Syd Barrett : Le diamant noir

Nous étions en 1957 et la Grande-Bretagne entamait sa première révolution adolescente du xxe siècle. En une nuit, sembla-t-il, les valeurs britanniques traditionnelles furent écornées et même remplacées chez les jeunes par un vocabulaire américain des plus alarmants contenant des mots aussi extraterrestres que « juke-box », « teddy boy » et « rock’n’roll ».
.../...
Le monde de la musique est si plein de salopards et d’exploiteurs qu’un véritable artiste y est toujours vulnérable. »
.../...
Je me rappelle avoir vu le Floyd se produire un soir et réaliser soudain que Syd jouait sur un ton complètement différent, ou une variation tellement différente que les autres avaient du mal à le suivre. Certains peuvent bien affirmer qu’il était un génie et pouvait se permettre cela mais moi, je ne souscris pas à ce genre de conneries ; si tu fais partie d’un groupe, tu joues avec le groupe. Syd commençait à les emmerder tous, il était devenu mégalomane, séparé de toute réalité, voyageur de son propre esprit, explorateur de ses propres limites et définitivement séparé des autres
.../...
Les choses en sont venues à un tel point que nous avons dû annoncer à Syd qu’il devait nous quitter, que nous le respections en tant qu’auteur-compositeur mais que ses prestations sur scène étaient nulles. Il faisant tant de choses incompréhensibles pour nous. Il désaccordait sa guitare et jouait avec les cordes lâches. Il nous arrivait de sortir de scène en pleurs tellement nous nous sentions frustrés.
.../...
Le fait est que les gens qui composent ces groupes de rock veulent absolument réussir. Lorsqu’ils appréhendent un obstacle, ils peuvent devenir impitoyables. Et les décisions tombent, difficiles à concevoir parfois et aussi difficiles à prendre, pour les uns comme pour les autres.
.../...
En mai 1968, Pete Jenner prit Syd par le bras pour le conduire en studio avec la ferme intention d’enregistrer quelques morceaux solo. Au bout d’une semaine, il fut obligé d’admettre l’échec de l’opération. « J’avais complètement sous-estimé la difficulté de travailler avec lui », explique-t-il.
.../...
Il n’est impliqué dans rien ni avec personne. Il vit en reclus entouré de vingt-cinq guitares et je le vois très rarement. Je veux dire, je sais où il vit mais je sais aussi qu’il ne souhaite pas être tracassé ; il préfère rester assis toute la journée à regarder la télé et à grossir. C’est comme ça…