Bernard Werber serait-il devenu misogyne ? Il y a de quoi se poser des questions avec les héroïnes manipulatrices et imbues d'elles-mêmes qu'il met en scène dans ses derniers romans ! Bon, dans la trilogie "
Demain les chats", Bastet n'est pas humaine, mais les reines dont il est question ici sont bel(les!) et bien des femmes. Et si vous les trouvez sympas, n'oubliez pas de me le signaler, que je ne vous invite pas à ma prochaine garden-party, je préfère éviter de fréquenter de trop près les psychopathes, excepté dans les romans...
Que je vous présente ces dames tout d'abord, pour vous en faire une petite idée : Nicole O'Connor est australienne, ascendant Irlande du Nord. Elle vit avec son riche papa éleveur de moutons (entre autres activités que nous découvrirons par la suite), et ne supporte pas d'être seule. Ca s'appelle l'autophobie. Soit, vivre en compagnie de troupeaux, ça peut marquer.
Monica Mac Intyre est américaine, origine Ecosse, et vit avec maman à New-York, ce qui est embêtant parce qu'elle à l'inverse a développé une hantise des autres, l'anthropophobie. Moi aussi il m'arrive de ne même pas supporter ma propre compagnie, alors je peux concevoir que ce soit une torture de devoir prendre le métro à l'heure de pointe avec une densité de plus de 5 personnes au mètre carré (je te raconte pas les effluves..).
On fait la connaissance de ces deux charmantes demoiselles à l'âge de 12 ans, chacune d'elle ayant déjà un haut fait à son actif. Elle feront connaissance grâce à leur passion commune, les échecs. J'en vois déjà qui renâclent, là, se disant "Oh non, encore les échecs, mais j'y comprend rien moi !". No panique, le jeu ne sert que de prétexte à la rivalité et à la haine mutuelle qui va les accompagner toute leur vie. Parce qu'elles vont s'en faire déguster l'une à l'autre, et tant pis pour les dommages collatéraux ! Les idéologies vont s'en mêler, l'une adhérant aux idées communistes, l'autre soutenant le bloc pro-américain, et là aussi, les divers évènements (réels) qui vont jalonner l'histoire leur serviront à assouvir leur antagonisme dévastateur. Sans vouloir trop en dire, attendez-vous à du sanglant (mais pas du gore), ces dames ne reculeront devant aucune exaction pour régler leurs petits comptes.
Le livre est divisé en 8 parties qui couvrent toute la vie de Nicole et Monica depuis leur adolescence. On vit la montée en puissance des moyens qu'elles emploient pour se nuire, et c'est assez bluffant, même si on ne parle pas de poker mais de stratégie. Bien sûr tout cela est complètement loufoque et ne prétend pas à une once de réalisme (je précise, parce que j'ai lu dans une critique que ce n'était "pas réaliste"). Mais comme d'habitude,
Werber en profite pour nous instruire en intercalant des chroniques d'Edmond Wells, tirées de
l'Encyclopédie du savoir relatif et absolu, les afficionados apprécieront. Et pour nous rafraîchir la mémoire, les deux héroïnes ont un petit rituel tous les 31 décembre, elles regardent les rétrospectives des évènements de l'année écoulée. C'est là qu'on se rend compte que le temps file...
Evidemment les personnages principaux sont absolument exécrables, on ne sait pas laquelle on déteste le plus à la fin. J'avais d'abord une petite préférence, qui s'est assez vite estompée...Mais je ne pense pas que l'auteur escomptait que l'on se prenne d'affection pour l'une ou l'autre !
En conclusion une lecture de pur divertissement, qui ne figurera pas parmi les meilleurs romans de l'auteur, mais je pense qu'il s'est bien amusé à construire les parcours parallèles de ses deux anti-héroïnes, tout comme je me suis bien amusée à les découvrir. Par contre si vous êtes trop premier degré, abstenez-vous, sinon vous allez virer complotiste !