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Alice Walker, «
La couleur pourpre » 255 pages
J'avais d'abord, pour la catégorie 13 « Lire un récit sur l'esclavage ou lié au néo-esclavage » choisi un autre roman proposé par les administratrices :
Edward P. Jones, «
le monde connu ». le sujet était passionnant. Les prix littéraires (Pulitzer en 2004 - prix littéraire international IMPAC de Dublin 2005) montrent la valeur du roman. Pourtant, je n'ai pas adhéré. Après une petite centaine de pages, je l'ai arrêté. Trop de personnages, de destins contés. le roman partait dans tous les sens, et ce n'est pas le style de trame qui me plait. Je n'ai pas eu le temps de m'attacher à un personnage qu'on passait à un autre, et ainsi de suite.
Comme j'avais adoré le film «
La couleur pourpre » réalisé par
Steven Spielberg et sorti en 1985, avec dans les rôles principaux
Danny Glover, la sublime Margaret Avery et l'exceptionnelle
Whoopi Goldberg, j'ai décidé de lire le roman dont il est adapté. Ecrit par
Alice Walker et publié en 1982, il a également obtenu le prix Pulitzer de la fiction et le National Book Award en 1983. Ce fut le coup de coeur absolu !
Celie a 14 ans au début du roman. Elle raconte comment elle a été abusée par celui qu'elle pense être son père, et comment les deux bébés qu'elle a mis au monde lui ont été enlevés pour être adoptés par des inconnus. Elle est ensuite mariée à un homme, qui la méprise et la brutalise. Lorsque Nettie sa soeur bien aimée la rejoint, Celie connait quelques moments de bonheur, mais bientôt, son mari la chasse parce qu'elle a refusé ses avances.
Les deux soeurs commencent alors une correspondance : l'une racontant sa vie en Afrique auprès des missionnaires qui ont adopté les enfants de Celie, et la pénible existence de Celie auprès de son mari. Mais, ce dernier intercepte les courriers et les cache à son épouse.
L'espoir renaîtra cependant grâce à l'arrivée du grand amour de son mari. N'éprouvant aucun amour pour lui, elle ne ressent aucune jalousie pour la sensuelle Shug Avery. Auprès de cette rivale devenue son amie, sa confidente, son alliée, Celie apprivoise peu à peu son corps qu'elle déteste, apprend à s'estimer, à se respecter et à découvrir l'amour.
Les portraits de ces femmes noires sont extraordinaires de force, de fragilité à travers leurs combats. Combats face aux anciens maîtres blancs restés tout puissants, mais aussi face aux hommes noirs, tour à tour pères, maris, amants violents, dominateurs. Certaines comme Célie se montrent soumise, d'autres parviennent à se révolter comme Shug Avery ou Sonia.
On découvre aussi comment en Afrique les industriels déforestent, chassent les villageois, leur volent leurs terres et leurs eaux, au mépris de toute loi, puisque les fusils font la loi. A l'heure où on évoque beaucoup les exactions des Russes en Afrique, il est bon de se rappeler qu'avant eux, Américains et Européens ont agi de même.
Malgré le sujet grave, ni misérabilisme, ni désespoir. Juste beaucoup de courage, d'humanité, d'espoir et avant l'heure, un roman sur la sororité ! Des passages parfois durs, oppressants, mais d'autres emplis d'humour.
Une belle lecture, une écriture magnifique ! Un roman coup de coeur qui m'a donné envie de revoir le chef d'oeuvre de Spielberg, qui, rappelons-le, fut présenté au festival de Cannes 1986. À sa sortie, le film reçoit des critiques globalement positives et c'est un succès au box-office (nombre d'entrées). Il reçoit onze nominations aux Oscars 1986, mais n'en remporte aucun.