AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,2

sur 204 notes
5
19 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est dans ce pays que le moteur à explosion a pris son essor, que chaque garçon se prend pour un pilote, et que les filles portent des tissus légers, de l'organdi ou de la batiste brodée, mais pas de culottes à cause du climat, et affichent des petits visages angéliques à te briser le coeur. Et quand le vent s'engouffre dans l'habitacle et fait voler leurs cheveux, tu découvres des petites perles de sueur nichées près de leurs tempes. Bien enfoncées dans leur siège, leur dos gracile un peu courbé, elles lèvent leurs genoux pour profiter de l'air frais, si on peut dire, remontant du ventilateur sous le capot. Dans ce pays, les odeurs d'essence, de freins qui chauffent et de mauvais alcools semblent plus suaves que la myrrhe.
Commenter  J’apprécie          110
"House of cards" avant l'heure, difficile de croire que ce livre date de 1947. Son premier mérite est de rester accessible et passionnant malgré une intrigue complexe et des protagonistes multiples. le pouvoir corrompt et tout le monde a quelque chose à se reprocher sont les deux postulats qui vont couronner les uns et détrôner les autres. Mais à la fin chacun aura un peu (beaucoup) perdu de son âme. Un récit palpitant qui n'a pas pris une ride, du très bel ouvrage...
Commenter  J’apprécie          90
"Pour chaque grand homme de pouvoir, il y a un premier cercle, un choeur de femmes et d'hommes là seulement pour exécuter la volonté du monarque, que ce soit en bien ou en mal."

Dans tout les hommes du roi, nous suivons donc, au travers des yeux de Jack Burden, narrateur peu scrupuleux et membre du premier cercle, l'ascension politique de Willie Stark. Au départ modeste plouc, Stark réussira, grâce à sa capacité à galvaniser les foules, et à servir le petit peuple avec une volonté sans pareille et des moyens pas toujours recommandables, à gravir tout les échelons du pouvoir jusqu'à devenir Gouverneur de la Louisiane.

Jack Burden est un personnage difficile à cerner, polyvalent, à la fois historien, détective, homme de main, maître chanteur, aux côtés de Willie Stark depuis ses débuts, il a vu le politique débutant qu'était auparavant celui qu'il appelle (et que tout le monde appelle) "Le Boss" s'aguerrir de meeting en meeting, de confrontation en confrontation, élection après élection, le temps de se faire les dents et de comprendre tout les rouages de cette mécanique bien huilée que sont les coulisses du Pouvoir.

En véritable homme de confiance de Stark, Jack Burden va se voir confier une mission qui va profondément modifier le cours, pas seulement de sa vie mais de celle de tout les protagonistes du roman.

Robert Penn Warren a reçut aux États Unis le Prix Pulitzer du Roman en 1947 pour "Tout les hommes du Roi" puis le Prix Pulitzer de Poésie en 1957 et 1979. Il est le seul à avoir été récompensé dans ces deux catégories. ça vous classe un bonhomme.

Je dois dire que ce qui m'a marqué dans ce roman, paradoxalement, c'est la relative lenteur avec laquelle est mené le récit. C'est mou me direz-vous? Et bien pas du tout! 640 pages et impossible de décrocher! Alors pourquoi? Et bien parce chez Penn Warren tout est minutieusement décrit, c'est dense, fourni en informations historiques, chaque personnalité est dépeinte de façon poussée, chaque intrigue est ficelée avec adresse jusqu'à son dénouement, rendant le lecteur un peu étourdi mais fier d'avoir su s'accrocher jusqu'au bout car cela en valait la chandelle.
Ajouté à cela toute une trame d'ordre métaphysique qui fait basculer le roman dans des sphères encore plus intéressantes, visez plutôt : "...si toutefois il est possible que quoi que ce soit ait jamais une cause physique. Car le monde matériel, bien qu'il existe et que son existence ne puisse être nié sans blasphème, n'est jamais cause. Il n'est qu'effet, symptôme. Il n'est qu'argile entre les mains du potier..". Voilà voilà. Et comme toujours le livre est magnifique, quelle belle couverture, quel bel objet, quel beau papier, merci à Monsieur Toussaint Louverture !

Ce roman, accès sur le milieu politique et ses affres, s'inspire, d'après ce que j'ai compris de la carrière de Huey Long, véritable Gouverneur de l'État de Louisiane dans les années 30.
Robert Penn Warren s'est donc servi des traits de caractère de celui-ci pour créer ce Willie Stark, et nombre d'Américains ont reconnu Long sous les traits de Stark.
Orateur populaire ovationné par les foules, il avait mis en place un régime où la corruption et le chantage étaient de mise. Cependant, de nombreuses réalisations d'ordre sociales sont à mettre à son actif comme la construction d'hôpitaux ou d'écoles. Tout cela nuance le côté poigne de fer de cet homme aux multiples facettes, lui donnant une vraie valeur morale et humaine, peu d'Hommes politiques peuvent s'en targuer
Commenter  J’apprécie          60
L'être humain est fondamentalement médiocre et il n'existe pas de saint. Pire encore est celui qui s'imagine incarner la vertu car son mensonge n'est finalement destiné qu'à lui-même.

Une grande histoire de salauds qui s'assument, de salauds qui s'ignorent et de salauds qui se justifient. Sur fond de lutte politique dans une Amérique d'avant guerre aux tensions sociales palpables, populisme, démagogie, corruption, règlements de compte et folie des grandeurs font bon ménage pour nous offrir une tranche d'Etats du sud pas encore totalement en paix avec l'héritage Confédéré.

C'est brillant de bout en bout et ça attaque aux tripes. L'histoire vécue et racontée par Jack Burden (le narrateur), personnage lâche et cynique, moralement apathique et singulièrement détestable, est un magnifique rappel à la réalité quant au mythe de la probité.
Commenter  J’apprécie          50
Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Tous les Hommes du Roi ?
"Je suis toujours très attirée bien sûr par ces éditions de Monsieur Toussaint Louverture et après avoir examiné les différentes possibilités, j'ai fini par choisir celui-ci, mais les autres restent sur ma wishlist."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Dans les années 30, alors que Willie Stark n'était au départ qu'un pantin dans les mains des huiles de l'État, il finira par tous les prendre de court et devenir gouverneur. Et qui mieux placé que l'ancien journaliste, Jack Burden, son bras droit, pour raconter son histoire..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"J'ai beaucoup souffert au cours des premières pages. Les 300 premières pages. C'est peut-être un peu exagéré parce que tout est interessant et qu'on a du mal à se décoller du récit, que ce n'est pas le genre de longueur qui nous pousse à sauter des passages sans arrêt, mais il y a de quoi écrire au moins trois romans différents avec celui-ci. Ma conviction que 99% des pavés mériteraient d'être raccourcis se renforce encore. Pour autant, je n'ai pas regretté ma persévérance. Même si on sait pertinemment que tout ça va très mal finir, même si l'ambiance est plus celle d'un roman de gangsters que celle d'une fresque politique, j'ai vraiment aimé la seconde partie. La plume de Robert Penn Warren sait vraiment vous captiver avec une multitude de détails sans importance, plantant son décor de manière hypnotique. Mais cette impression s'attachait aussi aux personnages, leur conférant une dimension irréelle que j'ai moins aimé et comme aucun ne m'était vraiment sympathique, il m'a quand même manqué un petit quelque chose jusqu'au bout."

Et comment cela s'est-il fini ?
"La fin, c'est l'apogée de ce récit, comme toute fin de roman devrait l'être. Chaque élément avait été planté là à dessein pour nous amener jusqu'à ce dénouement soigné. Rien n'a été laissé au hasard."
Lien : http://booksaremywonderland...
Commenter  J’apprécie          40
Ce livre est une descente dans la Louisiane des années 30, je dis une descente car comment mieux caractériser l'univers poisseux, glauque et corrompu que l'image d'un égout à ciel ouvert où les turpitudes sont le lot quotidien des êtres qui l'habitent.
C'est d'un reportage qu'il s'agit, le narrateur est un homme à tout faire, dont on ne sait s'il est journaliste, historien ou simple spectateur de sa propre vie. Inspiré de personnages réels, le roman n'a d'intérêt que dans la narration, la précision des scènes décrites, le détail quasi photographique du décor et le souci de la véracité des sentiments et des actes qui en découlent. La violence émotionnelle est permanente, les quelques respirations que l'auteur nous accorde sont des attentes dont on pressent qu'elles accoucheront d'un évènement sordide, malsain ou simplement dramatique. Les êtres sont en perpétuel mouvement, s'entrechoquent, se déchirent, chacun est à sa place et l'on attend le mot magique : Moteur !
C'est cinématographique en diable, adapté sur grand écran il y a une dizaine d'années. Je n'ai pas vu le film mais celui-ci croule sous les stars, suspect a priori.
Pas grave, lisez l'histoire et nul besoin d'imaginer tel ou tel acteur ou actrice, faites votre film, vous y êtes, c'est bon...
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (590) Voir plus




{* *}