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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le Hacker qui voulait rendre le monde meilleur

Dans son second roman, Alissa Wenz retrace le parcours d'Adrian Lamo, hacker très doué qui se donnait pour mission d'aider les sites qu'ils piégeait à améliorer leur cybersécurité. En toute transparence et sans but lucratif. Jusqu'à ce que le FBI ne finisse par le localiser.

Cet étonnant roman commence avec le rappel d'une information qui a choqué le monde. La diffusion d'une vidéo baptisée «collateral murder» et qui montre l'armée américaine abattre deux journalistes de l'agence Reuters et les civils qui les accompagnaient ainsi que quelques témoins essayant de les secourir. Les militaires avaient confondu les appareils photo avec des armes. Cet enregistrement de 2007 faisait partie des milliers de documents classés défense que Wikileaks avait pu se procurer, analyser et finalement diffuser en 2010. Par la suite, on apprendra que le jeune militaire qui avait découvert et transmis ces fichiers s'appelait Bradley Manning et qu'il fut mis aux arrêts puis jugé et condamné à une lourde peine de prison.
En revanche, quasi personne ne connaît Adrian Lamo, le hacker que Manning avait réussi à contacter. Cet autre jeune homme a été découvert mort dans son appartement. L'autopsie mentionnera que la cause du décès n'a pu être établie.
C'est peut-être ce mystère qui a poussé Vera Keller à enquêter sur ce hacker. La journaliste va découvrir que la victime s'était forgé très vite une solide réputation, réussissant à pirater de très nombreux systèmes sensibles, de Microsoft au New York Times, afin de les pousser à mieux sécuriser leurs données. Il menait une vie de vagabond, allant de ville en ville et ne sachant où il allait dormir. C'est lors de l'un de ses voyages à bord d'un bus Greyhound qu'il avait croisé Sullivan. Comme ce dernier l'expliquera à la journaliste, «il ne cherchait pas l'argent, il vivait sans dépenses, il ne possédait rien, il ne souhaitait rien posséder (...) il cherchait seulement à être heureux, ou en cohérence avec lui-même, quelque chose comme cela. Il ne cherchait pas non plus la gloire. Quand des journaux disaient qu'il était “le plus grand hacker du monde”, il ne le supportait pas. Il ne voulait pas être adulé. Il ne voulait pas être pris comme modèle. Il voulait juste vivre comme il l'entendait.»
Au fil des pages, le lecteur va découvrir comment il va construire sa légende, réussir ses premières infiltrations et petit à petit devenir le "hacker sans abri", le "magicien du réseau" suivi par une cohorte d'admirateurs partageant les valeurs qu'il défendait. Et qui vont causer sa perte. Car le FBI finira par le localiser et le condamner. S'il parvient à échapper à la prison, il doit vivre loin d'internet pendant des années et retourne vivre chez ses parents, un bracelet électronique surveillant tous ses déplacements.
Alissa Wenz, qui s'est abondamment documentée, raconte les années qui ont suivi, et qui mèneront à l'issue fatale. Ce faisant, elle propose au lecteur une habile réflexion sur la notion de liberté et de vérité, autour de la raison d'État et de la transparence démocratique. Julian Assange, Bradley Manning et Adrian Almo sont-ils des héros ou des traitres? Peut-on, pour de nobles motifs, plonger dans l'illégalité? Et surtout doit-on sacrifier sa vie pour le bien de tous?
Une enquête passionnante qui fait cependant froid dans le dos. À l'heure où s'annonce le metavers, cette autre vie parallèle promise à tous, on découvre que le virtuel peut prendre le pas sur le réel.
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Je ne suis pas un dénonciateur, je suis un témoin."
Écoutez la triste histoire d'un lanceur d'alerte qui n'a pas su choisir le bon camp.
Petit résumé de l'affaire " collateral murder " :
Le 05 avril 2010, sur le site wiKileaks était publié une vidéo. Des images prisent d'un hélicoptères. Bagdad 12 juillet 2007. Dix-huit personnes étaient mortes, tous des civils, tous innocents. Cette vidéo a fait le tour du monde. Elle avait été transmise par Bradley Manning, un jeune soldat américain qui avait piraté des données informatiques se l'armée à Bagdad.
Un jeune soldat idéaliste qui voulait dénoncer la barbarie honteuse passée sous silence par le gouvernement. Bradley Manning voulait juste divulguer la preuve d'une faute américaine. Il voulait juste rendre le monde plus beau, plus juste et son pays plus transparent. Il risque la prison à perpétuité, voir la peine mort pour trahison.
Bradley Manning s'était confié à Adrian Lamo, son idole, celui que les médias appelaient le hacker vagabond. Un hacker de génie de neuf ans sont aîné pour qui il avait une admiration sans borne. Pourtant Adrian Lamo sera l'homme qui dénoncera Bradley Manning au FBI.
Adrian Lamo, sombre héros de la guerre en Irak, devient l'homme le plus détesté au monde, dans le monde démocratique évidemment.
Un personnage pareil méritait bien un roman.
C'est un récit d'une incroyable douceur qui va nous conter la vie d'un triste jeune homme. Un homme complètement inadapté au monde qui l'entoure.
En suivant le destin d'Adrian Lamo, Alissa Wenz nous replonge dans la géopolitique troublée du début du XXI ème siècle.
De courts chapitres et une narration simple et efficace " L'homme sans fil " est un formidable roman d'espionnage à hauteur d'homme qui se lit d'une traite.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Adrian Lamo est un hacker de génie. A à peine plus de 20 ans, il a déjà piraté les systèmes informatiques des plus grandes entreprises américaines, juste pour le plaisir du défi à relever. Allant de ville en ville avec son ordinateur et de piratage en piratage, il vit totalement libre jusqu'à ce que le FBI le rattrape et mette soudainement fin à son rêve... sa vie ne sera plus jamais la même.

Alissa Wenz s'inspire de la réalité pour ce roman dans lequel elle nous raconte le vie de Adrian Lamo, ce hacker génial, d'abord admiré puis totalement conspué pour avoir dénoncé Bradley Manning, le jeune soldat qui divulgua sur WikiLeaks des documents incriminant l'armée américaine. Je ne connaissais pas ou à peine cette histoire et ce personnage et l'auteur arrive immédiatement à nous intéresser à son récit, brossant en quelques lignes le portrait d'un jeune homme attachant et de sa fin tragique. le roman prend la forme d'une enquête menée par une journaliste qui s'intéresse successivement aux différents personnages ayant côtoyé Adrian lors de sa courte vie : ses amis, ses parents, sa femme pour une courte période, ceux qui l'ont aidé ou rejeté.

C'est un livre qui se lit vite, composé de courts chapitres et de phrases courtes également, souvent hachées, allant directement à l'essentiel et dessinant une sorte de portrait en creux du personnage. On a l'impression de partager les pensées souvent confuses de Adrian Lamo et l'auteur joue de cette confusion, quelle est la part de vrai et de faux, est-il réellement suivi et surveillé par le FBI après son arrestation, travaille-t-il encore sur des projets top secrets ou a-t-il abandonné toute activité informatique. C'est un récit qui parle de liberté, liberté absolue revendiquée par le personnage principal, sans attache, sans limites même pas celles de la loi et liberté perdue après son arrestation et son assignation à résidence, son refus de rentrer dans la normalité et son incapacité à reprendre une vie normale... mais qu'est-ce que la normale ?

Malheureusement ce roman m'a un peu laissée sur ma faim. Alors que l'auteur arrive vraiment à nous intéresser à son sujet et ouvre plusieurs pistes de réflexions, j'ai trouvé qu'elle s'arrêtait en chemin, ne donnant finalement aucune explication ou analyse autre qu'un simple récit factuel de la vie de son personnage. La forme nous tient aussi à distance avec ces phrases hachées répétées, ce récit à la 3e personne, ces témoignages de personnes ayant connu Adrian qui ne font que relater des événements sans que jamais on ne sache ce que pense vraiment le personnage, ce qui lui est réellement arrivé. J'ai eu l'impression de ne pas avoir appris grand chose de nouveau en lisant ce roman et de voir la fin arriver trop vite sans être vraiment entrée dans cette histoire. Pourtant quelques scènes de ci de là sont particulièrement émouvantes ou étonnantes (mention spéciale au récit du chat Alibi, juste génial !) et nous donnent une idée de ce qu'aurait pu être ce livre si l'auteur y avait insufflé plus d'émotion ou plus d'âme.

Ce sera pour moi une lecture intéressante et plutôt plaisante, sur un thème finalement assez rarement abordé en littérature mais qui malheureusement risque d'être assez vite oubliée. Dommage car le sujet avait un vrai potentiel pour écrire un récit marquant. Je remercie Babelio et l'éditeur Denoël pour ce roman reçu lors d'une Masse Critique.
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L'hyperconnecté, déconnecté.
Alissa Wenz nous fait entrer dans la vie d'un hacker, l'homme que les journaux avaient appelé le hacker sans-abri.
C'est Véra Keller qui enquête sur sa mort. Elle nous happe dans une enquête qui ne peut pas être chronologique, pour cet homme hors monde réel.
Après la lecture d'une cinquantaine de pages, ces quelques lignes définissent parfaitement Adrian Lamo :
« Il n'acceptait jamais d'argent. Il ne cherchait pas l'argent, il vivait sans dépenses, il ne possédait rien, il ne souhaitait rien posséder. Il ne cherchait pas à être riche, il cherchait seulement à être heureux, ou en cohérence avec lui-même, quelque chose comme cela. »
Nous nous immergeons dans un monde qui ne peut nous être familier.
En connexion totale avec le monde de l'ombre sur son ordinateur, Adrian déjoue les sécurités du New York Times, ce qui va lui valoir presque trois ans de mise à l'épreuve, avec bracelet électronique et sans accès à Internet, chez ses parents. Une période qui va accélérer sa descente aux enfers, redoubler ses angoisses, accentuer sa solitude viscérale et sidérale.
L'auteur arrive parfaitement à nous le faire ressentir de façon charnelle.
Ses parents l'entourent, le soutiennent, payent les énormes sommes de sa condamnation mais rien n'arrive à l'atteindre et l'extirper de ce puits sans fond qu'est sa vie.
Il est inadapté, angoissé à mort, incapable d'assumer les gestes de la vie quotidienne, il a besoin d'une camisole chimique pour se supporter et avancer dans ce monde qui est violent.
Il a rencontré sur la toile Bradley Manning, celui qui a fourni à Wikileaks, les informations sur les bavures de l'armée américaine en Irak, en piratant des documents classés secret-défense.
C'est Adrian qui livrera son nom.
Les échanges entre eux démontrent qu'ils sont l'un et l'autre dans une immense solitude, pour des raisons différentes.
Adrian a un besoin d'être dans la lumière et c'est ce qui le perdra, les causes de sa mort restent « indéterminées ».
C'est une lecture-expérience, pénétrer ce monde étrange qui va jusqu'à cette fatalité inexorable.
Adrian Lamo, ni enfant, ni homme, a un parfum étrange de décomposition de son vivant.
Une lecture troublante et déstructurée comme son personnage.
Livre sélectionné pour le Prix Orange 2022, lu dans le cadre du Club des Ambassadeurs.
Je remercie Françoise Fernandes pour cette lecture.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Belle découverte que "L'homme sans fil" d'Alissa Wenz. le titre pour le moins mystérieux renvoie à un personnage qui l'est tout autant. Ce roman aux allures de biographie interroge de manière magistrale sur la raison d'une trahison. La tragédie d'un homme à part, sorte d'anti-héros moderne qui au fil des touches de son clavier part à la dérive.

Belle découverte en effet… L'auteure raconte l'histoire Adrian Lamo, surnommé le "hacker sans abri" qui dénonça Bradley Manning, jeune militaire américain, lanceur d'alerte. Ils avaient pourtant la même philosophie, ils aimaient la liberté, voulaient que les informations soient accessibles à tous. Pourquoi Adrian a-t-il fait ça ? Je n'ai pas véritablement trouvé de réponse dans le livre. L'ai-je lu trop vite, emportée par une écriture vive, hachée, très belle dans sa rigueur et sa simplicité, par des phrases courtes et des chapitres qui le sont tout autant ?

C'est possible et pourtant, j'ai aimé ce roman au thème original. J'ai ressenti beaucoup d'empathie, voire de tendresse, pour Adrian Lamo, personnage hors du commun, perdu dans cette vie juste reliée à un ordinateur. J'ai senti l'échéance, la déchéance arriver. Je me suis posé beaucoup de questions. Je crois avoir vite oublié la raison de cette enquête pour me focaliser sur l'homme, ses faiblesses et ses manques. Car la fin, l'état de l'appartement dans lequel il est retrouvé mort ne laisse-t-il pas supposer qu'il était atteint du syndrome de Diogène ? Adrian Lamo souffrait-il d'une pathologie mentale ? Qui était-il vraiment, lui qui se gavait de toutes sortes de substances plus ou moins légales ? Pourquoi a-t-il trahi un jeune qui le vénérait, s'était confié à lui parce qu'il était son idole ? Avait-il ce besoin de se trahir lui-même ? de s'enfoncer, de couper le fil ?

Sous forme d'enquête, à travers les mots de quelques personnes proches d'Adrian, parents, amis, connaissances, Alissa Wenz réalise là le portrait magique d'un homme épris de liberté, un hacker au grand coeur qui ne nuisait pas, qui juste cherchait les failles et les réparait gratuitement.
Un roman étonnant et fascinant.

Lien : https://memo-emoi.fr
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En 2010 aux Etats-Unis, Bradley Manning a été condamné à trente-cinq ans de prison pour avoir divulgué des documents classés secret-défense à WikiLeaks. Ces documents militaires concernaient la mort de civils pendant la guerre en Afghanistan et plusieurs bavures de l'armée américaine. Mais comment Bradley Manning a-t-il été découvert ? Très simplement finalement. le jeune homme avait pris pour confident Adrian Lamo, hacker de génie à qui il vouait une grande admiration. Et c'est cet Adrian Lamo qui l'a dénoncé. Ce même Adrian qui sera découvert mort, de causes indéterminées, en 2018.

C'est sur le personnage d'Adrian Lamo qu'Alissa Wenz met la lumière. Celui que les médias ont surnommé “le hacker sans abri”. le passe-temps et la passion d'Adrian sont de pirater les réseaux informatiques des entreprises. Et il s'attaque à gros : Microsoft, le New York Times, NBC... rien ne l'arrête. Son credo : il ne cherche pas à dérober quoique ce soit ou à se faire de l'argent. Simplement, il vaut alerter sur la faiblesse des protections existantes et propose d'aider, gratuitement, les entreprises qu'il attaque à mieux se protéger. Adrian Lamo est le héros de la planète 2.0, un hacker génial qui sillonne le pays avec son ordinateur sous le bras, sans domicile fixe, sans attaches.

Mais sous ce masque, et derrière la légende, se cache aussi un homme seul, accro aux médicaments, qui se coupe petit à petit de la société et de la réalité. Un homme qui sombre lentement et surtout à partir du moment où il se retrouve condamné par la justice. Même s'il n'est pas emprisonné, il devra subir la pose d'un bracelet électronique et une interdiction de se servir d'internet. le génie s'enfonce alors, jusqu'à cette année 2010 fatidique où il deviendra la cible de ses pairs mais aussi d'une société qui condamne la dénonciation de Bradley Manning.

Rien de manichéen dans ce livre mais au contraire un bel exposé de toutes les incertitudes et des questions que les actes d'Adrian, comme de Bradley, peuvent poser. Qui est le traître ? Qui est le héros ? Dans quel camp se ranger ? Adrian a-t-il en effet été poussé par le désir de mettre à l'abri des personnes qui auraient pu être mises en danger par les révélations de Bradley ou a-t-il cédé à une envie irrépressible d'occuper de nouveau le devant de la scène et cela quel que soit le prix à payer ? Alissa Wenz se garde bien de trancher, laissant le lecteur à sa propre opinion.

Mais la réflexion demeure intéressante dans ce qu'elle dit de notre société hyper-digitalisée, de la vigilance qui n'a jamais autant été de mise et sur le rôle des lanceurs d'alerte. Et le roman happe par l'étrangeté de cet anti-héros et ce style d'écriture très épuré qui va à l'essentiel.
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Ce roman nous plonge à la manière d'une enquête dans le vie d'Adrian Lamo, un jeune hacker américain qui va devenir l'homme le plus haï. Il a dénoncé Bradley Maning, un soldat qui l'a contacté et a diffusé une vidéo, « Collateral murder » en 2010 sur le site WikiLeaks. Bradley Maning dispose également d'informations hautement secrètes sur la guerre en Irak que l'armée américaine n'aimerait pas voir divulguées.
Dans les première pages, l'autrice nous annonce la mort d'Adrian Lamo à l'âge de 37 ans. Il est retrouvé ainsi dans son appartement. La cause n'est pas formellement établie.
Vera Keller est journaliste. Elle écrit un article sur la mort d'Adrian Lamo, surnommé le « hacker sans abri » à l'âge de 20 ans pour son côté vagabond. Elle va alors contacter tous ses proches et amis. Chaque partie correspond à une personne interrogée. le tout forme le portrait de cette homme marginal épris de liberté et ne souhaitant qu'aider les autres. On assiste à son inévitable chute.
Le style est plutôt journalistique. Les phrases et les chapitres sont courts. Je pense que l'écriture épurée ne m'a pas permis de m'attacher au personnage. La lecture est agréable, j'ai enchaîné les chapitres voulant en savoir davantage.
A la fin, vous trouverez une bibliographie recensant les articles sur Adrian Lamo et Bradley Maning. Un travail très documenté qui pose de nombreuses questions sur notre société très surveillée et numérique.
Et vous, qu'auriez-vous fait à la place d'Adrian Lamo ? Auriez-vous dénoncé Bradley Maning ?
Ce roman fait partie des 5 finalistes pour le Prix Orange du Livre 2022.
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Adrian Lamo, Bradley Manning, ces noms là vous disent-ils quelque chose ? Personnellement non, mais après avoir découvert L'homme sans fil, je ne peux plus les ignorer.

En 2010, un jeune soldat échange par internet pendant de longues nuits avec Adrian Lamo. Il lui parle de ses craintes, et de son envie de révéler des documents pourtant classés secret défense. Il se sent à l'abri derrière son écran mais pourtant, par esprit civique Adrian Lamo va le dénoncer.

Un procès et de nombreuses péripétie plus tard, on est en droit de se demander ce qu'est devenu Lamo ?

C'est un jeune homme solitaire, un as du web, un hacker fou, qui connait tout les systèmes, ne vit que pour son ordinateur, et peut pénétrer l'architecture web de n'importe quelle grande entreprise. Par pour lui ou pour en retirer un quelconque bénéfice, mais pour prévenir la firme qu'il a réussi à hacker de la faiblesse de son infrastructure.

Pourtant, cette façon de faire ne plaît pas. Adrian par ailleurs déjà bien malmené depuis sa délation, va subir procès et vexations à la chaine, jusqu'à vivre dans la rue comme un vagabond, puis se terrer dans un appartement et s'isoler du monde qui l'entoure.

C'est cet homme si singulier qu'Alissa Wenz a choisit de nous présenter, en lui redonnant cette part d'humanité qui l'anime, ce sens civique, ce besoin d'aider son prochain, non pas à la façon de monsieur tout le monde, mais à la hauteur de ses moyens, de son don, la manipulation et sa dextérité à connaître et pénétrer le web et internet comme personne.

Cet homme m'a fait penser à Alan Turing. le déchiffreur d'Enigma a lui aussi subi un traitement inhumain, du fait de son homosexualité, et a fini par se suicider. Ces hommes et ces femmes qui sortent du rang, quelle qu'en soit la raison, ont du mal à être accepté pour ce qu'il sont, et y compris pour leur différence, et a être appréciés à leur juste valeur.

J'ai aimé l'humanité, l'objectivité, dont fait preuve l'autrice pour nous parler d'Adrian Lamo. L'écriture est fluide, le récit instructif se lit comme un roman. Pourtant, il ne faut jamais perdre de vue la réalité, la solitude, la souffrance, qui se cachent derrière les mots. Une enquête qui interpelle avec finesse sur notre appréhension du monde et notre façon d'accepter les différences.

chronique à lire sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/05/31/lhomme-sans-fil-alissa-wenz/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Adrian Lamo. Son nom est moins connu que celui de l'homme qu'il a contribué à faire emprisonner : Bradley Manning.
Petite piqûre de rappel (dont j'ai eu besoin en commençant cette lecture) : en 2010, Wikileaks diffuse des informations classées secret défense qui lui ont été transmises par Bradley Manning, alors militaire en activité.
Celui-ci sera arrêté, jugé et condamné suite à la dénonciation d'Adrian Lamo, très connu aux Etats-Unis comme le Homeless Hacker, pour son train de vie bohème.

Dans L'homme sans fil, Alissa Wenz retrace la vie de cet homme dont la mort à 37 ans reste trouble.
Suivant le chemin d'une journaliste qui couvre la mort d'Adrian Lamo pour son journal, elle offre le point de vue de différentes personnes qui l'ont connu ou côtoyé : sa mère, sa femme, un ami, des personnes ayant voulu lui venir en aide...

Petit à petit, se dresse le portrait d'un homme dont la vie était régie par l'angoisse, un homme qui s'interroge sur ses valeurs, qui flirte avec l'illégalité, un homme perdu peut-être.

Un destin saisissant et un portrait profondément humain.
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