le nez : si elle avait été debout, elle aurait piétiné le sol comme un taureau avant l’attaque.
— tu ne me bottes pas, Galicien. Mon père était asturien, et il disait que tout le mal venait de l’ouest. Et vous, vous êtes à l’ouest.
— C’est faux. Araquistain était basque et jamais, jamais je ne lui ai entendu dire une telle connerie.
Elle s’était levée, les yeux brillants d’une colère mauvaise.
— Ce Galicien de merde a insulté les Asturiens.
— Mais non, Inma, mais non… C’est un ami et il veut nous aider, il veut t’aider. Comme ça, la police ne t’embêtera plus.
— Moi, la police, je me la fous…
— D’accord. Mais aide-nous, Inma.

[…]

— Drôle d’époque, mon cher Carvalho, la loyauté se paie par un refus, un néant et une absence ; ma loyauté était si grande, si démesurée, qu’on pouvait la prendre pour de la déloyauté. J’ai en partie sacrifié mes convictions et mes objectifs historiques pour consolider la démocratie. Et comment me paie-t-on en retour ? En me jetant en pâture aux lions de la droite, mais ainsi on détruit une des rares traces de républicanisme subsistant dans le socialisme espagnol. République vaut rationalité, et c’est pour cette raison qu’om me congédie, parce que j’ai voulu appliquer la morale rationnelle, parce que je suis fondamentalement républicain, même si j’ai loyalement cette monarchie, cette république couronnée, consacrée par le sceau de la Constitution de 1978.
D’un trait et sans consulter une note, observa Carvalho. Mais il ne dit rien, car Vilariño poursuivait cette épître morale à un ami intime.

[…]

— Voulez-vous être mon marmiton ?
— Pas le temps, et la nouvelle cuisine [en français dans le texte] n’est pas mon truc. Je suis de la banlieue, toujours fidèle à la cuisine maison. Mais avec un entrainement à base de menus de ce genre, vous n’arriverez jamais à écrire L’Ulysse de Joyce.
— Finalement, j’aimerais autant réussir un bon Kundera. Les saumons à la moelle seront un excellent entrainement pour écrire un Kundera.
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Carvalho a mis en marche la machine italienne à faire des pâtes. Les fils des spaghettis sortent peu à peu et Carvalho les coupe à la longueur convenable. Il va cueillir quelques feuilles de basilic en pot dans son jardin, revient dans sa cuisine, les mélange dans le mixer avec des pignons, de l'ail, de l'huile, du vinaigre, du poivre et du sel. Il fait la sauce. Il plonge les spaghettis dans l'eau bouillante et prépare des saltimbocca pendant ce temps. Une fine tranche de veau, une de jambon et une feuille de sauge, successivement, le tout assemblé par des cure-dents et revenu à la poêle. Il apporte sur un plateau les spaghettis fumants et le plat recouvert où reposent les saltimbocca.
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... Cifuentes paraissait avoir épuisé la liste, qu'il écrivait au fur et à mesure sur une feuille, Carvalho la relut.
- Il manque les scénaristes dont on a modifié le scénario.
- Sauf votre respect, monsieur Carvalho, on voit que vous ne connaissez pas les gens du milieu. Le scénariste est comme le bois de santal qui parfume la hache qui l'abat. Un scénariste sait qu'il va toujours l'avoir dans le cul, tel est son destin.
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L'Histoire a ses manies et il est des raisons de l'Histoire que l'intelligence peut comprendre, mais que le coeur ne peut admettre.
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- Supporter le monde des vivants pendant cinquante ans pour avoir la perspective de mourir agréablement pendant les vingt années suivantes me paraît être une vie absurde.
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Jordi Anfruns, sociologue sexuel

Il est introduit par un soi-disant majordome vu ses manières, mais habillé en chauffeur, qui se demande quel accueil son maître peut réserver à cet intrus pas très reluisant. Les yeux de M. Gispert prononcent la même sentence. Cet homme a des mâchoires puissantes, une poitrine puissante, une tête puissante émergeant d’une veste d’intérieur blanche, il est vautré dans une puissante chaise longue [en français dans le texte] d’un jardin puissant, doté de l’inévitable et puissante piscine. À côté de lui et par contraste se tient la petitesse d’une figurine de femme éplorée. La petitesse de la femme accroit l’immensité de l’homme, et les larmes excitent le ton rude et dominateur.
- Pour moi, elle était déjà morte.
- Ma petite !
- Tais-toi, maquerelle. C’est en grande partie de ta faute. Tu me reprochais d’être trop dur avec elle, et tu n’arrêtais pas de la protéger quand elle avait de mauvaises notes et rentrait tard le soir.
- Elle voulait être actrice.
- Actrice ! Actrice. Je savais très bien ce qu’elle voulait être.
Carvalho assiste dans son coin à l’inutile scène de ménage, à ce duel d’opinions qui va les accompagner jusqu’à la fin de leurs jours.

[…]

Un ex-cinéma de vieilles putes et de branleuses sur le retour de l’après-guerre, transformé en local de répétitions pour des compagnies théâtrales indépendantes, à en croire les plans de la commission culturelle d’une mairie démocratique décidée à faire oublier au public, grâce au théâtre, la médiocrité de la vie quotidienne. […]. Plus rien n’est comme avant, grommelle Carvalho. Il faudrait rétablir le théâtre en vers. Restaurer l’archéologie culturelle au lieu de la parer de modernité.

[…]

Une femme d’une cinquantaine d’années, très nerveuse, se lève, se racle la gorge, s’exprime avec difficulté.
— j’aimerais vous demander… enfin… Vous avez beaucoup parlé des fascistes… et des libéraux, mais les communistes ? Sont-ils des violeurs ? Je veux dire ont-ils cette agression sexuelle à l’esprit ?
– Vous êtes communiste, madame ?
La dame poussa un petit cri.
— oh non ! Dieu m’en préserve !
— Je vous pose cette question car, si vous l’étiez, vous comprendriez beaucoup mieux ma réponse. Les communistes sont capables de doser leurs pulsions sexuelles en fonction des besoins du parti.
Quelques oh admiratifs et effarouchés dans la salle, des approbations de parterre d’opéra. Une autre dame se décide, après les mêmes hésitations que la précédente.
— Excusez-moi… J’aimerais savoir si on peut établir une classification par profession… Quelle est la profession sexuellement la plus agressive ? C’est qu’il m’est arrivé une fois… enfin… un plombier… a dépassé les bornes.
Une étincelle de malice apparaît sur le visage d’Anfruns tourné maintenant vers Carvalho, qui est assis dans le public.
— Par profession, les plus agressifs sont sans aucun doute les détectives privés. La séance est terminée.

[…]

— Vous êtes d’une bonne famille, Anfruns ?
— Oui. À quoi l’avez-vous deviné ?
À votre façon de mépriser. Ça se tête au berceau.

[…]

Elle est infidèle à son mari et nous ne lui en voudrons pas, car vous savez aussi bien que moi qu’un mari est le plus ennuyeux des animaux domestiques. Je me trompe ?
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Le Signe de Zorro

Il reste des pèches au moscatel de Javéa dans les verres, des reliefs de steak tartare aux huitres et au saumon mariné dans les assiettes, un quart de bouteille de sancerre qu’ils finiront à la dernière minute, avant la séparation définitive de leurs silences fatigués, avant que Fuster rejoigne son lit de célibataire gréco-latin et Carvalho sa maison desséchée où s’épuisent les braises du dernier feu allumé au dépens des Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar. Pour pouvoir le brûler, Carvalho a enfreint sa règle de ne plus acheter un seul livre depuis l’année où le club de Rome a décrété le degré zéro du développement, entérinant l’échec sans rémission de deux cents ans d’optimisme culturel et criminel de la bourgeoisie et de ses antagonistes. À en juger par ce qu’il a lu dans les journaux, Marguerite Yourcenar semble être une vieille radoteuse maniaque, auteur de livres d’éthique à l’usage des chefs de gouvernement qui se moquent éperdument des éthiques littéraires.
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