Avec ce quatrième roman, je poursuis ma découverte de l'univers d'
Aurélie Wellenstein. J'ai l'impression de retrouver toujours un peu le même type d'histoire à chaque fois et je dois reconnaitre que si les deux premiers m'avaient beaucoup, une certaine lassitude commence à s'installer chez moi...
Dans ce nouveau roman, toujours aussi court et condensé, place au Grand Nord et aux loups qui y côtoient les humains. J'ai beaucoup aimé ce cadre âpre et froid, où pendant un temps je me suis demandée dans quelle temporalité et univers je me trouvais. Etait-ce le nôtre ou un complètement fictif, l'autrice laissait planer le doute. Elle aime bien ces ambiances un peu hors du temps et de l'espace où le mystère est entier et l'intrigue un peu floue. Moi aussi. Et justement, c'est dès que l'on quitte cet entre deux que je suis un peu déçue.
Ainsi, même si c'est original de suivre une histoire fantastique en pleine Sibérie contemporaine, quand la réalité rattrape la fiction ça me fait à chaque fois sortir de l'histoire. Pourtant, j'ai beaucoup aimé la mythologie des loups chantants, je l'ai trouvé sombre, crue et fascinante, voire entêtante. Elle prend peu à peu le lecteur, tout comme elle prend les acteurs de l'histoire. Les derniers chapitres sont en cela de vrais petits bijoux de noirceur et de cruauté où tout se renverse. Cependant, j'ai été déçue que l'autrice n'aille pas jusqu'au bout.
Dans ce roman, j'ai eu tout du long le sentiment qu'il me manquait quelque chose et que je trainais la patte.
Aurélie Wellenstein nous propose à nouveau un roadtrip, cette fois en plein coeur de la Sibérie, d'un village perdu à une ville où le héros trouvera peut-être de l'aide pour sa soeur frappée d'une malédiction pour le dieu de l'Hiver. Un parcours initiatique s'engage pour Yuri, Kira et leur amie Anastasia, un voyage éprouvant qui remet en cause les croyances de trois personnages, qui luttent jusqu'au bout pour leur survie.
L'ambiance est à la fois poétique, cauchemardesque et angoissante avec un Hiver qui s'incarne et devient monstrueux pour entraver la quête des personnages, emblèmes de la fraternité et de l'esprit de groupe avec leurs chiens de traineau. On retrouve les thèmes fétiches de l'autrice : la recherche de soi, les métamorphoses, l'équilibre précaire entre humanité et animalité, les dilemmes amoureux, le deuil...
Cependant il manque aussi beaucoup de choses dans ce livre. L'autrice ne développe pas assez et on survole sans se poser vraiment avec les héros. Il y a de nombreuses situations qui se répètent, des descriptions qui tournent en rond et un surtout un héros dépressif très agaçant, en mode Octave (cf Confession d'un enfant du siècle
De Musset). Moi qui pensais me retrouver avec des personnages adultes, je me suis plutôt retrouvée avec des adolescents qui parlent d'amour et de perte à tout bout de champs sans vraiment m'en faire ressentir la profondeur, ce qui m'a pas mal agacée. Ça faisait très bluette et ça n'a pas du tout fonctionné avec moi. Trop de mélodrames autour de cette pauvre soeur mourante, trop d'apitoiements autour de ce jeune homme ayant soi disant perdu l'amour de sa vie.
C'est dommage parce que la leçon selon laquelle il faut vivre sa vie et non la rêver, m'a beaucoup plu. J'ai aimé les moments où Anastasia, l'amie de toujours, les secoue l'un et l'autre et les pousse à retrouver pied. J'ai aimé le subtil mélange entre fiction et réalité, entre mythe et réalité, entre rêve et réalité. La présence de ces loups fantasmagoriques pèse tout au long de la lecture et fait hésiter le lecteur, tout comme les héros, qui se demandent si ce qui leur arrive est réel ou non. Tout se mélange et cela est très bien décrit. Les loups sont à la fois enchantement et terreur. Ils offrent une porte de sortie mais pour le meilleur ou pour le pire, on ne sait pas. Ils sont le symbole du deuil et du choix que le héros n'arrive pas à faire. C'est très intéressant.
Ma chronique est un peu fouillis mais elle reflète bien mes sentiments ambivalents à la fin de cette lecture. J'aurais aimé adorer ce moment, parce que l'univers froid, âpre et cruel de la Sibérie me parlait avec ses mystères lupins en plus. Malheureusement, le sentiment de lire une histoire non aboutie et à destination d'un public peut-être adolescent m'a déplu. Et surtout, alors que le final s'annonçait excellent dans les toutes dernières pages, j'ai été profondément déçue que l'autrice n'ose pas aller jusqu'au bout pour nous livrer un final très sombre. J'ai ressenti une énorme déception à ce moment-là, qui est malheureusement le dernier sentiment que je vais garder après avoir refermé ce roman.
Il me reste encore
Mers mortes et
Yardam de l'autrice que j'aimerais découvrir. J'espère qu'elle y change enfin un peu de paradigme parce que je commence à en avoir assez de toujours lire des voyages initiatiques chez elle. C'est bien de trouver sa marque de fabrique mais quand ça conditionne à ce point un récit et que ça donne l'impression de se répéter, il est bon aussi d'en changer ;)
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