La discrétion est la meilleure des vertus.
Peter Crew avait son cabinet au centre de Southampton, dans une rue truffée d’agences immobilières. Signe des temps, songea Roz en passant devant les vitrines, la plupart étaient vides. La crise avait gagné là aussi, comme une épidémie.
Peter Crew était un grand type maigre et sans âge, les yeux ternes, le crâne couvert d’une perruque blonde séparée par une raie sur le côté. Des mèches jaunâtres, naturelles celles-là, s’en échappaient, formant une auréole de paille flétrie. De temps à autre, il glissait un doigt dans un interstice pour se gratter la tête. Et ce geste inconsidéré relevait invariablement la moumoute sur son front. Cela lui donnait l’air, se dit Roz, d’avoir un poulet perché sur la tête. Elle n’était pas loin de partager le mépris d’Olive Martin.
C'était un homme séduisant, comme peut l'être une statue grecque qui appelle l'admiration mais ne recèle ni chaleur ni attrait.
On surveille sa langue pour ne pas s'attirer le sermon que l'on sait avoir mérité.
Il suffit de jeter quelque chose pour en avoir besoin la minute suivante.
Croyez-moi, dans ce monde, ce sont les plus aptes qui survivent. Y a pas une autre espèce qui s'embarrasserait de mauvaise graine, et en tout cas pas une qui paierait de la mauvaise graine pour produire de la mauvaise graine.
Si chacun avait le droit de fourrer le nez dans le dossier médical de son voisin, il n'y aurait bientôt plus de vie privée.