Voici un ouvrage à conseiller à tous les amoureux des mots et de leurs origines parfois lointaines, tortues et mystérieuses. Un livre — s'il en était besoin — qui nous rappelle que la France (dans le registre de la toponymie), les Français (dans celui des prénoms) et le français (en tant que code de communication largement partagé) sont une mosaïque constituée pièce à pièce, un assemblage hétéroclite, hasardeux, improbable et surprenant, riche et séduisant de par ses origines (très) diverses et (très) variées, loin, très loin de la douce et rassurante linéarité qu'on postule, qu'on prétexte ou qu'on prétend parfois ici ou là.
(Et le travail stochastique se poursuit : nul besoin, par conséquent, de craindre les aberrations, déformations, mauvais usages ou défauts de prononciation, anglicismes et autres hérésies de langage, c'est simplement le français de demain en germe : notre français correct et standard actuel correspondant, grosso modo, à une jolie collection de tous les barbarismes absolument risibles ou irritants des XVIIIè et XIXè siècles.
À titre d'exemple, Émile Littré considérait comme une horreur absolue le fait d'utiliser le mot « conséquent » (que j'ai utilisé plus haut) pour signifier « important » : selon lui, conséquent voulait dire « qui suit » et uniquement cela. Mais peut-être la réforme des retraites nous réconciliera-t-elle avec les deux usages en entraînant une mobilisation « conséquente » à la loi ?)
Il en va évidemment de même pour les langues de nos voisins, qui se sont toutes, toutes, je le répète, absolument toutes, influencées les unes les autres. Je ne vous donnerai qu'un seul de mes coups de coeur personnels, toutes catégories confondues, (le livre en regorge, et de bien plus drôles ou insolites) sur la petite histoire des mots, celle du célèbre et néanmoins toujours rafraîchissant « vasistas » qui vient de l'allemand, référence à l'émoi des Français du XVIIIème siècle qui frappaient aux portes de nos voisins et qui, pour seul résultat, obtenaient l'ouverture d'un guichet et la célèbre formule « Was ist das ? * » (* qu'on peut traduire par Qu'est-ce que c'est ? Qu'y a-t-il ? Qui est là ? selon le contexte — précision pour les non-germanophones)
Henriette Walter est une référence bien connue dans ce domaine et saura, dans ce livre comme dans ses autres, vous intéresser à toutes ces minuscules aventures dissimulées sous bon nombre de nos mots ou expressions échangées à droite à gauche et
honni soit qui mal y pense, car, de toute façon, ce n'est que mon avis (de l'ancien français « à » et « vis », littéralement ce qui est vu, à ne pas confondre avec « avis », forme latine du mot « oiseau », qui donna en français des mots comme avion, grippe aviaire, etc. mais qui n'a rien à voir avec la société de location de véhicules), c'est-à-dire, pas grand-chose.