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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
16 nouvelles, 11 inédites, un avant-propos et deux postfaces : une belle entrée en matière pour qui voudrait découvrir les textes de Peter Watts avant de s'aventurer au-delà de ses nouvelles et un beau cadeau pour les fanatiques de son oeuvre.

Peter Watts est un auteur de science fiction, oeuvrant souvent dans le domaine de la Hard SF, genre qui n'a pas ma prédilection. Mais l'intérêt de ce recueil est de découvrir un pan autre de l'écrivain, j'y ai trouvé un éclectisme assez rare pour être salué. Chacun pourra donc y trouver son bonheur. Nous passons donc de la découverte de l'espace infini à travers des vaisseaux gigantesques constructeurs de routes spatiales en compagnie d'humains modifiés, augmentés et d'intelligences artificielles conscientes, à de la dystopie environnementale, avec un détour vers des drones militaires pensants…

Vous y trouverez aussi des rencontres avec l'Autre. Pas d'anthropocentrisme ici, l'autre est étrange, incompréhensible. L'auteur nous démontre que l'intelligence peut prendre des formes diverses et variées difficilement entendable à nous pauvres humains. Mais pas de jugement de valeur, l'autre est différent, mais n'est pas meilleur ou plus mauvais que nous, il réagit selon sa culture.

La question de Dieu est assez présente, une partie lui est même exclusivement réservé, même si d'autres nouvelles y font références. Pour certains, l'homme est pourvue d'une âme, pour d'autres d'une conscience, mais souvent les deux se confondent dans une sorte de métaphysique. Et une infime partie pense, comme Peter Watts, que la pensée est juste un phénomène neurochimique, l'homme n'étant qu'un ensemble de cellules vivantes. Dieu n'existe pas, l'homme est seul. C'est à mon humble avis le pourquoi de nombreux lecteurs trouvent les textes de Peter Watts sombres et pessimistes. Pour ma part, je n'ai nullement eu un ressenti de noirceur, juste une interrogation sur notre humanité aujourd'hui, et surtout demain.

Alors Watts, pessimiste ou optimiste ? A vous de vous faire une idée, selon votre propre curseur. Pour l'auteur, il n'est qu'un « optimiste en colère », vision qu'il défend dans sa postface, un peu trop digressive à mon goût sur sa mésaventure étatsunienne . J'y ai découvert un auteur avec des convictions profondes, solides et engagées. J'attends juste qu'il produise des romans un peu moins hard SF pour m'y plonger. Mais comme il attendait ma critique avec impatience, nulle doute qu'il ne réponde favorablement à ma supplique.

Au final, des textes parfois abscons pour ma petite personne, d'autres magnifiques. Et ce qui reste, un beau recueil très éclectique, une porte d'entrée indispensable à Watts.
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Peter Watts, je ne le connaissais pas du tout avant de recevoir son livre suite à une Masse Critique (merci à Babelio et aux éditions le Belial et Quarante-Deux).

J'ai donc découvert qu'il fait partie de "la nouvelle SF"... expression galvaudée et utilisée par chaque génération pour se défaire des oripeaux de la précédente. Mais à mon avis, Peter Watts ne se défait de rien... il revendique tout, au contraire. Il suffit de regarder ses thèmes de prédilection. La guerre, l'affrontement, la vie extra-terrestre, les rapports humains, les cyborgs, l'I.A. et toute cette sorte de choses. Sans oublier le Créateur... quel que soit son nom.

Classons-le... même si les étiquettes sont sans doute ce qui convient le moins à Peter Watts. Hard Science. Dantec signalait (quand il ne disait pas que des idioties) qu'un auteur de SF moderne (l'auteur ou la SF) devait lire les revues scientifiques pointues. Et sur ce plan-là, Peter Watts en connaît un rayon. Il agrémente joliment (?!) sa prose technique et parfois aride de poésie cybernétique du meilleur effet. Ce n'est pas vraiment, on l'a compris, une lecture de plage ou de tram... Mais cela se lit en général assez bien quand même. Peter Watts n'a pas sont pareil pour adapter son langage, la syntaxe, le mode de raisonnement au type de personnage principal. Que cela soit un humain, un drone, un cyborg... à chaque fois, c'est un univers très précis et typé qui s'ouvre au lecteur.

Au-delà du Gouffre est un recueil de nouvelles s'étalant de 1990 à 2014. Ce "gouffre", ce sont souvent les états d'âme du personnage principaL Que cela soit un extra-terrestre, un drone intelligent, un cyborg, un humain... Mais on sent assez peu le poids du temps entre ses nouvelles plus anciennes et ses plus récentes. A part le thème, peut-être. Les plus récentes sont plus ancrées dans le quotidien (la guerre le plus souvent). Et je ne dis pas merci au préfaceur pour spoiler de manière assez ridicule la première nouvelle.

Peter Watts montre qu'il connaît ses classiques. Il le montre abondamment. Des récits des années 30 (style Astounding Stories) aux principes de la robotique façon Asimov, en passant par les explorations planétaires (très années 50 aussi)... On a droit à une belle palette de clins d'oeil. Peter Watts sait y faire.

Quelques impressions sur les nouvelles:
Les Choses... blindée d'humour, la nouvelle revisite un classique des années 30. Je ne spoile pas davantage. Peter Watts soigne sa chute. Et les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être.

Le Malak... un drone en Afghanistan. Guerre cybernétique et escarmouches. Vert, Bleu, Rouge... la réaction du drone dépend du code couleur de son vis-à-vis. C'est froid, clinique. La frappe chirurgicale façon Peter Watts... Ce texte m'a vraiment impressionné.

L'Ambassadeur... Les états d'âme d'un émissaire terrestre, "humain" construit pour la mission (N.B. Peter Watts adore, use et abuse de ce concept de création de l'humain incomplet, bourré d'électronique et paré pour une mission spécifique).

Nimbus... un chouette texte écolo (1994 quand même) où l'envahisseur est constitué de nuages. Ce serait un peu simpliste quand même si l'auteur n'abordait pas le rapport père-fille (visions des générations) qui me semble être le vrai sujet.

Le Second Avènement de Jasmine Fitzgerald... entre psychiatrie, polar et physique quantique, Dieu n'est pas bien loin.

Eriophora... une trilogie de nouvelles, style Space opera, du nom du vaisseau spatial. A l'exception de L'Ile, c'est assez en-dessous du reste, même si on retrouve les thèmes de prédilection. Je dois avouer que je suis assez peu fan de ce genre-là.

Un mot pour les païens... est sympa, avec une réflexion (assez superficielle) sur la foi et la compromission de la hiérarchie religieuse. Malgré ce qu'en dit Watts lui-même, il est difficile de ne pas y voir une critique de la religion.

Chair faite parole... bof, nouvelle ayant mal vieilli, avec les rengaines usuelles chez Watts sur l'être cybernétique et connecté.

Les Yeux de Dieu... chouette nouvelle sur la culpabilité en actes et en pensées. Cela ne fait pas une nouvelle... mais constituerait un épisode intéressant dans un roman (critique globale, qui s'applique à pas mal de textes de l'anthologie).

Hillcrest contre Velikovski... une perle de cynisme et d'humour politiquement incorrect... En 3 pages, Watts nous fait le récit d'un procès où le directeur d'un musée sur les impostures scientifiques est poursuivi pour avoir brisé l'effet placebo qui maintenait une femme en vie. Jouissif.

Éphémère (avec Derryl MURPHY)... comme le souvenir qu'il m'a laissé...

Le Colonel... on peut être colonel et en même temps rester un père prêt à tout pour son fils. Thème rabâché mais traité plutôt bien.

Une niche... est un récit primé, assez ancien, mais qui fonctionne bien, avec le mal des profondeurs filmé et orchestré sous forme de test... Il y a souvent chez Watts cette dimension Big Brother qui donne à penser qu'il est un auteur dépressif... ce qui est faux évidemment (cf. infra).

Maison... les manipulations génétiques et la libre-pensée. Cela m'a rappelé un texte de Bradbury dans Chroniques Martiennes. C'est sympa, mais Bradbury est plus fin, plus poétique et plus surprenant.

Les deux derniers textes sont très intéressants, mais ce ne sont pas des nouvelles:
- En route vers la dystopie avec l’optimiste en colère, par Peter WATTS
Là on touche au génie... la pensée de Watts en prise directe, comme si on avait un implant qui nous renseignait sur les idées du "maître"... La démonstration qu'il fait de son optimisme et son refus d'être classé parmi les auteurs distopiques est brillante. Le récit de sa mésaventure à la frontière américaine, sa vision du monde... j'adhère à 100%, mais finalement cela rend ses récits encore plus glauques et effrayants, vu qu'ils ne sont plus de SF... Il serait intéressant de lire ce chapitre AVANT de lire les nouvelles.

- Dieu et les machines : les nouvelles de Peter Watts, par Jonathan CROWE
Analyse intéressante mais un peu courte.

Au final, l'univers de Peter Watts est intéressant. Assez proche du nôtre, et plus prémonitoire que l'on pourrait le penser. Il m'a fait penser à Bradbury, Bear, Brunner, Silverberg... Mais en moins bon à chaque fois. Ce qui est dommage. Les nouvelles ne sont peut-être pas son format le plus intéressant. Reste un style personnel. Une façon de décrire les choses très accrocheuse. Si le contenu n'est pas toujours à la hauteur, le contenant tient clairement la route.
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Canada – 1990, 1994, 1998, 1999, 2001, 2004, 2005, 2008, 2009, 2010, 2013, 2014
Le natif de Calgary est bien plus à l'aise sur la nouvelle que sur le roman. J'avais lu Vision aveugle qui m'avait laissé une impression mitigée. le recueil compte seize nouvelles et deux postfaces dont l'un est de l'auteur. Dans cette postface, Watts y parle, entre autres, de sa mésaventure avec la douane américaine. Il est aussi très fermé à l'idée de Dieu ou de religion. Mais pour faire plus simple, l'auteur dépeint des univers plutôt fous, paranos, hystériques, cyniques. Son style d'écriture et d'univers le reflète parfaitement. Des histoires aux teintes singulières, mais pas faciles à comprendre pour quelques-unes.
Je dirais que ce qui intéresse beaucoup Watts c'est la manière dont la science impacte nos esprits. Comment ça influence notre perception et nos actes. Une problématique qu'il explore, dans ce recueil, à travers un panel de genres : de l'anticipation très proche au space opera lointain.
Comme dans tout recueil ou anthologie, la qualité est variable, mais en ce qui concerne ce recueil, elle est plutôt bonne. Ma nouvelle préférée est « Ambassadeur ». A lire.
Lien : https://jmbsf.wordpress.com/..
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