Tout d'abord, j'ai trouvé ça très désagréable que Frances soit constamment qualifiée de vieille fille alors qu'elle n'a que 26 ans. Je suis consciente que c'était l'opinion de l'époque mais c'est peu agréable à lire 🙄
Trêve de plaisanterie, ce roman débute comme un roman d'ambiance : sur près de 350 pages, l'autrice fait lentement monter la tension dans la relation entre les personnages. Pour nous rendre compte de l'ennui profond qu'est devenue la vie de Frances, elle nous décrit régulièrement les habitudes ménagères de la jeune femme, ses discussions tendues avec sa mère, etc. Elle crée également un climat de tension autour de la figure de Léonard, nous faisant comprendre qu'il y a quelque chose qui cloche avec lui, sans que nous ne puissions comprendre exactement quoi. Puis, d'un coup, le drame arrive et nous basculons dans le roman policier : l'enquête, les interrogatoires, le procès [encore un], etc. La seconde partie du roman est beaucoup plus rapide, même si je lui ai encore trouvé quelques longueurs.
Tout le roman est écrit à le 3e personne du singulier, mais en suivant uniquement le point de vue de Frances. Dès lors, nous la découvrons sous toutes les coutures : que ce soit au niveau de ses pensées ou de ses activités. de même, dans les relations qui s'instaurent, nous n'avons accès qu'à ses ressentis et ses sentiments à elle. Très vite, nous comprenons que derrière ses allures de “vieille fille” guindée se cache une jeune femme passionnée à qui la vie a coupé les ailes. Elle vit en marge de la société et ne souhaite en aucun cas rejoindre le carcan dans laquelle sa mère voudrait la faire entrer. de ce côté-là, c'est un personnage assez intéressant. Par contre, ce qu'elle peut être pénible dans ses atermoiements ! J'ai eu envie de la secouer à plusieurs reprises.
Le personnage de Lilian est plus troublant : nous ne la voyons qu'à travers le prisme de Frances et il est donc impossible d'avoir accès à ses pensées…
Sarah Waters est connue pour ses romans d'amour lesbien. Ici encore, elle ne déroge pas à la règle et nous propose des scènes de sexe comme l'on en croise rarement [en tous cas, personnellement, j'en ai rarement croisé dans la littérature contemporaine francophone ou anglophone]. Elle aborde d'autres sujets qui peuvent être tabous dans ce roman tels que “le respect du devoir conjugal”, l'avortement, le choix ou non du père dans ces actes, le jugement de la société envers les femmes qui perdent un enfant. Il décrit aussi largement la manière dont se passe un procès et le caractère très partial du public et des enquêteurs. J'ai beaucoup aimé la manière dont elle amène les différents éléments et fait monter la tension. Pour tout cela, c'est un roman important. Mais, je pense qu'il aurait mérité quelques coupures pour le rendre plus attrayant car je me suis parfois ennuyée.
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