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Une biographie érudite, très documentée sur une femme controversée qu'Emmanuel de Waresquiel réhabilite. Loin d'être la catin illettrée et écervelée ensorcelant un roi vieillissant, symbole de la décadence de la puissance française que certains ont voulu voir en elle, l'auteur enquête sur ses origines, son éducation. Origines obscures et pire encore illégitimes, la bâtardise étant au XVIIIème siècle une tache, une tare originelle, une infâmie quasi impossible à surmonter.
D'une grande beauté certes mais aussi lettrée, cultivée et politique sinon comment aurait-elle tenu si longtemps dans ce panier de crabes qu'était la Cour de Versailles ?
Le portrait d'une femme mais aussi celui d'une époque, celle de la deuxième moitié du XVIIIème siècle et de la Révolution, les mentalités, les goûts artistiques.
Un destin exceptionnel, une ascension fulgurante et une fin tragique.
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Emmanuel de Waresquiel est sans doute l'un de meilleurs historiens et des plus belles intelligences de notre temps (ce n'est peut-être plus un compliment à notre époque mais mon avis est sincère).

Le travail sur Jeanne du Barry est d'autant plus intéressant qu'il est nuancé. Il ne s'agit pas de contrer totalement les arguments des détracteurs de Jeanne sur le fait que cette dernière était une ambitieuse séductrice avec des prédispositions pour la chose politique et le secret.
En revanche, l'historien démonte point par point les légendes inventées sur la favorite de Louis XV la faisant passer pour une prostituée, une idiote et une femme mourant de manière indigne (la dernière phrase à l'intention du bourreau).
Cette femme était une enfant illégitime d'un puissant financier, éduquée et intelligente. Par delà sa beauté légendaire qu'elle entretenait tous les jours à coups de bains d'eau froide et de marches dans sa résidence de Louveciennes, Jeanne était une femme particulièrement bienveillante, généreuse et fine.

L'époque pré-révolutionnaire est décrite de manière édifiante dans cette biographie. Un soulèvement ne pouvait qu'avoir lieu au vu de la situation économique du royaume et du comportement d'une partie de l'aristocratie française avec Louis XV et son successeur sans parler du peuple ( une évidence). Une donnée sur la population parisienne et le pourcentage des gens qui s'y prostituaient est très révélatrice des conditions de vie de tous ceux qui n'appartenaient pas à la noblesse ou aux familles de notables.

Aucun film ni série Netflix ne vaudront jamais une plume aussi intelligente et belle que celle d'Emmanuel de Waresquiel. Je me suis même amusé à compter (d'après les indications de l'auteur et sur l'estimation des instances révolutionnaires) la fortune approximative qui restait à Mme du Barry après le pillage de Louveciennes par Georges Grieve, son détracteur et bourreau. Quelle époque que celle qui a précédé la Révolution française...
Je termine en parallèle La force impure de Valentin Pikul (cette fois-ci un roman non traduit en français) sur Raspoutine et la chute des Romanov. On y retrouve des ressemblances frappantes avec les faits qu'évoque De Waresquiel sur l'effondrement de l'Ancien régime: le mépris de deux reines d'origine étrangère (Marie-Antoinette et Alix de Hesse devenue Alexandra Fedorovna ) pour un peuple qu'elles ne connaissent pas, la faiblesse et le désintérêt total de Louis XVI et de Nicolas II pour les affaires d'Etat, la débauche des moeurs qui devient une norme et l'omniprésence de consortiums financiers représentant des intérêts privés.

Jeanne du Barry est un livre d'une finesse rare, qui rétablit une partie de la vérité historique avec beaucoup d'élégance et dont la chute donne un immense sourire.

Merci.
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Excellente biographie qui se lit presque comme un roman. Les sources et la documentation sont remarquables mais avec Emmanuel de Waresquiel ce n'est pas étonnant !
Je recommande aussi l'écoute de la série en 4 émissions diffusée par France Inter et intitulée "Madame du Barry" , à écouter en podcast.
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Dans son dernier ouvrage "Jeanne du Barry - Une ambition au féminin" : Emmanuel de Waresquiel livre un sensible et érudit portrait de la dernière favorite de Louis XV.
Cet ouvrage est une superbe alchimie entre érudition et humanisme dans l'analyse de son sujet. Les années de recherches, les complexes enquêtes menées par l'auteur, font de cet ouvrage une merveille d'érudition sublimée par la plume élégante de l'auteur.
On est saisi par le parcours et l'histoire de cette femme une fois les oripeaux des caricatures laissés de côté.
Le légende parlait d'une femme illettrée, incapable même d'écrire son nom ; elle était en réalité une femme de son temps, de ces années précédant la révolution pendant lesquelles elles ont eu droit de cité... Une femme cultivée et audacieuse dans ses goûts littéraires et artistiques mais aussi la véritable initiatrice d'un renouveau des arts décoratifs avec style tranchant fortement avec l'époque de Madame de Pompadour.
L'auteur démontre que le style Louis XVI doit bien plus à Jeanne du Barry qu'au roi.
On voyage et on plonge avec délectation dans cette époque complexe au bras de cette femme si longtemps décriée par laquelle on ne peut manquer d'être touché. On vibre dans son mundus muliebris et l'on vogue dans l'art de vivre d'une époque à jamais disparue.
Emmanuel de Waresquiel atteint le sommet de son art d'historien avec cette biographie, exercice unique en son genre : sommet de l'érudition et sensibilité à l'égard de son sujet.
Une biographie magistrale qui fera date !

"Les personnages sur lesquels le biographe travaille pendant des années, dans la distance du temps et le silence de ses sources, lui font parfois des signes comme pour lui rappeler qu'ils respirent encore. Ils lui font soudain la grâce d'une légère brise, d'un souffle de vie retenu par des siècles d'absence." (Passage extrait du livre)
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364 pages (je ne compte pas les annexes) pour nous dire que l'on sait très peu de choses sur la dernière favorite de Louis XV. Ou tout au moins, que le peu que l'on sait est faux. L'auteur s'efforce de contrer l'image de catin superficielle de la jeune femme, s'appuyant sur les quelques écrits qui nous sont parvenus et dénonçant les affabulations de ses détracteurs de l'époque. Sauf que l'on est tellement noyé par les anecdotes et les histoires des personnages liés de près ou de (très) loin à sa vie que l'on en perd l'essentiel : Jeanne elle-même.

Jeanne « a passé sa vie à se sauver du sentiment d'abandon qui a marqué son enfance ». le portrait qui se profile au gré des chapitres « derrière la légende noire » est celui d'une femme raffinée et généreuse, amatrice d'art, de littérature, et musicienne. J'ai passé les détails de ses travaux d'aménagement et de décoration dans ses différents logements mais j'ai été touchée d'apprendre qu'elle avait eu « de nombreux pupilles, filles et garçons, elle a été leur marraine, elle s'est occupée d'eux, les a élevés, éduqués, pensionnés. La plupart était des enfants de ses domestiques ». Saviez-vous qu'elle avait une fille cachée, Betsi ?

Par ailleurs, « Jeanne ne manque pas de s'intéresser au gouvernement du roi. » Elle apprend vite : les affaires intérieures, la jurisprudence, les démêlés du roi avec ses parlements. « Elle se préoccupe aussi de diplomatie ». Au final, c'était une femme cultivée et intelligente qui ne se réduisait pas à un physique. On comprend mieux sa relation surprenante avec Louis XV, « marquée du sceau du secret ». J'ai beaucoup aimé le portrait du roi réalisé par l'auteur. le chapitre sur son agonie est émouvant (« A la Cour, les ambitions, les hypocrisies et le cynisme se glissent jusque dans la mort »).

Parmi l'entourage de Jeanne, plusieurs personnalités ont attiré mon attention : Jean-Benjamin de la Borde, « l'ami le plus sûr et le plus fidèle de la favorite, et qui le restera jusqu'à la fin ». Il était premier valet de chambre du roi et « double masculin de Jeanne ».
Il y a aussi Guillaume du Barry, le « mari de papier » car « Jeanne est déjà sûre de son pouvoir sur le roi ».
Enfin j'ai été marquée par la haine et le mépris de la jeune Marie-Antoinette (que j'aimais beaucoup jusque là).

Si le passage sur le procès de la favorite déchue semble interminable, je referme cette biographie avec en tête le portrait d'une femme bien différente que celui que j'en avais avec les différentes émissions grand public que j'ai pu regarder. La comtesse du Barry dépeinte ici était une femme déterminée et courageuse, curieuse et ouverte d'esprit, altruiste et aimante. Merci à Emmanuel de Waresquiel de l'avoir réhabilitée.
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Cette biographie m'attirait car je ne connaissais Jeanne du Barry qu'à travers des romans historiques et je souhaitais en savoir un peu plus sur cette femme plutôt décriée. Je dois reconnaitre que j'ai été pleinement satisfaite , cette biographie est très érudite, parfois trop. le début m'a paru un peu long alors que l'auteur a fait un travail de recherche remarquable. Mais plus la lecture avançait et plus je me suis prise au jeu. Et la lecture est devenue plus facile ...
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Ce livre sur Jeanne du Barry est vraiment très intéressant. On y apprend tout ou presque de sa vie depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Emmanuel de Waresquiel a retrouvé des archives inédites. Je connaissais Jeanne du Barry pour l'avoir vu passer dans les enquêtes de Nicolas le Floch comme un personnage secondaire. Dans ce livre on retrouve de nombreux personnages de l'Histoire de France que le même Nicolas a croisé comme Jean Benjamin de la Borde oublié bourreau de Paris Charles Henri Sanson par exemple. Ce livre m'a donné envie de lire d'autres livres d'Emmanuel de Waresquiel.
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